
les a Prologues & les devins ; mais de fi fages loix
refterentfans exécution. Claudius ne prêtoit que fon
nom à tout ce qui étoit ordonné dans Rome & les
provinces. Toute la réalité du pouvoir réfidoit dans
Narciffe & Pallas , hommes nouveaux qui comman-
doient aux defcendans -d’un peuples de rois. Nar-
citTe, rebuté par l’impérieufe Agrippine, fe repentit
d’avoir perdu Meffaline. Il fe jet ta dans le parti de
Britannicus qu’il promit de fervir contre fon concurrent
à Pempire. La cour étoit agitée de faâions,
lorlque CLaudius tombé malade , fe fit tranfporter à
Sinueffe, où il fe flattoit que la pureté des eaux &
de l’air lui rendrait fes forces; Agrippine profita de
fon éloignement de Rome où elle etoit environnée
de fpedateurs ; elle crut qu’un lieu folitaire étoit
favorable à l’exécution de fes horribles deffeins. Elle
fut long-tems incertaine fur les moyens de fe débar-
rafler de CLaudius. Elle craignoit qu’en lui donnant
un poifon lent, elle ne lui laifiat le tems de réfléchir
d’avoir préféré Néron à fon propre fils. D ’un autre
cô té, il étoit à craindre qu’en ufant de trop de précipitation
, elle ne prît point allez de mefures pour
voiler fon crime. Enfin elle eut recours au miniftere
d’une fameufe empoifonneufe , qui lui fournit un
poifon fubtil qu’elle fit fervir à fon mari dans un plat
de champignons. CLaudius, dont les organes étoient
ufés à force de débauches , réfifta à la violence du
poifon, qui ne fit que le provoquer au vomifl'ement.
Agrippine, tremblante, eut recours à Xénophon,
médecin de l’empereur, qui depuis long-tems lui
proflituoit le fecours de fon art. Ce médecin , fous
prétexte de faciliter le vomifl'ement, lui enfonça
dans le gofier une plume empoifonnée dont il 'mourut.
Agrippine tint pendant quelque tems la mort
cachée pour aflùrer le trône à Néron. Elle affe&a la
plus vive douleur pour mieux tromper Britannicus
&c fes fôeurs. Quand elle eut pris fes sûretés , elle
fit ouvrir les portes du palais , & . Néron, accompagné
de Burrhus à la tête des cohortes prétoriennes,
fut conduit au camp, où , après avoir fait des lar-
geffes aux foldats, il fut proclamé empereur. CLaudius
fut plus méprifé pour fa ftupidité que pour fes
vices : ce n’eft pas qu’il n’eut un fonds de cruauté,
& ce caraûere fanguinaire fe manifeftoit dans le
plaifir qu’ilprenoità voir donner la queftionaux coupables.
Il affiftoit aux fupplices, & fur-tout à celui
des parricides. Il aimoit à voir la figure & le mouvement
de vifage de ceux qui expiraient, & jamais
il ne manquoit de fe trouver à l’heure de midi au
combat des gladiateurs contre les bêtes fauvages.
Cet empereur, qui fe plaifoit à voir couler le Yang,
étoit le plus lâche de tous les hommes. Il fut empoi-
fonné à la foixante & quatrième année de fon âge ,
& à la quatorzième de fon régné. Le peuple & le
fénat eurent la lâcheté de le mettre au nombre des
dieux. Cet honneur fut aboli par Néron & rétabli par
Vefpafien. ( T —n .)
Claudius ( Flavius ) , Hijl. Romaine, fécond
du nom , parvint à l’empire après la mort de Gal-
lien l’an 669. A fon avènement à l’empire, il trouva
toutes les frontières envahies & défolées par les
barbares. Il marcha contre lesSarmates , les Getes,
les Scythes & les Quades, dont il fit un horrible carnage
dans différens combats. Quoique toujours victorieux
, &c qu’il ne dut fes fuccès qu’à fes talens pour
la guerre, il s’acquit encore plus de gloire par la fageffe
de fon adminiftration, qui rendit à la république fa
tranquillité & fon éclat. Le fénat, par reconnoiffan-
ce , lui confacra une ftatue d’or dans le capitole. On
prétend qu’il étoit fils de l’empereur Gordien, dont
il“avoit le cara&ere doux & bienfaifant : Gallien,
par amour pour la république ,. l’a voit défigné fon
fucceffeur en mourant ; il lui avoit même envoyé
tous les ornemens de la dignité impériale : le peuple,
le fénat & l’armée ne cpntefterent point cette nomination
, & tous fe félicitèrent dans la fuite d’bbéir à
un empereur qui ne s’ôccupoit que du foin dé per.
