
Colonie
de
Port-Jackson,
Reflexions
géne'rales.
clans les villes, et particulièrement à Sydney. II semble assez difficile que
l’homme impartial ne distingue pas dans ce reproche l’empreinte d’une prévention
fâcheuse et évidente. Je conviens que, pour l’épurement de la
population, il eût pu être utile d’employer en totalité les convicts aux travaux
solitaires de l’agriciiiture ou de la garde des troupeaux ; mais, dans
un pays où rien n’étoit créé, n’y avoit-il donc pas des villes à fonder, des
magasins, des hôpitaux à construire; des casernes, des écoles, des églises,
des bureaux d’administration à édifier; des phares, des ponts, des routes
à faire et à entretenir! Or ces travaux exigeoient la formation d’ateliers
considérables, et par conséquent la présence de nombreux ouvriers
sur les grands centres de population, d’où devoient résulter les inconvéniens
divers qui sont la conséquence d’agglomérations semblables.
Les critiques prétendent que Macquarie multiplia beaucoup trop les
grands bâtimens, et citent, pour exemple, ceux élevés à ia ville de
Newcastle. On se rappelle sans doute que cette station fut choisie dès
ie principe pour devenir ie réceptacle des criminels condamnés en récidive
; or pouvoit-on se dispenser d’y construire ies bâtimens nécessaires
à ce genre spécial d’établissement! Et lorsque plus tard les successeurs
de Macquarie transférèrent l’établissement pénai dont il s’agit sur un autre
point, ne fut-il pas toutaussi simple qu’une partie de ces édifices devinssent
momentanément inutiles, et restassent inoccupés! Cependant on en a
fait un sujet de reproche à l’illustre gouverneur, quoiqu’il ne paroisse
millement qu’aucune des grandes constructions élevées dans cette vilie
ait été faite pendant son gouvernement (i); et l’eussent-elles été même,
(i) Dans une note très-détaillée que M. Macquarie me remit, à son retour en Angleterre,
sur toutes les constructions publiques érigées dans la colonie pendant son administration,
ainsi que je le dirai plus bas, il n’est fait aucune mention de bâtimens élevés par ses ordres à
Newcastle. il me semble difficile de croire que cet illustre gouverneur eût commis à cet égard
ia moindre omission, alors surtout qu’il venoit de me remettre une liste des travaux qu’il avoit
fait exécuter, écrite à tête reposée, datée et signée par lui.
j ’avoue donc ne savoir comment expliquer l’assertion émise par un homme éclairé et respectable,
qui, après avoir blâmé cette multitude de constructions, dit expressément : A N ew -
castle, p ar exemple, se trouvent des bâtimens vastes et commodes, érigés pendant le gouvernement
du ma)or-général Macquarie, et de tous les différens genres déjà énumérés; or cette énumération
consiste en casernes militaires, casernes de convicts, prisons, hôpitaux, etc.
Mais ce qui est fort singulier, c’est que , malgré cette prétendue surabondance de bâtimens
dans ia ville dont il s’agit, l’administration actuelle ait jugé à propos d’y fa ire construire encore
LIVRE V .— D e s S a n d a v i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t , i 1 9 7
comment sa prudence eût-elle pu deviner qu’il y auroit plus tard un changement
complet de système, et calculer sur des faits qui n’existoient point
encore!
A l’époque où le général Macquarie administroit le Port-Jackson, ce
que les coeurs reconuoissans de Sydney ne devroient jamais perdre de
vue (i), la Nouvelle-Hollande n’étoit encore qu’une simple terre de déportation.
Plus tard, la politique anglaise en fit une colonie mixte ; et depuis
lors, ce ne sont plus seulement des criminels qu’on y reçoit, mais
une portion notable de l’exubérance de la population libre et pauvre
de la Grande-Bretagne.
La mise à exécution du plan adopté par le ministre a obligé de r e úne
nouvelle caserne; c’est au moins ce que nous ont annoncé, dans le temps, les journaux de la
colonie.
(i) Rien, ce me semble, ne peut donnerune idée plus exacte des services érainens rendus par
Macquarie à la colonie, que le tableau des constructions utiles qui furent faites par ses ordres,
dans ie cours de son administration. En voici la liste, que je conserve en original, ainsi que je
fai annoncé plus haut.
BATIMENS ACHEVÉS EN 1819.
A Sydney.— i , caserne militaire ; 2 , caserne des convicts ; 3, ateliers généraux du gouvernement ;
4, presbytère; 5, hôpital militaire et logement des chirurgiens; 6, corps de garde centrai;
7, magasin général; 8, magasin des vivres; 9, maison du secrétaire général; 10, maison du
juge-avocat; 1 1 , caserne de cavalerie légère; 12 , hôpital général.
A Parramatta. — 1 3 , école des orphelines ; 14, palais du gouvernement 515, hôpital général ;
16, presbytère.
A South-Head.— 1 7, tour Macquarie et phare de l’entrée du Port-Jackson.
BATIMENS COMMENCÉS AVANT LA FIN DE 1819.
A Sydney.— 18 , caserne des charretiers; 19, église Saint-James; 20, arsenal royal de marine;
2 1, fort Macquarie; 22, maison du juge de la suprême cour; 23, barrière à l’entrée de la route
de Parramatta; 24, écuries du gouvernement; 25, fontaine et obélisque sur la place iA-lac-
quarie.
A P arramatta. — 26, caserne et manufacture des femmes convictes; 27, caserne militaire.
A Liverpool. — 2%, égWse.
A Windsor. — 29, église.
BATIMENS COMMENCÉS APRÈS LA FIN DE 1819.
A Sydney. — 30, corps de garde à la pointe Dawes; 31, maison du surintendant de police;
3 2, Ecole géorgienne ou de charité, pour 4 à 500 garçons et 200 filles; 33, palais-de-justice;
34, bâtimens du marché public; 35, hospice pour les vieillards et les infirmes.
A Campbell-Totvn. — 36, église et école.
Réflexions
générales.