
•volume I V , page n G , dit que la morfure de l’heretï-
mandel eft mortelle, mais -feulement à la longue ,
que les chairs commencent d’abord par fe fphaceler,
que la gangrené gagne les chairs qui fe détachent 8c
tombent fucceflivement en faifant fouffrir le malade
les douleurs les plus cruelles , jufqu’au dernier moment
de leur vie. Ce même auteur nous apprend
encore que les Malabars ont un remedefouverainde
tous ces accidens, dans les feuilles de l’arbre qiï’ils
appellent beflram , dont ils boivent la décoélion dans
l’eau avec le fruit falé, c’eft-à-dire , mariné du
mangier.
Il habite les lieux humides , voifins des eaux, tels
què ceux plantés en papayers 8c bananiers. Il v it de
grenouilles, fauterelles 8c autres infefres. Irrité il
renfle fon cou 8c rend un fifflëment comparable à
celui de la grenouille.
Deuxieme efpece. C a b e l o .
Kcempfer, dansfes Amoenitates, page S 6 y , donne
la figure d’une autre efpece que les Portugais deSiam
appellent cabelo , 8c que Seba a fait graver planche
L X X X IX , n°. /. du fécond volume de fon Thefau-
rus, fous le nom de ferpens noja Siamenfis cum conf-
picillo , feu cobra de capello vel cabelo diclus.
Il a le corps long de trois pieds 8c demi, large
de feize lignes au milieu , de vingt-quatre lignes au
renflement du cou ; la tête d’un tiers plus longue que
large ; les yeux font grands, étincellans ; les dents
antérieures font petites, couvertes par les levres ,
les poftérieures font longues, recourbées en arriéré
de maniéré qu’elles lâchent difficilement ce qu’elles
ont uhe fois accroché.
Les écailles du deffus de fon corps font petites ,
fhomboïdales ou en lozanges pointus ; celles qui
recouvrent le deffous du ventre , de la tête à l’anus,
font quarrées , longues , tranfverfales au nombre de
2 5 o ,& la queue en a environ 8opaireSi
La couleur de fon corps efr cendré-rouge deffous,
brun ou roux-noir deffus , avec une lunette fur le
cou , jaune, bordée de roux.
Moeurs. Le cabelo eft commun à Siam.
Troijieme efpece. D lA D EM A .
Il y a à Macaffar une autre efpece de cobra-capella
appellée diadema par Seba, 8c gravée au n°. 1. de
la planche J iL IV du premier volume de fon Thefaurus
imprimé en 1734 , page y t , fous le nom de cobra de
capella ex India orieniali, feu ferpens diademate vel
perfpicillo faciem hominis reprcefentante infgnita.
Il a le corps long de deux pieds & demi, large de
dix lignes au milieu, de vingt lignes au renflement du
cou qui eft prefque rond , la tête aufli large que longue
, les yeux grands, & les écailles du deffus du
corps elliptiques arrondies.
Il eft blanchâtre en deffous, cendré-jaune en-def-
fus 8c marqué d’une lunette noire qui différé des
autres en ce que les anneaux ne font pas fermés, &
qu’ils entourent en partie feulement deux points
noirs qui imitent deux yeux , 8c que le tout oppofé
à un autre point noir qui imite la bouche 8c deux
traits furie côtés , de forte qu’en total, cette lunette
repréfente les traits principaux de la face humaine.
Quatrième efpece. CONSPIÇILLUM.
On peut défigner par le nom de confpicillum ou lunette
, la quatrième efpece qui a été gravée par Seba
au fécond volume de fon Thefaurus , pi. L X X X IX ,
n°. i , fous le nom de ferpens cum confpicillo minor.
Il a le corps long d’un pied un quart, large de
quatre lignes au milieu, 8c de neuf lignes au cou qui
eft enflé en ovale.
Sa couleur eft un roux-brun ou foncé.
Moeurs. Il eft particulier auxîles Muluques fur-tout
à Macaffar.
Remarque. Il diflere peu du cabelo du n°. 2.
Cinquième efpece. C O B R A DE CAPELLO.
