
Germanicus Drùfus du tems des Romains, dont il
a confervé le nom.
C a n a l d e F a r i s i n a , nom que l’on donne à une
baie qui fait partie du golfe de V enife, entre l’Iftrie
& l*île de Cherfo.
C a n a l d e l a T o r t u e , bras ou détroit de la
mer du Nord en Amérique , entre les îles de Saint-
Domingue & de la Tortue.
C a n a l d e L o r e t t e , p a r t i e d e l ’A r c h i p e l & d u
f a m e u x d é t r o i t d e l ’E u r i p e . *
C a n a l d e P i ë c o , détroit de l’Qcéan oriental,
entre les terres d’Yeffo & de Stuat en-Eilande , au
nord du Japon. Les Portugais & les Hollandois l’ont
découvert il n’y a pas bien long-tems.
C a n a l d e S a i n t - A n ï o i n e , golfe au royaume
de Naples, dans la Capitanate, près de l’embouchure
de l’Ofanto : il s’étend de la longueur de dix lieues
dans la mer Adriatique.
C a n a l d e S a i n t e - B a r b e , partie de la mer Pacifique
, dans l’Amérique feptentrionale , qui s’étend
le long des côtes & de l’île de Californie, à la diftance
de cent lieues. i
§ C anal a r t if ic ie l , {Architecture^) Après
avoir donné (dans le Dict. raif. des Sciences, 6c ce
Supplément) une idée générale des canaux artificiels
les plus curieux, & une notice particulière des canaux
de Bourgogne & du Languedoc , il eft naturel
de rapporter quelques faits particuliers, pour montrer
par un parallèle la différence de ces fortes d’en-
treprifes , qui font fi honorables & fi utiles aux
fouverains qui les ont autorifées.
Les anciens Egyptiens avoient creufé environ fix
mille canaux , depuis le grand Caire jufqu’à Efféné.
La plupart contenoient à-peu-près autant d’eau que
la riviere de Seine à Paris ; tous ces canaux étoient
fubdivifés en ramifications. L’inftant où l’on devoit
ouvrir tous ces canaux, a toujours été déterminé
annuellement par le magiftrat qui veilloit à l’arrofe-
ment des terres : mais quantité de ces canaux étoient
en tout tems pratiquables pour la navigation : un des
plus fameux canaux étoit celui qui conduifoit l ’eau
du Nil au lac Moeris, enfuite au lac Maréotis; enfin
les eaux du Nil alloientfe perdre dans la mer;il avoit
plus de 80 lieuesde longueur ; il étoit prefqu’entié-
rement formé par un encaiflëment de très grandes
pierres de raille de granité.
Si l’on en croit Hérodote, les lacs Moeris & Maréotis
étoient circulaires, ils avoient deux cens coudées
de profondeur ; leur circonférence étoit d’environ
15 ou 30 lieues pour chacun. On voyoit dans ces
deux lacs des villes magnifiques bâties au milieu des
eaux pour y jouir de la fraîcheur, malgré la chaleur
du climat. Onrepurgeoit tous les trois ans ces lacs 6c
ce canal; on y employoit cent mille hommes pendant
deux mois. On peut voir dans la Defcription de CE-
gypte par M. de Maillet, ou dans VHijloire generale des
voyages, les détails de ces canaux merveilleux, & des
monumens qu’ils renfermoient, & l’état miférable
où le defpotifme a réduit & les canaux & les Egyptiens.
