
Empetrum procumbens, hort. Cliff. 470»'
Trailïngy berry, bearing, hcath, croro-berries , or
crake bernes.
2. Empetrum de Portugal à fruit blanc.
Empetrum lufitanicum fructu albo. Lnfi. rei herb,
Tourn.
C e petit arbufte croît naturellement fur les montagnes
dans quelques parties de l’Europe, d’où on
peut le tranfplanter en motte dans les jardins. Il fe
multiplie par la graine, mais elle relie un an en terre
avant de germer ; & les arbuftes qui en proviennent
croiffent avec une extrême lenteur. On doit le planter
en automne dans un terrein humide : Miller dit
que les coqs de bruyere mangent fes baies avec avidité
, 8c qu’on eft lûr de trouver grand nombre de
ces oifeaux par-tout où cet arbufte abonde.
L’efpece n°. 2 ne fe trouve que dans le Traité des
arbres & arbußes de M. Duhamel du Monceau , qui
l ’a tranferite de Tournefort. ( M. le Baron d e
T s c h o u d i . )
§ EMPHYSEME , ( Médecine & Chirurgie.) Ajoutez
à cet article du Diclionn. raif. des Sciences, &c.
qui eft v r a i , la finguliere relation de M. Galandat,
chirurgien à la côte de Quaqua, qu’on a appellee par
préjugé, Côte des Maies-Gens, 8c qui s eft trouvée
peuplée par une nation d’un bon commerce. Les médecins
Negres font naître une emphyfeme artificiel^
qu’ils croient falutaire contre plufieurs maladies,
comme la maladie hypochondriaque , le rhumatif-
me. L’incifion, que recommandoit M. de Sauvages
pour la guérifon de l’emphyfeme, ne paroît pas ne-
ceffaire, puifque cet air artificiel difparoît au bout de
neuf ou dix jours.
Il eft affez difficile de trouver le mécanifme par
lequel l’air foufflé fous la peau, peut guérir la maladie
hypochondriaque : on feroit tenté de croire qu’il fe-
roit un mauvais effet fur latranfpiration,en éloignant
les petits trous des arteres cutanées de leurs branches
exhalantes. Il feroit moins improbable que cet
emphyfeme artificiel pût fervir à engraifferlesbeftiaux;
il doit relâcher les parois des cellules, 8c augmenter
la furface dans laquelle la graiffe eft dépofée.
Cet air en fe mêlant peu-à-peu à l’humeur dont
toutes les cavités, grandes ou petites, du corps humain
font abreuvées, 8c diffous dans cette eau gela-
tineufe , rentre dans le fang. ( H. D . G. )
* § EMPIRE, ( Hiß. Chronol. ) Uflerius ne fait
commencer l’empire des Affyriens qu’en 2737 du
monde , 8c ne lui donne que cinq cens vingt ans de
durée. Ninus Belifilius Affyriorum fundavit imperium
qui S20 anriis fuperiorem Afiam obùnuerunt. Voilà ce
que dit Uflerius fur l’an du monde 2737 , & ce qu’il
répété ailleurs. Lettres fur tEncyclopédie.
§ EMPOIGNÉS , ÉES , ad. ( terme de Blafon.') fe
dit des javelots, fléchés & autres pièces de longueur
quand i l y en a trois & davantage, dont un ou plufieurs
en pal & d’autres en fautoir, de maniéré
qu’ils paroiffent preffés au milieu étant attachés d’un
lien.
Empoignée fe dit aufli d’un bande ou autre piece
tenue par une main ou la patte d’un animal.
De Suramont à Paris; d’azur à trois fléchés empoignées
d'or.
Bons d’Entremont en Provence ; P or à. la bande
P ayur, chargée de deux étoiles £ argent, & empoignée
£une patte de lion de fable.
La tradition rapporte que Pierre-André Bons ,£ é
à Marfeille en 1354, accompagna le roi Louis d’Anjou
à la guerre de Naples en 1393, où s’étant trouvé
dans une bataille proche ce monarque ( qui venoit
d’être fait prifonnier par un chevalier nommé Léon,
lequel avoit ofé mettre la main fur ce prince ) porta
un coup de fabre fur ce chevalier , & lui abattit le
poignet ; par ce moyen il eut le bonheur de délivrer
fon maître & de le remonter fur fon cheval : le monarque
en reconnoiffance de ce fervice, ordonna à
Pierre-André Bons, de lui demander telle récom-
penfe qu’il voudroit. Ce valeureux provençal pria
le roi de lui permettre d’ajouter à la bande de fes armes
une patte de lion, ce qui lui fut accordé : depuis ,
les Bons ont toujours porté cette patte dans leurs armoiries
comme un glorieux trophée. ( G. D . L. T.')