pétuer la félicité publique. Il ne'gouverna que deux
ans. Claudius, fentant fa fin approcher, voulut encore
être le bienfaiteur dé la poftérité en recommandant
Aurélien au fénat & à l’armée. Cette recommandation
lui valut l’empire, & l’on réfpeâa les
volontés de Claudius jufque dans fon' tombeau. Il
laifla un »frere nommé Quintillus Aurtlius,• que le
fénat proclama Céfar Augufte ; mais ce Fut un fantôme
paffager fur le trône. Aurelien , à la tête des
légions, marcha vers Rome pour y faire valoir fes:
droits. Quintillus fe fentant trop foible pouf lui ré-'
lifter, s’ouvrit les veinés , & mourut dix-fept jours
après qu’il eut été déclaré Céfar. Claudius fit renaître
lesbèaüx jours de Trajan, dont il eut la modération
& l’équité. Une femme perfuadée de fa’droiture,
l’aborda en lui difant : Prince, un officier nommé
Claude s’eft approprié mon champ fous le régné de
Gallien. Je n’ai que ce bien pour fubfifter; puifque
vous êtes empereur, ufez de votre autorité pour me
le faire reftituer. Claude reconnut qu’il étoit l'officier
dont cette femme partait ; il lui répondit avec bonté i
Votre bien vous fera rendu, il eftjufte que Claude
emjjeréür reftitue ce que Claude particulier a ufurpé.
( t—n . y
Claudius Pulcher ne doit fa célébrité qu’à fes
défaites & à fon mépris pour la religion dominante.
C ’étoit un de ces hommes qui, foulant5aux pieds
l’abfurde idolâtrie, n’avoient pas a fiez de lumière pour
rendre gloire au feul Dieu vivant & véritable. Il perr
dit une bataille 'navale en Sicile contre les Cathagi-
nois. Il voulut avoir fa revanche avec Afdrubal, qu’il
fe flattoit de furprendre à l’embouchure du port de
Trepani. Les arufpices, dit-on, voulurent le détourner
de cette entreprife; en lui1 repréfentant qué les
préfages étoient finiftres. Il les tourna en ridicule, &
périma dans fa réfolution. Comme il fortoit de Rome
, le chef des arufpices fe préfenta fur fon paf-
fage, & lui montra la cage o ù les poulets facrés
étoient renfermés ; & comme on lui fit connoître
qu’ils ne voûtaient pas manger, ce qui étoit un mau-,
vais préfage, il les prit & les jetta dans le T ib re, en
difant : Puifqu’ils ne veulent pas manger, il faut les
faire boire. Les prêtres feandalifés vomirent des imprécations
contre lui. Leurs prédirions furent accomplies.
Sa flotte fut engloutie fous les eaux:. Le peuple
fuperftitieux attribua ce défordre à fon mépris
pour la religion. Le fénat, pour fatisfaire la multitude
& l’ordre des prêtres, dégrada Claudius de
toutes fes dignités. Il fut condamné à une amende ,
& forcé de nommer lui-même un diélateur. Claudius,
qui méprifoit autant fes concitoyens que les dieux,
nomma un certain Glaucia, efpece d’imbécille qui
étoit l’objet des dérifions publiques. Ce choix redoubla
l’horreur que les Romains avoient pour lui.
Claudius fe confola dans la retraite & les plaifirs de
fa dégradation & de fon infamie. Il étoit riche, il
ne manqua point d’amis , ou plutôt de complices.
W Ê Ë Ë I
Claudius ( Publius ) eut l’orgueil & les vices
de fes ancêtres fans avoir aucune de leurs vertus.
