
froids & les pluies, n’en laiflént pas la moindre ef-
pérance. J’avois fait venir une certaine quantité de
graine de la Sicile ; je ne crois pas qu’un feul grain
ait manqué , môme la fécondé année ; tout a leve ,
mais enluite les plantes n’ont plus avancé , & n’ont
pas voulu fleurir en plein air. Quant aux arbres de
cotonnier, je ne les confeilléà quique cefoit ; ils exigent
de grands foins, & ne fervent qu’à contenter la
curiofité.
Sa bourre , qui environne la graine, eft très-fre-
quemment employée en médecine dans l’ufage externe.
On la fait avaler aux oil'eaux de proie, avec les
médicamensqui doivent les purger. Elle entre dans
la compofition des cordes d’amorce, des fauciffons
d’artifice : on s’en fertà ouater beaucoup de chofes
qu’on veut rendre plus chaudes : étant filée on en fait
des toiles, des bas , des velours, &c. C ’eft dans l’emploi
de cette matière, reçue brute des mains de la nature
, que brille l’induftrie humaine, foit dans la récolte
, le moulinage, l’emballage , le filage ; foit dans
la maniéré de peigner le coton, de l’étouper, de le
luftrer, d’en mêler diverfes fortes pour différens
ouvrages, de former le fil, de le dévider, de l’ourdir
, &c. On* en fait des futaines , des bazins, & des
bas d’une fi grande fineffe, qu’une paire du poids
d’une once & dëmie ou deux , vaut depuis trente à
quatre-vingts livres. Il entre dans une infinité d’étoffes
où il fe trouve tiflii avec la.foie, le fil & diverfes
autres matières. (4-)
CO TTE -D ’ARM ES , f. f. fagum, i. ( terme de B la-
fort. ) habillement des chevaliers qu’ils mettoient autrefois,
tant à la guerre que dans les tournois ; c’étoit
un petit manteau qui deicendoit jufqu’à la ceinture,
ouvert par les côtés avec des manches courtes ; il y
en avoit de fourrés d’hermine & de vair ; on mettoit
deflus les armoiries du chevalier , en broderies d’or
ou d’argent, fur un fond de couleur. Les armoiries
fe mettoient pareillement fur les boucliers, furies
lances, & autres armures de la même maniéré ; on
les a prefque dansle même tems émaillées. C’eft de-là
que les hérauts d’armes ont tiré les régies du blafon ,
‘ de ne point mettre métal fur métal, ni couleur fur
couleur , & qu’ils ont nommé émaux, les métaux
& couleurs.
Auberjon de Murinais en Dauphiné ; d'or à la
bande d'azur, chargée de trois 'cotte-d'armes d'argent
dans le fens de la bande. ( G. D . L. T. )
* § « COUCHÉ, ( Géogr. ) petite v i l le .... fur
» une riviere qui fe jette dans le Ciain » . . . lifez le
Clain.
COUCHE , ( Jardinage. ) conflruclion de nouvelles
couches que'Von échauffe par là vapeur de Veau
bouillante.
L’utilité ou plutôt la néceflité indifpenfable de la
chaleur & de l’humidité, pour faire végéter les plantes
, m’a fait imaginer une nouvelle efpece de couches
, auxquelles on peut les communiquer auflî
long-tems que l’on veut.
Pour cet effet, j’ai fait conftruire dans une chambre
, qui efl près de mes couches, une tourelle de briques
T ( fig. i. planche II. d'Agriculture dans ce
Suppl. ) , de fix pieds de hauteur , d’un pied de diamètre
au fommet , & de dix - huit pouces au
bas E.
La tourelle efl fermée par un couvercle L , fig. 2.
de terre glaife cuite au four, qui emboîte très jufte ,
& qu’on lute tout autour après avoir mis le charbon
dedans, pour intercepter toute communication avec
l’air extérieur.
Cette tour a deux ouvertures au bas , l’une en h
au-defliis de la grille de fer H , fur laquelle on allume
le feu , & l’autre en a par où l’on retire la cendre. ■
Vis-à-vis l’ouverture h efl un trou g , qui donne paf-
fage à la flamme fous l’alembiç A , laquelle monte en
ligne fpirale r, r , r, r , & s’échappe par la chéminée S j
au moyen de quoi le moindre feu fuffit pour entretenir
l’eau bouillante. L’ouverture h fe ferme au
moyen d’une porte de tôle.
