
loyer de maifon, de la part d’un huiffierqui en itoit
propriétaire , étoit furie point de £e voir enleveria
moiffon par l'on avide créancier ; l’alfeireiportee devant
un juge compatiflant., fut idecidee par cette
fentence : « parties ouïes, nous avons accordé acte
» des offres faites par le débiteur, de la iomme de
» 36 livres ». L’avocat de l’huiflier foutient qu’il n y
a point d’offres;le juge ajoute tout .de fuite, & de
ce qu'il a préfentementpayé ladite fomme.. . en meme
tems il tire de fa poche 36 liv. qu’il met fur le bu*-
reau pour le paiement de Thuiflier., .& fauve ainii
un malheureux prêt à périr. Cet excès de generoiite
furprit beaucoup; on le doit au bailli a&Conde, 1 une
desjuftices de l’évêque d’Evreux,.connu par dau-
tres adions femblables qui mériteroient aufli d’etre
publiées. Mercure de France, octobre 1773. :(. C. )
C o n d é -Sü r -N o i r e a u , ( Gcogr. ) Condatum ,
Condetum & Conditum ad Norallum, gros bourg fort
peuplé en Baffe-Normandie, chef-lieu d’un doyenne
rural, diocefe de Bayeux , éledion ;de Vire , avec
mairie & châtellenie, une des plus confiderables de
la province : il s’y tient fix foires, par ;an ; le commerce
confifte en cuirs, draps & coutellerie ; hôpital
fondé au xiie. fiecle , par N. Tnrgot : le ter-
rein affez ftérile ne produit que du. Med noir , du
feigle & de l’avoine. Les Proteftans y ont eu un
temple qui fut démoli en 1680.
Le bourg de Condé a eu l’honneur de recevoir
faint Louis , en 1256 ; c’eft la patrie d’Enguerrand
Signard, confeffeur de Charles, duc de Bourgogne
, & depuis évêque d’Autun,.mort en 1485 : ce
bourg qui eft à cinq lieues de Falaife & de V ire, &
quatre de Tinchebray, appartient a M. le comte de
Matignon. (C. )
C ondÉ en Lorraine, ( G.éagr. ) Condceum , cha-
46116016 en Lorraine, fur la Mofelle ; c etoit autrefois
un des plus beaux châteaux du pays , bâti par
l ’évêque de Metz, Philippe de Florence, en 1264.
Il fut engagé par l’évêque Adhemar de Monteil, à
Edouard, comte de Bar, en 13 28 ; il fut dans la fuite
uni au bailliage de faint Mihel. En 1473 » George
de Bade, évêque de Metz, vendit au duc de Bourgogne
la faculté de rachat, réfervée à fes prédécef-
feurs fur Condé, vingt mille florins du Rhin. Les ducs
de Lorraine , depuis 15 6 1 , ont joui paifiblement de
cette châtellenie. ( C. )
§ CONDOM, ( Gcogr. ) Condomium Vafconum,
ville deGafcog-ne, capitale du Condomois , avec
évêché érigé en 1317 par Jean XXII ; cette ville
e f t grande , peu peuplée, & pauvre, faute de commerce
; elle fut prife & ravagée en 1569 par Gabriel
de Montgommery, chef des Proteftans ; c’eft la patrie
de Scipion Dupleix, hiftoriographe de France,
de Blaife de Montluc, dont nous avons d’excellens
-mémoires hiftoriques ; du P. Gaichils de 1 Oratoire
, théologal de Soiffons , mort en 1731» dont les
Maximes fu r la chaire furent ü eftimées lorfqu’elles
parurent en 173 7 , qu’on les attribua à M. Maftillon^
de de M. Sabathier, auteur d’un Dictionnaire claf-
fique des antiquités, i/z-8°, & de plufieurs autres bons
ouvrages.
MM. de l’Oratoire y ont le college & la penfion
où a été élevé M. de Montazet, illuftre archevêque
de Lyon : le grand Boffuet a été évêque de Condom.
Le chapitre ne fut fécularifé qu’ en 1549 » ^ la rf -
quifition de Henri II & de l’évêque Charles de Pif-
feleur. _ T.