Le vrai^cobra de capello des Portugais a été gravé
par Seba à la pl. X C , n°. 1 & 2 , de fon volume I I
page s)C f fous le nom de ferpens Indiens coronatus
diademate , feu confpicillo injignitus Lujitanis cobras
de capello diîlus.
Son corps eft long-de quatre pieds, large de douze
à quatorze lignes à fon milieu, de vingt-quatre à
vingt-fix lignes à fon cou qui eft renflé en ovale ; fa
tête eft beaucoup plus obtufe, comme .tronquée,
aufli large que longue , 8c fa queue fe termine tout-
à-coup en une pointe conique moins alongée.
Les écailles du deffus de fon corps font longues
elliptiques.
11 eft cendré-clair en-deffous, jaune-rouffâtre en-'
deffus , 8c marqué d’une lunette jaune bordée de
brun. La femelle n’a point cette lunette, 8c elle eft
un peu plus petite que le mâle.
Sixième efpece. N a j a .
Les habitans de Ceylan appellent du nom de naja.
8c de celui de naghaja , l’efpece dont Seba a donné
deux figures , l’une du mâle , l’autre de la femelle ,
au volume 11 de fon Thefaurus, pl. X C V lI , fig. 1 &
2 , page 102, fous le nom de ferpens Indicus nojas
feu Luftanis cobra de capello diclus maximus , confpicillo
notât us mas n°. 1 , & famella fine perfpicillo ,
h°. 2.
Il a trois pieds de longueur fur vingt lignes de largeur
au milieu du corps , 8c trente-fix lignes au cou
qui eft renflé en coeur ; fa tête'eft arrondie , moins
obtufe que dans le cobra de capella, à-peu-près
comme celle de l’heretimandel ; fes dents antérieures
font infenfibles.
Les écailles du deffus du corps font elliptiques, ob-
tufes ; celles du deffous entre la tête & la queue font
au nombre de 160 tranfverfales, & la queue en a
en-deffous 80 paires.
Il eft jaune.en-deffous, cendré-jaune en-deffus ,
avec une lunette formée de deux lignes noirâtres ,
parallèles , qui entourent deux points noirs, de maniéré
qu’en total, cette lunette repréfente affez-bien
une face de chat.
Moeurs. Ge ferpent eft naturel à file de Ceylap.
Septième efpece.
Le ferpént que Seba a fait graver au même volume
I l , planche X C V I I , n°. 1 , page 103 , fouS- la
dénomination de ferpens Ceylanicà confpicillo notala
feu cobra de capello , eft encore de ce genre.
Il n’a guere qu’un pied de longueur fur fix lignes
de largeur au milieu du corps, & huit lignes au
renflement de fon cou qui eft ovale ; fa tête n’a pas
plus de longueur que de largeur, elle eft anguleufe,
inégale.
Sa couleur générale éft un brun-clair, marqué de
quelques anneaux plus clairs ; la lunette de fon cou
eft jaune &les anneaux de la lunette font remplis par
une grande tache noire.
Moeurs. Cette efpece fe trouve à Pile de Ceylan
comme le naja.
Huitième efpece.
Seba en a fait graver une huitième efpece, volume
II,planche L X X X IX , n°. 4 , page $ 6 , fous le nom
de ferpens Brajîlienfs cum corîfpicillà cordis oculati
formam habente.
Il a un pied & demi de longueur fur cinq lignes de
largeur au milieu du corps , & dix lignes au renflement
du cou qui eft ovale; fatete eft ovoïde de moitié
plus longue que large.
Son corps eft jaunâtre deffous, roux en-deffus >
annelé d'une vingtaine de cercles larges,rouge-bhins,
& marqué fur le renflement du cou d’une lunette en
coeur, blanchâtre , avec quatre points noirs.
Moeurs. Ce ferpent eft commun au Brefil.
Nèuvieme efpece.
La neuvième 8c derniere efpece vient des Indes ;
Seba en a fait graver une bonne figure fous le nom
de ferpens Indicus cum confpicillo lepidef circulatus.