Près de la chaudière A , meme fig. efl: un réfer-
voir de plomb B C D E , au fond duquel efl: une fou-
pape V , foudée à l’extrémité d’un tuyau de plomb
R P , dont l’ouverture efl de fix lignes , & qui va
s’emboîter dans la chaudière d’environ un pouce.
Sur le côté D E du réfervoir eft un montant qui
porte un levier en équilibre, dont chaque extrémité
efl: terminée par deux fegmens de cercle K 1 , fur
lequel font attachées, favoir, fur K une petite chaîne
qui tient à la foupape V , & à l’autre un fild’archal
qui entre dans l’alembic , & au bout duquel eft une
boule de cuivre creufe & fort mince, dont le haut eft
percé pour donner paffage à l’air , à mefure qu’il fe
raréfie. Cette boule flotte fur l’éau lorfque la chaudière
eft pleine ; mais à mefure que l’eau diminue,
elle s’enfonce par fon propre poids , & fait baiffer le
bras / du levier, & monter l’autre K , au moyen de
quoi la foupape V fe le v e , & l’eau, du réfervoir fe
rend par le tuyau R P dans la chaudière , jufqu’à ce
qu’elle ait repris fon premier niveau. La boule remonte
, & le levier reprenant fon équilibre, la foupape
fe ferme. Au moyen de cet expédient la chaudière
fe trouve toujours également remplie tant qu’il
y a de l’eau dans le réfervoir, ce qui évite la peine
d’y en mettre à mefure qu’elle fe confume.
Il y a au haut de la chaudière une foupape v , que
l’on charge d’un poids proportionné au degré de raré-
fà&ion inférieur à celui qui peut faire fauter le chapiteau
de l’alembic , afin que fi le feu eft trop fort,
ou que les tuyaux des couches viennent à s’engor-»
g e r , la vapeur puilfe fe faire jo u r , fans endommager
les vaiffeaux.
Le tuyau de plomb r , r , r , qui part du chapiteau ,
va fe rendre aux couches dydydydy&c fe partager
en trois branches, qui aboutiffent à autant de tuyaux
R j R »R, faits de terre cuite, depuis quatre jufqu’à fix
pouces de diamètre, & d’environ trois pieds de longueur
, qui s’emboîtent les uns dans les autres. La
moitié de ces tuyaux qui eft hors de terre, eft percée
de plufieurs petits trous qui donnent paffage à la
vapeur & à la chaleur, & pour empêcher que la
terre ne tombe dedans, on les couvre avec du tan.
Ces tuyaux qui doivent être de la longueur des
couches , vont s’emboîter dans une autre A ( fig. g . )
dont le bout u perce la couche , & eft garni d’un
robinet qu’on a loin d’ouvrir de tems en tems , pour
faire écouler l’eau qui s’eft amaflée dans les tuyaux ,
qui doivent pour cet effet avoir une pente légère.
Ce robinêt fert encore à régler la chaleur, & on peut
l’augmenter ou la diminuer en l’ouvrant plus ow
moins.
Le charbon dont la tourelle eft remplie , fuffit
pour entretenir le feu deux ou trois jours ; & lorf-
qu3on l’a une fois réglé avec un thermomètre, la chaleur
refte la même jufqu’à ce que le charbon foit
confumé.
Voici les avantages que ces couches ont fur les
autres.
1 °. Indépendamment de la chaleur , elles fe rem-
pliffent d’une vapeur chaude & légère, qui hâte
encore plus la végétation des plantes, comme M.
Haies l’a prtmvé dans fa Statique des végétaux.
2.0. On peut régler la chaleur à fon g ré , & la continuer
autant de tems qu’on veut.
3Ç. Cette invention exige très-peu de foin ; on
n’eft point obligé d’arrofer les plantes, ni d’y mettre
du fumier , q u i, pour l’ordinaire, leur donne un
mauvais goût.