Le diocefe qui contient cent quarante pàroiffes &
quatre-vingts annexes, eft un démembrement de
celui d’Agen , au-delà de la Garonne, & fuffragant
de Bordeauxi ( C. )
CONDOM A , f. m. ( Hiß. nat. Qiiadruped. ) animal
dont on n’a encore vu en Europe que la tê te ,
armée de fes cornes. Les habitans naturels du cap
de Boiine-Ëfpérance lui donnehtle nom de condoma j
Kolbe en fait une defcription .au volume l i t de fa
Deféruption du Cap de Bonne-Efpérance, page 42 ,
fous le nom de ckevre fauyage„ nom qui parfût lui
convenir davantage que celui défirepficeros, -que lui
donne C a iu s d a n s l’ouvrage de. Gefner , de qua-
drupedibus, page 2$5 ; ca r , félon la remarque'de M. de Bdffon,, àîl’article de cet animal, édition, irâ-y 2.
de 1769 , volume AT, page j, .le ftrepfvGOros de
Pline & des anciens eft l’antilope, que nous regardons
comme un animal approchant de la -gazelle ,
quoique formant un genre particulier.
Le condoma eft un animal de la taille d’un grand
cerf, à jambes fort longues , mais bien proportionnées
, à tête armée de deux grandes-cornes creufes ,
applaties, portant deux arêteslongitudinales, l’une
en-deiius, l’autre en-deffous , & quelques rugofités
comme les cornes du bouc, & non pas des anneaux j
longues de deux pieds à leur extrémité, droites,
mais fléchies de deux tours de fpirale v il porte au
menton une barbe grife & fort longue ; fa queue eft
médiocrement longue & atteint juiqu’aux genoux.
Son p o il, fui vaut Kolfc>e, eft blanc fous le ventre
, gris fur le refte du corps, feené de quelques
petites taches rouges, & coupe;par uneTaie blanche
qui s’étend le long du dos , depuis la tête jufqu’à la
queue ; trois autres raies blanches coupent celle-ci
en travers ; la .première au bas du cou, dont elle fait
le tour ; la fécondé derrière les jambes de devant ;
& la troifieme devant les jambes de derrière , en
faifant le tour du corps. Le maffacre que j’ai vu cette
année ( 1 7 7 z ) , chez M. de Mory , caiflier de la
compagnie des Indes, à qui il avoit été apporté ,
comme venant de l’Amérique, avoit le front couvert
. de poils courts, roux, avec une raie blanche en chevron
brifé, dont la pointe regardent’l’occiput.
Moeurs. Le condoma habite les montagnes du cap
de Bonne-Efpérance, où il paroît être affez rare ,
vu la petite quantité des maffacres qui en font parvenus
jufqu’ici en Europe, malgré leur grande beauté
, & qui fe font trouvés dans le garde-meuble de
Sa Majefté.
Remarques. Le condoma approche, comme l’on
vo it, du bouc par fes cornes applaties & creufes ,
& par la barbe qu’il porte au menton ; mais il en
différé , en ce que ces cornes portent deux arêtes,
& qu’elles font droites & fléchies feulement fans
être roulées en fpirale. Par ces divers caraéteres, cet
animal fe rapproche du gib, que nous avons obfervé
au Sénégal g & dont on voit la figure gravée au vo-
lume X X I I I , planche IV , n°. % ; ila encore la livrée
comme le gib, Scon peut regarder ces deux animaux
comme formant un genre particulier,voifin du bouc ,
hircus, qui le range naturellement clans la famille à
laquelle je donne le nom de Famille des boeufs. ( M.
A d a n s o n . f
CO ND O R l, f. m. ( Hiß. nat. Bot. ) on connoît
fous ce nom, dans l’Inde , depuis la Chine jufqu’au
Malabar, en y comprenant les îles Moluques, trois
fortes d’arbres , qui font très-précieux aux habitans
de ces pays , parce que le-urs graines, qui font d’un
beau rouge de corail, leur fervent de poids pour
pefer l’argent. Cara&érifons çës trois efpeces.,
Premiere efpece. CONDORl.