# § EMPUSE, ( Mythol.') fantôme fous lequel Hécate
apparoifloit. Hecate n’apparoiffoit point elle-
même , elle envoyoit un fpetlre qui, ayant un pied
d’airain, ne pouvoit fe fervir de l’autre. Foye[R el
ig io n des G aulois par D . Martin, tome II. Lettres
fur lEncyclopédie.
§ EMULGENTE , ( Anatomie. ) a r t e r e s émulgen-
tes, v e i n e s émulgentes ; m a u v a i s n o m r e f t é d ’ u n e
f a u f f e h y p o t h e f e d e s é c o l e s ; l e n o m d e Renales v a u t
m i e u x . Foye^ Renales d a n s c e Supplément, o ù l ’o n
f u p p l é e à l ’article E M U L G E N S d u Diclionn. raif. des
-Sciences , 8cc.
E N
§ ENCLOS , SE , adj. m. & f. ( terme de Blafon.)
fe dit du lion ou d’un autre animal enfermé dans
un trecheur, dans une paliffade ou autre piece de
l’écu.
Ce terme fe dit aufli de quelques pièces ou
meubles de l’écu qui fe trouvent au centre d’une
piece évidée 8c autre femblable.
Lyon dé Saint-Ferréol, de Pontevés en Provence ;
P argent au lion Pa^ur enclos dans un double trecheur de
même. -.
Village de la Salle à Marfeille; P argent au coeur
de gueules enclos dans un double delta entrelaffé de
fable.
Caumels de la Garde à Touloufe; d'azur à une
colombe P argent, becquée 6* membrée de fable , enclofe
dans une biffe P or pofée en cercle, qui femble mordre fa
queue; au chefcoufude gueules chargé de trois étoiles
du quatrième émail. ( G. D . L. T. )
* § ENCOMBOMATE, ob/>/«/&En c om b om a ,
( Hiß. anc. ) c’étoit en effet une efpece de petit manteau
que les efclaves portoient fur l’épaule gauche ,
& non un habit blanc à l’ufage des jeunes filles. Voyeç
le Dictionnaire de Pollux, 8c Grotius fur la première
èpître de Saint Pierre, chap. v 9 v. à. Lettres fur lE n cyclopédie.
ENDEMATIE, f. f. (Mufiq. des anc.') c’étoit l’air
d’une forte de danfe particulière aux Argiens. («S1)
ENDOSIMON, ( Mufiq. des anc. ) ainfi s’appel- _
loit chez les G recs, ce que le maître chantre ou conducteur
des choeurs, donnoit à ceux qui les chan-
toient pour leur fervir de regle, comme le rapporte
Bullenger dans fon traité de Theatro. ( F . D . C.)
* § ENPYMATIES , ( Hifi. anc.) ces danfes vêtues
étoient en ufage à Argos 8c non en Arcadie, comme
dit le Diclionn. raif. des Sciences, &c. Plutarque, dans
fon Dialogue fur la mufique , traduit par M. Burette,
& inféré dans les mémoires de l’académie des lnfi-
criptions , dit « qu’on en fit^utant en Arcadie pour
» les danfes démonftratives ; & parmi celles d’Argos
» pour les endymaties ». Lettrés fur l 'Encyclopédie.
