S4S G O U
G O U D R O N , (Hifl. nat. Chym. & Mat. médic.) procédés
par lefquels on retire cette poix. Voye[ PlN. Obfervations
fur fon ufage en médecine. O n préféré pour les emplâtres
agglutinatifs les fubflances analogues qui n’ont fouffert aucune
altération par le feu. Vices du goudron qui en ont fait rejet-
ter l’ufage intérieur. Eau de goudron qu’on employoït il y
a quelques années. En quels cas on pourroit encore l’employer
utilement. V I I . 730. é. Méthode pour faire de leau
de goudron. Recherches fur les vertus de cette eau , traduites
de l’anglois du ficur Berkeley. D ofe de cette^ eau. Elle
eft chargée d’une fubftancc réftneufe gommeufe , 8c de quelques
parties acides ; c’eft-là le vinaigre deBeikeley^. Cariheu-
ie r admet encore dans cette eau des parties qu il appelle
oleo fpirituofie balfamicce. D ’où vient l’acide dont elle eft
chargée. Ibid. 751 . a.
Goudron. Maniéré de le tirer. XII. 634. a. Prohibition de
fa fortie en Suede. IV . 130. b. Qualité difcuffive & réfolu-
tive qu’on lui attribue. X V II . 744. a.
GO UD R O N N E R les cordages, plan d’une étuve deftinée
à cette opération, vol. V II I des pl. Marine, pl. 10.
G O U D U L I , {Pierre) pqëte gafcon. X V I . 452. a.
G O V E A , (Antoine de) jurifconfulte 8ç littérateur. IX.
373. b. Son hiftoire des chrétiens de S. Thomas.III. 380. a, b.
G O U E L , le , ( Géogr. ) petite riviere du pays de Raïa-
Rotas dans les Indes. Son cours. Elle produit des diamans.
VII. 73 x. b.
G O U EM O N , autrement Varech, v o y e z ce mot. Son
ufage pour la culture des terres. X. 40. b.
G O UF F IER de Bonnivet, ( François de ) trait de généro-
fité de fa part. Suppl. III. 676. b. 677. a!
G O U F FR E , ( Phyfiq. ) tournoiement d’eau caufé par des
courans oppofés. Mouvement des eaux de l’Euripe 8c du
Carybde. Dët ils fur le goufre de Norwege. Il n’eft pas
néceffaire de fuppofer dans le fond de la mer des trous &
des abymes qui engloutiffent continuellement les eaux, pour
rendre raifon de ces gouffres. Ils font produits par le mouvement
de deux ou de plufieurs courans contraires. Caufe
des mouvemens d’abforption 6c de répulfion des gouffres.
Les ouragans ne font aufft que des tournoiemens d’air produits
par des vents contraires. Lieux où ils font le plus communs.
Terrible effet d’un ouragan. V II . 73 t. b.
Gouffre, efpece de gouffres, dans la m e r , où les eaux font
violemment agitées, 6c paroiffent s’engloutir dans des cavités
fouterraines qui les rejettent avec la même violence. VII.
83. b. 621. a. Différence entre abyme,précipice 8c gouffre.
XIII. 270. b. Gouffre de Maelftron en Norwege. IX. 843.
b. Des vents qui fortent des gouffres. X V I I . 19. b. Sur les
gouffres, voyeç l’article T o u r b illo n . Gouffre dans l’A tti-
que nommé Barathre. II. 68. a.
G O U G E , terme de différons arts 6c métiers. Defcription
des différens inftrumens de ce nom. VII. 752. a.
Gouges du graveur en bois. V II . 891. a , b.
G o u g e , (Maneg. Maréch. ) defcription de ce cifeau. Son
nom dans la chirurgie vétérinaire. Autre efpece de gouge
dont les maréchaux fe fervent très-indiferetement pour
abattre les inégalités des dents molaires. V IL 732. a. Autre
pratique fubftituée à cet ufage groffler 6c dangereux. Ibid. b.
