
Iles S andw ich, les hommes ou les animaux offerts en sacrifice à ces affreuses divinités.
D e l’homme Les offrandes de poissons se piaçoient dans la bouche même de l’idole
en société.
qui en etoit i objet. Une quantité assez considérable de pierres, répandues
çà et ià et sans ordre, couvroit la surface du soi; nous ne pûmes nous
en faire expliquer la cause. Au milieu, de même qu’à l’extrémité droite
de l’enceinte, ii y avoit des cases en bois, recouvertes en feuilles de
latanier; une étoit réservée au roi pendant certaines cérémonies, et les
autres aux prêtres : toutes étant fermées, il nous fut impossible de découvrir
ce qu’elles contenoient.
Le morai de Taméhaméha, à peu de distance du précédent, offroit
une disposition analogue, avec cette différence néanmoins que presque
toutes les idoles y étoient renversées, et que la maison sacrée du souverain
étoit ouverte et remplie de meubles , de fabrique européenne ou chinoise,
qui avoient servi au roi défunt (i).
A Kohaïhaï, le héiao, situé sur une hauteur voisine, avoit une enceinte
en pierres sèches proprement ajustées, et fort élevée ; on eût dit
des murs d’une forteresse. Nous ne pénétrâmes point dans son intérieur,
mais on nous dit que la disposition en étoit semblable à celle que nous
connoissions déjà.
Villes de refuge. — Les Sandwichiens nomment ces enceintes pouho-
nouas (2). Elles offrent un asile inviolable aux coupables fugitifs, qui,
voulant se soustraire à la vindicte publique ou à de justes représailles,
sont assez heureux pour en atteindre les limites. Plusieurs vastes ouvertures,
les unes tournées du côté de la mer, ies autres faisant face aux
montagnes, en rendent i’entrée prompte et facile, à toute heure, pour
tous ceux qui se présentent. Là le meurtrier, i’homme qui a rompu ie
tabou ou manqué à quelques-unes de ses rigoureuses observances, ie
voieur, l’assassin même, trouvent protection et sécurité, dès qu’ils sont
paiwenus à dépasser le seuil d’une des portes. En temps de guerre, un
pavillon blanc, sans cesse arboré sur un pian saillant à chaque extrémité
de l’endos, avertit tout combattant, ami ou ennemi, forcé de fuir ies
coups du vainqueur, que ce lieu est pour lui un port assuré de salut.
( I ) Voye^ ce qui a été dit ci-dessus, p. 584.
( 2 ) E llis , op. «>.
en société.
LIVRE IV. — D e G o a m a u x S a n d a v i c h i n c l u s i v e m e n t . 5 9 9
Les prêtres préposés à sa garde et leurs servans mettroient immédiatement lies San dw ich,
à mort le profane assez téméraire pour poursuivre au-delà des bornes U e l’ homme
zin cr»/*T*-rM
sacrées quiconque viendroit se placer sous la sauvegarde de Kéavé, divinité
tutélaire de ces retraites inviolables.
C ’est là aussi que les femmes, les enfans et les vieillards des districts
voisins se réfugient, lorsque les hommes vont combattre.
L ’enceinte renferme des maisons où logent les prêtres et ies personnes
qui y jouissent du droit d’asiie : les unes après un espace de temps réglé
par la coutume, les autres après la cessation des hostilités, retournent
dans leurs demeures habituelles sans avoir désormais rien à craindre.
Il existe plusieurs villes de refuge à Owhyhi; i’une d’elles, située sur
la côte occidentale de cette îie, n’a pas moins de sept cent quinze pieds
sur quatre cent quatre de circuit, et les murailles ont douze pieds de
hauteur et quinze d’épaisseur. Diverses idoles en sont instituées les protectrices.
Naissances et mariages. — On ignore quelle est la nature du contrat
qui unit les époux entre eux; mais ii peut se rompre par consentement
mutuel ou à ia volonté de i’un des deux. La polygamie est permise,
toutes les fois que le mari a suffisamment de biens pour nourrir plusieurs
femmes. Aucun lien de parenté n’est un obstacle au mariage : le frère
peut épouser la soeur; ie fils la femme répudiée ou la veuve de son père.
Autrefois, assure-t-on, il n’étoit pas sans exemple de voir des femmes
bigames. Les chefs, comme aux Mariannes, ne s’allient qu’entre eux;
ordinairement ils épousent leurs plus proches parentes, pour ne pas déroger
: il ne paroit pas douteux que des vues politiques n’influent aussi
sur leurs alliances.
Nous n’avons pas ouï dire que ia naissance des enfans donnât lieu à
aucune cérémonie particulière, soit civile, soit religieuse. On a vu plus
haut quel droit épouvantable ont ie père et la mère sur la vie de ces
pauvres créatures.
Funérailles. — Rien n’étoit mystérieux chez les Sandwichiens comme
ce qui tenoit aux sépultures. On se rappelle que, malgré leur désir et des
tentatives multipliées, les compagnons du capitaine Cook ne purent
jamais parvenir à voir ies cérémonies qui se pratiquoient dans ces cir-
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