
D e I’ homme
en société.
P o pula tion.
anglaise. On a oublié la plupart des dénominations qui les distinguoient,
et souvent les limites primitives sont incertaines ou tout-à-fait inconnues.
Néanmoins, autant que j’ai pu le concevoir, la province de Kammerra
sétendoit sur les'districts de Hunter-Hills et de Broken-Bay (pi. 9 3 ) ;
Kadi comprenoit Sydney, Bullanaming et Petersham ; Gouéa, les plaines
d Airds; Won, les districts de Concord, de Liberty-Plains, et ia partie
orientale du district de Parramatta; Wallomede, le district de Field-of-
Mars; et il est probable que Aoz/ramir//, Norondjera, Borodjé, Gommeri, &c.
correspondoient aux parties Nord-Ouest et Nord-Nord-Ouest du comté
de Cumberland, et peut-être aussi aux districts de Botany-Bay et de
Banks-Town.
Classification. — On peut partager les naturels de la Nouvelle-Hollande
en deux grandes classes ; ceile des chasseurs et celle des pêcheurs. Les premiers
vivent sur-tout dans i’intérieur du pays, et sont vraisemblablement
les moins nombreux, si on les considère sous le rapport de la population
comparée avec i’étendue du sol; ies seconds, qui demeurent près du
bord de ia mer et des grandes rivières, ont une subsistance plus assurée,
et sont, jusqu’à ce jour, mieux conniis.
Nombre des habitans. — Ii est difficile de fixer le nombre d’individus
que renferme chaque peuplade : rien en effet n’est plus incertain et
plus variable. On a remarqué, près de ia côte, des tribus composées de
200 à 300 personnes; d’autres n’en comptoient pas au-delà de 10 0 , et
Njqelquefois même de 70 ; au confluent des rivières Murray et Darling,
Sturt a vu une horde de 400 individus (i). Aux environs de Port-Jackson,
la population indigène a considérablement diminué depuis la fondation
de ia colonie. On a voulu imputer ce décroissement à l’émigration des
sauvages chez les tribus voisines, sans tenir compte des moeurs locales,
et sans faire attention que ces tribus auroient opposé la plus vive résistance
à l’invasion des émigrans. Il est plus naturel de supposer que les maladies
nouveliement introduites par les Européens, et sur-tout l’usage pernicieux
des boissons alcooliques, ont été les véritables causes de la diminution
( I ) P ré sd e la D a r lin g , par 29 ° 4 5 ' S . et 14 3 ° E . P . , le même voy ageur a aussi rencontré
un village indien composé rie 70 cabanes, chacune desquelles eût pu contenir de 1 2 à i 5 in div
idus; ce seroit pour le tout de 840 à 1 , 1 5 0 âmes. (V o y e z S tu r t, op. czV.tom. 1.)
rapide des habitans; et, il faut l’avouer, l’administration coloniale ne paroît
pas avoir fait de grands efforts pour s’opposer à un tel fléau, ou du
moins ceux qu’elle a tentés n’ont pas été fructueux.
Me seroit-il permis de donner un aperçu de la population probable du
continent austral? La surface de la Nouvelle-Hollande étant de 253 200
lieues marines carrées, équivalentes à 2 278 800 milles marins carrés,
si l’on prend pour base de l’évaluation, i’étendue de 20 milles marins de
côté, ou de 400 milles marins carrés qu’occuperoit une population
moyenne de 200 habitans, on trouvera t i 39 400 âmes pour la population
totale dont il s’agit; ce qui fait 4 t habitans par lieue marine
carrée, et pas toùt-à-fait 3 par lieue moyenne de France carrée. 11 est à
croire que ces nombres ne s’écartent pas beaucoup de la vérité.
Caractère. — Naturellement doux et inoffensif, l’indigène des environs
du Port-Jackson paroît disposé à rechercher la société des blancs partout
où ceux-ci lui montrenï des dispositions bienveillantes, et lui
donnent l’espérance qu’ii sera traité avec humanité. Terrible quand il
est animé par la colère ou le ressentiment, il n’a cependant rien dans
ses moeurs d’essentiellement féroce; il est affectueux pour ses compatriotes,
malgré certains actes de barbarie que la nécessité ou la passion
l’excitent souvent à commettre. Ses enfans sur-tout sont pour lui l’objet
d’unet^prédilection particulière; aussi dans les distributions de mets a-t-il
soin dé leur donner une portion plus ample qu’aux autres personnes de la
famille. Ce caractère bienveillant se remarque parfois aussi chez les
enfans. Dawson en cite un qui, pressé par la faim, porta néanmoins à
sa mère les friandises qu’on venoit de lui donner et les partagea avec elle.
Pourquoi faut-il que nous ayons bientôt à rapporter un exemple contraire
qui révoltera nos lecteurs!
La conduite des pères de famille envers leurs femmes et leurs enfans
offre encore ce contraste de bonté naturelle et de frénésie barbare qui
laisse voir l’homme sauvage dans toute sa laideur. Ainsi quand le froid
se fait sentir, ceux qui ont des manteaux ou des couvertures de laine,
les cèdent toujours à leurs femmes, qui en sont privées. On en a vu un
donner à sa femme malade les plus tendres soins; la prendre plusieurs
fois dans ses bras pendant le paroxisme de la lièvre, pour la placer
Aaaaa*
P o r t-Ja c k so n ,
D e l’homme
en société.
C a ra c tè re
et moeurs
de.s habitans.