
très-dure & fonore fans être brûlée. Ôn appelle brique
brûlée, celle qui reffemble plus ou moins à du
mâche-fer, ou aux fcories des métaux ; celle ou la
chaleur noire &: l’abondance des cavités fphériques
indiquent qu’elles ont fouffert l’ébullition : les bri*
quesde cette efpece font toujours déformées, fou-
vent jointes inféparablemenr avec d’autres; elles
font luifantes dans toutes leurs caflùres, 8c donnent
du feu fous les coups de briquet. Je ne prétends pas
dire ici qu’elles foient moins 'bonnes dans les eon-
ftru&ions , que celles qui font moins cuites ; mais
elles ne font pas propres à être placées aux paremens
des édifices, & fi l’on vouloit pouffer la pluralité des
briques d’un fourneau jufqu’à ce degré de cuiffon,
on tomberoit fouvent dans un exces ruineux pour
les entrepreneurs. _
On juge trop peu cuite au contraire, la brique
dont la matière nes’eft point affez durcie dans le feu ;
enforte qu’elle s’éerafe facilement lous le marteau,
qu’elle rend un bruit fourd quand on la frappe, 8c
paroît avoir encore retenu une partie des cara&eres
de l’argile crue.
Je n’ai pu raflémbler affez d’obfervations fur les
anciens édifices, pour être parvenu à favoir à quel
degré de cuiffon avoient été portées les briques qui
fe (ont le mieux liées avec les mortiers , pour recon-
noître f i, comme je le foupçonne, des briques peu
cuites ne s’y font pas durcies avec le tems ; s’il n’y
a pas quelqu’aâion réciproque entre la concrétion
des mortiers bien conditionnés, 8c les matières plus
ou moins folides dont ils fe faififfent. Au défaut de
ces lumières , qu’il pourroit être important d’acquérir
, le jufté milieu ou le dégré de cuiffon, que l’on
juge communément convenir le mieux à ces matériaux
faftices, c’eft celui que je crois réfulter de la
plus grande chaleur que leur matière puiffe foutenir
fans ébullition , puifque les briques bien formées,
très-dures & fort fonores, né manquent jamais de
fe rencontrer dans les fourneaux, auprès de celles
qui font empreintes de quelques marques d'ébullition.
Mais quel que doive être le point de chaleur le
plus propre à nous fournir les meilleures briques,
il eft vraifemblable que l’on peut avec juftice attribuer
à la négligence ou à l’impéritie du cuifeur, la
plupart des défauts que l’on remarque dans les fourneaux
lorfque l’on en enleve les briques.
Si, par exemple , le cuifeur s’abfente pendant l’enfournage,
8c que le vent s’élève pu change de direction
, comme on n’aura pas affez tôt ajufté lés
pàillaffons de l’abri-vent fur cette variation de l’air,
le feu fe portera totalement fur l’un des flancs du
fourneau, la brique s’y brûlera, 8c celle du flanc
opfîofé ne cuira point.
En un mot, la fabrication de ces matériaux en
plein air eft foumife à un grand nombre d’accidens
qui dépendent prefque tous de la mauvaife volonté
des ouvriers, 8c du. peu de vigilance des gens pré-
pofés à les furveiller. Je crois qu’avec plus d’attention
, il eft pofîible de furmonter les obftacles qui
peuvent venir de l’intempérie de l’air, 8c des différentes
qualités du charbon ou même de la matière
des briques.
Quoique M. Fourcroy ait expliqué fort en détail
la conftruôion du fourneau à briques ; comme la
pratique des brique tiers eft affez différente, fur-tout
fuivant la grandeur des fourneaux, il eft bon de rapporter
ce que M. Gallon dit du fourneau pour cuire
roo ou zoo milliers de briques : en détaillant ainfi
la pratique des différens ouvriers , le fond de l’art
en fera mieux connu.
