
raffinés, Si par ce moyen fe concilia un empiré fut
des efprits qu’une humeur farouche aurait révoltes.
Ainfi Charüs , fans fortir du fein de l’indolence, de
la mollelfe & de la plus coupable volupté, parvint
prefque à ce pouvoir arbitraire, dont l’ombre feule
avoit tant alarmé; les Anglais moins de quarante ans
auparavant, qu’ils avoient éprouvé toutes. lesdior-
reurs des guerres civiles pour s’y foullraire, et lui
avoient enfin immolé un monarque fort au-delius de
celui fous lequel ils rampoient alors, Charles mourut
en 1685, âgé de 5; ans,&laiffa à fonfre re une
puiffanee exorbitante, q u i, manquant dune baie
lblide, devoit l ’entraîner dans fa chute.«*'"y f l J
ques II. dans ce Supplément.
C harles , ( Hiß. de Danemarck. ) feigneur D anois
, d’une niaifon illuftre, qui trama avec Canut ,
Bénédift fes freres, 8c Magnus, tous feigneurs comblés
des bienfaits de Valdemar I , une confpiration
contre ce princé. Le complot fut long-tems cache
dans l’ombre du filence. Mais en 1 178 , les conjurés
s’ étant arrêtés dans un monaftere de Holftem pour y
paffer la nuit, y tinrent confeil furies moyens les plus
sûrs d’accélérer le fuccèsde leurs deffeins ; un moine
les entendit, révéla tout à Valdemar. Charles, per-
fuadé que le complot étoit ignoré, ofa faire demander
au roi une préfedure, afin de fe faciliter les moyens
d’attenter à fa vie. Le roi différa de lui faire un don
fi dangereux. Cependant il careffa les conjurés, les
admit dans fes confeils , les reçut à fa table. Un jour
que Bénédift mangeoit avec Valdemar, le troublé
de fon ame fe peignit dans fes y eu x , fes mots étoient
entrecoupés, fes regards égarés, fes mouvemens.
convulfifs;il fembloit partagé entre le remords 6c le
crime , il manioit fon couteau, 6c fembloit craindre
de le toucher, le cachoit dans fon fein, le reprenoit
avec furie , le rejettoit avec horreur. Valdemar,
après avoir joui quelque tems du défordre de fes
efprits, appella fes gardes : « Je fais, dit-ilg qu’ eh
» faifant des heureux, je n’ ai fait que des ingrats.
» Des hommes que j’ai comblés d’honneurs 8c de
» biens, confpirent contre mes jours. Je ne veux pas
» les nommer. Je laiffe à leur confcience le foin.de
» les punir. Il me fuffit qu’ils rougiffent à leurs pro-
» près yeux ». Bénédict vit que tout étoit décou^
vert, il fe retira, alla rendre compte à fes complices
de ce qui s’étoit paffé, 8c la confpiration fut dif-
fipée.
Mais en 1 17 9 , Charles 6C Canut fortirent de leur
retraite, entrèrent à main armée dans la Hallandie,
efpérant foulever cette province. Mais.les habitant
fideles à leur devoir, prirent les armes, 6c arrêtèrent
leurs progrès. Il fe livra un combat fanglant*
Canut fut fait prifonnier 6c livré à Valdemar ; Charles,
après avoir fait des prodiges de valeur, percé
d ’un coup mortel, fe traîna julqu’à la forêt voifine.
•Les Hallandois le fuivirent à la trace de fon fang ;
mais ils le trouvèrent mort. (M. d e Sa c y . )
C harles I . , ( Hiß. de Suede. ) roi de Suede. Il ne
le fut qu’un moment. Après la mort tragique d’ingel
qui fe brûla lui-même dans fon palais l’an 580, pour
ne pas tomber entre les mains de fes ennemis, Charles
s’empara de la couronne. MaisRiguer, roi de
Danemarck, lui envoya un cartel, le tua, 6c plaça
Biorn fon fils fur le trône. ( M. d e S a c y . )
C harles V I I , furnommkSuercherfon, (Hiß . de
Suede. ) Il étoit fils de Suercher x roi de Suede 8c de
Gothie. Après la mort de ce prince, Eric le faint lui
difputa la couronne. Les fuffrages furent partagés.
