
De scription
des
iles Malouines,
Histoire.
17 6 5 . — Dans les premiers jours de l’année suivante Bougainville
visita de nouveau son petit établissement et lui apporta divers secours
nécessaires; mais le défaut de bois se faisant vivement sentir, il alla lui-
même au détroit de Magellan pour y prendre des pièces de charpente,
des palissades et de jeunes plants d’arbres qu’on espéroit pouvoir naturaliser
aux Malouines. Plusieurs voyages se succédèrent de France à la
colonie, tant pour y transporter de nouveaux colons que pour la fournir
de tout ce qui pouvoit être nécessaire à ses besoins.
Deux goélettes, construites avec des bois apportés du détroit de Magellan,
furent destinées à commencer l’exploration du groupe d’jies sur
lesquelles on venoit de s’établir. Divers essais de culture donnèrent des
espérances de succès : ia plus grande partie des graines apportées d’Europe
se naturalisèrent, et la multiplication des bestiaux réussit parfaitement.
Les colons, dont le nombre, à la fin de i’année, s’étoit accru jusqu’à 15 0 ,
purent expédier en France un navire chargé d’huile et de peaux de loups-
marins, tannées dans le pays.
Cette même année encore le capitaine anglais Byron, naviguant autour
du monde, vint relâcher dans un port de la côte septentrionaie des
Malouines, nommé, un an auparavant, Port de la Croisade, parles compagnons
de Bougainville, et qu’il appela Port-Egmont (pl. 108). Avant de
continuer son voyage (i), Byron prit possession des Malouines au nom
du roi de la Grande-Bretagne; mais il n’y laissa aucun homme.
17 6 6 .—-Ce ne fut qu’au commencement de 176 6 que les Anglais
envoyèrent queiques personnes pour demeurer au Port-Egmont. Le capitaine
Mac-Bride, commandant ia frégate le Jason, y resta environ une
année, et y fit une série d’observations météorologiques, dont nous rendrons
compte dans un de nos paragraphes subséquens.
Cependant ia colonie de la baie Française devenoit de jour en jour plus
florissante, lorsque l’Espagne crut devoir revendiquer la possession des
îles Malouines comme étant une dépendance de l’Amérique méridionale.
( i) L e chirurgien de îa Tamar choisit, sur Tîle S au n d e rs , un terrain prés de Taiguade ,
l’ environna d’une b e rg e , et y sema divers légumes, dans l’espoir d e tre utile à ceux qui v ie n droient
plus tard relâcher sur ce p o in t; il ne paroît pas néanmoins qu’aucun de ces v é g é taux
ait réussi, ce que i’on doit pariiculièrement attribuer à l’absence totale des soins de
l’ homme.
LIVRE VI. — D e P o r t - J a c k s o n e n F r a n c e . 12 7 7
Son droit ayant été reconnu par le cabinet de Versailles, le roi de France De scription
ordonna que cette remise seroit faite, à la seule condition que tous les ¡1^, M alouines.
frais d’établissement, s’élevant à 603 000 livres tournois [596 6 6 8 / 5 0 °], Histoire,
seroient remboursés. Bougainville fut chargé de cette mission, et partit
à cet effet sur la frégate la Boudeuse, qui se réunit pendant fa route
aux frégates espagnoles la Esmeralda et la Liebre, dont le commandant
devoit recevoir, au nom de Sa Majesté Catholique, l’établissement français
des îles Malouines.
17 6 7 , — Ces bâtimens arrivèrent devant l’anse Saint-Louis, à la fin
de mars 1 7 6 7 ; et l’établissement leur ayant été livré le D 'a v ril, ils en
prirent aussitôt possession en arborant l’étendard royal d’Espagne, que la
terre et les vaisseaux saluèrent de 2 1 coups de canon, tant au lever
qu’au coucher du soleil.
1 7 7 1 . — Jusque-là les Anglais étoient restés paisibles possesseurs de
leur colonie du Port-Egmont; mais il paroît qu’une réclamation semblable
à celle qui avoit été faite à la France leur fut aussi adressée par
les Espagnols; au moins est-il certain que, dans le courant de cette même
année, ils furent dépossédés violemment de leur petite colonie par le
gouverneur de Buenos-Ayres.
Ce fut encore à la même époque que Bellin, ingénieur hydrographe
de la marine française, publia sa grande carte des îles Malouines, sur
les documens recueillis jusques alors par ses compatriotes.
17 8 6 et 17 8 7 . — Le lieutenant Edgar, de la marine anglaise, s’occupa,
pendant ces deux années , de lever ia carte de la partie occidentale
des Malouines, et ce travail, fait pour cette époque avec beaucoup de
soin et de talent, ne fut publié que dix ans après. L ’île Conti et ses
dépendances, ainsi que ies îles Anican et l’ile Beauchêne, ne furent point
comprises dans le cadre que l’auteur s’étoit tracé.
17 8 9 .— L’illustre et malheureux Malaspina (i) vint dans le courant de
cette année, avec ses frégates la Descubierta et ïAltrevida, mouiller au
(i) C e t illustre martyr des sciences, après un v o y a g e de circumnaviga tion du plus haut
in té rê t, ayant eu, au retour, le malheur de déplaire au fa vo ri de ia cour d’E sp a g n e , le prince
de la P a ix , ne put obtenir la permission de mettre au jour les résultats de son vo y a g e .
Espinosa et B au za en ont publié queiques fragmens.
Voyagtde l ’Uranie. — Historique, T . II. Z Z Z Z Z Z Z