Mais paffons à des objets qui puiffent nous dédommager
; jettons un regard fur l’état floriffant 6c
heureux de la Chine. Cet empire qui paroît avoir
puifé fes lo ix, fes ufages & fes caraâeres hiéroglyphiques
dans l’Egypte, eft coupé par des milliers de
canaux qui, femblables à nos arteres & à nos veines,
portent dans ce corps immenfe là v ie , la fanté 6c la
félicité. Le grand canal a cent foixante lieues de longueur
& quarante éclufes. Cette merveille du monde
fut projettée 6c exécutée par le fameux Ku-blai-kan,
petit-fils de Gengiskan ; on le nomme en Chinois
Chi-tfu , ou bien Hu-per-lye. Sur ce canal, on voit
voguer des bateaux aufli grands que nos frégates; il
n’eft bordé de pierres que par intervalle. On y voit
des bateaux habités perpétuellement, 6c ils font en fi
grand nombre, que l’on peut les appeller des villes
flottantes. Pour paffer d’un canal inferieur à un canal
fupérieur, les Chinois ont imaginé, i®. des éclufes
à-peuprès femblables à celles du canal de Languedoc ;
%o. des plans inclinés ou pierres fur lefquels on fait
paffer les bateaux par le moyen des cabeftans ; 3». ils
ont refferré les embouchures des canaux, pour empêcher
en partie l’écoulement des eaux. Pour faire
traverfer ces petites cafcades, ils ont imaginé de faire
tirer les bateaux inférieurs par. des bateaux fupé-
rieurs, qui voguent par le moyen de huitramescha-
cun. En un mot, fur ces canaux, on peut faire, pouf
ainfi dire , le tour de la Chine 6c parcourir fix cens
lieues de pays à très-bon marché. Nous devrions
rapporter encore une infinité de traits curieux au fu-
jet des canaux que l’on a traces en différons tems, foit
pour fertilifer la Perfe, le Japon, la Hollande, le
Milanois , &c. foit pour faciliter le commerce , foit
enfin pour rendre l’air plus falutairç en défrichant les
marais. Cependant nous nous bornerons à indiquer
ce qu’il y a de plus curieux à ce fujet. Dans la Ruflie,
> Pierre le Grand a tenté de faire communiquer le Don
ou Tanaïs avec le V o lg a , qui n’en eft éloigné que de
dix lieues :mais la dureté du terrein a été unobftacle:
ce grand monarque fit creufer un canal de communication
très-utile entre la Mofca 6ç le Tanaïs. Dans
le fiecle dernier, lesEfpagnols ont tenté de defîecher
les environs de la ville du Méxique par le moyen du
canal de Gueguetoca. C e projet a coûté trois millions
de pièces d’o r , & il n’a pas réufli. Le roi d’Efpagne
fait actuellement tracer deux canaux, dont l’un tend
de Madrid à la mer ; il y en a déjà fix lieues de navigables.
On projette actuellement de couper la France
& de faire communiquer plufieurs provinces par lç
moyen des canaux. On peut lire à. ce fujet un livre
inïiuAê,Canaux navigables ou dçveloppemens des avantages
qui réfulteroient, 6cc. par M. Linguet, avocat à
Paris, chez Cellot, 176 9, in-12. On peut trouver
dans l’ Architecture hydraulique de Belidor,tous les
détails néceffaires à la conftruCtion des canaux. Il nous
refte à obferver que les canaux d’arrofage ne réuf-
fiffentpas toujours. Dans le fiecle dernier, une prin-
ceffefit dériver une patrie de l’eau d’un fleuve dontles
bord arrofés formoient de belles prairies. Cette même
eau conduite par un canal, pétrifia le terrein, où
l’on vouloit former des prairies. ( V. A . L. )
C anal de fût demoufquet ou de fu jil, ( Armurier. )
C ’eft le creux fur lequel repofe le canon d’une arme
à feu. (■ +■ )
§ C anal , ( Anatomie. ) Les canaux aqueux de
Nuck font très - certainement des arteres cilia-
ques, longues, qui ne percent que la membrane fclé-
rotique vers le bord de la cornée, & qui ferment
le cercle artériel de l’uvée. ( H. D . G. )
§ Canaux demi-circulaires de l'os pierreux. Ces
canaux paroiffent effentiels pour fouie. On les retrouve
dans toutes les claffes d’animaux, quadrupèdes,
oifeaux, amphibies, & dans les poiffons même.
Les ferpens feuls en font privés , à ce que l’on
affure.
Ce ne font pas des galeries çreufées dans le roc ;
ce font des véritables tuyaux qui, dans le fétus,font
d’une fubftance différente de celle de l’os qui les en-
environne, 6c qui alors eft fpongieux 6c beaucoup
moins dur : cette fubftance s’endurcit dans la fuite,
& s’unit inséparablement avec les canaux dont nous
parlons.
