
^EMBATERIE, f. f. ( Mufiq. des anc.) nom d’une '
marche des Lacédémoniens, qui s’exécutoit fur des
flûtes propres à cet effet , & qui probablement
étoient des flûtes embatériennes. Voye^ Em baté-
RIENNE, ( Mufiq. inßr. des anc. ) Suppl. Uembacerie
fervoit à-régler les pas des foldats, quand ils mar-
choient à l’ennemi.
Cette marche étoit certainement à deux tems, &
ne changeoit point de mefure, comme tous les autres
airs des Grecs , .qui changeoient de mefure , fuivant
que le rhythme des paroles l’exigeoit. Car ce n eft
qu’avec beaucoup de peine qu’on peut parvenir à
marcher régulièrement en réglant les pas fur un
air- d’un mouvement à trois tems , & il eft impoffi-
ble que plufieurs hommes puiffent marcher uniformément
en changeant de pas , comme il le faut,
quand la mefure change. Cette marche étoit encore
d’un mouvement grave & pofé , car l’on fait que
les Lacédémoniëns étoient de tous les peuples ceux
qui marchoient avec le plus de gravité à l’ennemi.
I f . d . c . )
EM B ATERIENNE , ( Mußt}. Inßr. des anciens.')
efpece de flûte des Greesÿdoat , au rapport de Pollux
, ils fè lcrvoicnr en voyageant, apparemment
pour rendre le chemin moins pénible ÖC moins
ennuyeux.
Cette flûte, furnommée embatèritnne, propre à
la marche , pourroit bien être celle fur laquelle les
Lacédémoniens exécutoient leur marche appellée
embaterie. Foyeç E m b a t e r i e . {Mufiq. des anciens.')
Suppl. { F . D . C. )
§ EMBAUMEMENT , ( Hiß. anc. Phyßq. Pré-
par. anat. ) Les corps humains fe confervent naturellement
par l’a&ion de plufieurs caufes différentes,
qui fe réunifient toutes dans l’obftacle qu’elles metj
tent à la putréfaâion. Les eaux vitrioliques ont con-
fervé & même endurci le corps d’un homme qu’on a
trouvé dans les mines de Suede : des eaux imprégnées
de tourbe ont fait le même effet, & même des
eaux Amplement froides ontconfervé des corps pendant
un tems confidérable. Voye^ Cadavre dans ce
Supplement.
Le contraire de l’eau , l’air extrêmement fec &
chaud des déferts de l’Arabie'& deJ’Afrique, deffe-
che les corps avec tant de promptitude que la putréfaction
ne fe développe point, parce que toute l’humidité
a été enlevée : on trouve tous les jours de ces
momies dans les pays les plus arides, & les plus ex-
pofés au foleil. La fumée imite l’ effet de la chaleur
feche.
Les liqueurs fpiritueufes, & mieux encore les liqueurs
acides, confervent des corps qui n’ont pas
trop de volume. Le miel doit avoir fait le même effet
au dire des anciens, & doit avoir fervi de baume au
cadavre d’Alexandre : mais des expériences modernes
n’ont pas confirmé ce pouvoir confervateur du
miel.
Ce qui exclut l’aCtion de l’air prévient de même
la pourriture ; la cire fondue a confervé des corps,
l ’huile même a fait cet effet, & on conferve les perdrix
dans du beurre ; le vuide parfait procure des
fruits , dont le goût ri’a point été changé par le
tems.
Il fe trouve des caveaux oit les cadavres fe confervent
fans aucun fecours de l’art ; nous avons vu celui
de Breme, on connoît celui de Touloufe, & celui
de"Warbourg. On a vu un nombre de cadavres en
différens endroits, qui n’ont jamais éprouvé de pourriture
, & qui ont même confervé leur phyfionomie
& leur couleur le fang même étoit rouge dans les
religieufes de Quebec. On dit la même chofe du
corps de Philippe Neri, de celui de Grotius, de
celui de Charles V , de Modelich, d’un corps de
femme découvert en Eftlande, & de plufieurs autres
cadavres.
