
lequel il lui fut permis d’introduire, dans ce monaf-
tère, les religieux déchauffés de l’ordre de S. Auguftin
; & à ceux-ci de s’y établir, & même de
continuer, en France, la réforme qui avoit été commencée
en Efpagne.
Pour l’exécution de ce bref, l’archevêque d’Em-
brun prit des arrangemens avec les fupérieürs &
les religieux, 8c l’afte fut paffé à Rome le 7 mars
1 5 96. Le P. Mathieu de Sainte-Françoife, le P. Amet
8c un frère lai reçurent leur obédience du général
pour venir en France; ils Suivirent l’archevêque ,
8c, à leur-arrivée, ils prirent poffeffion du prieuré
de Villars-Benoît.
Le nombre dé ces nouveaux religieux ayant beaucoup
augmenté en peu de temps, ils obtinrent, en
1600, permiffion des fupérieürs de l’ordre pour de
nouveaux établiffemens ; le pape Clément VII y
donna fon attache par un bref de là même année ;
8c , par un autre bref du 16 juin 1607, il recommanda
ces mêmes religieux au roi Henri IV.
L ’année fuivante, le P. Amet fut envoyé à Mar-
feille pour prendre poffeffion d’un monaftère qu’on
leur avoit accordé dans cette ville : ils s’établirent
à Avignon l?àn 1610. Deux ans après, le général
leur accorda un vicaire. La même année , Paul V
Confirma, par un bref du 4 décembre, celui de
Clément VHII, en faveur des aagufïns déchauffés
de France. Le premier chapitre de cette nouvelle
congrégation fe tint à Avignon : Louis XIII confirma
les lettres-patentes que Henri IV avoit données
pour l’établiffement de ces religieux, 8c leur permit
de pofféder des biens immeubles : ces brefs 8C ces
lettres-patentes furent enregiftrés au parlement d’A ix
en 1619.
C ’eft encore Louis XIII qui fut le fondateur çlu
couvent de Paris, fous le nom de Notre-Ddme des
VlQoires, en mémoire de la prifé de la Rochelle
fur les calviniftes. La reine Anne d’Aiitriëlie établit
des religieux de cette congrégation au lieu appellé
les Loges, dans la forêt de Saint- Germain ; elle fe
déclara auffi fondatrice de leur monafière de Ta-
rafeon.
Louis X IV , en 1655, leur accorda des lettres
pour leur procurer un établiffement à Rome de religieux
françois : mais elles n’eurent aucun- effet; cependant
ce prince ne voulant pas que l’envie qu’il
avoit de marquer à ces religieux femme qu’il avoit
pour èux, demeurât fans être connue, il donna à
cette congrégation des armes qui font d’azur femé
de ffeurs-de-lys d’o r, chargées en coeur, d’un écuffon
d’or à trois coeurs de gueules , furebargées de trois
fieurs-de-lys d’o r , l’écu furmonté d’une couronne
de prince du fâng, 8c entouré d’un chapelet, avec
une ceinture de S. Auguffin, 8c timbré d’un chapeau
d’évêque. Le même monarque donna en outre
à chacune des trois provinces dont eft compofée
cette congrégation, des armes particulières : ces
trois provinces font celle de Dauphiné , qui a
quinze maiforis, celle de Provence qui en a autant,
8c celle de France qui n’en a que fix.
Leurs conffitutions différent en quelque chofe
de- celles des Italiens.
Les uns 8c les autres ont deux fortes de frères
lais, les uns appellés convers, 8c les autres commis;
les fi ères convers portent le capuce, 8c les frères
commis ont un chapeau fans capuce. Ces frères
font pour la quête ou pour le fervice de la maifon.
AuGUSTINS, ( Chanoines réguliers de S. Auguflin. )
Il ne faut pas confondre ces religieux avec ceux
dont nous venons de parler ; les chanoines dont il
s’agit ici forment entre eux-plufieurs congrégations
toutes différentes de celle des nermites de S. Auguffin.
Parmi les diverfes congrégations de ces chanoines ,
on connoît en France celles des, chanoines- de La-
tran, du S. Sépucre, de S. Sauveur, du Val-desécoliers,
8c notamment de la congrégation deFrance ,
plus connus fous le nom de génovéfins. Tous ces
chanoines font habiles à pofféder des immeubles
8c même des bénéfices.