Suivant M. Gallon, la bafe d’un petit fourneau
deftiné à cuire zoo milliers de briques, doit être de
-43 briques de longueur, de 4-1 da largeur, & fon
épaiffeur de 3Z champs de briques; ce qui fait dix à
onze pieds d’élévation : on fait qu’un champ de
briques eft un lit de briques pofées de champ fur un
de leurs longs côtés.
Pour un fourneau plus petit qui ne devroit contenir
que 100 milliers de briques, on met zz briques
en quarré ; & on le monte à z z ou 23 champs
de hauteur.
On fait à ces fours-ci quatre gueules ou bouches à
la face du fourneau; 8c pour les fourneaux qui contiennent
zoo milliers de briques, on fait fix gueules.
Il eft bon de remarquer qu’on choifit pour faire le.
pied des fourneaux les briques les plus anciennement
moulées , ou les plus feches ; ou même qu’on
y emploie, comme l’a dit M. Fourcroy, des briques
cuites.
Les trois premières couches font difpofées parallèlement
les unes aux autres , mais tant plein que
vuide ; c’eft ce que les ouvriers nomment clair-champt
L’emplacement du fourneau étant égalifé & ap-
plati, la divifion des bouches ou gueules fe trouve,
favoir ; le premier maflif n’a que deux briques de
largeur ; on laiffe enfuite un intervalle d’une brique
ou une brique 8c demie ; le fécond intervalle 8c les
fuivans font de fix briques, excepté le dernier qui
e ft, comme le premier, de deux briques ; c’eft ce
qu’on appelle la face du four, qui eft en total de
42 briqués, en fuppofant que fix bouches ont une
brique & demie de largeur.
Le premier tas ou la première Couche , eft formée
de trois afîifes de briques, pofées horizontalement ;
la fécondé, de deux afîifes de briques, pofées obli«*
quement fur la première couche, de forte qu’elles
forment des lignes diagonales ; au troifieme tas, les
briques croiffant en équerre celles du premier, les
coupent perpendiculairement, 8c c.oupent obliquement
celles du fécond. Enfin à la quatrième couche *
les briques qui font jointives , forment l’affemblage
des trois premiers tas : on met enfuite trois autres
afîifes de briques, pofées dans le même fens que la
première couche, &c.
Avant d’établir ces tas, on remplit les vuides des
clairs-champs, avec de gros morceaux de charbon
de terre, d’un volume cependant à pouvoir entrer
dans les jours, 8c defcendre jufqu’au fond du four.
En même tems qu’on diftribue ce charbon dans
l’étendue de chaque maflif, on charge les galeries
d’une certaine q u a n tité s bois, dans toute leur longueur
; 8c pardeffus ce bois, on met du petit charbon
qu’on appelle gayette. On conçoit que tout étant à
jour au pied du fourneau, le feu doit fe communiquer
par-tout.
On répand du charbon pilé ou gayette, fur le
quatrième tas : la quantité de charbon eft eftimée
fuivant fa bonne qualité ; fi c’eft pour la première
fois qu’on en fait ufage, fon épaiffeur doit être d’un
pouce au neuvième 8c dixième tas ; 8c comme on
met le feu lorfqu’on a établi le feptieme tas , le
briquetier eft à portée de connoître au neuvième
quelle eft la qualité du charbon qu’il emploie. Lorfque
le charbon eft de la meilleure efpece, on peut
épargner trois tas fur vingt-huit ; mais on met tou-*
jours des bordures d’un pouce d’épaiffeur 8c de la
largeur 'de deux briques ; ces bordures paroiffent à
M. Gallon bien imaginées : i° . pour augmenter la
chaleur au pourtour du fçuroù l’ouvrage n’eft pas
ordinairement affez cuit ; z°. parce que l’affaiffe-
ment étant plus grand où il y a plus de charbon, la
furface du champ fe conferve plus régulière.
11 y a des briquetiers qui épargnent jufqu’à feize 8c
dix-fept tas, en mettant alternativement des couches
en plein & Amplement des bordures;mais par cette
économie mal entendue, leur fournée eft fouvent
ïhanquée. Voici comment ils diftribuent ce$ lits &
ces bordures.
Les quatrième, cinquième 8c fixieme lits, dit M.
