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ainfi nommés. Si une enclitique fuivoit un nom propre en
g r e c , elle ceffoit d’être enclitique & gardoit Ton accent.
Neuvième livre de la méthode grecque de P. R. à confulter
fur cette matière , où l ’on traite de la prononciation du g rec ,
& des inflexions qui étoient en ufag e, quand le grec ancien
ètoit encore une langue vivante. La différence dès accens
qui ètoit obforvée encore à la fin du dernier fiecle à Paris,
prefque entièrement négligée aujourd’hui. G ’eft ainfi que plu-
fieurs entendent les livres anglois, en les lifant à la maniéré
françoife. Ibid. 634. a.
Enclitiques, mots : comment ils modifient l’accent de la
fyllabe qui les précédé. I. 66. b.
EN CLOUER une piece d’artillerie, ( Art milit. ) diverfes
maniérés d’ençlouer un canon & de le mettre hors de fer-
vice. Parmi ces maniérés il en eft une qui eft lente à la
v ér ité , mais à laquelle on n’a trouvé aucun moyen de remédier.
En quels cas on endoue les pièces. Moyen de rendre
dans un fiege les pièces hors de fervice & de les faire crev
e r , indiqué par M. Vautier, officier d’artillerie. V . 624. b.
En quels cas & comment cette très-périlleufe expédition
peut être tentée. La méthode d'enclouer les canons eft fort
ancienne. Deux maniérés de remédier à l’enclouage. Ibid.
625. a.
EN C LO U E U R E , ( Manege & Maréch. ) bleffure faite au
pié du cheval par le maréchal qui le ferre. Différence entre
enclouer & ferrer. Signe auquel on reconnoît ces accidens.
Moy en de difcerner le clou d’où vient le mal. Ouverture
qu’on doit faire en pareil cas. C e qu’il faut pratiquer lorf-
que le pié n’a été que ferré. V . 625. b. Remedes à employer
dans le cas de l ’encloueure ; attentions à foire dans les pan-
femens. L e cheval peut encore être ferré & piqué en con-
féquence d’une retraite : extraéfion de ce corps étranger,
délicate à exécuter , & qui doit être faite par un habile
ouvrier. Plaie compliquée lorfque cette retraite a été chaffée
dans le vif. Foyer R e tr a it e & F errer. Clou de rue, efpece
d’encloueure. Avantages qui réfiiltent de ne point deffoler,
quelque grave que foit la plaie du clou de rue. Ibid. 626. a.
Cependant il n’eft pas douteux que cette méthode n’éprouve
des contradictions. O n peut objeéler que beaucoup de chevaux
guériffent par le m oyen de la deffolure. Réponfe à cette
objeétion. Preuve qui rél'ulte en faveur de la méthode de
ne pas deffoler par la comparaifon des deux traitemens.
Delcription anatomique du pié du cheval. Combien ces parties
doivent être affrétées par la deffolure. Démonftration
du danger de la deffolure appliquée au clou de rue. Ibid. b.
Cure du x lo u de rue fimple. Cure pour le clou de rue
grave & compliqué. Ibid. 627. a. Suppl. 111. 405. a.
EN C LUM E , différentes efpeces d’enclumes. Maniéré de
forger une enclume. Suite des opérations néceffaires pour
fabriquer cet infiniment, & toutes fes parties, félon les différentes
efpeces 8c formes d’enclumes. V . 627. b. &c.
Enclume , maniéré de foire en fable le moule d’une
enclume de fe r, VII . 155. a. 8c d’y couler la fonte. Ibid.
Petite enclume nommée bel-outil. II. 199. b. Bigorne. 247.
b.. Enclume ronde nommée boule. 361. b. Efpeces d’enclumes
appellées tas. X V . 932. b. Enclumes de femirier. X V I I .
827. b. vol. IX de;? planch. Serrurier, pL 51. Billot d’enclume.
II. 256. b.
Enclume , ( Anat. ) un des quatre offelets qu’on rencontre
dans la caiffe du tambour. Situation 8c defcription
de cet offelet. Q uel eft celui qui en a fait la découverte.