Le vrai condori, ainfi appelle par les Malays, &
tfehongbidji par les Chinois, & gravé par Rumphe,
fous lè nom de corallaria parvïfoliafecunda, dans
fon Herbarium Amboinicum , volume I I I , page 174 ,
planche C IX , figure A , eft un grand arbre qui s’élève
à la hauteur de foixante-dix pieds; fon tronc a douze
ou vingt pieds de hauteur, lurquatre à cinq'.pieds
de diamètre,il eft couronné par une cime ovoïde
d’un afpeû agréable , une fois plus longue que large,
\
formée par urt petit nombre de branches alternes
affez longues, cylindriques , écartées fous un angle
de quarante-cinq degrés, difpofées circulairement,
à bois blanc d’abord, enfuite brun, à aubier blanc,
couvert d’une écorce cendrée liffe.
Les feuilles font alternes , longues de huit à neuf
pouces p de moitié moins larges , pinnées fur deux
rangs, dont le premier eft dè trois à quatre paires
de divifions , chacune de cinq à fix paires de folioles,
avec une impaire ; chaque foliole eft elliptique,
pointue à fes deux extrémités ', longue d’un pouce &
demi à deux pouces, prefqu’une f<?is moins large ,
entière, liffe, formée, luifante, d’un verd glauque
ou bleuâtre , relevée en-deffous d’une côte longitu-
jiale qui traverfe fon milieu en deux parties inégales
, & qui jette de chaque côté trois nervures alternes,
& portée prefqu’horizontalement fur un pédicule
cylindrique extrêmement court ; ces feuilles
ont tous les foirs, au coucher du foleil, un mouvement
par lequel elles fe plient, c’eft-à-clire, fe ferment
, les unes en-deffus , les autres en-deffous,
pour s’épanouir de nouveau le lendemain au lever
du foleil.
Les branches font terminées par une panicule à
deux branches en épi, aufli longues que les feuilles ,
dont chaque épi porte environ vingt-cinq fleurs ,
blanches d’abord , enfuite jaunâtres, ouvertes en
étoile, de quatre à cinq lignes de diamètre, portées
fur lin pédicule cylindrique égal à leur longueur.
Chaque fleur eft hermaphrodite', complette , po-
lypétaie, irrégulière, légumineufe, pofée au-deffous
de l’ovaire, loin du difque qui le fupporte. Elle
confifte en un calice perfiftant, à tube cylindrique,
court, divifé en cinq dents, en une corolle une fois
plus longue, de cinq pétales affez égaux & réguliers,
elliptiques , pointus ; une fois plus longs que larges,
d’abord blancs, enfuite jaunâtres, & en dix étamines
diftin&es un peu plus longues, à anthères jaunes.
Du fond du calice s’élève un petit difque en pédicule
cylindrique, portant un ovaire elliptique comprimé,
terminé par un difque , couronné par un ftigmate
ovoïde, placé fur un de fes côtés.
L’ovaire en mûriffant devient un légume elliptique
très-plat, courbé en forme de fabre, long de
trois pouces, quatre à cinq fois moins large, d’abord
v e rd , enfuite noirâtre extérieurement, jaune intérieurement
, s’ouvrant en deux valves ou battarts qui
fe roulent en une à deux fpirales, partagée en cinq
à fix loges, qui contiennent chacune une graine lenticulaire
, femblable à celle du lupin, ou de la grandeur
de l’ongle du petit doigt, c’eft-à-dire, de cinq
lignés environ de diamètre, liffe, luifante, d’un rouge
de corail, plus foncé dans fon contour, qui eft
tracé par une ligne circulaire qui y forme une efpece
d’anneau, blanc-jaunâtre intérieurement, attachée
d’un côté par un petit trait au bord fupérieur du légume
, & tombant facilement fur la terre qui en eft
fouvent couverte,
Culture. Le condori croît communément dans les
provinces méridionales de la Chine, fur-tout à Cam-
chia-Hayting, & dans l’ile d’Aymyu ; dans les plaines
maritimes, au bord des forêts. Dès que, fes graines
tombent fur la terre, elles germent & s’élèvent
en petits arbriffeaux, qui commencent à fleurir dès
la quatrième année : le tems de leur fleuraifon eft le
mois de feptembre. *
Qitalités. Toute la plante a une faveur douce &
légumineufe.
Ufagts. Ses graines , qui portent proprement le
nom de condori, fervent, comme nous l’avons dit,
dans toute l’Inde, de poids pour pefer l’argent, parce
qu’elles font plus égales en gravité qu’aucune autre
graine de plante : dix de ces grains pefent un ta ël,
c’eft-à-dire, dix gros ou unç once un quart.
