
Indigènes
actuels.
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Obstacles à la civilisation. — Un des pius grands obstacies qui se soient
oppose's jusqu’ici à la civilisation des Nouveaux-Hollandais est sans
contredit leurs relations avec les convicts, dont la conduite a pris souvent,
envers ces infortunés, un caractère d’atrocité épouvantable. Ceux
d’entre ces mécréans qu’on employoit dans ies forêts à couper du bois
de cèdre se sont maintes fois amusés, par' manière de passe-temps,
à tirer sur ces pauvres sauvages comme sur des bêtes fauves, en disant
qu on ne sauroit trop se hâter de détruire une telle vermine. D’autres ont
cherché à justifier leur infâme conduite par ies prétextes les plus futiles.
Ainsi un indigène fut tué pour avoir perdu le chien qu’un convict lui
avoit confié pour aller à la chasse, dans l’intérêt de ce convict Iui-même.
De tels attentats, des actes de barbarie aussi coupables ont été souvent
ia cause de sanglantes représailles.
On cite un fermier qui, prétendant être fort tourmenté par les naturels
voisins de son habitation, avoit eu piusieurs fois la pensée de les empoisonner
comme des rats (i).
Il paroît que d’aussi déplorables excès, loin d’avoir disparu, continuent
encore à se reproduire. Nous avons vu, dans la Gazette de Sydney
du 9 octobre 1834, qu’un appel public venoit d’être fait au procureur
général, pour prendre connoissance de certains actes d’atrocité, commis,
contre les natureis des environs du Port-Stephens, par queiques domestiques
de la compagnie d’agriculture australienne.
Le même journal, sous la date du 22 novembre, tout en annonçant
qu’une récompense étoit promise à ceux qui arrêteroient certains
aborigènes forcenés qui, poussés par le désespoir, se disposoient à
commettre des déprédations violentes dans le voisinage de la rivière
Hunter, ajoute : « Nous ne pouvons pas nous empêcher de revenir sur
» ce que nous avons si souvent exprimé, que de tels exemples de bru-
» talité de la part des sauvages sont, neuf fois sur dix , une conséquence
» des agressions préalables commises sur eux et sur leurs femmes par
( I ) D an s des circonstances analogues, les colons du Bre'sil ont émis jad is un voeu tout
aussi peu charitable à l’égard des P u r is , et même, ce qui est plus horrible , ils n’ont pas
craint de l’exécuter. ( Voyei chap. I X , §, i v , pag. 3 36 et 3 3 9 .)
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LIVRE "V. — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 903
» les colons.» Malgré un tel aveu, ces actes de représailles ne sont
pas moins annoncés par le journaliste comme une insubordination flagrante
des hommes de couleur.
Funeste usage des liqueurs alcooliques. — Dès les premiers temps de
l’occupation du pays par les Européens, on a fait beaucoup trop souvent
usage d’eau-de-vie ou de rhum, pour payer les services des indigènes.
« C ’est ainsi, dit Dawson, qu’on n’a jamais manqué de changer
» l’homme sauvage en demi-brute civilisée. »
Les communications des naturels avec les Anglais de la basse classe,
et plus particulièrément avec les convicts, ont singulièrement disposé les
premiers a contracter la funeste habitude de boire sans mesure des liqueurs
fortes, pour lesquelles ils sont devenus non moins passionnés que
les colons les plus adonnés à l’ivrognerie. Avec un tel appât, on est sûr
de leur faire faire tout ce qu’on veut, soit en bien soit en mai.
Le tabac est encore une des choses qu’ils recherchent avec le plus
d’avidité, aussi l’usage de fumer et de boire est-il maintenant tout à fait
établi parmi eux ; toutefois nous exceptons de cette règle les naturels des
environs de la baie Moreton , qui, d’après ce que nous apprend Dawson
iui-même, montrent une égale aversion pour les liqueurs spiritueuses
et pour ia pipe.
Par ieurs relations avec les déportés, les indigènes qui fréquentent la
partie la plus peuplée de la colonie se corrompent tellement, que bientôt
ieurs moeurs et leurs coutumes anciennes, déjà singulièrement altérées,
auront entièrement disparu; M. Field, en reconnoissant cette vérité,
ajoute avec non moins de justesse, que les convicts ont jeté la semence
de l’ivrognerie sur le sol fertile de la sauvage indolence. Rien n’est plus
triste que de voir les querelles que font naître ces excès d’intempérance, et
les combats que se livrent alors, dans les rues de Sydney, les malheureux
aborigènes. Jusqu’ici, nous en avons déjà fait ia remarque, la civilisation
anglaise ne leur a rien donné en compensation de tant de maux ; elle
n’a apporté aucune amélioration dans leur manière de vivre, dans leurs
moeurs, ni dans les moyens de se préserver des intempéries de l’air. Les
bienfaits d’une religion éclairée ne sont point surtout venus leur servir de
dédommagement ou d’indemnité pour les maladies et les vices nouvelier
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Indigènes
a ctuels.