Gallon, font couverts chacun d’une couche de gayette
d’un pouce d’épaifféur; au feptieine lit, on en met
moins d’un pouce, 8c on diminue toujours l’épaiffeur
de la couche de gayette jufqu’au quinzième lit, où
la couche de charbon fe trouve réduite à un demi
pouce d’épaiffeur3 au feizieme lit , on ne met qu’une
fimple bordure ; le dix-huitieme eft couvert en plein :
il n’y a qu’une bordure au dix-neuvieme: la couche
eft en plein au vingtième : on en met feulement une
bordure au vingt-unieme ; & ainfi alternativement
jufqu’au haut du fourneau, pour lequel on emploie
cinquante muids de charbon, 8c deux cordes de
bois : ceux qui n’emploient que quarante muids de
charbon font dé mauvais ouvrage.
Pour lier 8c contenir d’une manière folide tout le
maflif du fourneau, on fait des bordures en briques:
ces bordures commencent par deux briques de largeur
: au feptieme tas, les rangs qui répondent aux
bouches des fourneaux font du même fens, 8c le
refte de la couche eft d’un fens oppofé, en retranchant
aux bords une demi-brique fur laquelle on
forme, par d’autres briques inclinées, une bordure
que les ouvriers nomment éperon, qui fert à foutenir
le huitième tas, qui doit couvrir cet éperon & arrêter
le côté du four : cette huitième couche prend
alors un arrangement tel que la bordure fe fait de
quatre briques, 8c elle ne changera plus dans toutes
les autres. On doit obferver, que l’éperon fe tranf-
poite alternativement & en fens contraire, tantôt
lùr une face 8c tantôt fur l’autre ; de maniéré que le
refte de la couche eft toujours placé comme les briques
des éperons.
Ilfautaufîî remarquer que chaque tas de briques
fe croife toujours dans le milieu, avec celui fur lequel
il eft établi ; mais non pas la bordure qui cependant
eft liée avec le maflif par la demi-brique que
recouvrent les éperons.
Il refte encore à expliquer comment on arrange
les briques pour former les fourneaux : les pieds
droits font de deux briques 8c demie de hauteur, ce
qui forme trois tas ; les briques du quatrième font
en faillie de deux à trois pouces, & les briques du
cinquième ferment tout-à-fait la voûte du fourneau,
qui, par-là, eft par encorbellement : cette difpofition
régné dans toute l’étendue de la galerie.
• Le fourneau étant à toute fa hauteur, on le couvre'
dans toute fon étendue avec une couche de vieilles
■ briques pofées à plat, qii’on arrange tout près les
unes des autres, 8c fur lefquelles on jette une certaine
épaiffeur de terre.
A mefure que le fourneau s’é lèv e, on le crépit
avec de la terre graffe : quelques briquetiers y non
contents de cet enduit, 8c pour être plus maîtres de
conduire leur feu , 8c pour empêcher que l’air extérieur
n’y pénétré , accumulent de la terre en talut
tout autour du fourneau, de maniéré qu’elle s’élève
quelquefois jufqu’au tiers de fa hauteur.
• C eft principalement en Hollande, où l’on emploie
la tourbe pour cuire la brique, de même
que la tuile. Quant au travail du mouleur 8c à la
façon de faire fécher la brique, c’eft précifément la
meme pratique qu’en Flandre , laquelle nous avons
détaillée précédemment. Mais les fourneaux que
1 on a pour le cuire, de même que la maniéré d’y
ranger la brique,different de ce que nous avons déjà .
vu là-deffus; c eft.ee qu’on verra parla defeription
que nous en allons donner.
Les fourneaux dont on fait ufage pour cuire les
briques font de différentes grandeurs, mais à peuples
tous femblables ; il en eft qui contiennent depuis
trois cens jufqu’à onze & douze cens milliers.