V . 629. a. Voye{ OSSELETS , OREILLE & OUÏE.
E n c lum e , (Cloutier.) V . 629. a.
En c lum e , ( Aiguilletier. ) V . 629. a.
ENCLUME en bigorne, ( Arquebuf. ) V . 629. a.
ENCLUME quarrée, ( Arque b.) V . 629. a.
En CLUME, ( Ceinturier. ) V . 629. a.
ENCLUME ronde, { Chaudron. ) V . 629. a.
E n c lum e , ( Cornel. ) V . 629. b.
Enclume des couvreurs. V . 629. b.
En c lum e , (Maréch. ) V . 629. b.
Enclum e , ( Orfév. ) V . 629. b.
E nclume , ( Teintur.) V . 629. b.
EN C LUM E A U , {A r t méch. ) ouvriers qui s’en fervent.
V . 629. b.
EnCLUMEAU , ( Chauder. ) defcription & ufage. V. 629. b.
E N C LUM E T T E , ( Boijfellerie) V . 629. b.
. ENCLUMETTE, ( Melt. en ceuv. ) V . 629. b.
EN CO L L E R , ouvriers auxquels ce terme eft commun :
ce qu’ils entendent par-là. V . 630. a.
En c o l l e r , {Doreur') maniéré de foire cette préparation
fur le bois qu’on veut dorer. V . 630. a.
Encoller. ( Tijferand. ) V . 630. a.
EN CO LU R E , {Manege Maréch. ) avantage d’une belle
encolure. Encolure fouffe, renverfée, penchante,caraéteres
de ces différentes fortes d’encolures. V . 630. a. La bonne ou
mauvaifo conformation de l’encolure décide des qualités que
1 on recherche dans le cheval. Effets d’une encolure molle 8c
effilée i de celle qui eft courte & chargée. Encolure des
barbes, des jumens & chevaux d’Efpagilè. C ’eft l’art qui
procure cette liberté & facilité des mouvemens du cheval ,
qu’on appelle foupTeffe. Etroite correfpôndance & intimité
réciproque de l’encolure 8c de la tête du ch e va l, avec les
attaches 8c les ufages-des mufcles divers qui concourent à
leurs allions. L’aptitude & l’aifance avec lefqüelles l’encolure
fe prêtera dans tous les fens divers , aideront à la jufte
pofition de cette p artie ,à la franchifé & à la fureté d e là
bouche, & conféquemment à l’exaéle précifion des effets des
rênes. D e toutes les portions extérieures & mobiles du corps
de l’animal, l’encolure eft la première qu’on doit tenter d’af-
fouplir. D ’où viennent la plupart des déréglemens & des
défordres auxquels nombre de chevaux s’abandonnent. Mouvemens
de flexion ou d’extenfion auxquels il fout d’abord
travailler à déterminer l’encolure. Ibid. b. Voyeç Placer 8c
T ête. Des moyens d’affouplir entièrement cette partie, en
la dirigeant dans le fens des flexions latérales , qui font ce
qu’on entend par le terme de plis. Maniéré de déterminer
la mefure précife du pli à fuggérer. Ibid. 631. a. Comment
on diftingue les aides qui conviennent aux diverfes
efpeces de ch e vau x, félon les défauts auxquels ils ont le plus
de penchant. Ibid. b. — Sur l’encolure, voye[ Suppl. I IL
398.
EN C OM B OM A T E , {H ijl. anc.) obfervation fur cet article
de l’Encyclopédie. Suppl. II. 804. b.
EN COM BREM EN T , ( Marine) lorfqu’il s’agit du fret
des marchandifes, on en foit l’évaluation fiiivant l’encombrement.
V . 632. a.
E N C R A T IT E S , ( Hifl. eccl. ) hérétiques du deuxieme
fiecle. Tatien auteur de cette feéte. Sa doétrine. Pourquoi
fes difciples furent appellés encratites ou continens. O n les
appella auffi aquariens ou hydroparafiâtes. V . 632. b. Voye\[
AQU ARIENS &. T aTIANISTES.