Tous ces canaux font un peu plus que demi-circulaires
: ils ont tous leurs embouchures plus amples
que le milieu du canal. Tous ils s’ouvrent dans le
veftibule. Ils font tapiffés d’un périofte interne, ornés
de petits vaiffeaux rouges : leur cavité eft remplie
par une pulpe médullaire, continuée à celle qui fe
trouve dans le veftibule, 6c qui eft une expanfion
des nerfs mous de la feptieme paire. Cette pulpe fé-
chée fe contrafte, ne remplit plus le canal entier, 6c
a donné lieu à Valfalva d’imaginer des^ones fonores,
fufpendues au milieu des canaux demi-circulaires.
Entre la pulpe & le périofte, il y a un peu d’eau,
comme dans toutes les cavités du corps animal.
Leur nombre eft généralement de trois, même
dans lés poiffons.
Le canal fupérieur eft en même tems antérieur,
perpendiculaire, plus court que l’inférieur, & plus
long que l’horizontal. Il eft placé un peu1 obliquement
, & fait des angles droits avec l’os pierreux :
l’orifice extérieur eft ovale : l’intérieur eft circulaire,
& il eft en même tems l’embouchure du candi inférieur
: les deux canaux fe réunifient, avant de
s’ouvrir dans le veftibule, 6c ne font plus qu’un
tuyau.
Le canal inférieur eft pareillement perpendiculaire,
& prefque toujours le plus long des trois. Il
eft placé plus bas que le précédent, 6c plus pofté-
rieurement : il fait avec lui un angle prefque droit:
fonembouchure poftérieure eft tantôt elliptique, &
tantôt circulaire : l’antérieure lui eft commune avec
le fupérieur.
Le canal horizontal eft inférieur & extérieur, 6c
le plus court des trois : il defeend légèrement en-
dehors , 6c fe place entre les précédens : fon orifice
extérieur eft circulaire, 6c l’intérieur ovale.
reçoit 1 împreflion des fons par-tout où elle fe trouve.
Elle paroît cependant la recevoir plus particuliérement
dans les canaux demi-circulaires & dans le limaçon.
.Le limaçon manque ^ux oifeaux auxquels
on ne fauroit refufer une ouïe très-fine, puifqu’ils
chantent tres-bien d’eux-mêmes, 6c qu’ils apprennent
à réciter des petits morceaux de mufique entiers,
dont on leur fait la leçon. Il paroît donc que les canaux
& le veftibule fufîifent à une ouie très-fine. Si
«ffeâivement les ferpens n’ont pas ces canaux, ils
paffent affez pour fourds, 6c du moins n’apperçoit-
on pas eft eux des marques d’une ouie bien fine.
On eft aile plus loin : on a cru pouvoir comparer
nos canaux au limaçon par la propriété qui lui éft
la plus effentielle : c’eft de repréfenter un triangle
rettangle , qui foit traverfé par un grand nombre de
lignes parallèles à la bafe. On a cru que c es lignes
parallèles pou voient loger des cordes fonores »toujours
décroiffantes, dont les plus longues feroient
harmoniques avec des fons graves, & les plus courtes
avec les fons les plus aigus : cette ftrufture paroît
effectivement avoir lieu dans le limaçon. On a cru
la retrouver dans les canaux demi-circulaires, dont
on a place la bafe à l’embouchure du veftibule, 6c
la pointe au milieu de chaque canal : la pulpe médullaire
du canal feroit compofée de cordes, dont
la plus courte feroit à leur partie moyenne , & la
plus longue à l’orifice.
, Il relierait à démontrer qu’il y a effeftiyement
dans « pulpe médullaire des filets perpendiculaires d
1 axe ; tx ] on a douté d’ailleurs des deux cônes caves
( H .D G ) 1 demi" circulaire doit être compofé'.
C anaux d’arrqsement et de dessèchement
, ( Agriculture. ) Nous avons parlé des canaux
relativement à leur utilité pour le commerce,
la navigation 8e le tranfport des màrchan-
diles : envifageons-les un moment du côté des avantages
qu on en retirerait pour l’amélioration des
terres Se de 1 agriculture, en parcourant ceux qu’on
R propofés ou exécutés fous ce point de vue.
Les Egyptiens font les plus anciens peuples que
k ° " r ? nnpiffe <lui aient fait ufage des canaux pour
tuner les campagnes, 8e donner lieu au Nil de
J orne II,
fe répandre dans les endroits les plus éloignés (a)*
Lorfqu’il s’en eft rencontré de trop éminens pour
que les eaux puffent les baigner, ils ont employé
,,e? nV*.ck*nes pour les élever, principalement la vis
a Archimede, que l’on prétend que ce grand-homme
imagina dans un voyage qu’il fit en Egypte. Le N il,
dont les eaux font fi propres à fertilifer les terres
par le précieux limon qu’elles y dépofent, prend
la fource dans le royaume deGoyame en Abyffmie.
