
Dis tilla tion lieiices décisivcs, en les rapportant dans l’ordre même où elles eurent lieu.
de
Teau de mer.
Celles de Toulon furent closes ie 10 septembre 1 8 1 7 ; celles de Rochefort
le 4 octobre, et celies de Brest le i 2 novembre de la même année.
Expériences de Toulon.
La commission de Toulon fut composée des membres du conseil de
santé de la marine et d’un officier de vaisseau (i).
L’eau fut prise à 2 ou 3 lieues hors de la rade, à l’Ouest du cap Sépet.
On distilla les deux tiers seulement de l’eau salée; puis on ia mit dans
des dames-jeannes en verre, pour éviter la putréfaction.
On choisit dans ie bagne six forçats, d’âge, de tempérament, de
constitution différens, que l’on plaça dans une des salles de l’hôpital de
ia marine, en leur laissant la faculté de se promener une heure le matin
et une heure iesoir, mais sous une exacte surveillance.
On leur donna pour nourriture la ration de l’hôpitai.
La dépense d’eau distiilée par jour fut de 1 1 litres pour la cuisine et
de 9 litres pour boisson , ou en tout de 20 litres pour 6 hommes.
Résumé de la commission de Toulon.— « II résulte incontestablement
»de l’expérience faite sur ces hommes, mis à i’usage de l’eau de mer
» distillée pendant 29 jours, que cette eau n’est pas nuisible à l’écono-
» mie animale, qu’elle n’offre aucun danger, et qu’on peut en faire usage
» sans aucune crainte, au moins pendant un mois.
» Il résulte égaiement des mêmes expériences que l’eau de mer nouvel-
» lement distillée a une odeur désagréable, mais que cette odeur s’affoi-
» blit peu à peu, et que vers le 10 ' jour, au moins en été, elle a disparu
» complètement;
» Que sa saveur, fade au commencement, acquiert par l’aération la
» saveur fraîche et agréable d’une bonne eau;
« Que ie goût d’empyreume, assez sensible d’abord, s’affoiblit prompte-
( i) M M . le comte de G ran d p ré , capitaine de va isseau; D ro g u e t, premier médecin en chef ;
F leu ry , premier chirurgien en ch e f; M an g in , second chirurgien en ch e f; Bermond , premier
pharmacien en ch e f; Charpentie r, second pharmacien en ch e f; Bérard e tG o g u e t , commissaires
de marine.
n ment, et devient presque nul dans ie iaps de dix jours et par l’aération ;
» Qu’elle est très-propre au savonnage et à la cuisson des alimens;
» Que ia quantité de muriate de soude qu’elle contient est très-pe-
» tite(i), et ne sauroit être nuisible;
» Que rien n’ayant pu nous démontrer la présence d’une substance
» alcaline oléagineuse, nous sommes en droit de nier qu’elle existe. »
Expériences de Rochefort.
Une commission mixte, composée (2) de médecins, de pharmaciens,
d’officiers de vaisseaux et d’administrateurs de la marine, fut chargée des
expériences de Rochefort; elles furent faites sur 12 forçats qui continuèrent
d’être livrés aux. fatigues dans i’île d’Henet (où ils se trouvoient isoiés),
et sur 15 autres hommes de la même classe, placés dans une saile de
l’hôpital de la marine; les uns et ies autres furent nourris avec la ration
entière telle qu’on la donne aux malades. Des précautions minutieuses
furent prises pour éviter toute espèce de fraude.
L’eau salée fut puisée en rade de l’île d’A ix , à 4 lieues de toute terre;
et la distillation poussée aux deux cinquièmes du total.
La santé des 15 forçats renfermés à l’hôpital fut, pendant un mois,
au-dessus des proportions habituelles, pour des hommes dont quelques-
uns étoient convalescens, ou renfermés depuis un certain temps dans
les salles de fiévreux, de biessés ou de convalescens, et surtout, dans
la saison présente, qui offre quelques malades de plus qu’à toute autre
époque de l’année.
Résumé de la commission de Rochefort.— « t° Cette eau, distiilée avec les
» soins indiqués, a toute la limpidité de l’eau douce la plus pure; elle ne
» produit aucune saveur étrangère, et ne conserve même pas l’odeur de
(1) Onze réactifs n’ om produit aucun effet, dit le procès-verbal des e xp é rience s; le nitrate
d’argent seul a blanchi l’eau légè rem en t; mais cette quantité de muriate de soude étoit si foible
qu’on ne put la déterminer.
(2) M M . T u f fe t , premier chirurgien en ch e f; C lia s ian , premier médecin en ch e f; R é jo u ,
premier pharmacien en ch e f; D ro u a u lt, capitaine de frégate; L e C o n t e , contrôleur de ma rine ;
F lam a n t , sous-commissaire du bagn e ; et F ro id e v a u x , commissaire de l’h ôp ita l, en faisoient
partie.