
coules, & une ceinture de cuir par-deffus, affez
longue pour être vue ; qu'ils'auraient toujours à la
main, des bâtons hauts de cinq palmes, faits en forme
de béquilles ; qu’ils diroient de quel ordre ils étoient
en demandant l’aumône ; enfin-, que leur robe lie
feroit pas de longueur à empêcher de voir leurs
fouliers, & cela pour qu'on put mieux: les diftinguer
des frères mineurs qui étoient déchauffés. L’obligation
de porter habituellement une grande béquille
avoit paru aux augujlins une chofe aulîi gênante que
ridicule .* ils profitèrent des bonnes difpofitions où
étoit pour eux le pape Alexandre IV , & ils demandèrent
, lors de leur réunion, d’être affranchis
de cette efpèce de fervitude : ce qui leur fut oftroyé.
Ce-ne fut que l’an 1287, fous le généralat de
Clément d’Auximas, qu’on /examina lés premières
conftitufions de l’ordre, & qu’elles frirent approuvées
dans le chapitre généraltenu à Florence. Elles
furent de rechef examinées & approuvées, en 1 29a,
dans.le chapitre général, tenu à Ratisbonne. On y
fit encore quelques changemens dans un chapitre
tenu à Rome en 1575 ; enfin, en 1780-, il 7 eut
■ de nouvelles ccnftitutions drefféês par le cardinal
Savelli, protecteur de l’ordre , & par le général
Thadée de Peroufe; Ces nouvelles confritutions furent
enfuite approuvées par Grégoire XIII, après
qu’elles eurent été examinées, reion fes ordres',
par les. cardinaux Alciat & Juftinien.
. C ’efi en vertu de ees dernières cerrftitutions que
les chapitres généraux doivent fe tenir tous les fix
ans, fi les vocaux le jugent nécefiaire. Quand ces
chapitres fe tiennent, en peut obliger le général
à remettre les fceaux de l’ordre : & c’eft. alors qu-’ôn
eff en droit d’élire un nouveau, général, Dans ^elui
■ qui fut tenu à Rome en 1620, on compta cinq'cens
vocaux : ce qui'prouve que les augujüp.s s’ëtoient
fort multipliés. Cet ordre eft préfentement divifé
en quarante-deux provinces, fans parler de la-'vi-
cairerie des Indes , de celle de Moravie , 8k de plu-
freurs nouvelles "congrégations qui ont des vicaires
généraux. Quelques auteurs difent qu’il'y a eu autrefois
jufqu’à -deux mille* monaitères de ce même
ordre quLferfermoient plûs de trente mille religieux.
Entre- autres prérogatives accordées par les fou-
verains pontifes à l’ordre dont il s’agit, on remarque
celle d’avoir attaché l’offi ce de facriftain de là chapelle
du pape à un membre de cet ordre : cet officier prend
le titre de préfet de la facriflie dûpape ; il a- en;fa garde
tous les omeinens ,' lés vafés d?or & d’argent, les
reliquaires tout cè qu’il y a de précieux dans
cette facriftie. Quancb le pape dit la.meffe, foit pon-
tificalemenr, foit en-particulier’, c’eft ce même o fficier
qui fait, en fa préfence, l’effai du paili &
du vin. Si lé pape entreprend un long voyage, deux
çffefiers, l?un domefiique de fa faintfeté , & l’autre
domeftique du facriftain, tiennent la mule par la--
bride.. Le facrifiain exerce alors une efpèce de ju-
üifdiâion fur tous ceux qui accompagnent le pape;-
& , pour marque de fa jurifidi&ion, il porte un
tâtsk à la main.. C e même .officier difiribue aux
cardinaux les méfiés qu’ils doivent célébrer folenr-
nellement mais il doit auparavant frire voir au
premier cardinal-prêtre, la difiribution qu’il en fait :
il difiribue auffi aux prélats affiftans les meffes qu’ils-
doivent célébrer dans la chapelle du pape. Si le facriftain
eft évêque ( car pour l’ordinaire on lui
donne du moins un évêché in partibus ) , ou s’il
eft conftitué en dignité, il tient rang dans la chapelle’
parmi les prélats affiftans, lorfque le pape ■ s’y
trouve; & fi le pape n’y eft pas, il a féance parmi
lés prélats, félon ion ancienneté, frns avoir égard
à fa qualité de prélat afliftant. S’il n’eft pas évêque,
il prend fon rang après le dêrnier évêque ou après
le dernier abbé mitré : & , quoiqu’il ne foit pas
évêque, il ne laiffe pas de porter le mantelet 8i
la mozette à la manière des prélats de Rome. Après
la mort du-pape, il entre dans le conclave en qualité
de premier couclavifte; il y dit tous les jours
la méfié en préfence des cardinaux : c’eft' lui qui
leur adminiftre les frcremens, ainfi qu’aux concla*
viftes. Le facrifiain êtei-t autrefois en même temps
bibliothécaire du Vatican , & ceci a duré jufqu’au
pontificat de Sixte IV , qui fcpara ces deux offices
pour donner celui dé bibliothécaire à Platine, auteur
de la . vie des papes , êc dé plufieurs autres
ouvrages.