G O U JO N de rivière, ( Ichthyolog. ) defcription de ce
poiffon appellé griffon dans le Lyonnois. Mauvaife qualité
de fa chair. Facilité de le pêcher lorfqu’on a jetté dans l’eau
une tête de boeuf ou de cheval. V IL 732. b.
Goujon, terme d’architeélure, de méchanique, de doreur,
de ftienuifier. VU . 732. b.
G o u jo n , (Jean) fculpteur. X IV . 830. b.
G O U L A R T , (Simon ) théologien. X V . 14. b.
G O U LU de mer, (Ichthyol.) elpcce de fqualus, l’un des
plus voraces des animaux aquatiques. Sa defcription. VII.
733;^ ,
G O U R A , ( Géogr. ) ville de Pologne appartenant à l’évêque
de Pofnanie. Celui qui vivo it du tems de Jean Sobieski
peupla cette v ille de monafteres, éleva des autels dans tous
les bois des environs, bc . Les Polonois appellent gouri tout
co te au , tous lieux un peu élevés. VII . 733. b.
G O U R D E , voye1 C a leba s se.
G O U R G U E , (Dominique d e ) Suppl. III. 938. b.
G O U R IQ U A S , (Géogr.) v o y e z C a r ig o u r iq u a s .
G O U RM AN D E R un cheval. (Maneg.) Obfervation fur
un article du diétionnaire de T ré vou x relatif à celui-ci. V IL
733. b.
G O U RM AN D IS E , (Morale) Horace l’appelle ingrata
ingluvies. Paroles de Callimaque 8c de Varron fur ce fujet.
La gourmandife eft un mérite dans les pays de luxe & de
vanité : c’eft le fruit de la molleffe opulente. Les Romains
fuccomberent fous le poids de leur grandeur,quand la tempérance
tomba dans le mépris. Gourmandife des Apicius.
C'eft Fini d’eux que Pline appclloit nepotum omnium altiffi-
mus gurges. Détails fur cet Apicius, qui finit par s’empoi-
fonner, parce que n’ayant plus que 300000 francs de b ien, il
fe jugea ruiné. Excès de déliçateffe des gourmets qui fe trou-
G O U
voient alors dans Rome. Les Sybarites accordoient l’exemp*
tion de tout impôt aux pêcheurs d’un poiffon dont ils étoient
extrêmement friands. Sobriété qu’Homere attribuoit à fes
héros. Cell,e d’Agéfilas. VIT. 734. a. Celle d’Alexandre avant
fes conquêtes. La chcre la plus délicieufe eft celle dont l’ap*
■ pétit feul fait les frais. L’ireureufe vieiüeffe des Pcrfes étoit
le fruit de leur tempérance. T o u t ce qui va au-delà de la
nature eft nuifibje; il ne faut pas même la fuivre jufqu’où
elle permettroit d’aller. Le goût fe blafe fur les mets les plus
délicats, 6c des infirmités fans nombre vengent la nature
outragée. Ibid. b.
Gourmandife. Mauvais effet de celle qui confifte dans la
trop grande quantité d’alimens. I. 263. a. D e la déliçateffe
de la table. IV . 337. b. L ’afibupiffcment eft un des effets
de la gourmandife. X V . 332. b. 333. a. Réflexions fur la
gourmandife. X V I I . 439. a. — Voyc^ So br ié t é , F r u g a l
it é , T empérance.
G O U RM E , ( Maréch.) efpece d’analogie entre cette maladie
6c la petite vérole. Les caufes de la gourme font auflj
inconnues que celles de la petite vérole. M. de Garfaut l’attribue
aux herbes humides 8c trop nourriffantes des pays
froids. VU . 734. b. Obfervations fur ce fentiment. Les chevaine
des pays chauds ne font point exempts delà gourme, 8c ceux
qui ne font point nourris d’herbes humides 8c trop nourriffantes
y font également fujets. Age auquel elle attaque les chevaux.
