
infertiles, lorfqu’ils joignent aux avantagés dont
nous venons de parler , celui de procurer un excellent
bois, ainfi que le pin d’Ecoffe & le cedre du
Liban , pour.les coteaux les plus arides, ce cyprès ,
l’aulne, & certains peupliers pour les marais.
Le cyprès à feuille d’acacia fera d’un grand orne*
ment dans les bofquets d’automne & dans ceux
d’é té , par l’aménité de fon feuillage.
Les cônes de cet arbre font plus gros , & ont des
écailles plus robuftes que ceux du cyprès commun;
Les graines qui empliffent leurs parois intérieures*
font cinq ou fix fois plus groffes que celles du cyprès
n°. i. Elles font fort anguleufes, luifantes, chargées
de gouttes d’une réfine rouge, tranfparente & pénétrante.
L’écorce de ces graines, c’eft-à-dire, l’enveloppe
de l’amande ou du germe, eft bien plus dure
que celle des graines des autres efpeces de ce genre.
Le cyprès n°. 5. paroît n’être qu’un arbre du troi-
iieme ordre pour la croiffance , du moins n’offre-t-il
que cette perfpeâive dans les bonnes terres humides
de nos climats. On affure que dans les terres fraîches
de l’Amérique où il croît en abondance , il parvient
à la même hauteur que les cyprès communs, & fournit
un excellent bois. L’emplacement de Philadelphie
étoit couvert d’une forêt de ce cyprès. Elle a fervi à
la charpente des maifons de cette ville. Ceux qui
auront des terres fraîches près de quelque riviere ou
ruiffeau, peu fujets aux débordemens, feront bien
de tenter, & pourront juger fi, dans cette poiition, ce
cyprès pourra parvenir à la hauteur à laquelle il atteint
dans le Maryland & la Penfylvanie.
Il reffemble beaucoup au tuya de Virginie, avec
cette différence que les feuilles , c’eft-à-dire les
filets garnis d’écailles vertes, qu’on nomme feuilles
dans les autres arbres de cette configuration , font
une fois plus minces que celles du tuya de Virginie.
Les fleurs mâles & les fleurs femelles font placées de
même qu’elles le font fur cet arbre , mais elles font
plus petites. Ses fleurs mâles garniffent tous les bouts
des feuilles, & répandent leur pouffiere prolifique
dès le commencement de mai. Elles font fi nombreu-
fe s , que leur couleur donne à tout le pourtour de la
touffe de l’arbre, un ton jaune brun, qui fait un fingu-
lier contraire avec le verd grave, tirant fur le glauque
qui colore fes feuilles. Cette nuance de verd
bleuâtre vient de ce que'chaque écaille, c’eft-à-dire
proprem ent chaque feuille, eft bordée d’une ligne de
.cette couleur.
Cet arbre a un port plus régulier que les tuyas de
Virginie. Ses branches font plus menues , & fe rapprochent
plus de la tige. Il pouffe foiblement à la
première feve, mais il végété très-vivement lors de
la deuxieme , c’eft-à-dire , depuis juillet jufqu’en
feptembre.
Cet arbre réfifte parfaitement aux plus fortes
gelées, ce qui le rend très-précieux. Il fait un bel
effet dans les bofquets d’hiver. On peut l’y mêler
alternativement avec un tuya de Virginie & un tuya
de la Chine. Ces arbres également durs & de pareille
croiffance, ainfi entrelacés, produiront un effet très-
agréable par la variété de leur port & de leur verdure.
Celle du tuya de Virginie étant d’un verd un
peu éteint, celle du tuya de la Chine d’un verd de
pré éclatant, & un peu jaunâtre, & celle de ce
cyprès d’un ton bleuâtre. jCe que nous avons dit de
fon utilité , doit engager à le rendre affez commun
pour 1’employer en grandes plantations. On peut aulfi
en former des paliffades pour le bofquet d’hiver:
elles feront très-agréables fi elles font entre-mêlées
de deux efpeces de tùya ; elles n’auront pas la mono-
tomie de celles qu’on voit par-tout.
