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Pori-J.ickson. à sa femme de réitérer. Celle-ci, poussée par la faim, eut bientôt violé
De l’homme ia défense. L’enfant alors redouble ses hurlemens : le père accourt, et
en société. ' 1 a 1 r
assene sur la tete de sa femme un coup de waddy si fort, que cette mal-
heureuse tombe par terre baignée dans son sang et presque sans connoissance.
Les Anglais présens à un aussi triste spectacle s’étant empressés
d apaiser ce barbare, il sortit de sa hutte, quitta son waddy, et se promenant
à grands pas, vomit mille injüres contre son infortunée compagne.
La complaisance que les naturels ont pour leurs enfans est véritablement
excessive; ils évitent de les contrarier, et leur accordent sur-le-
champ ce qu’ils veulent, même les armes du père, les colliers de
ia mère, &c. On cite le trait d’un jeune sauvage qui, ayant reçu de son
père une sagaie toute neuve , s’avisa d’en essayer l’effet sur la cuisse de
sa mère, et la perça jusqu’à plus d’un pouce de profondeur; celle-ci
versa d’abord les larmes que lui arrachoit la douleur, pansa sa plaie ,
puis , regardant son fils en riant, elle assura qu’il seroit un jour un grand
guerrier. Il ne ménageoit pas davantage son père, et lui appliquoit des
coups de waddy sur les épaules, après avoir figuré toutes les manoeuvres
d’un véritable combat. Pour l’encourager, celui-ci feignoit d’être vaincu
et lui demandoit grâce; mais le jeune homme, d’un ton insultant, le
forçoit à se relever, à prendre son bouclier et à se défendre; il lui lançoit
ensuite deux ou trois sagaies , après quoi la paix étoit faite.
Conduite que doivent tenir les étrangers. — 11 est toujours fort dangereux
à un étranger d’insulter les sauvages, car d’après leur coutume, ils s’en
vengent tôt ou tard sur le premier individu de ia même nation qu’ils
» rencontrent, sans même considérer si celui-ci est innocent ou coupable.
Ne peuvent-ils mieux faire, ils mettent le feu à la contrée qu’habite
leur ennemi : usage très-général et que nous avons vu sur un grand nombre
de points de la Nouvelle-Hollande, ainsi qu’ à l’îfêWan-Dit^en.
Dans ies premiers temps qui suivirent la fondation de la colonie anglaise,
les voies de fait de la part des naturels étoient bien plus fréquentes
qu’elles ne l’ont été depuis. Tout alors en effet leur portoit ombrage; tout
se présentoit à leurs yeux avec un caractère d’hostilité intolérable ; on
envahissoit leur territoire, on détruisoit leurs moyens de subsistance, et
en dédommagement de tant de pertes, on ne leur apportoit que des vices.
L I V R E V . — - D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 739
et des fléaux de tout genre qui, en peu d’années, devoient décimer leur
population. Plus tard on a pu se convaincre que ces infortunés étoient
sensibles aux bons traitemens, et que le souvenir d’un bienfait n’étoit
point chez eux un sentiment foible et passager. Par des considérations
d’humanité, autant que de politique, il eût fallu les protéger contre la
méchanceté de cette foule de gens pervers et malintentionnés, qu’on
venoit de transplanter chez eux.
Dispositions généreuses. — Les naturels, en général, loin d’être disposés à
la rancune, le sont plutôt à pardonner quand on les fait apercevoir de
leurs torts; quelquefois même, dans ce cas, iis laissent paroître des mouvemens
de générosité très-honorables. Les sentimens de la tendresse fraternelle
ne leur sont pas non plus étrangers; et, susceptibles d’un véritable attachement
ainsi que d’une amitié sincère pour ceux qui leur ont donné des
marques d’intérêt, on les a vus souvent répandre des larmes de joie au
retour d’un parent dont iis avoient été long-temps séparés. Dawson rapporte
un trait touchant de gratitude, dont il fut l’objet au milieu d’une
peuplade éloignée de l’endroit où il demeuroit ordinairement. Une
femme qui entendoit annoncer son arrivée, se leva promptement, et courut
à lui en s’écriant : Voilà celui qui m’a donné des soins et qui m’a guérie
lorsque j ’étois malade dans les bois. Le nom du bienfaisant Européen (i)
circula aussitôt de bouche en bouche, et facilement put-il reconnoître,
à l’acçueil empressé qu’il reçut de chacun, combien il inspiroit d’intérêt
et de reconnoissance.
Hospitalité. — Forcé, à une autre époque, de débarquer, sur un point
de ia côte dont il ne connoissoit pas les habitans, le même voyageur fut
cependant accueilli par eux avec la plus touchante affection, parce qu’ils
avoient entendu parler de lui comme d’un homme pacifique et favorablement
disposé pour leurs compatriotes; un grand nombre de naturels
vinrent au-devant de lui, et lui présentèrent une certaine quantité de
poissons, comme une invitation à venir passer la nuit parmi eux. Piusieurs
entrèrent dans l’eau pour haler son canot à terre, prirent son bagage
( I ) Les sauvages l’ appeloient généralement Corhon M a s s a , nom composé du mot indigène
corboiiJ qui signifie grand , puissant, et de massa, corruption du mot anglais master, maître,
monsieur.
D e l’homme
en société.
Lu.