Tome IL
Deuxieme efpece. A y LARU.'
Les habitans d’Amboine appellent du nom à1aylaril
& aylalu, & les Malays qagapohon, une fécondé-
efpece de condori très-bien gravée, avec une petite
partie de fes détails, par Rumphe, fous le nom de
corallaria parvifolia prima , dans fon Herbarium Amboinicum
9 volume I I I , page 17g , planche CIX,fig. 1 ,
qui ne différé de la première qu’en ce que , i°. c’eft
un arbre un peu moins grand , de foixante pieds au
plus de hauteur; 20. fes folioles fopt elliptiques »
pointues aux deux bouts , une fois & demie à deux
fois plus longues que larges; 30. la panicule des
fleurs eft partagée ên quatre branches en épi ; 4*. les
légumes ont huit pouces de longueur, fur douze à
quinze fois moins de largeur , & douze à quinze
loges; 50. fes graines n’ont que quatre lignes 04
demie de diamètre.
Culture. L’aylaru croît, mais en petite quantité ,
à l’ile d’Amboine, fur le rivage maritime ; on le
plante, à caufe de fa forme élégante & de fôn ombre
agréable , autour des maifons, dans les terreins fa-
blonneux où il croît fort vîte , en s’étendant beaucoup
; il conferve une verdure pl/.is vigoureufe , &C
fes graines écarlate qui fe montrent au milieu de fes
légumes ouverts, préfentent un coup-d’oeil agréable.
UÇages. Les orfèvres de ces îles d’Amboine emploient
ces graines au défaut de celles de l’abrus ,
pour fouder l’or avec les autres métaux , quoique
ia vertu foit beaucoup moindre pour cet effet.
Ces graines pefent moitié moins que celles du
condori, &. il en faut quinze pour égaler le poids de
dix condorL
Troifieme efpece. GONSII*
Le gonfii ou gunfii, ou gunfchi des Brames , que
ies Portugais appellent mangelins, & les Hollandois
manjelyns & weeg^booaen, a été fort bien gravé par
Van-Rheede , dans fon Hortus Malabaricus, volume
V I , planche X lV , page a i , fous le nom de mandf*
jadi ou mantsjadi ; c’eft Vadenanthera 1 paronina.
foliis ntrinque glabris de M. Linné , dans fon Syfiema
naturez, édition 12 ,page 294.
Cette troifieme efpece différé des deinç précédentes
par les caraéteres fuivans, i°. l’arbre qu’elle
forme eft plus grand, ç’eft-à-dire, de quatre-vingts
pieds de hauteur environ ; 20. fon bois a le coeur
rouge ; 30, fes feuilles ont douze à quatorze pouces
de longueur & une fois moins de largeur : elles ont
quatre à cinq paires d’ailes, chacune à trois ou fix
. paires de folioles elliptiques, obtufes aux deux extrémités
, longues d’un pouce & demi, une fois
moins larges, minces, molles, verd-foncé deffus,
clair deffous ; 40. l’épi des fleurs fort de l’aiffelle de
chacune des feuilles fupérieures , eft une fois plus
court qu’elles, & porte quarante à cinquante fleurs »
dont les étamines font à peine égales en longueur à
la corolle ; 50. les légumes ont huit à neuf pouces de
longueur fur une largeur huit à neuf fois moindre ,
& douze à feize loges ; 6”» fes graines n’ont qua
quatre lignes de diamètre.
Culture. Le gonfii fe trouve communément au Malabar,
fur-tout autour de Mangatti, Cochin, Ber-
kenkour, dans les terres fablbnneufes : il eft toujours
v erd, il ne commence à porter fleurs qu’à la vingtième
année feulement après celle où il a été femé ; il
fleurit en feptembre, & fes fruits font mûrs en décembre
& janvier ; il vitjong-tems, & même au-delà
de deux cens ans.
Qualités.Ses feuilles ont une faveur de fev e, mais
légèrement amere ; fes graines ont le goût da
feve.
Ufages. Son bois eft employé journellement à divers
ulages à caufe de fa dureté ; le bas peuple
J y ï U