L’ordre des augujlins frit mis au nombre-des quatre
ordres mendians par le pape Pie V , en 1567, du
moins il voulut qu’ils fuffent réputés mendians 1
quoiqu’ils pofledafient des rentes & des fonds. Cet
ordre a produit un grand nombre de perfonnages
recommandables, ou par lèur-fririteté', ou par leur
érudition; Parmi ceux qui fe font h Infixés' parleurs
vertus, on' remarque S. Thomas- de Villeneuve ,
archevêque de Valence, S. Nicolas de Tolentin ,
S. Jean Faeond, &c. On compte parmi les favans,-
Onuphre Panvini de Vérone, auteur de plufieurs
ouvrages concernant les antiquités de Fèglife, Chrif-
tian Lupus, natif d’Yprés y &c. mais un de ceux qui*
a fait-'le plus d’honneur- à l’ordre , eft le cardinal*
Henri Noris, originaire de Vérone: les querelles
qu’il efinya pour fon Hiftoire pélàgienne, en ont
frit un-des hommes les plus célèbres deTltâlîe. Les
autres cardinaux que cet- ordre a donnés à l’égiife
font le P. Benaventure, le P.. G i l l e s le P._ Seri-
pand , lé P. Petrochin , &c.
L’habillement de ces religieux confifté en une
robe 8c un fcapulaire blancsquand ils font dans
la maifon r- & , lôrfqu’ils font au choeur-'oit qii’ils
doivent fortir, ils pafient une efpèce de coule noire,
& par-deffus un grand capüce qui fe terminé en-
rond pan-devant, & en pointe par-derrière jufqu’à.
la ceinture, laquelle eft de cuir noir.
Les auguflins ont deux .grands couvens qui font
fournis immédiatement au général' de l’ordre, l’uii'
à Rome & l’autre à Paris: Le couvent dé Paris,,
appelle des grands auguflins ; fert cie collège a toutes
les provinces de -l’ordre en France ; qui <y -envoient
étudier ceux dé leurs religieux- qui véiuent parvenir?
au do&orat ; ils ont été: admis aux études de iuniv.e£.-
frté, auffi - bien que les trois autres ordres mendians
qui font les francifcains, les carmes & les
jacobins.
Le couvent de Paris ayant eu befoin de réforme,
le P. Paul Luchini, général de l’ordre, y fit la vi-
fite en 1659, & comme général, 8c, comme com-
miffaire apoftolique, en vertu d’un bref du pape
Alexandre VII. Ce général y fit plufieurs réglemens
pour l’obiervance régulière, & ces réglemens furent
approuvés dans le chapitre général qui fe tint à
Rome, l’an 1661. ; :
Outre ces deux couvens de Rome & de Paris ,
il y en a encore environ trente-fix autres qui font
immédiatement fournis au général, : ceux de Tou-
loufe, de Montpellier & d’Avignon font du nombre.
Le fupérieur de celui de .Brunen, çn Moravie,
eft perpétuel : il fe fert d’ornemens pontificaux ;
il exerce une jurifdiéfion prefque épifcopale en plu-
fieurs lieux.
â u g u s t i n s r é f o r m é s . Le relâchement qui s’introduit
par-tout, n’avoit pas épargné l’ordre des au-
pijlinsy lorfque plufieurs de ces religieux fongèrent ,
dans le quatorzième fiècle, à fe réformer, c’eft-à-
dire, à embraffer un genre de vie plus régulier que
celui qu’ils obfervoient. Le premier monaftère où
la réforme commença en 1387, fut celui d’Illiçeto ,
en Italie ; ceux qui s’affocièrent à cette réforme, com-
pofèrent la première congrégation réformée qu’on
nomma ftllticeto.
L’exemple de cette réforme donna naiffançe à
nombre d’autres congrégations toutes différentes les
fines des autres : on vit éclorre la congrégation de
Canonnières dans la ville de Naples; celle de.Pé-*-
roufe à Rome; celle de Lombardie d’où dépend is
monaftère de Notre - Darne de Brou, proche de
Bourg - en - Breffe ; celle de Gènes, celle de Mon-
te-OrtonOj celle de la Pouille , celle de Saxe qui
a produit le frmcux héréfiarque.Luther;,celle-de
la Clauftra en Efpagne, celle de la Calabre, celle
de Centorbi eh Sicile, celle des Colorites dans le
royanme de Naples, celle de. Dalmatie, ,
.’ Les deux congrégations réformées qu’il y a en.