Plufieurs peuples ont embaumé leurs morts, pour
conferver les reftes de leurs ancêtres. Les Sauvages
des îles Canaries s’en acquittent très-bien ; ils con-
fervoient même la flexibilité & la reffemblance. On
a trouvé en Europe des cadavres confervés de même :
lés inteftins. étoient reftés entiers.
Mais de tous les peuples, celui qui embaumoit le
plus généralement & le plus exactement les corps
de fes parens, c’étoient fans doute les Egyptiens. On
trouve encore tous les jours dans les environs de Jizé
des caveaux remplis de momies. - >
On n’eft pas d’accord fur les moyens que les Egyptiens
employoient. On a d it, que l’on faifoit fortirla
cervelle par un trou* Ce fait eft nié par M. Lech,
qui a reconnu l’os cribreux dans fon entier dans une
momie d’Egypte ; on eft affez d’accord que le plus
grand nombre de momies n’a été embaumé qu’avec
du bitume. M. Rouelle a cru que l’on faifoit un fque-
lette de ces corps avant que d’y verfer du bitume ;
& il eft fûr qu’on trouve des momies, dont les os
font entièrement décharnés ; c’eft l’état oîi fe trou-
voit la momie décrite par Sryph. Mais il y en a d’autres
, oh les chairs font confondues avec le bitume ,
fans être enlevées : on en a vu même, oh le vifage
étoit confervé & encore reconnoiffable. Il eft bien
probable qu’avec les perfonnes d’un rang fupérieur
on prenoit plus de précaution.
La meilleure méthode d’embaumer feroit certainement
celle qui fe fait par l’injeCtion. Nous avons
vu chez Ruyfch un enfant confervé fans que fes
chairs fuffent aftaiflees : elles étoient rondes & potelées
avec le coloris le plus fleuri d’une belle jeuneffe.
Cela ne paroît pas difficile à faire, on n’a qu’à colorer
la colle de poiflon avec de la cochenille : cette
liqueur perce dans les efpaces cellulaires, les arrondit,
& donne aux joues le vermeil le plus vif. Nous
en avons préparé de cette maniéré ; mais la difficulté
c’eft de fixer cette colle , d’en empêcher l’évaporation
, & de conferver à l’air l’embonpoint artificiel:
c’ eft un fecret que Ruyfch avoit découvert, & qui eft
perdu. ( H. D . G. )
* § EMBAUMER, ( Hiß. anc.) Le P. Calmet fur le
v. 3 du chap. L (& non 7, comme il eft écrit dans le
Dicl.raif. des Sciences, & c . ) de la Genefe, dit que
le corps de Jacob ne fut que trente jours entre les
mains des embaumeurs. Lettres fur C Encyclopédie.
§ EMBRYON,.(PAy/Fÿ. ) fe prend effectivement
pour exprimer un foetus trop tendre encore pour être
bien formé.
Nous avons dépouillé avec beaucoup de peine les
meilleurs auteurs ; & en y comparant ce que nous
avons vu nous-même dans l’homme & dans l’animal,
un précis des commencemens du nouvel animal, de
fes accroiffemens fucceffifs , & de la formation fuc-
ceffive de fes parties, on fera peut-être furpris de
nous entendre avouer que nos peines ont été inutiles
, & que, ni les mefures, ni les poids, ni le dé-
gré de perfection des parties ne fauroient être réduits
à des époques fûres.
Dans la femme, la caufe de la difficulté n’eft point
obfcure : elle ignore ordinairement qu’elle ait conçu >
elle ne le foupçonne que par le moyen des réglés.
D ’ailleurs, les occafions d’ouvrir des femmes, qui
n’ont conçu que depuis peu, font très-rares, & quand
elles fe trouveroient, on ignoreroit également le
jour que ces femmes auroient conçu. Pour les oeufs
humains, qu’il eft encore affez facile de fe procurer
par le moyen des fages-femmes, ce font des avortons,
& la nature a manqué de moyens néceffaires
pour les perfectionner & pour les conferver en vie.
