
Ufages. On l’emploie en Uniment, avec le fuc de
l ’écorce du lanja , pour arrêter l’effet du poifon du
ferpent polega » & on fait affeoir le corps dans le marc
de fa décoftion, lorfqu’il eft enflé 6c enflammé par
la violence du venin.
Remarques. Il eft évident, par la defcription de
ces deux plantes ; i° . qu’elles font deux efpeces du
même genre; z°. que le faikilo ne doit pas etre con-
fendu avec le leucus de M. Burmann, comme a fait
M. Linné ; 3°. que cet auteur n a pas eu plus de rai-
fen pour en faire une efpece de cataria ou nepeta,
puifqu’elle n’eft pas à beaucoup près de cette famille
, n’ayant pas les graines nues, mais enfermées
dans une capfule ; 40. que le cacotumba fait un genre
de plante particulier, q u i, en. fuivant la méthode
de M. Linné , viendroit dans fa claffe de la didyna-
rnia angiofpermia , affez près de fon obolaria, mais
qui fe range encore plus naturellement dans la première
feéfion de la famille des perfonees, près de
l’ambuli. Voyez nos Familles des plantes, volume I I ,
page 208. {M. A d a n s o n .)
C AD A V A L L I , f. m. (Hifi. nat. Botanique.) les
Brames appellent ainfi un genre de vigne du Malabar
, nommé par les Portugais uvas d'emfermos , par
les Hollandois fnoep druiven , 6c bien grave avec la
plupart de fes détails, par Van-Rheede , dans fon
Hortus MalabaricuSy volume V i l , planche X I , page 21,
fous le nom Malabare fchunambre valli.h Commelin,
dans fes notes fur cet ouvrage , l’appelle hedera bac-
'cifera fcandens non fpinofa. M. Linné , dans la douzième
édition de fon Syfiemanatura, publié en 1767,
page 124 9 la défigne fous le nom de cifiiis3 , ficyoides,
foliis fubcordatis nudis , fetaceo-ferratis, ramulis tere-
tibus, 6c il la confond avec la vigne d’Amérique ,
figurée par le P. Plumier, fous le nom de vitis foliis
dentatis, icônes Burmanni, planche CCL IX , figure 2 ;
& avec celle que Rumphe appelle finis crepitans majo
r & minor prima &" fecunda , dans fbn Herbarium
Amboinicum , volume V , planche C LX IV , figure 1 <S*
2 , page 446. Mais on va voir, par la defcription de
ces trois plantes , que ce font trois efpeces différentes.
Première efpece. CADAVALLI.
Le cadavalli a la racine cylindrique ligneufe, blanchâtre
, longue d’un à deux pieds, fur un demi-pouce
à un pouce de diamètre, très-ramifié.
Il en fort deux à quatre tiges , longues de vingt à
trente pieds, ferpentantes 6c grimpantes,cylindriques
de trois à quatre lignes de diamètre , charnues, tendres
, pleines d’un fuc blanc laiteux , vertes extérieurement,
mais femées çà 6c là d’une farine blanche
, femblable à de la chaux formée par l’exficcation
de la tranfpiration de ce fuc.
Ses feuilles font alternes, difpofées circulairement
le long des tiges, à des diftances de quatre à fix pouces
, taillées en coeur, longues de cinq à neuf pouces
, d’un quart moins larges, échancrées d’un fixie-
me à leur origine , terminées par une longue pointe
à leur extrémité oppofée , ornées de chaque côté
des bords, de cinquante à quatre-vingts denticules
terminés en foie , minces, fragiles, liffes, brunes,
ternes deffus, luifantes deffous, relevées d’une groffe
côte longitudinale , ramifiée de fept à huit paires de
nervures oppofées de chaque cô té , dont les infér
rieures forment cinq côtes rayonnantes , 6c portées
fur un pédicule cylindrique prefqu’égal à leur longueur.
D e l’origine de ce pédicule fortent deux flipules
affez grandes , caduques , & à l’oppofé du pédicule
même ,,une vrille auffi longue qu’elles, 6c ramifiée
à fon rffilieu de trois à quatre branches alternes.
Les corymbes des fleurs fortent, non pas de l’aif-
felle des feuilles, mais du côté qui leur eft oppofé, 6c
feulement fur les petites branches, de forte qu’elles
tiennent la place des vrilles qui leur manquent.