Celui dont ori voit la coupe 8c le plan fig. 1 & i .
pl. de Briqueterie dans ce Suppl, peut contenir 3 50
à 400 milliers de briques,dont les unes qui fervent à
parer , ont communément, étant cuites, cinq pou-
cf? T .^e ^onê » tr° is pouces | de large, & unpouce y
d épaiffeur : les autres qui font deftinées à la conf-
tfu&ion des maifons, ont huit pouces - de longueur,
quatre pouces une du deux lignes de largeur,
8c un pouce y d’épaiffeur.
Ce fourneau eft un quarré de 31 à 3z pieds dé
long, fur z6 à Z7 pieds de large, renfermé par quatre
murs de brique, qui ont au moins fix pieds d’é-
paiffeur dans le bas, & vont un peu en talut extérieurement
jufqu’à leur hauteur, qui eft environ de
dix-huit pieds ; il en eft auxquels on a ménagé aufli
Un talut intérieurement, mais dans le fens contraire ;
nous avons exprimé dans la" coupe A B , fig. 1, celui
des murs de la largeur : quant aux autres, le talut
paroît n’y prendre naiffanee qu’à la moitié on aux
deux tiers de leur hauteur : d’ailleurs, cela varié
dans prefque tous les fourneaux : il eft évident qu’on
a eu pour but de concentrer davantage la chaleur
dans l'intérieur.
Les murs fur la longueur* de ces fourneaux font
percés au niveau du f o l , d’une quantité de trous
proportionnés à leur grandeur : nous en avons vu
qui en avoient jufqu’à dix 8c douze : celui dont nous
avons fait le deflin n’eft percé que de fix, quoi-
qu aufîi grand que d’autres qui le font de huit : nous
imaginons que cette différence vient des dimenfions
des briques 8c de la grandeur des canaux ou foyers,
qu’il eft plus aifé de pratiquer plus larges 8c plus
hauts avec des grandes qu’avec des petites, comme
on peut le voir dans la coupe A B : ces trous font
placés de façon qu’ils fe çorrefpondent, ainfi qu’ort
l’a exprimé dans le plan.
On a ménagé à un des murs fur la largeur du
fourneau , une ouverture ou porte cintrée marquée
dans le plan par la lettre E , 8c dans le profil ou
coupe par C : cette porte noirs1 a paru avoir fix pieds
de largeur 8c douze pieds de hauteur : elle fert à introduire
8c à retirer les briques du fourneau : il en
eft qui ont des portes beaucoup moins hautes 8c bien
moins larges, mais alors le mur oppofé eft de cinq à
fix pieds moins élevé que les autres : dans ce cas, on
accumule de la terre par derrière jufqu’à la hauteur
de la recoupe, ce qui donne une grande aifance pour
achever de charger le fourneau, 8c pour en retirer
les briques lorfqu’ elles font cuites.
L’intérieur de ces fourneaux eft entièrement pavé
de briques arrangées de champ, de forte que le fol
en eft fort uni : les murs en fônt aufli bâtis, mais
liffés avec un mortier de la même terre dont elles
font faites , 8c avec lequel on a foin de le reçrépir
intérieurement, Idrfqu’ils font dégradés par le feui
malgré la force qu’ils ont, le grand effort de la chaleur
leur occafionne fouvent des lézardes.
Tous les fourneaux én général dont oh fè fert
pour cuire les briques de toutes efpeces , n’ont point
de couvertures. Il en eft cependant plufieurs de ceux
à cuire celles à bâtir, qui ont des toits faits en planches
8c fans tuiles pour les garantir du vent & de la
pluie : on pourvoit aux autres contre le vent avec
des nattes de jonc, que l’on change fuivant le côté
d’où il vient, lefquelles font foutenites par une efpece
de baluftrade de bois fort légère, qui régné
tout autour dans la partie fupérieure du fourneau :
ces nattes fervent aufli à mettre les briques,feches à
l’abri de la pluie pendant le tems qu’il faut pour
charger le four ; alors elles font fupportées par des
pièces de bois creufées, qui en reçoivent les eaux
pour les conduire hors du fourneau. .
Oh a appuyé une efpece de hangar de chaque côté
du four contre les murs fur fa longueur, à Peffetd’y