ENDYMION, (Mytk.) fils d’Æthlius & de Cha-
lic e , félon Apollodore, régna dansl’Elide. Il etoit
d’une fi grande beauté, que la Lune en devint amou-
reufe. Jupiter lui ayant laiffé le choix de demander
ce qu’il aimeroit le mieux, il demanda de dormir toujours
8c d’être immortel, fans vieillir jamais dans
cet état. C ’étoit fur une montagne de Carie appelléé
Lathmos qu’il dormoit, & la Lune venoit baifer ce
dormeur éternel. Ce fait eft trop comique pour que
Lucien manquât à s’en divertir : U 1 a fait datas un
dialogue entier. On croit que cette fiction n’eft fondée
que fur ce que Endymion fe retiroit fou vent dans
un antre qui étoit fur une montagne de la Carie pour
aller obferver les mouvemens de la Lune, 8c que
c’eft pour nous apprendre qu’il y ipéditoit continuellement
qu’on a dit qu’il dormoit toujours, 8c
que la Lune profitoit de ce fommeii pour le venir
embraffer. Paufanias, in Eliac. parle autrement de
ce prince. « La fable , dit-il, raconte qu’Endymion
» fut aimé dé la Lune, 8c qu’il en eut cinquante fil-
» les : mais une opinion plus probable, c’eft qu’il
» époufa Aftérodie, d’autres difent Chromie , fille
» d’ ithonus 8c petite-fille d’AmphiCtyon , d’autres,
» Hyperipné, fille d’Areas , 8c qu’il eut trois fils,
» Péon, Epéus, 8c Etolus , 8c une fille nommée
» Eurydice.... Les Eléens & les Héracléotes ne s’ac-
» cordent pas fur la mort P Endymion, car les Eléens
» montrent fon tombeau dans la ville d’Olympie, &
» les Héracléotes qui font voifins de Milet, difer.t
» q p Endymion fe retira fur le mont Lathmos. En
» effet il y a un endroit de cette montagne que l’on
» nomme’ehcore aujourd’hui la grotte d'Endymion».
Les dernieres paroles de Paufanias font croire qu’il y
a eu deux Endymions, l’un roi d’Elide, & l’autre ce
beau berger de Carie. (+ )
ÉNÉE, ( Myth. ) fils de Vénus &: d’ Anchife, étoit
du fang royal de Troye par Affapacus, fils cadet de
T ro s , fondateur de Troye. Vertus avoit eu ce fils
d’Anchife, lorfqu’il paiffoit les troupeaux de fon pere
fur le mont Ida. Durant le fiege de Troye , Enée fe
battit contre Diomede, & alloit luccomber, lorféjue
Vénus le déroba à la vue de fon ennemi, & le mit
entre les mains d’Apollon, qui l’emporta au haut de
la citadelle où il avoit un temple, panfa lui-même
fes plaies ; & après lui avoir rendu toutes fes forces,.
8c infpiré une valeur extraordinaire , il le fit repa-
roître à la tête de fes troupes. Ènée fe battit encore
contre Achille. Le combat, dit Homere, fut long 8c
douteux : à la fin le prince Troyen alloit fuccomber,
lorfque Neptune, à la priere de Vénus, l’enleva du
combat. La nuit de la prife de Troye , Enée entra
dans la citadelle d’ilium, 8c la défendit jufqu’à l’extrémité
; enfin ne pouvant la fauver, il fortit la nuit
par une fauffe porte avec tout ce qu’il y avoit de
Troyens renfermés avec lu i, & fe battit en retraite
jufqu’au mont Ida ; où , s’étant joint à ceux des
Troyens qui avoient échappé de l'embrâfement, il
raffembla une flotte de vingt vaiffeaux ,_ fur laquelle
il s ’embarqua pour fe tranfporter avec fa colonie en
Italie. Le poëme de Virgile a tout-à-fait rétabli la
réputation d’E/zéc,que bien des gens étoient fort éloignés
auparavant de regarder comme un héros ; on le
regardoit, au contraire, ainfi qu’Anténor, comme
un malheureux qui avoit livré fa patrie aux Grecs. En
effet, étoit-il poflible que, fans quelqu’intelligence
avec les Grecs, maîtres du pays, ces deux hommes
euffent pu, en paix, équiper des vaiffeaux fous leurs
yeux pour fe retirer en Italie. D’ailleurs on a dit que
l’on mit des gardes dans les maifons de ces deux traîtres,
qui ne furent point pillées , 8c que , quand on
partagea les dépouilles , on leur rendit tout ce qui
leur appartenoit, & que ce fut par-là qu 'Enée fe vit
poffeffeur du Palladium qu’il apporta en Italie. Enée,
d’ailleurs, étoit méprifé de Priam, quoiqu’il fût fon
gendre ; 8c ce fut une raifon de fa trahifon ; il voulut
fe venger : quoi qu’il en foit, il arriva en Italie ,
après fept ans de navigation, & fut bien reçu de La-
tinus, roi des Aborigènes, qui s’allia avec Enée , 8c
en fit fon gendre 8c fon fucceffeur. Enée, après la