Comment elle fe manifefte. C ’eft improprement qu’on
a appellé fauffe gourme celle qui arrive à l’âge de fept ou
huit ans. Détails fur cette fauffe gourme beaucoup plus dan-
gereufe que l’autre. Ibid. 733. d. O n doit placer féparément
tout cheval qui jette. Cure de la gourme qui attaque les
poulains. Traitement de celle qui fe montre d'une maniéré
plus formidable. Ibid. b. — Voye^ Suppl. III. 418. b.
G O URMER un cheval,( Maneg. ) attentions que demande
l’aélion de gourmer un cheval. V i l . 733. b.
G O U RM E T T £ , ( Manège ) partie d’autant plus cffentielle
dans une embouchure, que la perfeélion de l’appui dépend
de la jufteffe de fes proportions 8c de fes effets. Defcription
très-détaillée de toutes les parties de cette chaîne. V I I . y eôi
a. D e leurs proportions, des variétés pratiquées quelquefois
dans cette partie de l’embouchure. Son utilité. Ibid. b.
G o u rm e t te , fauffe, (Manège) on appelle de ae nom
deux petites longes de cuir coufues aux arcs du banquet, b c .
Autre efpece de fauffe gourmette Cbmpofée de quatre bouts
de chainettes d’une S , ou quelquefois d’une petite piece de
fer applatie , ronde ou quarrée, 8c percée de quatre trous.
Détails fur cette fécondé. Ufages de l’une 8c de l’autre. V I I .
757; *■ '
G o u rm e t te , (Marine) garde que les marchands mettent
fur un bateau. Valet qu’on emploie dans le navire. V I I \
G O U R N A B L E S , (Marine) grandes chevilles de bois
qu’on emploie quelquefois aiï lieu de chevilles de f e r , principalement
pour joindre les bordages avec les membres.
Obfervations fur la maniéré de les faire, 8c fut leur dimen-
fion. VIT. 737. b.
G O U R N A Y , (Géogr.) v ille de Normandie. Patrie de
Gucdier de Saint-Aubin , doéleur de Sorbonne. Ouvrage qu’il
a donné. V II . 737. b.
G O U R N E S , ( Dominique d e ) principaux événemens de fa
vie. X. 136. a.
GOUSSE. Voyei SlLlQUE.
G O U S SE T , différentes fignifications de ce mot. V I I .
75S ;» . ,
G O U T . ( Pliyjiolog. ) Du goût en général. L a bouche, l’oe-
fophage 8c l’eftomac ne font proprement qu’un organe continu,
8c n’ont qu’un feul 8c même objet. La faim, la foif
8c le goût font trois effets du même organe. De-là vient que
ces trois effets font prefque toujours au même degré dans les
mêmes hommes. Cette réglé eft générale pour toutes les fon-
fations , pour toutes les pallions ; les vrais defirs font la me-
(ure du plaifir 8c de la puiffance , parce que la puiffance
elle-même eft la caufe 8c la mefure du plaifir, 8c celui-ci
celle du defir. Sans cet accord réciproque fondé fur le
méchanifjne des organes,les fenfations détruiroient l’homme
pour le bien duquel elles font faites. S’il arrive que le defir
furcharge la puiflance, c’eft que les hommes fuivont moins
les fimples mouvemens de leurs organes que ne font les
animaux. V II . 738. a. L e goût en général, eft le mouvement
d’un organe qui jouit de fon objet; c’eft pourquoi
le goût eft de toutes les fenfations. Par rapport au goût proprement
dit, la bouche poffede cette fenlation à un degré
plus éminent que l’oefophage 8c l’eftomac. C e fens eft le
plus effentiel de tous après le toucher. L ’organe principal
des faveurs, c’eft la langue. Defcription de cet organe d’après
Bellini. Ufage de ces petits cônes qui fe trouvent fur la
langue des boeufs, 8c qui la rendent, pour ainfi dire, hérif*
fée. Glandes qui fe découvrent fur la langue : elles ne font
point l’organe du goût. 11 y a plus d’apparence que le fieee
de cet organe eft dans cette eipece de cellules percées de
trous
G O U G O U 849
trous qu’on y remarque. Ibid. b. Ces organes du goût font
en grand nombre fur la langue; mais encore.font répandus
çà & là dans la bouche. Exemples de gens fans langue, qui
ne laiffoient pas d’avoir du goût. Moyen de s’affurer par loi-
même que le palais* fert au goût. Cependant la conftruétion
de la langue nous montre qu’elle eft le grand 8c le principal
organe de cette fenfation. Le nerf de la neuv.ieme pai*e,
fuivant Boerhaave, après s’être ramifié dans les fibres de
la langue, fe termine à fa furface. Les divers mouvemens
dont la fubftance de la langue eft capable , déterminent les
fucs favoureux à s’y introduire. Ibid. 739. a. La fenfation
dit goût exiftera plus ou moins dans toutes les parties de la
bouche ^fuivant qu’il s’y trouvera des mammelons goûtans
plus ou moins difperfés. Tra it concernant Philoxene »Fameux
gourmand de l’antiquité. Nouvelles preuves que la langue
eft le principal organe du goût. D iv erfes caufes qui concourent
à la fenfation du goût. Matières qui en font l’objet.
