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Septembre,
28.
4 octobrf'
lience, ils nous devinrent favorables plus qu’ils ne l’avoient été jusqu’alors,
et soufflèrent bientôt bon frais, par fortes rafales.
Nous continuâmes de courir à l’Est jusqu’au 2 8 , tout en diminuant
progressivement de latitude; puis nous fîmes dépendre la route presque
entièrement du Nord, et coupâmes la ligne ie 3 octobre, à peu près par
25" de longitude occidentale, mais sans apercevoir la petite île Saint-
Paul, qui nous restoit à l’Est et à grande distance, pourvu toutefois
qu’on s’en réfère à la carte d’Horsburgh.
Une indisposition assez forte, suite des nombreuses fatigues que j ’a vois
éprouvées, me força à garder le lit pendant trois jours; mais elle
n’eut point de conséquence grave. Je fis gouverner pour passer à l’Ouest
des îles du Cap-Vert, par la latitude desquelles nous nous trouvâmes du
12. 12 au 13 octobre; toutefois je ne me souciai point d’aiier en prendre
connoissance, et profitai des vents alisés qui souffloient alors jolie brise,
pour m’élever au Nord et aller reconnoître ies îles Açores, en vue des-
2 7 . quelles nous arrivâmes ie 27 octobre. Nous passâmes entre ies îles Payai
et Flores, et cependant beaucoup plus près de la première. La vue du pic
nous servit à vérifier notre longitude, qui se trouvoit très-exacte, et telle
au reste que nous l’avoit donnée la montre n° 1 44 de Berthoud, que j’avois
fait nettoyer à Rio de Janeiro. La longitude par les distances lunaires,
observée par M. Raiiliard, se rapprochoit aussi d’une manière étonnante
de la longitude chronométrique et de celle déduite des relèvemens. Nous
ne fûmes pas surpris de cette concordance, à laquelle nous étions accoutumés;
mais, après l’événement qui nous avoit privés de la majeure partie
de nos montres marines, nous eussions pu nous attendre à une plus grande
erreur. « L’habitude de manier des instrumens de marine, dit M. Q.uôy,
avoit fait de tous les officiers de notre état-major de très-habiles observateurs.
Nos timoniers et nos pilotins eux-mêmes, munis de cercles à
réflexion et de sextans, avoient acquis, en ce genre, l’habileté qu’on exige
d’un officier. Le mécanisme des observations leur a paru si facile, et
ils ont mis SI peu de temps à se familiariser avec ies calculs, qu’on
peut être étonné de ce qu'il y ait encore quelques officiers de marine qui
ne soient pas versés dans ces connoissances vraiment indispensables à
i’homme de mer. »
LIVRE VI. — D e P o r t - J a c k s o n e n F r a n c e . 1383
Les vents favorables qui survinrent aussitôt que nous eûmes perdu
de vue les Açores nous permirent de faire bonne et directe route, et d’atteindre
bientôt l’ouverture de la Manche, où nous arrivâmes enfin le
7 novembre, après 56 jours seulement de traversée, depuis Rio de Ja- 7.
neiro. Je ne dis rien des coups de vent, de la grosse mer et du temps
pluvieux et désagréable qui nous accompagnèrent constamment pendant
cette partie de ia route; ces inconvéniens étoient peu de chose pour nous,
et la petite incommodité qui en résultoit disparoissoit devant le plaisir que
nous éprouvions à nous rapprocher de notre patrie. «Bientôt nos voeux
seront exauces, secrie M. Gaimard; nous allons enfin revoir cette belle
France, dont nous sommes éloignés depuis plus de 3 ans, heureux de
pouvoir dire avec un de nos poè'tes :
Plus je vis l’étranger, plus j'aimai ma patrie!
Le voyage long et pénible que nous sommes sur le point de terminer
nous laissera de profonds souvenirs qui auront pour nous mille charmes. »
Près d’entrer dans la Manche, j’étois dans un cruel état de souffrance,
et cependant je ne voulus point cesser de diriger la route du vaisseau et
d’y veiller moi-même. Les vents tournèrent brusquement à l’Est et soufflèrent
avec force, mais ils ne nous amenèrent point le temps clair qui les
accompagne ordinairement sur nos côtes. Une brume épaisse nous entouroit
et ne nous laissoit d’autre moyen de rectifier la route que la
sonde., que je fis en effet jeter fréquemment. De temps à autre, il est
vrai, nous apercevions les terres d’Angleterre ou de Normandie, mais
d’une manière si confuse, qu’il étoit impossible de dire avec quelque
certitude quel étoit le point précis que nous avions devant les yeux.
J ’espérois trouver aux environs de Cherbourg un pilote qui pût éclairer
notre route; mais, soit que la brume m’ait empêché d’en apercevoir,
soit que la force du vent les eût retenus dans le port, je n’en distinguai
j>as la moindre trace. Je me rapprochai du cap Barfleur dans l’espérance
de rectifier ma position sur le phare; mais la quantité de feux
que les pêcheurs, sans doute, avoient allumés sur la plage, m’empêchèrent
de discerner celui qui pouvoit nous être utile. Je m’éloignai donc de
terre, tout en déplorant qu’une mauvaise police locale fût ainsi venue
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