En c r a t ite s , Evangile des, V I . 1 1 7 . a.
EN CRE à écrire. { Arts ) Recette de M. Lémery pour faire
de l’encre. Recette de M. Geoffroy. Maniéré de foire de
l ’encre fur le champ. V . 632. b. D e s quatre efpeces dé
v it r io l, celui qu’on appelle vitriol de Ch ypre ou de Hongrie
, eft le feul qui ne foffe point d’encre. M oy en de faire
difparoîtrê la couleur noire de l’encre. Ibid. 633. a.
Encre dont on fe forvoit autrefois. IV . 1024. a. Principales
drogues qu’on emploie dans la compofition des encres :
deux maniérés de foire l ’encre à l’ufage des maîtres écrivains.
IX. 43 2. a. Maniéré de foire de l’encre avec l’iris jaune de
marais. VII I. 902. b. avec le kermès. IX . 120. h. Encre grife :
encre pour le parchemin : èncre de communication : encre
rouge : encre blanche pour le papier noir. IX. 432. b. Moyen
de revivifier l’encre effacée. V . 370. a. IX. 433. a.
Encre noire. {Imprimerie') Détails fur la maniéré de la faire.
V . 633. b. Encre rouge d’imprimerie. Maniéré de la faire 8c
de la conferver. Maniéré de foire des encres de différentes
couleurs, v e r te , b leu e , ja u n e , violette. Ibid. b.
Encre de la Chine. Sa compofition. V . 634. a.
Encre de la Chine. Maniéré de la détremper. IX . 314. E
Encre fympathique , ( Phyfiq. Chymie ) compofition de deux
liqueurs , dont l ’une fert à tracer fur le papier des caraéleres
qui demeurent invifibles ; 8c l’ufage de l’autre , tel qu’il eft
indiqué i c i , fert à les foire paroître prefque auffi noirs que
s’ils euffent été formés avec de l’encre ordinaire. L a première
s’appelle vinaigre de fatume ; la fécondé , foie darjei tic. C e s
deux liqueurs claires 8c limpides, quand elles font féparées ,
deviennent, par le mélange, d’un noir brun foncé. Ibid. 634.
a. Encres fympathiques de la même cla ffe, faites avec une
diffolution d’or dans de l’ eau régale , 8c une autre diffolution
d’étain f in , avec pareille eau. Jeu fingulier d’encre fympathiques.
Seconde claffe de ces encres; elle comprend celles dont
l’écriture invifible devient colorée en l’expolant à l’air. Ibid. b.
La troifieme claffe eft celle des encres dont l’écriture in v ifible
paroît en la frottant avec quelque poudre brune ou noire.
La quatrième eft celle de ces écritures qui ne deviennent vifi-
bles qu’en les chauffant. Propriétés de l’encre fympathique de
M. Hellot. 634. a.
Encre fympathique , faite avec le bifmuth, H. 263. b. avec
le fuc de figuier , V I . 745. b. avec le foie de foufre arfénical.
XI. 66?. b.
ENCRIER d'imprimerie. V . 634. b.
EN CR IN ITE S , ( Oryflolog. ) efpece de foffiles. D e leur
origine. Suppl. IV . 223. b. 224. a.
EN CRIN US , encrinite , { Hijl. nat. FoJJil. ) pétrification
qui repréfente la figure d’un lis qui n’eft pas épanoui. D e fcription.
Quelques-uns croient que c ’eft une etoile de mer
pétrifiée. Lieu où il s’en trouve. V. 634. b. Voyeç Pierre
de lis.
Encrinus, repréfenté vo l. V I . des planch. Coquilles foffiles
planch. 8.
ENCROISER , ( Manuf. en foie , en laine , f i l , &c. ) façon
de donner de l’ordre aux différens brins de foie , de laine,
&c. qui compofent la chaîne. Les brins doivent être paffés,
fuivant le rang de ce t encroix , d’abord dajis les liftes,
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8c enfuite dans le peigne. Comment' fe foit l’encroix. V .