^ Cet arbre me paroît être une nuance entre les
genévriers, les cyprès & les tuyas : il a la feuille
des tuyas. Son fruit mûr a la figure de celui des
cyprès l maïs lbrfqu’ileft vérd, il reffemble pàrfaîa
tement à une baie de génévrier : en revanche les
baies de certains genévriers qui ont des écailles défit*
nées fur leur pourtour, femblent être une ébau*
che delà nature pour arriver à la forme des cônes :
dans le génévrier à gros fruit brun, appellé cadet n
Provence, ces écailles font très-fenfibles à la vu e ,
on les ouvre pour peu qu’on y mette de force, &
les graines fe trouvent deflbus comme dans les fruits
coniques. C ’eft ainfi que la nature échappe aux divi-
fions , dans lefquelles nous tentons de l’encadrer.
Ces divifions font pourtant néceffaires pour foula*
ger les opérations de notre efprit, mais il eft bon d’y
jôindre l’obfervation des nuances qui dépaffent les
bornes métaphyfiques qu’on aura pofées fur l’échelle
des êtres. Ainfi j’appellerois volontiers cet arbre-ci
tuya-cupreffus-juniperoides.
Le cyprès n°. 6 . nous paroît ne devoir jamais
s’élever beaucoup, auffi le trouvons-nous dans un
catalogue Hollandois, fous la phrafe de cupreffus
nanafruclu coeruleoparvo. Apparemment que le bleii
de fon fruit eft fort intenfe, puifqûe Miller dit qu’il
eft noir ; quoique cet arbre foit indigène au cap dç
Bonne-Efpérance, cependant comme il croît fur de
hautes montagnes où le froid eft affez fenfible durant
plufieurs mois de l’année , & comme il contient une
leve réfineufe qui n’augmente pas de volume par la
gelée, comme les feves aqueufes, & par conféquent
ne rompt pas alors fi aifément les canaux où elle paffe;
cet arbre peut être planté en pleine terre à une exposition
chaude , pourvu toutefois qu’on le couvre ,
jufqu’à ce qu’il foit très-fort. Ses feuilles étant détachées
, linacées, pointues & difpofées en croix , il
fe diftingue au premier coup d’oeil de tous les autres
cyprès»
Culture.
Si nous rendions cdmpte de toutes les expériences
que nous avons faites depuis neuf années, fur quelques
efpeces de ce genre, dans la vue de parvenir
à leur faire fupporter le froid de nos hivers, & l’in-
conftance de nos printems, nous ferions certes un
volume : nous nous bornerons donc à donner nos
derniers refultats. Qu’on ne perde pas de vue que
notre pratique pour les arbres délicats eft de toute
rigueur , & que l’on confulte ce que nous en avons
dit à 1’article A l a t e r n e ; nous y avons indiqué de
combien chaque cultivateur fiotanifte pourra s’en
écarter , félon le climat & le fol du lieu de fes
expériences.
Les cyprès n°. i * 2 * & 3 fe cultivent de la
même maniéré , avec cette^diffërence que le n°. 1.
ne veut être planté en plein air qu’au bout de fept
ou huit années, que le fécond peut s’y accoutumer
dès la troifieme ou quatrième, & peut-être plutôt;
& enfin que le cyprès de Portugal demande l’oran-
gerie, jufqu’à ce qu’il ait des branches fortes & endurcies
, tems où l’on pourra en rifquer quelques
pieds à d’excellentes expofitions, en y ajoutant, s’il
le faut, quelque couverture dans les tems les plus
froids.
Si l’on expofe trop tôt ces cyprès aux intempéries
de l’air, il arrivera que leur fléché encore tendre &
herbacée périra le plus fouvent : or , cette fléché
nonv mûrie fait dans ces jeunes arbres le tiers de leur
hauteur : ainfi ils feront défigurés, & tellement altérés
, que la plus forte végétation ne pourra leur
rendre ni leur forme ni leur fanté; ou bien fi, à force
d’engrais, on parvient à leur faire récupérer cette
perte , la nouvelle fléché , plus longue encore eri
proportion du bas du tronc , plus herbacée, phfs
fucculente, n’en fera , que plus fujette à la gelée.