Comment fe fait le goût. La matière doit être atténuée : elle
doit être échauffée dans la bouche. Ibid. b.
Explications de plufieurs phénomènes du goût. Pourquoi nous
ne pouvons pas connoître le goût des tels dans les autres
parties du corps. Par quel raifon le même objet excite fou-
ven t des goûts fi différens félon l’â g e , le tempérament, les
maladies, le fexe , l’habitude, 8c les chofes qu’on a goûtées
auparavant. Pourquoi les nerfs nuds 8c la langue excoriée-,
font fi fenfibles à l’imprcflîon des corps qui ont le plus de
goût, tels que les Tels, les aromates, les efprits. Ibid. 760.
a. Pourquoi les chofes qui ont du goût fortifient promptement.
C e qui donne tant de goût oc de force à ces corps
fi fortifiaus, c ’eft ce que les chymiftes appellent efprit relieur.
Sendigovius dit que ce liquide iiibtil fait de tout le corps
aromatique. D ’ou vient que l’eau, les huiles douces , la terre
font infipides ? C ’eft parce que ce qui eft plus foible que ce
qui arrofe continuellement les organes de nos fens ne peut
les frapper. D ’où procédé la liaifon particulière qui régné
entre le goût 8c l’odorat ? Raifons tirées de la ftruéture des
organes, 8c de l’empire de l’imagination. Ibid. b.
G o û t , ( Phyfiol. Anat. ) précis de la ftruélure de l’organe
du goût tel qu’il eft dans l’efpece humaine. Suppl. III.
246. a. Defcription des mammelons dont la langue eft
co u v e r te , qui font le véritable fiege de ce fens. Ibid. b.. Le
goût ne peut s’exécuter que par Je m oyen d e là diffolution.
Les fols paroiffent être les fouis objets du goût. D e la caufe
des différentes faveurs. Utilité du fens qift nous les fait
connoître. Ibid. 247. a. Organes différemment proportionnés
aux alimens, que les animaux de différentes efpeces
paroiffent avoir. Le befoin les a quelquefois forcés à fur-,
monter leur inftinél. On v o it aufli que l’homme s’eft accoutumé
à des alimens que l’odorat ou le goût dévoient lui rendre
infupportables. L’odorat 8c le goût de l’homme moins
.exquis que dans les animaux. Ibid. b.
Goût, rapport entre les fenfations du goût 8c de l’odorat.
X I. 348. a. 336. a. Des caufes du goût dans le corps favoureux.
X IV . 708. b. Senfibilité de l’organe du goût dans
l’homme. X V . 30. a. N e r f de la langue qui eft le fiege du
goût. Suppl. III. 704. b. Affinité entre le goût 8c l’odorat.
Suppl. IV . 103. a. 104. a.
G o û t , ( Gram. Liti. Philofoph. ) Le fens que nous défi-
gnons par ce nom , a produit dans toutes les langues connues
la métaphore qui exprime par le mot goût le fonti-
ment des beautés 8c des défauts dans tous les arts. Il ne fuf-
fit pas pour le g o û t , de vo ir la beauté d’un ouvrage ; il
faut la fentir, en être touché, démêler les différentes nuances;
rien ne doit échapper à la promptitude du difeernement.