Son courage audacieux le mit à la tête de tous les
tumultes populaires qui préparaient la ruine de la
république. Amant de toutes les femmes, iln’aimoit à
les fubjuguer que pour infulter à leur foibleffe. Pom-
peia, femme de Céfar, alluma fa paflion. I ls ’intro-
duifit fecrétement chez elle déguifé en joueufe d’inf-
trument. Ayant été découvert, il fut làifi & cité ait
tribunal des loix pour être jugé & puni. Cicéron ;
qui fut fon accufateur, lança contre lui tous les four
dres de fdn éloquence ; mais les juges retenus par lé
crédit de fa famille, & peut-être corrompus par fes
largefles,
largefles le renvoyèrent abfous. S’étant fait élire
tribun par fa faftion, il abufa du crédit de fa place
pour condamner Cicéron à l’exil. Il réduifit en cendres
la maifon & les métairies de cet orateur. Il mit
à l’encan tous fes biens, mais il ne fe trouva per-
fonne pour les acheter. Claudius, flétri par la débauche
fut tué par Milon, dont l’orateur Romain prit
la défenfe. La harangue qu’il prononça eft un chef-
d’oeuvre de l’éloquence & du raifonnement ; mais
elle n’empêcha point que Milon ne fût exilé à Mar-
feille. Le nom de ce Claudius ne ferait jamais forti
de l’oubli, fi l’éloquence de Cicéron n’eût immorta-
lifé fes vices. ( T—n . )
Claudius ( Appius ) , décemvir, s’eft renduhon-
teufement célébré par fa paflion pour Virginie, jeune
Romaine, qontre laquelle il exerça toutes fortes de
violences. Cette innocente vi&ime de la brutalité fit
avertir fon pere des attentats faits à fa pudicité. Ce
vertueux vieillard, chef de cohorte, quitte fur le
champ l’armée, & fuivi de quatre cens hommes
qui partageoient fon outrage, il fe rend à Rome pour
arracher la fille des bras de fon corrupteur. Il obtient
la permilfion de la voir ; ils s’embraflënt & confondent
leurs larmes. Il lui montre enfuite un couteau
, & lui dit: Ma chere Virginie, voilà ce qui me
refte pour venger ton honneur & l e mien. 11 lui enfonce
à l’inftant le couteau dans le fein. Il fe dérobe
à la fureur de la multitude, rempli d’horreur & d’admiration.
Virginius rejoint l’armée , qu’il trouve
difpofée à le venger de fon raviffeur. Elle s’approche
de Rome , & campe fur le mont Aventin. Le
peuple foulevé fe joint à l’armée. Claudius eft traîné
ignominieufement dans un cachot, où il prévint la
honte de fon fupplice en fe donnant la mort. Ce
crime fit abolir les décemvirs, qui avoient tyrannifé
Rome fous le titre de prote&eurs de la liberté publique.
( T—n . )
CLAVECIN À roue , ( Luth. ) j’appelle ainfi un
clavecin , dont probablement l’inventeur à tiré l ’idée
de la vielle. ■
Comme le clavecin ordinaire n’a ni tenue, ni
piano, ni forte , ou du moins , point de différens
dégrés de piano & de forte, plufieurs perfonnes ont
cherché à remédier à ces défauts. Ces recherches
ont mené un bourgeois de Nuremberg', nommé Jean
Hayden, qui vivoit au commencement du dix-fep-
tieme fiecle , à l’invention de l’inftrument-fuivant :
cependant Galilée & d’autres auteurs prétendent
que cette invention eft -plus ancienne.
L t clavecin à rôtie eft, quant au corps , exaûe-
ment femblable au clavecin ordinaire ; mais au lieu
de fautereaux il a cinq ou fix roues d’acier, fur
chacune defquelles eft collée une bande de parchemin
bien unie ; on frotte ce parchemin de colophane
comme les archers, ou , cè qui vaut mieux, avec
de l’huile d’afpic, où l’on a fait diffoudre de la colophane:
ces roues d’acier font mifes en mouvement
par une grande roue qui eft dans le corps de l’inftru-
ment &-par quelques cylindres. Le muficien fait aller
lui-même la grande roue ayecle pied, comme celle du
rouet ,;oü bien un homme la fait aller avec la main.
Les cordés font toutes d’acier, celles qui donnent
les fons les plus graves font environnées de parchemin
, en forte que les plus groffes font à-peu-près
comme les cordes d’une contre-baffe. Les cordes
qui donnent les fôns aigus , ne font point garnis de
parchemin.
Toutes ces cordes font tendues comme dans un
clavecin ordinaire, mais chacune'paffe de- plus dans
un petit anneau qui tient à là touche correfpohdànte,
enforte que quand on baiffe cette'touche , la corde
vient frotter la roue , & produit un fon femblable à
celui du violon ou plutôt de la vielle ; il eft clair
que tant qu’on tient la touche baillée, la corde % t te
Tome f it
& le ton a de la tenue ; il eft encore également
clair qu’en appuyant plus ou moins fort, on peut
produire le piano, le forte ÔC le crefcendo.
