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des
îles Malouines. IV.
Géologie,
Iles Malouines, en général, — « Les îles qui nous occupent, dit M. Quoy,
ne sont pas fort éloignées de l’Amérique. Le peu de profondeur de la
mer, dans l’espace qui les sépare, ne sembleroit-il pas indiquer qu’autrefois
elles firent partie de ce continent! Et si un examen superficiel du
sol pouvoit fournir queiques données à cet égard, ne trouveroiton pas
que les plaines herbeuses et absolument dépourvues d’arbres des Malouines
ont les plus grands rapports avec les savanes de Montévidéo
et les pampas de Buenos-Ayres! Quoi qu’il en soit, la situation géographique
de ces îles, en les exposant à l’action très-aciive des météores
et d’une mer souvent en courroux, a dû singulièrement influer sur
l’aspect de leur forme. Aussi suffit-il de jeter un coup d’oeil sur notre
carte (pl. io 8 ) , pour voir que leurs contours, déchiquetés de mille
manières, présentent une foule d’îlots, d’ànses, de baies et de ports plus
ou moins profonds.
« Ile Conti, — Les montagnes et les plaines dont l’îie Conti se compose
paroissent assez irrégulièrement placées; peut-être que la plus
haute ne dépasse pas 300 toises [58 5 mètres]. Il y en a d’isolées et
d'autres formant de petites chaînes, dont une s’étend du Nord au Sud. La
montagne de la Croix, située à peu près par 60° 2 / de longitude occidentale,
et à ia gauche de la baie Française, en entrant, court Est et
Ouest. Isolée des autres, elie se subdivise en plusieurs rameaux assez
parallèles au centre de direction, sensiblement de même hauteur entre
eux, et séparés par de profondes vallées. Le versant des deux côtés offre
des pentes également inclinées; celui qui vient finir vers la baie que nous
venons de nommer présente des échelons réguliers.
» Toute cette montagne est de grès quartzeux très-dur, blanc et homogène,
en couches de quelques pieds d’épaisseur et presque verticales
au sommer, ou bien formant un angle très-aigu avec l’horizon. La direction
de ces dernières va comme l’ensemble de la chaîne, c’est-à-dire
de l’Est à l’Ouest. Depuis la moitié de sa hauteur jusqu’au sommet, le De scription
, . d e s roc est comme a nu et dun aspect grisâtre; cette couleur est due ¡1^5 M alouines.
aux nombreux lichens qui ies tapissent. Dans quelques parties élevées Géolo g ie ,
se trouvent de petites mares, qui reposent sur un fond tourbeux de
peu d’épaisseur.
» Les eaux pluviaies, en tombant comme en cascade de dessus ces
rochers, entraînent la terre végétale dans la plaine. Par ieur action longtemps
prolongée entre ies couches de grès, elles les ont désunies et renversées
dans le plus grand désordre; c’est ce qui explique l’entassement
de ces énormes blocs arides au pied de la montagne qui nous occupe,
et qu’on diroit avoir été jetés là par la main des hommes. Ces rochers
occupent des espaces considérables, et, lorsqu’en passant par-dessus on
prête une oreille attentive, on entend le cours souterrain des ruisseaux
qui les ont ainsi minés. M. Daubuisson cite (Tome II, pag. 46 3 ) de
pareils exemples, qu’il a vus dans le Piémont et la Lombardie.
» En examinant quelques masses de grès plus rapprochées de la mer,
et les cailloux roulés qui couvrent le rivage, on remarque que le quartz
est parsemé de petits points noirs de lydienne, que nous supposons être
de l’amphibole (r).
» Le terrain de la partie méridionale de la rade, sur lequel notre camp
étoit établi, repose sur des couches de grauwacke, dont la direction est
aussi Est et Ouest, et l’inclinaison, qui se dirige du Sud au Nord, de
40 à 4 5 °- Ces roches sont recouvertes, dans quelques endroits, d’épaisses
dunes de sable, que l’action réunie de la mer et des vents fait
varier dans leurs dimensions. Ces bancs schisteux en se prolongeant dans
la rade forment des écueils de peu d’épaisseur, et pour ainsi dire comme
linéaires, avec des coupures çà et là (2). C ’est sur un semblable rocher
sous-marin que ia corvette l’Uranie s’est brisée. Quelques brasses plus
à droite, et nous passions par une ouverture profonde, sans nous
apercevoir du danger.
( 1 ) C ’est sans doute ce que B ou g ain v ille a regardé comme des particules de talc.
(2) M. D u p e rre y fa it observer que celles de ces roches qui se prolongent en pointes soit
inférieure s, soit extérieures d e là baie F ran ç a is e , gisent dans cette même direction F st et
Ouest qu’affectent les montagnes.