L e mauvais goût au phyfique, confifte à n’être flatté que
par des affaifonnemens trop recherchés ; 8c dans les arts, à
ne fe plaire qu’aux ornemens étudiés. L e goût dépravé dans
les alimens, eft de choifir ceux qui dégoûtent les autres
hommes ; 8c dans les arts, de fe plaire à des fujets qui
révoltent les efprits bien faits. O n fe forme le goût des arts
beaucoup plus que le goût fenfuel ; 8c ce goût demande du
tems pour fo former. VII. 761. a. Si toute une nation s’eft
réunie à aimer des auteurs pleins de défauts, c’eft qu’ils
avoient des beautés naturelles, que tout le monde fentoit,
& qu’on n’étoit pas encore à portée de démêler leurs im-
perfeélions. Examen de cette maxime, il ne faut pas difpu-
ter des goûts. Le goût eft arbitraire dans plufieurs chofes ;
alors il mérite plutôt le nom de fantaifie. Comment il arr
iv e que le goût fe gâte chez une nation. Il eft de vaftes
pays où le goût n’eft jamais parvenu ; ce font ceux où la fo-
ciété ne s’eft point perfectionnée, où iès hommes 8c les
femmes ne fo raffemblent p o in t , où certains arts font défendus
par la religion. C ’eft par de fomblables raifons que
les Afiatiques n’ont jamais eu d’ouvrages bien fa its ,'p r e fque
en aucun genre. Ibid. b. *
Effai fur le goût dans les chofes de la nature b de l ’a rt,
par M. de Montefquieu. Trois fortes de plaifirs qui forment.
les objets du goût. C e qu’on entend par chofo bonne
8c chofo belle. Erreur des anciens qui conuftoit à regarder
Tome I,
comme dès qualités pofitives toutes les qualités relatives
de notre ame. Les fources du beau, du b o n , d e ' l’agréable,
forit en nous-mêmes. Examinons donc notre ame, étudions-
la dans fes a étions 8c dans fes pallions, cherchons-la dans
fes plaifirs, .c’eft là où elle fe manifefte davantage. Des
plaifirs de notre ame. L ’ame , indépendamment des plaifirs
qui lui viennent dés fens, en a qu’elle auroit indépendamment
d’eux , 8c qui lui font propres. Nous ne diftingue-
rons point les plaifirs qui viennent à l’ame de fa nature $
d’avec ceux qui lui viennent de fon union avec le corps :
nous appellerons tout cela plaifirs naturels ; 8c nous diftin -
guerons de même le goût naturel 8c lé goût acquis. V I I .
762. a. Notre maniéré d’être eft entièrement arbitraire, Si
nous avions été faits autrement, nous aurions frnti autrement:
un orga'ne déplus ou de moins, auroit fait une autre
éloquence, une autre poéfie, une autre mufiquè, bc . L e
goût naturel n’eft pas une connoiffance de théorie', c’eft une
application prompte 8c exquife des réglés même que l’on
ne connoît pas. À in fi, tous les préceptès que Fon pourroit
donner pour former le goût, ne peuvent regarder directement
que le goût acquis , 8c indirectement le goût naturel.
La définition la plus générale du g oû t, fans confidérer s’il
eft bon ou mauvais, eft ce qui nous attache à une chof®
par le fentiment. Ibid. b. De Pefprit en général. L ’efprit eft
le genre qui a fous lui plufieurs efpeces, le génie„ le bon
fens , le difeernement, la jufteffe, le talent, le goût. L ’e fprit
confifte à avoir les organes bien conftitués, relativement
aux choies où il s’applique. De la curiofité. Notre ame
eft faite pour penfer; or un tel être doit avoir de la curiofité
: c’eft le plaifir que nous donne un o b je t , qui nous
porte vers un autre. On fora toujours sûr de plaire à l’aine,
quand on lui fera vo ir beaucoup de chofes. Nous aimons
l art qui s’applique à nous découvrir la nature au-delà des
bornes dans lefquelles elle fo renferme ordinairement à
nos y e u x ; mais quand nous trouvons de belles fituations,
nous en fommes bien autrement enchantés, parce que la
nature n.e fo copie pas , au lieu que Fart fe reffemble toujours.