Cette pratique jetteroit dans une progreffion de
décadence, qui réduiroit enfin l’arbre à l ’état d’ufl
mauvais buiffon. D ’ailleurs les branches font dans
ces jeunes cyprès aufli tendres que la fléché ; on rif-
queroit d’en perdre la plus grande partie : ces branches
frappées de la gelée fe pourriroient, & don-
neroient au tronc d’où elles partent la mort qu’ elles
Ont fubi ,011 du moins les vices dont elles font entichées.
Cette expérience conduit naturellement à une
pratique d’un excellent ufage : ne procurez à vos
cyprès, foit dans leur éducation, foit lorfqu’ils feront
livrés à la terre & aux météores , qu’une yégétation
moyenne. Si vous la hâtez trop , leur luxe durant
l’été caufera leur perte pendant l’hiver ; mais aufli
que vous vous appliquiez à la retarder, vos arbres
réfifteront au froid de l’hiver, mais ils feront laids
& décolorés en toute faifon, & il ne feront que
vivoter ; vous n’aurez jamais des arbres. Nous avons
un cyprès de l’efpece n°. /. planté exprès dans de
mauvais gravois à l’expofition du couchant près d’un
bois. Depuis quatre ans il n’a pas perdu le moindre
bout, ni de fes fléchés, ni de fes branches , quoiqu’il
n’ait été couvert ni par la cime, ni par le pied ; mais
il ne croît pas, mais il eft rouge , & fait la plus mau-
vaife figure.
Nous en avons un autre planté à la même expo-
fition, & élevé fur un tertre , mais dans une meilleure
terre, quoique peu fucculente. Il pouffe fo-.
brement, mais fuffifamment : il eft d’un beau verd :
il perd quelques bouts de branches latérales qu’on a
foin de couper de bonne heure au printems, moyennant
quoi il fait très-bonne figure, & promet de devenir
un grand arbre.
Lorfqu’on ne plante ces arbres à demeure que
lorfqu’ils ont atteint à la hauteur d’environ fix pieds,
leur fléché herbacée n’étant qu’environ le fixieme
de la tige ; fi elle périt en partie , cette perte eft
aifément réparée, & ne défigure pas l’arbre , les
branches étant boifeufes depuis leur implantation
dans le tronc jufqu’à moitié de leur longueur, le
tronc ne peut plus fe reffentir du mal qu’elles ont
fouffert.
La variété horizontale de Pefpece n°. 1 , étant plus
dure, & ayant plus vîte des branches boifeufes, par
la raifon même de leur étendue, peut être plantée à
demeure à cinq pieds de haut. S’il perd fa fléché* il y
a un tour de main à donner pour la fuppléer. Il faut
la recouper, & dreffer la branche latérale la plus
fupérieure contre une baguette liée au tronc. Ce
foin eft inutile pour le cyprès pyramidal dont les
branches fupérieures font à-peu-près parallèles à la
fléché , c’eft-à-dire, prefque perpendiculaires au
plan du terrein ; mais cette réparation eft fouvent
néceffaire au cyprès n°. 2 , c’eft-à-dire, au plus horizontal
des arbres de ce genre.
Le cyprès ne pivote pas, mais il étend au loin fes
racines latérales ; par conféquent il peut croître dans
un fol peu profond : il paroît même que c’eft celui
qu’il préféré, puifqu’il croît volontiers fur les rochers.
Un fond fablonneux & graveleux, fur-tout
s’il eft mêlé de terrein végétal, lui conviendra fin-
guliérement, il croît même fur les rochers ; les pierres
où fes racines font aflifes, aident même à fa croiffance,
en augmentant la chaleur par la réfraûiondes
rayons du foleil. Cependant un fable fans gluten, un
peu mêlé de terre, une terre bolaire, fi on l’éleve
en tertre, & qu’on mêle du gravois au pied de l’arbre
; un fable gras dans un lieu d’où les eaux s’écoulent
; un terreau végétal, une terre mêlée de fer ,
des ruines de maifon recouvrant telle terre que ce
foit, pourront faire fubfifter cet arbre, & meme le
faire profpérer, mais avec plus ou moins de foins,
dans la plantation & l’entretien.
Education des cyprès n°. 1 , a , j .