En parlant des bénéfices de leur ordre, nous
ne devons pas laiffer ignorer qu’il a été rençlu le
z i août 1770, une déclaration enregiffrèe le 9
août de l’année fuivante, concernant en général
les bénéfices dépendans des congrégations des chanoines
réguliers de S. Auguffin : fuivant cette déclaration
, il n’y a que les religieux qui ont fait
profeffion dans ces congrégations qui puiffent y
pofféder des bénéfices à charge d’ames ; aucun
d’eux n’en peut accepter qu’apres avoir obtenu 1er
confentement du fupérieur général: on doit même
produire ce confentement à l’évêque diocéfain ; 8c
fi le fupérieur général juge à propos de révoquer
le bénéficier, celui-ci eft obligé d’obéir, pourvu
que la révocation foit du confentement de l’évêque
8c non autrement, malgré ce qui peut réfulter de-
contraire fur ce point de l’édit de î686.
Le roi, par une autre déclaration du 6 août
17 74 , interprétative de la précédente, a ordonné
que le pécule des chanoines réguliers décédans
pourvus de bénéfices à charge d’ames , continuera,
d’appartenir à la congrégation dont ils font prôfès*.
nonobftant toute tranfaaion ou traité de partage*
quand même les bénéfices ne feroient pas dépendans
de l’ordre où les titulaires ont fait profelfion..
Il eft libre aux fupérieurs .de vifiter une fois
l’année les bâtimens qui dépendent de ces bénéfices
, 8c de contraindre ceux qui les poffèdent d’y
faire les réparations dont ils font tenus. S’il s*â-
giffoit d’emprunt, on feroit obligé de fe conformer
à ce que preferivent les articles 16 8c 17 de l’édit
de 1773 , cité dans cette déclaration.
AUGUSTINE, f. f. ( Droit eccléfîaflique.') c’eft!
une religieufe qui fait profefKon de vivre fous 1»
règle de S. Auguffin.
L’inftitution des religieufes augufônés> eft auffi
ancienne que celle des religieux auguffins. Du temps
de S. Auguffin, il y avoit en Afrique beaucoup
de filles qui faifoient profeffion de virginité, 8c
tontes ces filles n’étoient point raffemblées dans des
monaftères. S. Augufim en fit eonffruire un à Hÿppone
; fa feeur en fut la fupérieure, 8c le gouverna
fufqu’à fa mort. Dans ce monaftère entrèrent les
filles de fon frère 8c de fon oncle ; on croit que
la fille du prêtre Janvier y entra auffi ; la règle qu’il
donna à cés religieufes fe trouve dans la cent neuvième
de fes lettres, qui eft la deux cent onzième
dans l’édition des pères bénédictins : il paroît même
qu’il cherchoit moins à leur donner une règle que
des avis religieux ; c’eft cependant le contenu de
cette lettre qui a fait depuis la règle des filles qui
vivent fous l’inftitut de S. Auguffin : elle a en
même temps fervi de fcafe à celle que les hommes
ont adoptée fous le même inftitut.
Il y a plufieurs congrégations de ces fortes de
.filles en Efpagne 8c en Italie. Un de leurs monaftères
, le plus fameux eft celui qu’elles ont à Ve-
nife. Le pape Alexandre III en fut le fondateur
en 1177 , lorfqu’il demeuroit dans cette v ille , où',
après un long fchifme, il releva l’empereur Frédéric
Barberouffe des cenfures qu’il avoit encourues.
Ce prince, pour donner des marques d’uné
parfaite réconciliation, confentit que fa fille Julie
fe fît religieufe dans ce monaftère, avec douze autres
d'emoifelles dont elle fut la première abbeffe.
Ce monaftère. fut richement doté par le doge Sé-
baftien Zani, 8c ce fut pour cette raifon que le
pape lui donna, 8c àJes fucceffeurs, le patronage
de ce monaftère qui dépend entièrement des doges
, fans être fournis à la jurifdidion du patriarche.
Voici quels font les droits du doge, en vertu de
ce patronage.
Les religieufes élifent d’abord leur abbeffe : cette
èlediori eft enfuite communiquée au doge pour y
donner fon approbation ; 8c fon approbation donnée
, le pape envoie fon bref de confirmation. Lorf-
qu’on a reçu ce bref, le doge, accompagné des
principaux du fénat, entre dans le monaftère pour
en faire la ledure; après que l’abbeffe a été bénite,
8c quelle a prêté ferment au doge, il l’époufe en
lui mettant au doigt deux anneaux, dont l’un
porte l’image de S. Marc, l’autre eft un beau fa-
phir,.8c le mariage fe termine à un baifer.