C e qui fait ordinairement une grande penfée, c’eft
lorfqu’on nous dit une chofo qui en fait voir un grand
nombre d’autres : exemples. Ibid. 763. a. Des plaifirs de
P ordre. Il ne fuffit pas de montrer à l’ame beaucoup de cho-
fo s , il. faut les lui montrer avec ordre; alors nous nous
reffouvenons de ce que nous avons v u , 8c nous commençons
à imaginer ce que nous verrons. Des plaifirs de la variété.
Sans la variété l’ame languit; les chofes fomblables
lui paroiffent les mêmes 8c né lui font aucun plaifir. C ’eft
ainfi que les hiftoires nous plaifont par ia variété des récits
; les romans, par la variété des prodiges , b c . Il faut
que. la variété ne nuife point à la fimplicité. Il y a des
chofes qui paroiffent Variées 8c ne le font p o in t , d’autres
qui paroiffent uniformes 8c font très - variées. Application
de ces principes à Farchitc&ure grecque & gothique. Ibid. b.
Des plaifirs de la fymmétrie. L’ame aime dans les chofes la
fymmétrie 8c la variété. Comment cette apparente contra-
diélion s’explique^ La raifon qui fait .que la lymmétrie plaît
à l’ame, c’eft qu’elle lui épargne de la peine, qu’elle la foulage.
Audi par-tout où elle peut aider fes fondions, elle
lui eft agréable ; mais par-tout où elle eft inutile, elle eft
fade , parce qu’elle ôte la variété. L ’objet qu’on voit fuc-
celfivement, n’a befoin que de variété; celui qu’on voit
d’un coup d’oeil, doit avoir d e là fymmétrie, Il faut de plus
qu’il foit unique , 8c que lés parties fo rapportent toutes à
l’objet principal. Il faut qu’un tout foit a che v é , 8c qu’il
n’y ait point de partie imparfaite. C ’eft pour cela qu’on
aime la fymmétrie. Des contrafies. Si la nature demande des
peintres qu’ils mettent de la fymmétrie dans les parties de
leurs figures, elle veut au contraire qu’ils mettent des con-
traftes dans les attitudes. Ibid. 764. a. Mais il eft fouvent arrivé
que la variété que l ’on a cherché à mettre par le m oyen
des çontraftes, eft devenue une vicieufo uniformité. Si
la partie de l’ame qui connoît, ajme la variété, celle qui
font, ne la cherche pas moins : tout nous fatigue à la longu
e, ,8c fur-tout les grands plaifirs. On remédie à la lafii-
tude de l’am e , en variant fes modifications. Des plaifirs de
la ftirprife. Cette difpofition de Famé qui la porte toujours
vers différens objets, fait qu’elle goûte tous les plaifirs qui
viennent de la furprife. Quand une chofo nous furprend,
comme nouvelle ou inattendue, le fentiment principal fe
lie à un fentiment acceffoire, fondé fur ce que la chofo eft
nouvelle ou inattendue. C ’eft par-là que les jeux de lia fard
nous piquent, 8c que les jeux de fociéré nous plaifont. Ibid,
b. C ’eft encore par là que les pièces de théâtre nous intéreffent
8c nous attachent. La furprife peut être produite par la
chofo, Ou par la maniéré de Fapper.cevoïr. Exemple tiré
de Suétone, propre à éclaircir cette maxime. Des diverfes
caufes qui peuvent produire un fentiment. Un lentiment n’a
pas ordinairement dans notre ame une caufe unique. Les écrivains
qui ont plu davantage, font.ceux qui ont excité dans
l’ame plus de fenfations en même tems. -Multiplicité de
F F F F F f f f f f