634. b. H H H . i l
EN CRO IX , ( Manuf.) trois chevilles placées à demeure
fur les traverfes de deux des ailes du moulin, en haut. Détails
fur ces chevilles , 8c leur ufage. Encroix m obile, qui confifte
en une tringle d e même force que les traverfes qui portent les
encroix fixes dont on vient de parler. Maniéré dont il doit
être foit. Son ufage. V . 63?. a.
EN GROUÉ , ( Jurifpr. ) arbre qui- en tombant s’embarraffe
dans les branches d’un autre qui eft fur pied. C e que porte là-
deffus l’ordonnance des eaux & forêts-. V . 635. a.
E N C Y C L O P É D IE , {P h ilo fo p .) enchaînement de con-
noiffances. Etymologie de ce mot. But d’une Encyclopédie.
Il eft difficile de fe propofer un objet plus étendu. Paroles'
tirées du chancelier Bacon , pour répondre à ceux qui ont
jugé que cette Encyclopédie ne s’acheveroit pas. V . 635. a.
Un tel ouvrage ne peut être celui d’un feul homme, f i n’eft
point donné à un feul homme de connoître tout ce qui eft
connu ; 6c quand cet ouvrage ne contiendroit que les élé-
mens des fciences, on doit lavoir que l’expofition- des principes
d’une fcience ou d’un a r t , ne peut être que le chef-
d’oeuvre d’un maître. Pour démontrer combien il eft difficile
qu’un feul homme exécute jamais un diâionnaire raifonné de
la fcience générale , l’auteur fe contente ici d’infifter fur les
feules difficultés d’un fimple vocabulaire. Ibid. b. Ces difficultés
font peu fondes par ces hommes qifi nous entretiennent
de tout 8c qui ne favent rien , 8c qui prétendroieiït borner
la connoiffance de la langue à un très-petit nombre de termes
qui leur font familiers , 8c qui même auroienr befoin
d’appeller' à leur focours , le philofophe, le jurifoonfulte ,
l’hiftorien , pour la définition de plufieurs de ces termes. C e pendant
, s’il eft difficile qu’un foui homme exécute un fimple
vocabulaire , quel concours de talêns ne fuppofera pas l’ e xé -
cution d’un ouv rag e, où , loin de fe borner à la définition
du mot , on fe propofo d’expofer en détail tout ce qui
appartient st la chofe ? C e t ouvrage ne peut être celui d’un
homme feu l, ni même celui d’aucune des fociétés littéraires
ou favantes qui fubfift'ent , prifes féparément ou en corps.
Ibid. 633. a. 11 y a-cependant une tâche qui rameneroit leurs
travaux au but de cet ouvrage , 8c qui devroit leur ê tre im-
pofée ; elle confîfteroit à recueillir les connoiffances anciennes
8c modernes, à les enchaîner, 8c à en publier des traités
complets 8c méthodiques. Us renfermeroient une infinité de
matériaux excellens , difperfés dans un grand nombre ouvrages
, où- ils reftent fans produire aucune fenfation utile ,
comme des charbons épars qui ne formeront jamais un bra-
fier. Ibid. b. C ’eft à l’exécution de ce projet é t e n d u . .
qu’une Encyclopédie doit fuppléer. Ouvrage qui ne s’exécutera
que par une fociété de gens de lettres 8c d’artiftes r
liés par l’intérêt général du genre humain. Ces perfonnes
même doivent être éparfes , parce que fi l’on youlo it que
l’ouvrage fe f it toujours 8c ne s’achevât jamais, il n’y auroit
qu’à former une fociété fubfiftante, dans les affemblées de laquelle
il fallût difeuter chaque article. Ces perfonnes ne
doivent être liées que par l’intérêt général du genre humain,
8c par un fentiment de b ienveillance réciproque, parce que ces
motifs étant les plus honnêtes, font auffi les plus durables.