Eric entraînoit les Suédois, par le charme de fes
vertus, l’éclat de fes exploits, 6c la douceur de fon
caraftere. Les Goths fe déclarèrent pour Charles,
qui avoit été élevé parmi eux, nourri de leur maximes,
6c dont le cara&ere altier s’accordoit mieux
avec Phutneur nationale. Eric fut couronné en Sue-*
d e , 6c Charles en Gothie ; cette double éleélion fit
naître un guerre civile. On la termina par un traité
peu s’en faut auffi funefte que la guerre même. On
convint qu’Eric feroit roi de Suede 6c- de Gothie ,
qu’après fa mort on placeroit fa.double courontie
nir la tête de Charles, qu’à celui-ci fuceéderoit un
des defcendans d’Eric, qui feroit remplacé par la
poftérité de Charles , 8c qu’ainfi les deux maifons occ
u p a ie n t le trône tour-à-tour. C’étoit vouloir
perpétuer la difcorde ; ce traité fut obfervé pendant
cent ans, ou plutôt il fit pendant un fiecle les mal-*
heurs de la Suede 6c de la Gothie. Jamais opération
politique ne fut plus abfurde 6c plus dangereufe ; il
falloit que l’expérience eût bien peu éclairé les hommes
, 6c que le coeur humain leur fût bien inconnu ,
pour croire que des princes, efclaves de la promeffe
de leurs ancêtres , fe céderoient ainfi le trône to-ur-
à-tour. Eric lui-même futle témoiiî 6c la viftime des
maux dont ce traité devoit être la fource. Charles
excita une révolte contre ce prince qui marcha pour
la réprimer , 6c fut maffacré par les rebelles. Ceux-
ci proclamèrent Magnus. Charles raffembla un parti,
livra bataille à fon concurrent qui périt dans la
mêlée avec Henri Scateller, roi de Danemarck.
Charles fut alors reconnu roi de Suede 6c de Gothie.
Canut, fils d’Eric, qui, d’après le traité devoit lui fuc-
céder, au préjudice d,efa poftcrité, s’enfuit prudemment
en Norvège. Là il attendit que la mort de Charles
lui làiffât un trône qu’il devoit, en mourant » rendre
lui-même aux defcendans de fon rival. Charles ne
troubla point la retraite de cet ennemi fecret. Il régna
tranquillement, 6c fit en paix toutes les fautes
politiques dont les préjugés de fon fiecle le rendoient
capable. Les impôts qu’il levoit fur le peuple furent
employés à bâtir des monafteres. Il croyoit acheter
le ciel avec l’argent de fes fujets. Le pape lui envoya
pour l’évêque d’Upfal, le titre d’arçhevêque
6c le pallium. Mais le faint pere mit cette faveur à
un prix fi haut, qu’on ne conçoit pas comment on
put l’accepter, même dans un tems de barbarie. Il
exigea que tous les biens des Suédois qui mourroient
fans poftérité, feroient dévolus à TEglife; 6c que
ceux qui auroient des enfans, lui laifferoient une
partie de leur héritage. Ce ne fut que fous le pontificat
de Grégoire X . que la Suede ceffa de payer
ce tribut odieux.
. Cependant Canut, dans fa retraite, s’ennuyoit de
ne pas régner. Charles vivoit trop long-tems à fon
gré. L’impatience de fuccéder à fon ennemi, lui fit
raffembler quelques amis : il furprit Charles dans
Vifingfoë, l’égorgea, 6c fe fit proclamer en 1168.
(M . d e S a c y . )
Charles V III, ( Hifloire de Suede. ) Canutfon ,
né avec de grands talens, une ambition plus grande
encore, un caraâere tour-à-tour fouple 8c féroce ,
voulut jouer un rôle , 6c eut bien-tôtun parti; fon
élévation lui fit des envieux. Ses bienfaits lui donnèrent
des créatures 8c pas un ami ; mais pourvu qu’on
fervît fes deffeins , il ne s’informoit pas par quel motif.