On ne reçoit dans ce monaftère que des filles
nobles qu’on appelle gentilés-donnes. Quand on leur
parle, on les traite d’illuftriffimes. Ces religieufes
foiit habillées de blanc. L’abbeffe eft perpétuelle;
8c lorfqu’elle meurt, fes obféques fe font avec
autant de pompe què celles du doge.
Les auguflines ont encore à. Rome un monaftère
fort renommé, fous le titre de fainte Marthe.
On n’y reçoit que des princeffes 8c des dames de
la première qualité. Elles font habillées de blanc
avec un fcapulare noir; en hiver, 8c au choeur,
elles mettent par-deffus une robe noire ouverte
par-devant. L’objet principal de leur établiffement
eft de prendre 'foin des malades dans les hôpitaux.
Il y a plufieurs maifons de cette congrégation en
Allemagne' 8c en France. Elles ont un établiffement
confidérable à Guéret dans la haute-Marche :
leur monaftère eft contigu à l’hôtel-Dieu ; elles y
prennent foin des malades avec un zèle tout-à-fait
louable 8c édifiant.
La communauté connue à Paris, fous le nom
de fainte Catherine, rue faint-Denrs , eft compofée
des filles de la même congrégation : elles logent
les pauvres , font enterrer les cadavres qu’on trouve
dans les prifons, dans les rues 8c fur les bords des
rivières.
La congrégation du Mont - Calvaire eft auffi de
l’ordre de S. Augijftin. Elle fut établie à Anvers
dans le treizième fiècle : elle s’eft répandue par
toute la Flandres pour le fervice des hôpitaux. A
Cambray, ces filles qu’on nomme les faurs-noires,
logent les pèlerins 8c exercent envers eux la
charité.
On connoît auffi les filles déchauffées de S. Auguftin
, dont la réforme commença en Efpagne,
fous le titre de Y Annonciation, que porte le monaftère
que Philippe III 8c Marguerite d’Autriche, fa
femme, leur firent eonffruire près de leur palais.
La vie de ces filles eft des plus auftères.
Parmi leé autres congrégations de filles qui vivent
fous la règle de S. Auguftin, 8c qui font en
grand nombre dans l’Europe, on diftinguc celle
des filles pénitentes ou converties, autrement nommées
les Sachettes, fous le titre de fainte Magde-
laine ; c’eft un religieux, nommé Bertrand, de la
ville de Marfeille, qui eft leur inftituteur. Leur
habit eft compofé d’une tunique de gros drap noir,
d’une1 large ceinture de cuir 8c d’un manteau noir
par-deffus : elles font toujours nuds-pïeds. Ces filles
pénitentes fe font ✓ répandues dans plufieurs royaumes
, où elles font beaucoup de bien.
Filles du tiers-ordre de S. Auguflin. Ce tiers-ordre
feroit peu connu en France fans le zèle du père
Ange le Prouft, auguftin de la congrégation de
Bourges. Dans le temps que ce religieux étoit prieur
du couvent de Lambale, en Bretagne, il fut touché
de voir nombre de pauvres fans fecours, par
la mine de plufieurs hôpitaux ; ceci lui fit naître
le deffein d’inftituer une fociété de filles pieufès
pour le rétabliffement 8c le fervice de ces hôpitaux.
Il n’y avoit pas long-temps que la çanoni-
fation de S. Thomas de Villeneuve, archevêque
de Valence, venoit d’être faite, ce prélat s’étoit
reçdu recommandable par fa grande charité envers
les pauvres; cette confidération fit naître au père
Prouft l’idée de mettre fa nouvelle fociété fous la
proteélion de ce faint, dont elle a retenu le nom.
Il fe préfenta d’abord un grand nombre de filles qui y
entrèrent. Il leur fut donné des ftatuts Scdesrégle-
mens conformes à la règle de S. Auguftin. L’hôpital
de Lambale fut le premier établiffement qu’elles eurent.
Il leurenaéfé donné enfuite beaucoup d’autres:
elles en ont eu à Moncontour, à Saint-Brieu, à
D o l , à Saint-Malo, à Rennes, à Quimper, à
Quonquerno, à Landerno, à Breft, à Morlaix, à
Maleftroit, à Châteaubrknt 8c en d’autres endroits.
Ces filles ont une maifon à Paris, au fauxbourg
Saint-Germain, vers les incurables. Cette maifoà