Si le gouvernement fe mêle d’un pareil ouvrage , il ne fe
fera point; toute fon influence doit fe borner à en favorifer
l’exécution. C e que deviennent les projets littéraires conçus
par les grands. Ibid. 636. a. Pourquoi il arrive que pour
l’ordinaire on traite moins honnêtement avec le prince qu a-
v e c fes fujets. Non feulement les interruptions font plus
communes ; il fout ajouter qu’elles font plus funeftes encore
aux projets littéraires , lorfque le gouvernement eft à la tête
de ces pro jets, que lorfqu’ils font conduits par des particuliers.
Remarquez enfin qu’une Encyclopédie , ainfi qu’un
vocabulaire, doit être commencée , continuée 8c finie dans
un certain intervalle de tem s , 8c qu’un intérêt fordide
s’occupe toujours à prolonger les ouvrages ordonnés par
les rois. Ibid. b. Si celui-ci traîne en longueur, on remarquera
l’irrégularité la plus défagréable ; 8c à l’égard des arts ,
quelle diverfité ne s’introduit pas tous les jours dans la
langue qui leur eft propre , dans les machines 8c dans les
manoeuvres ? Quoique la révolution foit moins fonfible dans
les fciences 8c les arts libéraux , cependant il s’en fait une ; . . .
mais ce qui donnera fur-tout à l’ouvrage l’air furanné , c’eft
la révolution qui fe fera dans l’efprit des hommes 8c dans le
caraélere national. Ibid. 636. a. L e tems qui a émouffé notre
goût fur les queftions de critique 8c de con trov erfe, a rendu
- infipide une partie du dictionnaire de Bayle. Il n’y a point
9 d’auteur qui ait tant perdu dans quelques endroits, & qui
ait tant gagné dans d’autres; mais fi tel a été le fort de
Bayie , qu’on juge de ce qui feroit arrivé à l’Encyclopédie
de fon tems. Si l’on excepte cinq ou fix hommes de génie ,
il n’y en avoit peut-être pas un , du tems de cet auteur, qui
en eût écrit une page qu’on daignât lire aujourd’hui. Les
connoiffances les moins communes fous le fiecle p affé, le
deviennent de jour en jour : d’où il arrivera que la langue ;
même populaire, changera d'e face ; qu’elle s’étendra à mefure
que nos oreilles s’accoutumeront aux mots, par- l'eS applications
heureufes qu’on en fera. Ibid. b. Notre langu e eft déjà
fort étendue ; elle v a foire encore des pas immenfes fous
l’empire de la' philofophie". Dans tout ouvrage deftiné à l’irt-
ftruélîon' générale des hommes, il fout fur-tout fe réfoudre
à ne travailler, que pour les générations fuivantes, parce
qu’à peine une grande entreprile’ fora-t-elle" achevée , que la
génération préfente ne fora plus: c’eft'pourquoi il fout abréger
la durée du t ra va il, en multipliant le nombre des collègues.
Cependant les connoiffances ne’ p euvent devenir communes
que jufqu’à un certain point. Il y a dans les fciences un terme
au-delà duquel il ne leur eft prefque pas accordé de paffer.
L ’individu n’a qu’une certaine énergie dans fes facultés ; &
c’eft en ajoutant au travail de cet individu , Celui d’un autre,
que vous vous formerez quelque notion de ce que" l’efpece
entière peut produire de plus parfait. Ibid. 637. a. Un ouvrage
tel que l’Encyclopédie, d o i t , par fo nature, defcend'rë peu-
à-peu au-deffous de la portée commune des hommes par
rapport à certains objets ; & par rapport à d’autres , refter
toujours au-deffus. Le moment le plus glorieux pour un ouvrage
de cette nature, feroit celui de cette portée qui fuc-
céderoit à quelque grande révolution qui auroit fufpendu le
progrès des fciences. C e moment glorieux ne pourroit devenir
l’objet de nos efpérances , fi la langue n’eft fixée & trahfmile
à la poftérité dans fa perfeélion. M alheureufcment on a donné
jufou’ici dans cette Encyclopédie , peu de foin à ce t objet :
c’eft ce qui engage l’auteur à le traiter ici fpécialement, &
dans une certaine étendue.