40. Ces couches ont cela de commode qu’on peut
y élever des plantes étrangères, telles que le coco,
l’ananas , le mufa, & y entretenir pendant l’hiver
le même dégré de chaleur & d’humidité que dans
les Antilles. (P. )
Couches de la terre, [Hifl. nat. Oryclolog.
Géogr. fouterr. ) telluris (Irata. L’intérieur de notre
globe eft compofé de couches de différentes matières
terreftres , pierreufes ou minérales, pofées les unes
fur les autres, concentriques , fi on les confidere en
gros ; mais avec des courbures, des inclinaifons ,
des inflexions & des épaiffeurs fort différentes. Ces
couches s’inclinent fous les lacs &: les mers, dont
elles forment les baffins ; s’élèvent avec les montagnes,
dont elles foutiennent & compofentles maffes ;
s’abaifl'ent avec les vallées , dont elles fuivent les
courbures. Telle eft l’idée générale que l’on peut fe
former de ces couches, obfervées par-tout où l’on a
fouillé la terre à une certaine profondeur.
M. Bertrand, dans fes Mémoires fur la JlrUcture
intérieure de la terre, publiés d’abord à Zuric en 1752,
a recueilli & développé les principaux phénomènes
de cette ftruélurefinguliere. Cet ouvrage a été réimprimé
plufieurs fois, & fe retrouve dans un recueil
ùz-40. de divers tracés de cet auteur fur l’hiftoire
naturelle , imprimé à Avignon en 1766. Après lui
M. Lehman a confidéré ces couches & les diverfes
hypothefes , imaginées pour expliquer leur formation
, dans le troifieme tome de fes Traités de Phyfi-
que & de Minéralogie , à Paris 1759, Ejfai d'une hif-
toire naturelle des couches de la terre. Kruger , pro-
feffeur à Halle , a aufli recherché les caufes de cette
ft ru filtre dans fon Hifloire des anciennes révolutions
du globe,-ouvrage aufli traduit & publié en françois,
à Paris. Enfin, M. de Buffon dans fa Théorie de la
terre, au premier volume de fon Hifloire Naturelle,
a raffemblé les circonftances de Cette ftruflure , qui
pouvoient fervir à étayer fon fyftême ingénieux fur
la fo rmation de notre globe & de fes couches.
Perfonne ne connoît jufqu’à quelle profondeur
font difpofées dans le fein de la terre, ces couches
ftratifiées ; mais on fait qu’elles font fouvent interrompues
par des vuides, des cavernes , des grottes ,
des fiffures. W odward'afuppofé le centre de la terre
occupé par un immenfe globe d’eau ; le P. Cafati &
Swendem , par un globe de feu : aucun d’eux n’appuie
fon hypothefe, de raifons fuffifantes. Toutes
ces fuppofitions font partie des romans philofophi-
que s, & la vraie phiio'fophie ne devroit être que
l’hiftoire des faits , ou l’expofé des phénomènes
certains.
Dans les plaines , ces couches confervent un pa-
rallélifme fouvent affez exafl. Sur une étendue déterminée
, quelquefois confidérable , elles font çom-
pofées de même maniéré & de mêmes matières :
mais la direction de ces couches, leur compofition ,
leur matière , leur épaiffeur, leurs polirions refpec-
tives , leurs aflifes , font plus fouvent encore fou-
mifes à tant de variations en certains lieux du globe,
ou d’un lieu à l’autre, que l’on ne fauroit établir au-
cune réglé générale & confiante fur leur ftruflure ,
leur compofition & leur pofition.
Dans les cours des vallées., le plus fouvent les
angles faillans d’une chaîne répondent à des angles
rentrans d’une autre chaîne , comme les bords oppo-
fés d’un fleuve dont le cours eft tortueux & rapide.
. Si la pente d’une montagne eft douce, les couches
s’elevent graduellement ; u elle eft abrupte, les tranches
des lits font brufques : fouvent ces lits ou ces
couches font :coupés perpendiculairement. Alors on
voit d’ordinaire fur la montagne oppofée vis-à-vis,
les1 mêmes guiches correfpondantes , coupées aufli
à-peu-près afc même, & ce font ordinairement dans
ce cas, les mêmes matières dans ces aflifes oppofées.