On y voit quelquefois une difproportion extrême
entre la groffeurde l’oeuf & celle du foetus, & on peut
piger avec quelque certitude , que ces foetus ayant
perdu la vie par quelque accident, ou par quelque
maladie , l’oeuf a continué d’être nourri par les humeurs
que la niere a fournies au choriôn& au placenta
naiffant ; mais que le foetus eftreftétel qu’il
étoit au moment de fa mort. En effet, il n’y a aucune
proportion d’un foetus de trois grains au tems
de dix femâines écoulé depuis fa-conception : ni dù
poids de quatre grains qu’avoit le foetus, à quinze]&
à dix-huit dragmes que pefoient l’eau de l’amnios &
les enveloppes. On a vu encore un foetus, de trois
mois , qui ne pefoit pas un grain d’orge, & un autre
qui n’en pefoit pas trois.
D ’un autre côté, il eft arrivé par quelque raifoii
que nous ne connoiffons pas au jufte, que le plus
grand nombre d’auteurs ont donné,à leurs foetus un
accroiffement & une proportion qui ne quadre pas
avec l’époque de leur conception : c’eft îur-tout le
défaut de Kerkring. Mauriceau a fait graver des
oeufs humains d’un jour, de deux jours, &c. qui certainement
ne font pas des oeufs , & qui ne peuvent
être que des hydatides, ou des reftes d’un placenta
veficulaire. On eft affez d’accord que les veficules
de Graaf ne font pas de véritables oeufs comparables
aux.oeufs des oifeaux. Leur diamètre eft proportionné,
à celui des trompes : ils font trop attachés au parenchyme
des ovaires pour s’en détacher fans .fe rompre
, & M. de Haller a fait voir, qu’après la conception
la veficule relie dans l’ovaire des quadrupèdes ;,
qu’elle y paroît déchirée ; qu’on y trouve (uji peu de
fang répandu par cette déchirure ; qu’elle s’y remplit
d’un parenchyme, & devient à la fin ce corps
jaune, qu’on a cru précéder la conception. Les oeufs
de Mauriceau font calqués évidemment fur ces veficules
qui ne font pas des oeufs.
D ’ailleurs les quadrupèdes, plus fournis aux Ioix
exaCtes de la nature, & qui conçoivent le plus fou vent
par le premier mâle qui a fu faifir le moment favorable
, prouvent évidemment que l’accroilfement &
J e perfectionnement de M embryon eft beaucoup plus
tardif, que ne l’ont fuppofé les auteurs dont nous
différons. A peine trouve-t-on au dix-feptieme jour
dans la brebis les premières apparences d’un embryon
: fans le fecours de l’efprit-de-vin, on ne croi-
roit voir qu’une mucofité, lorfqu’on y apperçoit le
chorion & l’allantoïde. Dans la femme ces apparences
ne doivent pas être plus précoces : fi l’homme
pefe trois fois autant que le mouton, la groffeffe dure
une fois plus dans la femme, qiie l’état de gravidité
dans la brebis.
L ’oeuf d’Hippocrate, ou de l’auteur de la nature de
Venfantin certainement pas été le fruit d’une conception
qui fe feroit faite fix jours auparavant ; la danfeule
avoit joui long-tems auparavant des plaifirs, dont
cet oe uf étoit le fruit. Martian a déjà remarqué qu’un
avorton de trente jours n’avoit, ni plus de grandeur,
ni plus de perfection que cet oeuf de fix jours , &
Harvée nous -a averti qu’il ne faut pas efpérer de
découvrir Y embryon humain avant la fin du premier
mois de fon exiftence.
L ’homme, & fur-tout le phyficien moderne, vou-
droit trouver les mefures juftes, & les chifrés qui les
expriment. Nous n’efpërons cependant pas qu’on
puiffe jamais fixer les jours des premiers accroiffemens
de l'embryon de l’homme. Le feul moyen d’en
approcher, ce feroit d’ôuvrir fréquemment, & de
diflèquer exactement des quadrupèdes, dont le terme
delà délivrance feroit à-peu-près égal à celui de la
femme on ouvrirôit des Vaches , par exemple,_
quoique leur terme foit un peu plus lèn'g ; ert les
prenant à un jour, à deux, à'trois, à q uâtfe de leur
conception , & jufqu’au quarantième, après lequel
le Foetus eft trop avancé pour qu’il y ait lieu à dès
doutes. On apprendront par cette recherche le jour
Tom e //*
auquel l’oeiifcommence à paroître, le jour oh le foe^
tus eft devenu vifible, le.,jour oh le coeur & les autres
vifeeres fe laiffent appercevoir , le jour oh le
fang, la bile, les y e u x , le foie ont acquis leur côu-.
leur naturelle ; on pourroit fixer les mefures de Yem-
bryon nouvellement devenu vifible, les accroiffemens
de Y embryon entier & de chacun de fes membres.
