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Dé cenihre.
nous ne pûmes que toibiement exprimer combien nous restions profondément
pénétrés de ses attentions continiieiles et de son inépuisable
complaisance.
La route qui conduit de Prospect-Hiil à Parramatta est ferrée et des
pius belles; quoique extrêmement fréquentée, elle est tenue dans un
état partait de conservation : de chaque côté, des fossés reçoivent les
eaux pluviales ; et sur les points où elles pourroient former des mares
incommodes , on a construit de jolis petits ponts , sous lesquels, au
moyen de saignées, ces eaux s’écoulent dans les terres voisines.
Beaucoup de champs cultivés ou seulement défrichés avoisinent cette
route. Enfin de jolies maisons champêtres, un paysage qui s’animoit,
nous annoncèrent les approches de Parramatta.
Notre premier soin fut d’aiier chercher des nouvelles de M. le gou-
\erneur, et le remercier de ia bienveillante prévoyance avec laquelle il
avoit su pourvoir à tous nos besoins pendant notre iongue promenade.
Ii étoit toujours indisposé ; M."' Macquarie vint seule nous recevoir,
et nous força d accepter un second déjeûner, avec une bonté et des
témoignages d’intérêt dignes de tous nos éloges. Quoique nous fussions
dans un triste équipage, elle vouloit absolument nous retenir pendant
toute la journée au château. Nous obtînmes cependant ia permission
de retourner à Sydney; il étoit cinq heures du soir lorsque nous y arrivâmes,
et nous eûmes enfin, après treize jours d’absence, le plaisir d’y
revoir et d’y embrasser nos amis.
Ainsi se termina cette course pénible, qui nous laissa à peine le temps
d’entrevoir un pays neuf et riche en productions naturelles, bien fait
sans doute pour exciter le zèle et l’activité des observateurs fiiturs.
CHAPITRE XXX.
Description d ’une partie de la Nouvelle-Galles du Sud.
D e p u is l’époque où se terminèrent les voyages de Baudin et de Flinders,
les connoissances de détail sur le continent de la Nouvelle-Hollande
se sont tellement multipliées , que les réunir toutes seroit aujourd’hui
i’objet d’un travail étendu, que je n’ai ni le dessein ni le loisir d’entreprendre.
Sans parler de ce qui a été observé directement par mes compagnons
de voyage et par moi, ni des documens inédits ou peu connus que nous
avons recueiiiis nous-mêmes sur les lieux, j ’ai compulsé divers ouvrages
originaux dont plusieurs contiennent d’importans développemens. Parmi
les opinions divergentes de leurs auteurs, j’ai dû apporter beaucoup de
circonspection pour distinguer ceiies qui avoient pour base la raison
et l’équité : ainsi, les uns, mus par un enthousiasme irréfléchi, ont
tracé des convicts et de ieurs descendans un tableau flatté outre mesure ;
les autres, au contraire, les ont peints avec des couleurs rembrunies er
sous les traits les plus hideux.
C ’est entre ces extrêmes qu’existoit la vérité : mais je sentois combien
il me seroit difficile de déchirer entièrement le voile qui la déroboit
à mes yeux, si un homme grave et instruit, unissant une connoissance
intime des faits à cette rectitude de principes qui résiste à l'enrrai-
nement de la passion, ne venoit m’éclairer de ses avis. Le retour
en Europe de mon excellent ami M. Barron-Field, m’a procure cet
avantage; il a bien voulu, autant par amour pour la science que par
attachement pour moi, examiner et éclaircir tout ce qui me paroissoit
sujet à controverse. C'est sur des élémens soumis à cette double critique
qu’a été rédigé mon travail sur la Nouvelie-Galles du Sud. Toutefois ce
n etoit point assez: je sentois 1 importance de le soumettre encore à
i’épreuve d’une lecture générale, et M. Field, en remplissant cette nouvelle
tâche, a eu la bonté de joindre au manuscrit les notes et les déve