La graine de ces cyprès ne peut fe conferyer d ’une
année à l’autre dans les cônes: ils s’oüvrent le plus
fouvent d’eux-memes, & lalaiffent échapper, mais
on peut ftratifier cette graine dans des fables très-fin9
& très-lecs,«moyennant quoi elle pourra fe confer*
ver bonne deux ans, & il en lèvera au moins le j , fi
on ne la feme que la troifieme année. Ceci fervira
à ceux qui fe feront procuré des pays où ces arbres
font indigènes plus de femences qu’ils n’en pourront
employer : il faut préférer la graine tirée des
pays chauds où ces arbres croiffent d’eux-mêmes à
celles des cyprès'élevés dans nos provinces demi-
froides. Plus la graine aura été confervée, plus elle
lèvera difficilement, ainfi il la faudra femer de meilleure
heure. Quant à la graine fraîche, on doit la
confier à la terre dès la fin de mars , mais ce femis
peut etre différé làns inconvénient julqu’au 1 < de
mai.
2. Prenez des caiffes de fapin ou de chêne d’un
pied { de long & de huit pouces de profondeur,
percées au fond de quantité de trous : couvrez ces
trous de coquilles d’huîtres ou de têts de pots ou de
tuiles par leur côté concave : mettez enfuite au fond
de la caiffe une couche de gravois, puis un mélange
par parties égalés de terre de haie défrichée , mêlée
de terreau confommé, & d’un peu de moellon bri-
fe : la caiffe doit être emplie exaétement de cetfé
terre , afin que la terre ne s’abaiffe pas trop. Il faudra
même la prefferriin peu avant de combler, car
lorfque les parois de la caiffe débordent trop la fu-
perficie de la terre, l’humidité qui s’entretient dans
cette cavité, caufe du domjnage aux petits arbres.
Lorfque votre tetre légèrement foulée aura été augmentée
d une fcpuvelle couche, jufqu’à environ cinq
lignes du bord de la caiffe , ce bord découvert fera
la mefure jufte de la quantité de terre dont vous recouvrirez
vos graines , après les avoir Tentées également
, mais affez épais. Quant à la qualité de terre,
dont on doit recouvrir les graines, elle doit être
permeable aux frêles plantules qui s’élèvent des
graines dans leur germination : en conféquence il
faut employer une terre compofée de parties égales
de terre de haie défrichée, ou de deflbus les gazons,
de terreau bien confommé, de bois pourri du
creux des arbres, & fi l’on veut, de fable fin, le
tout bien mele & tamifé. Cependant la terre du
fond des caiffes ne doit pas être faffée, car lorf-
qu’une terre, pour peu qu’elle ait de gluten eft
parvenue au dernier point de ténuité, elle ne peut
plus changer d’etat que pour rédevenir compa&e.
Ce principe, foit dans les labours des champs, foit
dans les diverfes cultures, eft d’un aufli excellent
ufage, qu’il eft ordinairement négligé. Les caiffes
qui leront pourvues de deux manches, feront plongées
dans une couche tempérée; c’eft-à-dire, pofées
fur le fumier, & environnées de terre jufqu’à
un pouce exclufivement de leur hauteur. Cette couche
expofée au levant fera abritée à demeure au
nord & nord-oueft, & couverte , foit avec du
papier huilé collé fur des cerceaux, foit avec des
paillaffons en forme de toit : ces couvertures feront
levées tous les jours depuis cinq heures du foir, jufqu’à
fept heures £ du matin au plus, & depuis fept
heures du foir, jufqu’à fix du matin au moins; excepté,
que le tems ne foit doux & couvert, ou qu’il
ne tombe une pluie fine. Quelquefois on pourra les
écarter un peu : ce tour de main doit être fur-tout
répété , lorfque les cyprès étant un peu forts, c’eft-
à-dire , vers juillet, il s’agira de les accoutumer
peu-à-peu au foleil. Vos caiffes ainfi plantées &
ombragées, il faudra les arrofer légèrement tous
les jours avec une eau douce expofée au fo le il,'&
par le moyen d’un goupillon ou afperfoir. Les plus
petits arrofoirs à pomme par le poids de l’eau déter-
reroient les graines & corroyeroient la terre. Avec