Ce corymbe égale à peine la longueur des feuilles,
6c il eft partagé à fon milieu en cinq à fix branches
alternes , terminées chacune par un bouquet de trois
à neuf fleurs blanchâtres, ouvertes en étoile de deux
lignes de diamètre, 6c portées fous un angle de quarante
cinq dégrés d’ouverture, fur un péduncule c y lindrique
fort peu plus long.
Chaque fleur eft hermaphrodite 6c pofée au-def-
fous de l’ovaire. Elle confifte en un calice à quatre
feuilles petites , triangulaires, égales, en quatre pétales
égaux, triangulaires, une fois plus longs , &
en quatre étamines de même longueur ; l’ovaire
eft fphéçoïde, petit, porté fur un difque applati, qui
l’éloigne des étamines 6c de la corolle , 6c furmonté
par un ftyle, terminé par un ftigmate hémifphérique
velouté.
L’ovaire en muriffant eft accompagné du difque
qui groffit un peu au-deffous de lu i, 6c devient une
baie ovoïde très-courte ou fphéroïde , longue dé
cinq lignes , à peine d’un quart moins large , verte
d’abord, enfuite très-noire , luifante , charnue, fuc-
culente , pleine de chair on&ueufe, à une feule loge
, contenant un offelet ou pépin ovoïde , de trois
lignes de longueur, d’un tiers moins large , cendré-
noir à amande bleu-pâle.
Culture. Le cadavalli croît au Malabar fur les lifie-
res des grandes forêts ; il eft vivace.
Qualités. Son fuc eft blanc de lait, très-âcre 6c de
mauvaife odeur. Celui de fes fruits eft verd 6c extrêmement
âcre.
Ufages. De fes farmens les Malabares font des paniers
6c dés corbeilles qu’ils appellent cada, pour
enfermer leur manger. Son fu c , tiré par expreflion
6c cuit avec l’huile , s’emploie en emplâtre pour réfoudre
les humeurs les plus épaiffes, Sa décoélion,
avec le fucre , fe donne dans les fîevres ardentes 6c
la pleuréfie. L’eau qui coule naturellement de fes tiges
, donnée avec le fucre, a le même effet, adoucit
la tou x , purifie le fang, guérit la pulmonie 6c
arrête les crachemens de fang. Sa racine, pilée 6c
cuite dans l’eau, fe met entre les dents pour en ap-
paifer la douleur. Son écorce pilée , s’applique fur
les ulcérés pour accélérer la reprodu&ion des chairs.
Deuxieme efpece. Babounji.
Les Malaÿs appellent du nom de babounji ou
tali babounji, une autre efpece de cadavalli,1 dont
Rumphe a fait graver une bonne figure , quoique
fans détails , au volume V. de fon Herbarium Amboinicum
y pagt 44^9 planche C L X IV , rP. / ., fous le
nom de funis crepitans, qui rend bien l’idée du nom
Malays tali babounji.
Cette efpece différé du cadavalli, eh ce que i ° . fa
racine eft extrêmement longue, fortant par intervalles
au-deffus de la terre, s’y replongeant enfuite,
6c produifant çà & là un grand nombre de tiges qui
empêchent de diftinguer la principale : fon écorce
eft vilqueufe 6c fouple ; 20. fes tiges font plus épaif-
fes, d’un pouce environ de diamètre , plus longues,
plus fouples, vertes, mêlées de brun , 6c comme
articulées ; 30. fes feuilles forment un coeur de cinq
à fix pouces au plus de longueur, fur une largeur
de moitié moindre ; 40. leurs dentelures font moins
nombreufes & jplus obtufes , fans filet au bout, au
nombre de fept à huit de chaque côté , comme les
nervures ; 50. elles n’ont que trois groffes côtes à
leur origine en deffous ; 6°. le pédicule qui les porte
eft deux à quatre fois plus court qu’elles ; 70. le corymbe
de fes fleurs eft une fois plus court que les
feuilles , 6c compofé feulement de neuf à douze
fleurs.