On voit encore quelquefois des cavernes correfpon-
Tomc I I .
dantes hemifphériques, qui ont été féparées en deux.
Quoiqu’il y ait une grande variété dans la matière
des couches d’un pays à l’autre, à une certaine distance
» cependant à prendre un certain canton , plus
ou moins étendu , on retrouve fouvent une forte
d uniformité. Mais affurément ces réglés générales
qu ont voulu adopter quelques philofophes, font
plus arbitraires qu’ils ne penfent, &, il s’en faut bien
qu’il y ait l’uniformité qu’ils fe font plu à y fuppléer
& à décrire.
Wodward , Derham , & plufieurs autres favans ,
fondés aufli fur quelques obfervations, avoient cru
pouvoir avancer qu’ordinairement ces lits ou ces
couches etoient placés félon les loix de la gravité.
Mais on peut alléguer bien plus d’exceptions contre
cette réglé, que l’on ne rapporte d’obfervations,
qiii femblent l’établir.
Toutes ces irrégularités dans la compofition de
ces couches , étoient néceffaires pour le média-*
nifme & le bien univerfel, pour raffembler les eaux,
& diriger leur cours pour la végétation & la diver-
fité des produdionsde la terre^ pour les befoins des
hommes & des animaux.
Dans les lits de terre ou de fable , dans les bancs
des rochers ou des pierres , fe trouvent des matières
de différentes efpeces & de diverfes natures. Ces
terres & ces pierres font aufli de différente nature,
fouvent mêlées & confondues ; terres pierres
alkalines ou calcaires ; gypfeufes ou féléniteufes ;
argilleufes ou glaifeufes ; vitrifiables ; ou fufibles
au feu.
Parmi ces diverfes fortes de fubftances qui com-
pofent le fond des couches terreftres , on y trouve
d’autres fubftances qui participent plus ou moins à
celles-là; i c i , ce font des fucs huileux, épaiflis, des
matières inflammables ou phlogiftiques , pétrole ,
bitumes, foufres, charbons fofliles : ailleurs, ce font
des fels; fel gemme , ou fel diffous par l’eau , fai-
pêtre , alun , vitriols , arfénics ; tout cela fe trouve
diverfement mêlé avec les fables , les terres ou les
pierres. Ailleurs fe trouvent les mines métalliques
ou femi-métalliques, qui font ou dans les fentes,
ou en filons , ou par maffes , ou par couches, avec
plus ou moins d’abondance. Çà & là on trouve aufli
des cryftaux , des cryftallifations , & des pierres
précieufes dans des grottes ou fiffures des rochers ;
on les rencontre encore dans les couches même de la
terre , en petites maffes, & dans les lits des rivières
& des torrens qui les ont entraînés. Voye£ Gr.y.st AL-
LISA T ION , Dictionnaire raif. des Sciences. , &c.
Confondus avec la plupart de ces fofliles propres
, on déterre fouvent dans des couches quiparoif-
fent entières & continues, des corps, étrangers à la
terre , & qui paroiffent avoir appartenu au régné
animal ou végétal ; ce font les fofliles figurés, ou les
pétrifications des corps terreftres, & plus fouvent
marins. Poyt{ PÉTRIFICATION , .Dictionnaire taif.
des Sciences, &c.
La quantité & la variété de ces pétrifications eft
immenfe ; leur rapport avec les êtres du régné animal
ou végétal eft parfait. On en trouve dans tous
les pays à toutes fortes de profondeurs, près des
mers, & à de très-grandes diftances, furies hautes
montagnes & dans le fond des mines. Ces corps figurés
font dans divers états, félon les .lieux & les co«-
chesy calcinés, pétrifiés, agatifiés, minéralifés. On en
voit quelquefois feulement les empreintes fur des
pierres,d’autres fois les nbyaux moulés dansle creux
de ces corps.. On peut voir une multitude, de faits
relatifs à toutes ces circonflanees, dans les MimoU
res fur laflruclur e de la terre, dans le Dictionnaire des
fo files y dans les Traités'fur les pétrifications, de Lang,
de Bourguet,, de Scfeéuchzer, de Gefner, &c. ■.
Il faudroit avoir des mdnumens' hi.ftç»riques qui
K. K k k ij ^