J’ai vu un inftrument de ce genre à Berlin ; celui
qui l’avoit conftruit, avoit fubftitué des cordes de
boyaux, aux cordes d’acier, & une efpece d’archet
aux roues couvertes de parchemin : cet archet étoit
une large bande formée par un affemblage de nombre
de crins de cheval, noués à un bout ; cette bande
de crins qui formoit un anneau , paffoit fur deux
cylindres, enforte que quand ces derniers tournoient
, la bande de crins marchoit continuellement
comme un archet, mais toujours dans le même fens ;
ce qu’il y avoit de plus Ingénieux, c’étoit la maniéré
dont le fafteur de cet inftrument avoit évité le choc
que devoit naturellement produire les noeuds des
crins en paffant fur les cordes ; car il avoit arrangé
ces noeuds enforte qu’ils faifoient une ligne oblique
& par conféquent ne paffoient que fucceflivement
fous les cordes, de maniéré que quand un de ces
noeuds paffoit fous les cordes , le mauvais effet qu’il
aurait pu produire étoit étouffé par le fon que pro*
duifoient tous les autres crins entiers.
A une des extrémités de l’archet, étoit un petit
fachet de mouffeline ou de quelqu’autre tiffu claif ,
plein de colophane, qui frottoit continuellement les
crins.
Cet inftrument, auflï bien que tous ceux de cette
efpece, produit un fon rude & d u r , comme quand
on racle du violon, il ferait cependant à fouhaiter
que quelqu’un pût lui ôter ce défaut. ( F. D . C. )
C l a v e c i n b r i s é , ( Luth. ) clavecin q u i f e d é m
o n t e & r e m o n t e f o r t a i f é m e n t , e n f o r t e q u ’o n p e u t
l e p o r t e r e n v o y a g e . ( F. D . C. )
C l a v e c i n v e r t i c a l , ( Luth. ) en Italien cem-
balo verticale, en Latin clavici therium, efpece de clavecin
que quelqués uns appellent mal - à - propos
pantalon. VJye^ PANTALON , ( Luth. ) Supplément.
Le clavecin vertical n’eft autre chofe qu’un clavecin
dont le corps un peu plus étroit que celui d’un clavecin
ordinaire, eft vertical au lieu d’être horizontal,
& prend par conféquent beaucoup moins de place,
comme ici les fautereaux ne font pas verticaux, &
ne peuvent pas retomber d’eux - mêmes , ils font
repouffés par Un fil élaftique. Voye^fig. 8 , planche
/. de Luth. Suppl. ( F. D . C. )
CLAVICORDE , ( Luth.') voye% C l a r i c o r d e .
( Luth. ) Dictionnaire raifonné des Sciences , &c.
Cet inftrument tire fon origine dii monocorde, &
probablement le nom de monocorde qu’on lui donne,
n’eft que ce premier corrompu. La preuve que le
clavicorde tire fon origine du monocorde, c’eft qu’on
avoit des monocordes où au lieu de tranfporter le
chevalet, il y avoit des fautereaux à chaque divi-
fion ; de plus, les premiers clavicordes n’avoient
qu’une feule & m'ême corde pour tous les tons qui
n’entroieht pas dans le même accord, & alors l’harmonie
étoit fort bornée ; ils n’avoient d’autre feinte
que dans chaque o â a v e , & en tout feulement
vingt touches. ,
Ordinairement les tons graves du clavicorde ont
un fon de chauderon, & les. aigus n’en ont point du
tout, ce qui provient du trop, ou trop peu de longueur
des cordes ; \C,clavicorde ne peut guère avoir
que tout au plus trois oûaves, dont le fon foit
agréable.
Cet inftrument vaut beaucoup mieux pour les
commençans, que le clavecin; ï° . Parce qu’il eft
plus aifé à toucher. 20. Parce que comme il eft capable
Ae piano, de forte, & même de tenue, quand
on fait bien le ménager, on peut s’accoutumer à donner
de l’expreflîon à fon jeu. Un célébré muficien
Allemand nommé Bach, préfentement direûeur de
lamufiquç de la ville de Hambourg, ne juged’ua
Mm m