France, font celle de S. Guillaume de Bourges,
8c celle du bienheureux Thomas de Jefus, dite des
augujlins déchaujjes.
La congrégation des augujlins de S. Guillaume
de Bourges, qu’on nomme autrement les guillelmites,
n’entra point dans l’union générale des hermites de
S. Afiguftin ; foit que les députés qu’ils avoient envoyés
au chapitre général, tenu pour la réunion
fous Alexandre IV , euftent excédé leur pouvoir ou
autrement, ils s’étoient oppofés à l’union, & avoient
demandé à demeurer dans leur même état, fous
rinftitut de S. Guillaume : ce qui leur avoit été
accordé ; c'eft pourquoi cette congrégation forma
dans la fuite, elle feule, une des quarante-deux
provinces de l’ordre des augujlins •; cependant on ne
laiffe pas de la mettre au nombre des congrégations
réformées de l’ordre de S. Anguftin. En effet, la
réforme fut introduite dans cette province, en 1593 ,
par le zèle des. PP. Etienne Rabache & Roger Girard;
ces religieux çonfidérant le peu de proportion
, qu’il y avoit entre l’ancienne obfervance 8c
celle qui fe pratiquoit pour lors en France dans les
différens cOuvens de l’ordre , réfolurent de vivre
conformément aux anciennes conflitutions qu’ils fe
propofèrent d’obferver à la lettre fous l’obéîiîance
du provincial de la province de France. Ils eurent
d’abord quelques compagnons qui fe joignirent à
eux : le couvent de Bourges frit le premier où ils,
menèrent cette nouvelle| vie : & c’eft de-là que
cette congrégation frit appellée la communauté de.
Bourges, fis érigèrent enfuite de nouveaux monastères
auxquels fe réunirent quelques autres monafr
tères anciens ; de forte qu’en peu de temps, il y
en eut jufqu’à vingt qui, furent gouvernés dans la
fuite par un provincial particulier. Cette province
a pris , ,depuis nombre d’années, le nom de proyince
dev S.„ Guillaume. :, on les appelle à Paris les petits
augujlins ou les auguflins de la reine Marguerite, parce
que leur couvent y a été fondé par Marguerite,de
Valois, première -femme de Henri IV , avant qu’il
fut roi.de France. Leur habillement eft à-peu-près
femblabié à celui des auguflins de , l’ancienne obfer-
vance,; qu’on nomme en France les grands auguflf
tins ; toute la différence qu’il peut y avoir, c’eft que
ceux de la réforme de Bourges portent^urs habits
plus étroits ; & afin que leurs frères quêteurs à Paris,
foient diftingués de ceux du couvent des grands
auguflins, ils portent la robe plus courte que
ceux - ci.
La réfor me, des auguflins déchaufles eft1 ainfi apH
pellée, parce que ceux qui l’ont embranée -, ont
ajouté la nudité des pieds à nombre d’autres mor»
tifications. Le P. -Tiipnias de Jefus en jetta les premiers
fondemens , le P. Louis de Léon la con».
tinua, en 1588;, dans le monaftère de Taiayëra, en
Caftille^: cette réforme fit beaucoup de progi es ; elle
fut portée en Italie, dans l’Allemagne, dans l’A utriche,
dans la Bohême-, dans la Sicile & dans d’autres
pays : voici comme elle, fut introduite en France.
Mathieu de Sainte-Françoife, prieur des auguflins de.
l’ancienne obfervance à Verdun voyant qu’il travail-
loit inutilement à la réforme de fon monaftère, fut en
Italie avec le P. François Amet : ils entrèrent à Rome
dans la maifon des auguflins déchauffés de S. Paul
de la règle ; ils furent reçus parmi ces réformés avec
le confentement du général. Après leur année de noviciat
, ils firent prpfeftion de la règle adoptée par
la réforme ; enfuite le pape Clément VIII les nomma
pour la porter en France, & créa Mathieu de Sainte-
Françoife vicaire général de la congrégation qu’il
alloit établir.
, L’archevêque cPEmbrun, Guillaume d’Avançqn,
prieur commendataire de S. Martin de Miferé, dans
la province de Dauphiné, fe trouvant pour lors à
Rome , & voulant rétablir l’obfervance régulière
dans le prieuré de xVillars-Benoît, dépendant de
celui de Miferé , lequel avoit été ruiné par les hérétiques
, obtint du meme pape un bref, l’an 1595, ps&