Ses accroiffemens viennent de ce que , traverfant
1 Ethiopie où il pleut annuellement depuis le mois
d avril jufqu’à la fin d’août, ce fleuve , qui en reçoit
les eaux, les apporte en Egyptç où il ne pleut pref-
que point. Il commence à croître depuis la fin de
juin , & il continue de croître jufqu’àlafin defep-
tembre ; alors il ceffe de groflir, 6c va toujours en
diminuant pendant les mois d’oftobre Sc de novemb
re, après quoi il.rentre dans fon lit, & prend fon
.cours ordinaire. Ce qu’il y a d’admirable , eft de
voir que pendant les quatre mois qui fuivent celui
de.jijin, les vents du nord-eft fouffent régulièrement,
^&c repouffent l’eau du Nil qui s’écouleroit
trop vite à la mer. Les voyageurs modernes ont
trouvé toutes ces obfervations affez conformes à ce
que les anciens auteurs en ont écrit. Aufli-tôt que
le Nil eft retiré, le laboureur ne fait que retourner
la terre en y mêlant un peu de fable pour en diminuer
la force ; enfuite il la feme , & deux mois
après elle fe trouve toute couverte de grains & de
légume ; de forte que dans le cours de l’année, la
même terre porte quatre efpeces de fruits différens*
Comme la chaleur du foleil eft extrême en E gypte,
l’humidité que le Nil a caufée à la terre feroit bientôt
defféchée fans le fecours des canaux 6c des référé
voirs dont elle eft toute remplie, parce que. les fai—
gnées que l’on a foin d’y faire fourniffent abondamment
de l’eau pourarrofer les campagnes. Par-là on a
trouve le moyen de faire d’un terrein naturellenjent
fec & fablonneux, celui du monde le plus gras 6c
le plus fertile.
Si les Chinois fon t, comme plufieurs favans le
prétendent , une colonie d’Egyptiens, ils ont dû
emporter dans leur pays la connoiffance de l’amélioration
de l’agriculture par le moyen des canaux
d arrofage ; aum cet art s’eft-i 1 perfectionné chez eux
au point que leur pays eft devenu le plus riche , le
plus fertile & le plus peuplé de tout l’univers. Toute
la Chine eft coupée de beaucoup de rivières, 6c fes
habitans ingénieux font parvenus, par un travail immenfe
, à ouvrir dans toutes les prairies des canaux
navigables aux petits bateaux. De petites éclufes dif-
perfées fur ces petits canaux facilitent l’arrofement
général, 6c on fait, à volonté , rentrer ces eaux
dans leur lit. Ceux qui font éloignés des rivières 6C
canaux , 6c qui habitent les montagnes, pratiquent
par-tout, de diftance en diftance & à différentes
élévations, de grands réfervoirs pour amener l ’eau
de pluie & celle qui coule des montagnes , afin de
la diftribuer également dans leurs parterres de riz.
C’eft à quoi ils ne plaignent ni foins ni fatigues,
foit en laiffant couler l’eau par fa pente naturelle
des refervoirs fupérieurs dans les parterres les plus
bas, foit en la faifant monter d’étage en étage juf.
qu’aux parterres les plus élevés , des réfervoirs inferieurs.
Ils entendent fi bien l’agriculture & Jg
(d) On lit dans les^Mémoires des Savans étrangers, tom. I p. $.
qu’Augnfte devenu feul empereur, fit nettoyer les anciens
canaux d’Égypte & rendit par là à ces terres leur ancienne
fertilité. Après Augufte, les Romains qui regardoient l’Égypte
comme le grenier de l’Italie. furent fort attentifs à continuer de
faire nettoyer les canaux d^arrofement ; mais les Mahométans
ayant négligé d’entretenir ces ouvrages, on n’a plus enfemencé
que les campagnes voifines du N il, qui,au lieu, de cent pour un,
commeTatteïloit Pline de fon temps, ne rapportent plus que
douze pour un.
A a