Culture. Le babounji croît communément dans les
bois peu élevés , tant fur le rivage que dans les
champs, oit il jette des tiges fi nombreufes 6c fi
longues, que fou vent on ne peut en diftinguer la fou-
che ou la tige principale. Ses fruits font mûrs en
mars & en avril.
Qualités. Ses tiges ont la propriété, pour peu
qu’on les plie , de craquer ou de faire un bruit auffi
fort que fi on les caffoit, fans cependant fouffrir le
moindre dommage. Toute la plante a une odeur
forte. Ses feuilles ont une faveur légèrement acide,
qui caufe une légère démangeaifon à la bouche.
Ufages. Les habitans de Baleya , malgré l’âcreté
qu’ont fes jeunes feuilles, les font cuire avec les
autres herbages, pour les manger en farce*
Troijîeme efpece. BlSOL.
La troifieme efpece de cadavalli, nommée bifol
par les habitans d’Amboine , a été bien gravée, mais
avec peu de détails par Rumphe , dans fon Herbarium
Amboinicum, vol. V , page 4 4 6 , pl. C L X IV 9
7i°. 2 , fous le nom de fin is crepitans minor. Les Malays
l’appellent brifol ou daun brifol, ou daun apof-
tama ; les habitans d’Amboine wari lottu-lôttu, ceux
de Baleya fambong tulang, qui veut dire confoude
des os , ceux de Ternate, goemi rotto-rotto , c’e ft-à -
dire liane pétillante.
\ Elle différé du babounji, en ce que i° . fes tiges
font comprimées, cendrées en-bas, brunes en-haut,
tachées de .verd ; z°. fes feuilles font un peu plus
petites & plus alongées à proportion , longues de
quatre à cinq pouces au plus ; 30. le pédicule qui
les porte , eft une à deux fois plus court qu’elles ;
40. le corymbe des fleurs eft prefque feffile, à peine
auffi long que le pédicule des feuilles, compofé
de quinze à vingt fleurs ; 50. fes baies ou raifins font
fpheriques, de trois lignes au plus de diamètre , à-
peu-près comme les baies du fureau.
Qualités. Le bifol fe trouve dans les mêmes lieux
que le babounji, mais il fait beaucoup plus de bruit
lorfqu’on le plie. II a les mêmes vertus que l’arifto-
loche.
Ufages.Ses feuilles amorties fur le feu, & mêlées
avec un peu de curcuma & de fel, s’appliquent en topique
fur les tumeurs, pour les faire ouvrir&abfcé-
der ; lorfqu’on les applique dès le commencement
de leur formation, elles les empêchent d’augmenter
& les diffipent, comme lorfqu’on y applique l’opium
ou le fuc du limon. Leur principale vertu confifte à
refoudre ou à faciliter la foudùre des os caffés, comme
fait l’ofteocolle, d’oii lui vient fon nom, & il
femble que la nature ait voulu indiquer cette vertu
par le craquement qu’elle fait, comme fi elle fe caffoit
pour peu qu’on la plie.
Remarques. La vigne deffinée par Plumier, fous le
nom de vitis hedera folio ferrato, catalog. page 18 ,
planche CLII, figure 2 , eft encore différente des deux
precedentes par fes feuilles velues , & portées fur
des pédicules quatre ou cinq fois plus courts qu’elles.
Voilà donc quatre efpeces de plantes confondues
comme une feule efpece , & fous le même nom de
ciffus ficyoides par M. Linné , & ce nom de cijfus eft
lui-meme fautif, puifqu’il eft le nom grec du lierre,
hedera ; on ne pouvoit donc réunir un plus grand
inombre de fautes, que M. Linné en a réunies en prétendant
déterminer 6c clafler ces efpeces de vignes
étrangères , qui pourroient faire un genre particu-î
lier <jue nous indiquerons fous celui de bifol, & qui
doit être ran|é auprès de celui de la vigne , dans la
famille des câpriers , 6ç non dans une autre famille,
comme a fait M. Linné, qui place la vigne dans la
cinquième claffe de la péntandrie , & le b ifo l, qui
eft fon ciffus, dans fa quatrième claffe de la tetran-
drie , quoiqu’il fâche, ou qu’il doive fayoir, que j
fou vent la vigne n’a que quatre étamines. Voyez çe !
que nous avons dit à Ce fujgt dans le volume It. de
nos Familles des plantes,, page 408. (M. A d a n soir.)