mort de Latinus , régna fur les Troyens 8c fur les
Aborigènes, qui ne firent plus qu’un même,-peuple,
fous le nom de peuple Latin. Il eut des guerres à fou-
tenir contre fes voifins ; 8c dans un combat contre
les Etruriens , il perdit la vie , âgé feulement de
38 ans. Comme on ne trouva point fon corps ,
on dit que Vénus, après l’avoir purifié dans les eaux
du fleuve Numicus, où il s’étoit noyé , l’avoit mis
âii rang des Dieux. On lui éleva un tombeau fur les
bords du fleuve, 8i on lui rendit dans la fuite les honneurs
divins fous le nom de Jupiter Indigete. Virgile,
dit qu\£/2<:e, en arrivant en Italie, alla confulter la
Sibylle de Cumes , qui le conduifit dans. les enfers
8c dans les champs élyfées, où il vit tous les héros
Troyens, 8c fon.pere qui lui apprit ce qui devoit
arriver à toute fa poftérité : épifode de l’invention
du poète. Les hiftörieris rapportent un autre fait
merveilleux : Enée avoit eu ordre de l’oracle dë
s’arrêter en Italie, à l’endroit où une truie blanche
mettroit bas fes petits : lorfqidil y fut arrivé, comme
il fe préparoit à offrir une truie en facrifiee , la bête
s’échappa des mains des facrificateurs, 8c s’enfuit du
côté.de la mer: Enée (e fouvenant de l’oracle, la fui-
v it , jufqu’à ce qu’elle s’arrêta dans un lieu fort élevé
j d’où il entendit une voix fortant d’un bois voi-
fin , qui lui dit que C’étoit-là qu’il dêvoit bâtir Une
ville, 8c qu’après y avoir demeuré autant d’années
que la truie auroit fâit de petits, les deftins lui don-
neroient un établiffemént plus confidérable. Enée,
obéit, 8c bâtit la ville de Lavinium. Il y a fur Enée
une autre tradition , appuyée fur d’affez fortes conjectures,
& fur le témoignage de plufieurs hiftoriens;
C’eft que la ville de Troye ne fut point détruite;
qu'Ence la garantit du pillage 8c du feu , s’il ne la
livra pas lui-même aux Grecs, & qu’il y régna fort
long-tems, comme Homere, Ionien d’origine, 8c
voifin des Troÿens, le fait prédire à Neptune dans
l’Iliade; parce que , du tems de ce poète, la poftérité
P Enée régnoit peut-être encore fur cette ville, 8c
qu’il vouloit lui être agréable, en faifant prédire ail
dieu de la mer ce qu’il voyoit de fes propres
yeux. (+ )
ENFANS SANS SO UC I, ( Hiß. mod. ) fociété
finguliere formée à l’exemple de la mere folle ou infanterie
Dijonnoife, vers les commencemens du regne
de Charles V I , par quelques jeunes gens de famille
qui joignoient à beaucoup d’éducation un grand
amour pour les plaifirs 8c les moyens de fe les procurer.
Ces circonftances réunies, il ne pouvoir man*
quer d’en naître quelque chofe- de fpirituel , aufli
donnerent-t elles lieu à l’idée badine, mais morale ,
d’une principauté établie fur les défauts du genre-*
humain, que ces jeunes gens nommèrent fotti/e , 8c
dont l’un d’eux prit la qualité d e prince. Ce prince des
flots ou de la Jottife , marchoit avec une efpece de
capuchon fur la tête, 8c des oreilles d’âne : il faifoit
tous les ans une entrée à Paris, fuivi de tous fes fu jets.
Cette plaifanterie, dit l’auteur du Théâtre Fran-*
çois, étoit neuve , 8c les moyens qu’on employa
pour la faire connoître, ne le furent pas moins. Nos
philofophes enjoués inventèrent , mirent au jour,
8c repréfenterent eux-mêmes aux halles 8c fur des
échaffauds en place publique des pièces dramatiques,
qui portoient le nom de fottife, qui en effet
peignoient celles de la plupart des hommes. Ce badinage
paffa de la ville à la cour, & y fit fortune. Les
enfans fans fouci ( c a r c’eft ainfi qu’on nomma ces
jeunes gens, lorfqu’ils parurent en public), devinrent
à la mode. Charles VI accorda au prince des
flots, dés patentes qui confirmèrent le titre qu’il
avoit reçu de fes camarades. Cette première fociété
fe renferma dans de juftes bornes ; une critique fen-
fée 8c fans aigreur, conftitua le fond des pièces
qu’elle donna, mais cette fage attention eut un,court
efpace. La guerre civile qui s’alluma en France, 8c
dont Paris reffentit les plus cruels effets, occafionna
du relâchement dans la conduite des enfans fans fou-
ci , 8c cette fociété devint celle de tous les fainéans,
8c de tous les libertins de la ville.