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i 4 o4 VO YAGE AUTOUR DU MONDE.
» marécage, qu’on ne trouve que peu sensiblement dans les premières
» portions obtenues;
» 2" Dans aucun cas on n’a aperçu les signes inflammatoires ou éroslfs
i> signalés par M. Sage.
»3° Comme toutes les eaux distillées, elle se fait remarquer, pendant
»quelques jours, par sa fadeur et une saveur légèrement empyreuma-
» tique, dite de feu ; mais elle est diminuée par son agitation en plein
» air; elle est alors plus agréable et plus saine que plusieurs espèces d’eaux
"dites potables, qui contiennent toutes pius ou moins de sels qui en
» altèrent la pureté.
»4 ° Nos expériences montrent qu’elle a été ingérée sous différentes
» formes par 27 individus, pendant l’espace d’un mois, et qu’iis n’en ont
» éprouvé aucun accident;
» Sans présomption on peut induire de ces faits que son usage, long-
» temps continué, ne peut avoir aucun effet délétére sur la santé des marins.
» Nous espérons que la marine française aura sous peu à se glorifier
» d’avoir enfin fixé l’opinion publique sur la possibilité de la distillation
» de l’eau de mer à bord des vaisseaux, et sur l’innocuité absolue du pro-
» duit que fournit une opération aussi simple. »
Experiences de Brest.
Neufpersonnes firent partie de la commission de Brest, qui fut composée
d’une manière analogue aux deux précédentes (i). Huitforçats, depuis
18 jusqu’à 50 ans, furent isoiés dans une salle spéciale de f hôpital de la
marine et soumis pendant 30 jours à l’expérience; non-seulement iis n’ont
bu que de i’eau de mer distillée pendant tout ce temps, mais ieurs alimens
ont aussi été apprêtés avec cette même eau, et i’on s’est assuré, par
toutes les précautions nécessaires, que ies ordres donnés par la commission
avoient été rigoureusement exécutés.
(1) On y comptoii M M . D u e lo s , capitaine de v a isseau; d’O r c e t , capitaine de fré g a te ; C o r -
thier, sous-contrôleur de marine; D u b re u il, médecin en ch e f; D u v a l , second médecin en
chef; T haum ur, pharmacien en chef; V a s se , second pharmacien; de la P o r te , premier
chirurgien en ch e f, et Ju r ie n , commissaire de marine.
Les huit hommes susdésignés furent nourris avec la ration ordinaire Distillation
des matelots en mer, c’est-à-dire avec du boeuf et du lard salé, des lé- jg „ler.
gumes secs et du fromage.
L ’eau de mer fut puisée à plusieurs milles de terre et distillée seuiement
aux deux tiers.
Résumé de la commission de Brest.—-«Eau de mer distiilée, limpide
» comme de l’eau de fontaine, mais exhalant l’odeur particulière à i’eau
» distillée et ayant la saveur désagréable qui est due à la privation de
» fair par ie feu. Cette odeur est assez tenace et ne disparoît entiè-
» rement qu’après 18 ou 20 jours d’exposition à i’air libre, dans un lieu
» tranquille, la température étant de 9 à i i “* R. [i t “*,5 à i 3 ‘*,75 centig.].
» Soumise aux réactifs, le nitrate d’argent seul produisit un effet iégè-
» rement sensible en donnant à cette eau marine distillée une foible
n teinte opaline, ce qui indique la présence de quelques atomes de mu-
» riate de soude. Toutefois ies premiers produits de ia distillation ont
» seuls offert ce phénomène, les autres étant parfaitement purs et exempts
» tout à fait de muriate de soude.
» On n’a vu aucun indice du gaz alcalin oiéaginé neptunien, annoncé
» par M. Sage, et toutes les tentatives de la commission pour en décou-
» vrir la présence ont été vaines. Deux pharmaciens de ia marine,
» MM. Vasse et Châtelain, ont même gardé dans leur bouche, pendant
» quatre heures, de cette eau distillée, sans apercevoir ia saveur piquante
B ni l’espèce de causticité dont parle ce chimiste.
» La commission se croit donc fondée à répondre affirmativement au
» ministre : t° Qu’il lui semble clairement démontré que l’eau de mer
B distillée peut être employée en boisson et aux autres usages de la vie,
» pendant 30 jours révolus, sans aucun inconvénient pour la santé;
» 2° Qu’il iui semble qu’on pourroit encore en prolonger l’emploi au
» delà de ce terme;
» 3° Que cette eau peut donc être substituée à l’eau douce dans toutes
» les circonstances et notamment dans ceiles qu’offrent souvent les na-
» vigations de long cours et les voyages de découvertes. »
II ressort évidemment des expériences faites dans nos trois principaux
ports, que l’eau de mer distillée n’offre aucun des inconvéniens annoncés.