* § CADAVRE. {Hifi. nat.) Voici un fait bien extraordinaire,
rapporté par un auteur digne de foi.
^ Deux perfonnes , un homme & une femme , périrent
dans les neiges le 14 janvier 16 74, & ne furent
trouves que le 3 mai fuivant ; mais ils fentoient
V ° r t 9 H |OI^ ordonna qu’ils fuffent enterrés fur le
champ., au lieu même oii ils avoient été trouvés
c eft-à-dire dans la paroiffe de Hope , proche des
bois , dans la province de Derby en Angleterre.
Ces cadavres demeurèrent en terre couverts de
moufle pendant vingt-huit ans & neuf mois , an
bout delquels quelques perfonnes, qui avoient apparemment
obfervé que la terre de c es quartiers a
la propriété de préferver les corps morts de cor-
ruption , eurent la curiofité de voir fi ces cadavres
s étoient conferves. On les déterra donc , ÔC on
trouva qu ils n’etoient prefque point changés ; - la
couleur de leur peau étoit fraîche 6c naturelle , &
leurs chairs molles, comme celles des perfonnes
*qui viennent de mourir. On les expofa enfuite à la
vue du public pendant vingt ans, durant ce temps ils
changèrent beaucoup. Cependant le dofteur Bourn,
de Chefterfield , qui fut les voir en 1716, trouva
que l’homme étoit encore entier : fa barbe, qui
étoit épaiffe, avoit près d’un quart de pouce de
longueur , fes cheveux étoient courts , fa peau
dure 6c de couleur de cuir tanné, comme l’eau &
la terre oii ces cadavres avoient été couchés. Il
avoit un habit de drap , dont M. Bourn voulut déchirer
un morceau fans pouvoir en venir à bout
tant ce drap s’étoit confervé. La femme qu’on avoit
entièrement tirée de la terre, étoit plus corrompue.
On lui avoit arrache une jambe : fa chair étoit un
Çeu changée, mais fes os etoient fains. Ses cheveux
etoient longs 6c élaftiques comme ceux des perfonnes
vivantes. M. Bourn lui arracha une dent, dont
la partie fituee dans l’alvéole étoit élaftique comme
une lame d’acier ; mais expofée à l’a ir , elle perdit
bientôt fon élafticité.
Le petit-fils du défunt fit enfin enterrer ces deux
cadavres dans l’églife de Hope , 6c en ouvrant leur
foffe quelque temps après, on trouva qu’ils étoient
entièrement confumés.
M. Wermald, miniftre de Hope , les vit tirer du
lieu ou on les avoit mis d’abord. Il obferva que la
foffe oii ils étoient avoit environ trois pieds de profondeur
, que le fol ou la moufle en étoit humide,
mais qu’il n’y avoit point d’eau. Il leur vit ôter leurs
bas ; les jambes de l’homme, qui n’avoient point été
expofées à l’air , étoient to u t-à - fa it blanches , la
chair en etoit ferme , 6c les jointures étoient fouples
, fans la moindre roideur. Ce qui reftoit de
leure habits ( car le peuple en avoit coupé & emporté
la meilleure partie par curiofité) n’étoi't point
ufé ni pourri. Voilà fans doute des faits bjen remarquables
, & propres à exercer les philofophes, quoique
l’on connoiffe quelques autres faits analogues.
( Article tiré des Trànfactions philofophiques de la Société
royale de Londres.)
§ CAD D O R , {Géogr.) « ville d’Afie. . . . royaume
» de Brampour»-----Dict.raif. des Sciences, &c.
tome I I , page S u . On ne connoît point cette ville. Il
n’y a point de royaume de Brampour : Brampour eft
la capitale de la province de Candifa, dans les états
du Mogol. (C)
CADELART, f. m. {Hifi. nat. Botaniq.) plante du
Malabar, très-bien gravée, quoique fans détails, fous
ce nom, par Van-Rheede, dans fon Hortus Malaba-
ricus, volume X , planche L X X V I l l , page i55. Les
Brames l’appellent cante mogaro. J. Coinmelin, dans
fes notes lur cet ouvrage, l’appelle verbena indica
Bontii. M. Linné, dans Ton Syfiema natura, édition