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KéHexions
générales.
universelle, quelle ne perd jamais de vue, et auquei elle travaille avec tant
d’habileté et de constance. Partout sa politique cherche à assurer le placement
des produits de son industrie (i). Habile à s’emparer de tous les
points militaires répandus sur l’océan, elle a fait en grand, à cet égard,
ce qu’elle fit naguère plus en petit dans une portion de l’Asie méridionale.
Il suffit de jeter ies yeux sur une mappemonde pour apercevoir le vaste
réseau qu’elle a déjà comme jeté sur tout le globe : Helgoland, aux
bouches de l’Elbe et de ia Baltique; ie Canada et Terre-Neuve, dans les
mers du Nord; Malte [t.), les îles Ioniennes et Gibraltar (3), dans la Méditerranée;
les Lucayes, la Jamdique, etc., dans le golfe du Mexique;
Madère, Fernando-Po, l’Ascension et Sainte-Hélène, dans l’océan Atlantique;
le Cap de Bonne-Espérance, cette clef des mers de l’Inde (4 ), au Sud
de l’Afrique; ï Ile-de-France et Ceylan, toutes les deux d’une haute importance
(5); les îles Andaman et Nicobar, Bencoiden et le fort Marlborough,
bâti sur ia côte Sud-Ouest de Sumatra; Poulou-Pinangovc île du Prince-de-
Galles, ainsi que celles de Banca et de Biliton, aux deux extrémités du
détroit de Malaca. Les anciennes stations de ïtle Balambangan, au Nord-
Est de Bornéo, et de ïîle Melville, sur la côte septentrionaie de la Nouvelle
Hollande, quoique abandonnées aujourd’hui, ne sont pas moins au
(1) L e commerce de l’Angleterre, ainsi que l’a dit avec tant déraison Barrow, est la source de
la prépondérance qu’elle a acquise; il l’a mise en état de soudoyer toute l’Europe, et de l’armer
au besoin contre la France. J Voyage au Cap de Bonne-Espérance.)
(2) Barrow (op, cit.), croyant que les Français avoient le dessein de s’établir en Egypte, pour
de là faire marcher des troupes controles possessions anglaises de l’Inde, pensoit que 1 occupation
de Malte par la Grande-Bretagne devoit servir à contrarier ces projets.
(3) On sait avec quels sentimens de convoitise l’Angleterre jette depuis longtemps les yeux
sur l’île Majorque. La possession du Port-Mahon seroit, on le conçoit, une magnifique station
militaire pour ses flottes, et l’on ne navigueroit plus alors dans la Méditerranée que sous son bon
plaisir, sa protection et son veto.
(4 ) La possession du Cap de Bonne-Espérance est la garantie la plus sûre que les Anglais
puissent avoir de leur territoire de l’Inde. Elle met entièrement à leur merci le commerce que
les autres nations font avec l’Inde et avec ia Chine. C’est à cette possession qu’ils doivent ia
conquête du Mysore et la chute de Tipoo. ( J. Barrow, Voyage dans la partie méridionale de
l ’ Afrique ; passim. )
(5) L’excellente baie de Trinquemalé , sur la dernière de ces îles , dit encore Barrow
dans l’ouvrage cité, est d’un prix inestimable pour une puissance maritime; elle commande la
baie du Bengale, et donne la facilité de gêner, de maîtriser la navigation du détroit de la Sonde
et de Malaca.
Réflexions
générales.
LIVRE V. — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t , i 2 0 5
nombre de leurs possessions, et pourroient être réoccupées sans difficulté,
si les circonstances le rendoient nécessaire; de même leur établissement
de Nootka-Sound, à la côte N. O. d’Amérique, pourroit prendre toute
l’importance que lui offre sa position. Remarquons en outre, sur la côte
occidentale du continent austral, la Rivière des Cygnes et le port du Roi-
George; plus loin, dans la province de Snd-Austraiie, iepori Lincoln et i’île
des Kanguroos; k i’Est,ie Port-Jackson, chef-lieu des colonies de ia Nouveile-
Galles, et au Sud, ïîle Van-Diémen, où sont plusieurs postes intéressans.
Enfin ils ont fondé en 1833, pour ainsi dire à la limite du Grand-Océan
et de l’océan Atlantique, un établissement nouveau sur les îlesMalouines.
Cette station, dans le voisinage du cap Horn, est admirablement choisie
pour placer sous la dépendance de l’Angieterre tous les navires qui désireroient
chercher fortune dans ia vaste mer qui se développe, à i’Ouest,
depuis ies rivages du continent américain jusqu’à ceux de la Nouvelle-
Hollande. En cas de guerre, nos rivaux trouveroient sur ces points, dont
leur prévoyante sollicitude a fait choix, les abris et les secours nécessaires
à leurs besoins, et commanderoient en maîtres aux vaisseaux de leurs
ennemis.
Depuis longtemps on avoit remarqué que les soldats anglais, transportés
en peu de mois du sol brumeux de leur patrie sous le ciel ardent de
l’Inde, ne tardoient pas à éprouver la pernicieuse influence de ce nouveau
climat, et Barrow n’exagéroit pas sans doute lorsqu’il prétendoit
qu’un tiers de ces soldats périssoit peu de temps après avoir atteint leur
destination (i). Il étoit donc nécessaire d’avoir une station d’une salubrité
reconnue et d’une température intermédiaire entre celles d’Eurojie et
d’A sie, pour servir comme de dépôt et d’échelle à ces troupes : le Cap
de Bonne-Espérance et ie Port-Jackson remplissent ces conditions à merveille;
aussi est-il ordinaire que ies régimens qui sont destinés pour ie
Bengale aillent former, pendant quelque temps, la garnison des colonies
australiennes, avant de se rendre à leur destination définitive.
Un comité de la Chambre des communes, chargé en 18 14 de faire Préoccupation
au Parlement anglais un rapport sur la situation de la Nouvelle-Galles du
Sud , s’exprimoit ainsi qu’il suit :
(i) J. Barrow, Voyage cité, à la fin.
théorique.