Lorfqu’il fut élevé à la dignité de grand maréchal
de Suede , ce royaume, d’après l’union de Calmar,
étoit affervi fous la domination Danoife. Engelbert
s’étoit mis à la tête de ceux qui vouloient
fecouer le jour étranger. Il avoit pris des villes,
gagné des batailles, 8c fa gloire ble.ffoit les yeux jaloux
de Canutfon. Le maréchal s’unit à lui pour l’écarter
plus fûrement. Ils firent enfemble le fie^e de
la citadelle de Stockholm ; mais le peu d’unité qui
•régnoit dans leurs opérations, fit fentir à la nation la
néceffité de choifir un chef. Les fuffrages furent par-
tégés.entre les deux rivaux ; on.vjt 1 inftant oit cette
éleâion alloit allumer une guerre nouvelle ; on . prit
. un parti plus fage, ce fut d”enyoyer Engelbert vers
fes frontières , tandis que le maréchal refterdit dans
-la capitale; ils obtinrent tous deux une puiffanee
égale 6c prefque abfolue : Engelbert fut affaffiné, le
meurtrier trouva unalyle près du maréchal : celui-ci
défendit même que perfonne ofât aceufer ou pour*'
fuivre le coupable : cette défenfe confirma les foup-
çons qu’on avoit déjà conçus. Erith-Pucke , partifan
d’Engelbert, voulut venger fa mort en attentant aux
jours du maréchal, c’étoit punir un crime par un
autre ; mais malgré les efforts de fon ennemi, Canutfon
s’empara du gouvernement, 6c fe vit en 1436
maître de la plus grande partie de la Suede. Erith-
Pucke n’eut plus d’autres partifans que quelques ha-
bitans de la campagne ■, gens groffiers, moins foldats
que brigands, & dont la bravoure n’étoit qu’un accès
paffager ; il fit quelque tems la guerre à leur tête,
le vît enfin abandonné, fut pris 6c décapité. Dès-
lors le defpotifme de Canutfon ne rencontra plus
d’obftacles, 6c tant que le foible Eric X , vain fantôme
de ro i, en porta le nom, Canutfon le fut en
effet ; mais en 1439, Chriftophe III fut appelle au
trône du Danemarck, la Suede lui offrit la couronne
,- 6c il s’empara de celle de Norvège ( Poye^
C hristophe III. Suppl. ). Sa haute fortune , fes
grandes qualités, la force de fon parti, fubjuguerent
Canutfon ; il fut contraint de fléchir devant l’idole des
trois nations, 6c d’accompagner le roi dans fon entrée
triomphante à Stockholm. On luilaiffafes riclieffes,
on lui donna des domaines très-vaftes:, mais fujets
à la foi 6c hommage, foible dédommagement pour
la perte du rang fuprême auquel il afpiroit : il s’étoit
long-tèms oppofé à l’éleâion dé Chriftophe ; ce*-
lui-ci pouvoit le traiter comme il avoit traité lui-
même les deux viétimes de fa haine , Engelbert 6c
Erith-Pucke ; maisCanutfon n’étoitqu’ ambitieux 6c
Chriftophe étoit grand: ce prince lui pardonna, 6c
mourut en 1448.
Canutfon qui pendant dix ans étoit refté dans la
Suede, confondu dans.la foule 6c prefqu’oublié,
reparut alors fur la feene. Sa qualité de gouverneur
de Finlande lui attachoit cette province ; fon titre
de. maréchal lui répondoit de.la fidélité des troupes ;
fes vaftes domaines lui donnoient une armée de
vaffaux ; 6c fes richeffes verfées à propos fur le
peuple, lui promettaient un grand nombre de fuffrages.
Avec des moyens, fi puiffans, il eut bientôt
effacé ce foible refpeét que la nation confervoit pour
l’union de Calmar : elle commençoit à s’appercevoir
que tout le fruit de cette grande opération politique
avoit été pour le D anemarck, 6c que la Suede 6c la
Norvège n’en avoient reffenti que les défavantages.
Canutfon les groffiffoit encore aux yeux des Suédois
; il leur fit voir que l’intérêt & la gloire de la
nation exigeoient qu’elle n’obéît qu’à un maître né
au milieu d’elle, qui fût citoyen fur le trône , 6c qui
veillât de fes propres yeux au falut de fa patrie. Le
maréchal avoit propofé cette éleâion, 6c lui-même
fut élu malgré les intrigues de deux concurrens. Les
Danois avoient traverfé fes deffeins de tout leur
pouvoir, 6c le reffentimentde Charles ne manqua
point de prétextes pour les punir. Eric X-, qui malheureux
par fa faute, n’avoit pas même la confola-i
tion d’accufer de fies difgraces la fortune 6c les hommes
, s’étoit retiré dans l’île de Gothland avec des
tréfors qu’il avoit amaffés, 6c dont la Suede accablée
d ’impôts fous fon régné pouvoit réclamer une partie
; Charles envoya deux généraux, Magnus Gréen
6c Birger Trolle pour s’emparer de cette île ; il di-
foit qu’elle étoit un démembrement de la couronne
de Suede , 6c qu’ayant fait ferment de réunir à fon
domaine toutes les terres aliénées, il fe rendroit indigne
du choix de la nation, s’il différoit à foumettre
cette contrée. Les deux généraux commirent des
ravages affreux : c’étoit à qui laifferoit des traces
plus durables de fa fureur. Us affiégerent Eric dans
Wisby, la ville fut emportée d’affaut; le roi détrôné
Je défendit dans la citadelle, mais voyant fes foldats
découragés, l’étant lui-même plus qu’eu x, il demanda
une treve: 6c l’obtint. Ce délai donna aux
Danois le tems de defeendre dans l’île 6c de fe jetter
dans la citadelle ; Chriftiern I parut en perfonne, 6c
chaffa les Suédois.