Thefaur. vol. I I , planche X C V I I , n°. 3 , page g 5.
Son corps a un pied un quart de longueur, fur
quatre lignes de largeur à fon milieu, 8c lept lignes
à fon cou qui à un renflement ovale.
Il eft cendré-jaune, annelé de 45 à 50 anneaux
rouge-brun, diftribués de maniéré que deux plus
larges font l’alternative avec trois plus étroits.
Remarques. Si ces neuf efpeces font différentes,
M. Linné a eu tort de les confondre toutes , 8c encore
plus de leur donner le nom de la couleuvre ,
colaber, qui n’eft point malfaifante ; s’il eft v ra i,
comme on n*en peut douter^, qu’elles ne foient aufli
venimeufes ou plus venimeufes encore que la vipère.
Leur cou renflé plus que tout le refte du corps ,
eft un caraûere bien fuftifant pour en faire un genre
particulier qui ne fe borne papaux neuf efpeces que
Seba a fait graver. |
On lit dans un di&ionnaire intitulé, Dictionnaire
d'Hifioire naturelle , à l’article cobre de capello, que
cet animal gonfle fa jou e, que l’efpece qui fe trouve
à C eylan, s’appelle cobra de neufria , enfin^que tous
les ferpens qui ont comme celui-ci fur la te te , une
couronne en figure de lunette, font de la famille du
ferpent à lunette. La vérité nous oblige de dire que,
la neujlria n’eft point à Ceylan, mais en Hollande ;
que le cobra capella n’enfle point fa joue , que la lunette
n’eft pas fur fa tête, 8c qu’il y a beaucoup
d’autres ferpens qui ont une pareille tache en lunette
& qui ne font pas de ce genre. Le public nous fauroit
mauvais gré de ne pas arrêter de pareilles erreurs
dès leur origine. (M. A d a n s o n .)
COCAGNE, f. f. ( Hifi. nat. Botaniq. ) la guede
ou vouede dont on tire la couleur bleue , appellee
paftel , fe réduit d’abord en petits pains que l’on
nomme cocagne , d’où vient le nom de pays cocagne
qu’on donne aux pays où l’on' cultive cette plante.
On leur donne aufli le nom de côcs. Voye{ C o c s ,
G uede & Pastel. (M . A d a n s o n . )
COCHEMAR , ( Med. ) eft un fentiment de pe-
fanteur fur la poitrine, qu’on éprouve en dormant,
8c qui fatigue autant que pourroit le faire un grand
fardeau , 8c allarme encore plus par l’idée des phan-
tômes & autres chimères qui l’accompagnent ordinairement;
mais cette oppreflîon & ces frayeurs fe
diflipent par le rév eil, fi ce n’eft qu’elles laiflent
quelquefois la palpitation du coeur 8c beaucoup de
laflitude. ' ■ •
II tire fon nom du Grec ivi 8c de ctXXopai, fupra
inflio, je faute deffus: parce que celui qui en eft
attaqué, s’imagine qu’il a un animal fur la poitrine.
Themifon lui a donné le nom de pingalion , à
caufe de la fuffocation qui l’accompagne ; il l’a aufli
appellé pnigamon , c’eft Yépibote d’Aurelianus ; c’eft
comme fi l’on difoi-t jette deffus. En effet, on trouve,
des perfonnes qui rêvent qu’un poids qu’ils ont fur
eux les fuffoque. Diofcoride l’appelle nvryp-tv, wo
*<p)a.xtov ; 'Pline, ludibriafanni : çar les Romains accor-
doient aux faunes, ce que ceux de notre pays donnent
aux efprits mal-faifans qui errent pendant la
nuit, comme les anciens ont fait aux démons , aux
incubes 8c aux fuccubes. On appelle encore cette
maladie incube 8i fuccube; à Lyon elle porte le npm
de ckauchevieille; d’autres, comme Galien, lui confer-
vent la dénomination d'èpilepfe nocturne-, d’afthme
nocturne, &c.
C ’eft un genre de maladie périodique pendant la
nuit, ou qui attaque en dormant ; fes fymptômes
principaux font une forte anhélation-, accompagnée
de l’infomnie d’un certain corps qui comprime la
poitrine.