^M. de Haller a fait un cours d’expériences dans les
memes vues, mais le mouton eft plus petit que la
vache, & peut-être des recherches multipliées dé-
voileroient-t-eiles une plus grande portion du travail
de la nature.
^ Pour ne pas renvoyer cependant le leûeur à une
epoque qui peut-être n’arrivera jamais, nous allons
rapporter ce qui nous paroît mériter de la confiance.
La première apparence de l’embryon des quadrupèdes
eft une glu tranfparerite , une efpece dé
gomme dans fa tenuité naturelle , lorfqu’ellë eft mêlée
dans 1 eau fans être en folution. Le premier jour
qu’on a pu.décou^vrir Yembryon d’un quadrupède, a
été le quatorzième dans une chatte, & le dix-feptieme
dans une brebis. On avoit découvert la gelée ani-
riiàle avec des enveloppes éneore pulpeufes dans la
, brebis, dès le quinzième jour.
Dans la truie, dont la gravidité eft moins longue,
Coïter a vu Yembryon dès le deuxieme jour. Nous
avons été moins heureux.
Le dix-neuvieme jou r , Yembryon de la bfebis étoit
perfectionné, les membranes étoient cylindriques ,.
1 amnios long & g rêle, Yembryoà replié fur lu i-même,
des taches marquoient la place des yeux, le foie étoit
vifible,, mais fans couleur encore.
Le vingt-unieme la bouche étoit ouverte, des lignes
tranfverfales marquoient la place,des cotes , les
vifeeres étoient recouverts par des chairs ; on apper-
cevoit lés commencemens des extrémités','le coeur
étoit rouge & pointu, le foie apparent. Le vingt--
deuxieme on apperçut les deux arteres ombilicalèSj
la veine & l ’ouraque#
Harvée a donne le nom dUvalife ou t e fiorte-man*
teau à l’oeuf des quadrupèdes , il a parlé d’après la
nature ; cet oeuf eft long & cylindrique , & tout observateur
qui parle d’un oeuf quadrupède ovale, a
Vu quelqu’autre objet.
Dans la femme, Ruyfch a vu un embryon fans
forme, blanc & muqueux, qui s’eft évâpôré à l’air;
fans prefque laiffer de refte.
L’oeuf de la femme eft conftamment velu. Santo-
rini a vu un oe uf humain de dix jours,, Heifter un dè
vingt-huit jours qui n’étôit pas plus gros qu’une noii‘
fette. L ’oeuf d’un mois, dont parle Riolan , étoit dè
la grandeur d’une noix ; & le foetus,"de celle d’uné
fourmi. L’embryon d’un mois de Smellie, ne pàffoit
pas le volume d’iin grain de froment,
A quarante jours l’oeuf atteint la gfandeiïr de cé-
lui d’un pigeon, il la paffe même. Le poids du foetus
étoit d’enyirOn cent grains, mais il étoit formé, il
avoit même la marque du fexe.
A quarante-cinq jours l’oeuf a été de la grandeur
de celui d’une poule -, le foetus formé & les doigts fé-
parés.
Au-delà de ce terme, le foetus n’eft plus appellé
embryon. ( H. D. G. )
EMERUS , improprement fenè bâtard, ( Bota~
nique. ) fecuridaca , des jardiniers ; ën Anglois.,
fcôrpiônfenà ; dans Linnæus, coronille, de la clafle
des diaridrià decandriâ.
• Caractère générique.
Les fleurs papilionacées de Yémèrùs font raffem-
blées en petites grappes, elles font.composées d’un
calice ou godet découpé eh quatre parties inégales •
I l i i i