Charles fut bientôt confolé de la défaite de fes
troupes; il fe montra dans la Norvège, déchirée par
deux faûions; comme il avoit beloin d’un grand
nombre de fuffrages , le parti du peuple fut celui
qu’il adopta ; 6c .malgré les efforts de la nobleffe , il
fut proclamé roi.
Cette nouvelle excita de grands murmures en
Danemarck ; Chriftiern l prétendit que'le couronnement
de Charles étoit un larcin qû’on lui avoit fait :
il effaya même de foulever les Suédois contre Charles
6c de lui ôter deux royaumes à la fois. Ce prince
fe hâta de détourner l’orage dont il-étoit menacé 1
fes députés conclurent la paix à Helmftad ; elle fut
bientôt troublée par des hoftilités réciproques; Les
ambaffadeurs Suédois avoient promis à Chriftiern de
lui faire reftituer la Norvège ; Charles frémit à cette
propofition, défavoua la démarche de fes députés,
6c réfolut de les en punir ; ceux-ci pafferent en Danemarck.
Chriftiern n’éroit que trop porté par lui-
même à époufer leur querelle ; l’affront dont ils vouloient
tirer vengeance, n’étoit que le châtiment du
zele qu’ils avoient montré pour fes intérêts. On fit
des armemens confidérables en Danemarck 6c en
Suede; les deux nations ne fongerent qu’à attaquer,
aucune des deux ne s’occupa du foin de fe défendre ;
6c tandis que les Danois dévaftoient les côtes de
Suede, Charles à la tête d’une armée portoit le fer
6c le feu jufqu’au fond de la Scanie , brûloit Helfim
bourg 6c Landskroon, égorgeoit les Scaniens juf-
qu’aux pieds%des autels, échouoit enfin,devant' la
ville de Lunden, défendue par le brave archevêque
Tychon, qui parut fur les murs à la tête de fa garni-
fon : Charles fe retira ou plutôt il s’enfuit. '
Il trouva les Danois maîtres de ïa mer, bloquant
le port de Stockholm, 6c déjà prêts à faire leur def-
cente ; il la prévint, fauva fa capitale , 6c força les
Danois à rentrer dans leurs ports : enflé de ce fuc-
cès il pénétra dans Veftrogothie , la fournit 6c revint
triomphant ; mais il trouva à fon retour des ennemis
plus difficiles à vaincre que toutes les forces
du nord ; c’étoient les évêques ligués contre lui. Il
recevoit peu de prélats à fa cour, les confultoit peu
fur les opérations militaires 6c politiques ; il vo.uloit
les contraindre à demeurer dans leurs diocefes. Cë
n’étoient point encore là tous fes crimes, il en avoit
commis un plus grand, en défendant aux peres de
famille de priver leurs enfans de leur fucceflion
pour la donner aux églifes. Il fut déclaré hérétique
, coupable de leze-majefté divine ; tous les vaffaux
de l’églife fe fouleverent au premier fignal, les
prélats payèrent leurs foldats avec, des indulgences ^
6c Jean $âiftat, archevêque d’Upfal, fe mit à la tête
des rebelles. Telle fut l’époque d e là décadence de
.Charles ; NV ibourg fut pris, la Finlande fut conquife
prefque toute entière : la Gothie orientale lui reftoiÉ
encore, il y raffembla fes troupes, marcha à grandes
journées pour furprendre l’archevêque , fut furpris
lui-même, fortit de la mêlée couvert de fang, s’enfuit
à Stockholm , y fut alfiégé, demanda lâchement
pardon à l’archevêque, effuya un refus auffi humiliant
que fa priere, s’échappa fur une barque, 6e
alla chercher un afyle à Dantzick, oti il refta caché
pendant fept ans , attendant qu’une nouvelle févo--
lution le replaçât fur le trône.
Enfin , en 1464, Chriftiern ayant ofé déplaire £
quelques évêques , le roi fugitif reparut, n’eut