Cette maladie attaque fur-tout ceux qui dorment
à la renverfe ; elle fe manifefte par une refpiration
plaintive , tremblante ,.douteufe; le malade eft auflï-
tôt éveillé, le fommeil & la maladie s’évanouiffent
alors.
L’ame, dit Hippocrate ', veillé 8c fait toutes les
fondions du corps“, pendant que l’homme dort : le
cochemar en fournit la preuve. C a r , de même que
l’ame avertie quand on dort, de l’acrimonie de la
femence qui eft dans les véficules, examinant cette
fenfation , elle l’unit à celles qui ont de l’affinité avec
elle , ou qui font accoutumées à l’accompagner, &
en conféquence defirant d’affouvir fa cupidité , elle
met en éreûion la verge & termine l’ade vénérien;
ainfi dès qu’il y a quelque obftacle dans les organes
de la refpiration qui lui fait réfiftance , l’imagination
erre aifément, 8c elle voit à cette fenfation l’idée ,
foit d’un démon qui faute , d’un chat ou d’un chien ,
qui preffe la poitrine , ou d’une vieille mal-faifante
qui étrangle , d’où il arrive que celui qui rêve étant
tourmenté par la crainte ^s’agite , fu e , 8c fe plaint
autant qu’un fommeil profond le lui permet. Quand
le fommeil eft interrompu, celui qui eft attaqué de
cochemar reconnoît fon erreur 8c ne tarde pas à fe
rétablir.
Dans ce cas, l’obftacle qui s’oppôfe au mouvement
de la poitrine , détermine le fommeil; mais il
eft certain qu’un fommeil anticipé détermine quelquefois
la fuffocation ;8c je me fouviens d’ avoir rêvé
plufieurs fois étant jeune , qu’un chat montoit dans
mon l i t ,& que je ne me fentois fuffoqué que forfque
je m’imaginois qne le chat montoit de mes pieds vers
ma poitrine. C ’etoit le fonge qui déterminoit la fuffo-?
cation , 8c non la fuffocation qui déterminoit le fonge
, comme on le croit vulgairement. Après çétte
obfervation, il fuit que l’imagination, fans aucun
vice corporel dans la poitrine, fuffit pour occafion-
ner une dyfpnée très - confidérable avec fièvre ,
fueur, angoiffe beaucoup plus grandes que fi la caufè
que nous imaginons , exiftoit réellement en nous. '
Ce qui eft digne de remarque, c’eft que nous avons
coutume de reprocher aux perfonnes qui nous tiennent
long-tems en fufpens , & en même tems fort
attentifs par les circonlocutions d’un cîifcours qui
nous annonce quelque caS grave : nous avons, dis-
je , coutume de leur reprocher qu’ils nous donnent
un cochemar; parce què l’attention trop forte que
prête notre ame, arrête tellement en nous pourquel-
que tems, la refpiration, que nous refpirons enfuite
avec.heaucoupde peine 8c de difficulté, quand nous
relâchons notre poitrine 8c que l’attention diminue.
Le cochemar pléthorique, c’eft celui qui fe fait fen-
tirà ceux qui dorment à la renverfe; il peut être aufli
caufé par la chaleur du lit , par le poids des couvertures
, fur-tout fi le vent du midi fouffle, 8c par la ■
pléthore , quand on fait trop bonne chere , ou que
l’on a fouffert la fuppreflion d’un écoulement fan-
guin ; car il n’y a rien de plus ordinaire que de voir
dans ces circonftances, le fang fe porter au cerveau,
8c exciter des fonge,s qui, dans les uns,, produiront
la panophobie ; dans ceux-ci une gonorrhée lafeive;
dans ceux-là,le cochemar, fur-tout fi le fang demeure
ftagnant dans les poumons, à caufe de leur relâchement
précédent.
On prévient Cette efpece de cochemar par la fai-
gnée, en mangeant peu, en fe paffant de fouper ,.en
le couchant fur le côté , 8c en tenant fa tête plus
élevée.