Sans la double convention qui attacha les idées aux vo ix ,
& les v o ix à des caraéleres, tout reftoit au-dedans de l ’homme
8c s’y éteignoit. Sans les grammaires 8c les diétionnaires,
tout demeuroit concentré dans une nation , 8c dilparoiffoit
avec elle. Ibid. b. Suppofé un idiome commun, admis 8c fix é ,
les notions deviennent permanentes ; il fo forme des points
habités de l’efpace 8c de la durée , 8c tous les êtres vivans 8c
penfons s’entretiennent. La langue d’un peuple donne fort
vocabulaire , 8c le vocabulaire eft une table affez fidelle de
toutes les connoiffances de ce peuple . . . . Elle indique à
l’homme pénétrant jufqu’où l’on étoit allé dans une fcience,
dans les tems même les" plus reculés : elle foit Gonnoître la
fupériorité des Grecs fur les Romains, 8c la nôtre fur les
uns 8c les autres. Ils furvient, chez tous les peuples en général
, relativement aux progrès dé la langue 8c du goût, une
infinité de révolutions légères , d’èvénemens peu remarquables
, qui ne fo tranfmettent point. On ne peut s’appercevoir
qu’ils ont é t é , que par le ton des auteurs contemporains,
ton ou modifié ou donné par ces circonftances paffageres.
Ibid. 637. a. Les auteurs ne s’apperçoivent pas quelquefois
eux-mêmes de l’impreffion des chofes qui fe panent autour
d’eux ; mais cette impreffion n’en eft pas moins réelle. L’abus
a qu’ils font quelquefois d’expreffions , dont la force leur eft
inconnue, décele qu’ils n’étoient pas au courant de la philofophie
de leur tems ; mais le bon efprit qui recueille ces
expreffions , n’entrevoit pas moins l’état des opinions dominantes.
C e qui rend les anciens auteurs fi difficiles à juger
en matière de goût , c’eft que les chofes qui fervoient de
bafe à leurs figures les plus familières, n’étant plus connues,
l’éclat de leur difeours a paffé avec elles. Leçon que doit
tirer de cette obfervation tout écrivain qui veu t affurer à
fes ouvrages un charme éternel. Ibid. b. Auffi dans un ouvrage
tel que celui de l’Encyclopédie , où il eft fouvent à
propos de citer des exemples, doit-on s’attacher à"des morceaux
dont la beauté foit fondée fur des modèles permanens.
L’art de tranfmettre les idées par la peinture des objets , a
dû naturellement fe préfenter le premier : celui de les tranfmettre
en fixant les v o ix par des caraéleres, dut effrayer
l’homme de génie qui l’imagina. Avantages 8c défavantages
de ces deux moyens. La peinture n’atteint point aux opérations
de l’efprit, il y a une infinité de chofes qu’elle ne peut
figurer ; mais elle montre du moins toutes celles qu’elle
figure. Les peintures des êtres font très-incomplettes ; mais
elles n’ont rien d’équivoque. La peinture ne peut exprimer
le mouvement le plus fimple fans devenir obfcure , ni repré-
fenter une aétion durable par des images d’inftans féparés ;
Ibid. 638. a. mais ces termes qui demeurent dans une langue
, néceffairement inexpliqués , les radicaux ne corref-
pondent-ils pas affez exactement à ces inftans intermédiaires
que la peinture ne peu; repréfenter ? Comment les recueillir
8c les expliquer ? Recherches fur la maniéré de réfoudre
ces queftions. Pour difcerner ces radicaux , il faut que ceux
qui coopéreront à un vocabulaire , s’impofent la loi de tout
définir ; enfuite l’éditeur aura foin de féparer les termes pu
un même mot fera pris pour genre dans une définition , 8c
pour différence dans une autre. D e s deux termes qui font
définis l’un pour l’autre , il eft évident que c’eft le plus général
qu’il faudra regarder comme une des racines grammaticales.
Pour fixer la notion de ces radicaux, il n’y a d’autre mo yen
que de rapporter la langue vivante à une langue mo rte , qui