
Port-Jackson. examinons cependant SI nous ne pourrions pas en découvrir quelques rudi-
D e l’honime mens informes. Les sauvages de cette contrée, dit le capitaine Hunter (i),
en sociere.
entonnent une hymne ou un chant d’aiiégresse à la chute du jour et au
lever du soleil. Ils sont très-effrayés du tonnerre et des éclairs, et croient
qu’en chantant certaines paroles, et en respirant fortement, ils dissiperont
ces météores. Dawson fut témoin, près du port Stephens, d’un ouragan dont
le bruit au milieu des bois étoit vraiment menaçant; les pauvres indigènes
paroissoient fort émus, non-seulement de ce bruit, mais encore de la crainte
que les arbres de leur voisinagene fussent renversés par lèvent. Dès que la
tempête fut un peu apaisée, ils se mirent tous simultanément à chanter,
ou plutôt à faire un bruyant murmure pendant quelques minutes. Tout-
à-coup ils secouèrent la tête en regardant fixement les nuées qui s’éloi-
gnoient, et les huèrent avec violence en frappant leurs mains l’une
contre l’autre. Us répétèrent cette cérémonie jusqu’à ce que la tempête
fût à-peu-près passée, puis s’attribuèrent le mérite de l’avoir dissipée, et
parurent satisfaits de la puissance de cette espèce de conjuration.
Quand ils aperçoivent des marsouins qui nagent près de la côte, ils
chantent, Notèlébré Wâ, notèJéhré Jâlâ, pendant que le poisson est au-
dessus de l’ean ; et quand il plonge, Noti, noti, jusqu’à ce qu’il remonte à
la surface.
Les femmes qui vont ou qui sont à ia pêche, chantent sur un air mélancolique
que nous ferons connoître plus bas.: Mandgenni Waouyengona,
Banihoida, Barrèma; ou bien ces mots ; Eya Wnndgéoua, Tchiango Wan-
dégo. Or, que signifient ces paroles î D’après Collins, ce sont des noms de
personnes décédées. Mais tout dénote que ces chansons de pêche,
comme celle qu’on adresse aux marsouins, ne sont qu’une sorte d’invocation
aux âmes de leurs aïeux, pour les prier de ieur accorder une heureuse
pêche. M. Field l’affirme expressément à l’égard des marsouins (2), et
le reste peut se conclure par analogie . Quand ils aperçoivent une troupe
de pélicans , iis leur chantent ces paroles : Gnourounié tatoua natoua natoua,
gnouroumé tatoua, natoua, tarraouoou, tarraouoou, qui pourroient bien avoir
le même sens.
( 1 ) A n historical jo u rn a l, o f the transactions at P o r t -Ja c k so n .
( 2) Mémoires cités, pag. 468.
Barrailler, pendant son voyage dans les Montagnes-Bleues, ayant une P o n - Ja c k so n .
fois quelque crainte pour sa sûreté, fit placer une sentinelle près du lieu D e l’homme
où il campoit. Les naturels qui lui servoient de guides, étonnés d’une
mesure dont ils ne pouvoient se rendre compte, cherchèrent, par leurs
questions, à en connoître le motif; on leur répondit qu’elle avoit pour objet
de se garantir de Koén. « Aussitôt, dit Barrailler, on vit ces pauvres
» gens faire en tremblant ieur cérémonie d’usage en pareille circonstance,
» et se retirer ensuite dans leurs huttes.» Cette cérémonie n’est point
décrite par l’auteur ; mais il n’est pas douteux que ce ne fût une espèce
d’exorcisme du malin esprit.
On a prétendu ( i ) que les naturels de ces contrées adoroîent les corneilles
et les éperviers; mais le fait est tout-à-fait faux, puisque bien loin
d adorer ces oiseaux, ils sont très-friands de leur chair. On pourroit,
pour concilier les deux opinions, admettre que cette adoration prétendue
n’est qu’une demande aux âmes de leurs aïeux, de vouloir bien
envoyer ces oiseaux dans leurs pièges.
On lit dans Collins qu’un naturel étant fort mal, un de ses amis ,
qui le soignoit, chanta sur lui, et fit usage de tous les moyens que la
superstition et l’ignorance purent lui suggérer pour rendre ia santé
au malade; celui-ci mourut cependant, et l’on remarqua, durant le
transport du corps, que plusieurs des assistans balançoient des branches
d’arbre d’avant en arrière, comme s’ils eussent exorcisé quelque
démon ; d’antres tenoient des touffes d’herbe qu’ils agitoient aussi,
tantôt devant le défiint, tantôt au milieu des broussailles ; dans le premier
cas, les porteurs faisoient un mouvement de côté avec ia tête, ■
comme s’ils eussent voulu écarter les hommes qui tenoient les touffes
d’herbe. Un de ceux-ci alla enfin dans les broussailles voisines, y regarda
avec beaucoup de tristesse, comme s’il y eût cherché quelque
chose qu’il ne pouvoit trouver; et cependant il agitoit toujours ses touffe.s
d’herhe.
Opinions superstitieuses. — Une étoile filante est a leur.s yeux le
présage dun evenement important ou de grands malheurs; l’un d’eux
i J.;;