
8 5 0 E Q U
genre de vie ordinaire, ni fe mettre en peine d’objer-
ver aucune des réglés que nous venons de prefcnre{
î b .') , „
En faifant fentir ici la néceffité de l’exercice pour
•les hommes, nous n’avons garde de ne pas comprendre
les femmes fous cette domination. En effet la
ftruâure de la femme à l’exception des différences
Sexuelles, eft toute femblable à celle de l’homme.
Principes, économie, fondions animales, tout eft
>exa&eiïient conforme & commun entre ces deux
êtres. Le mouvement leur eft aufli egalement naturel.
L ’agitation inféparable de l’enfance, eft familière
aux deux fexes. Tous deux à ce bel âge^font livrés
de paffion aux mêmes exercices. Ce n’eft que
î f rél'erve de l’éducation des filles, qui les empêche
de fuivre auffi librement le penchant que la nature
leur a donné pour tous les mouvemens précipités, &
f i on les y voit moins adonnées, on n’eft pas fans s’ap-
percevoir aifément de l'état de contrainte oîi elles
fon t, combien elles fouffrent impatiemment cette
«êne ,& combien elles envient en ce moment le fort
■ des jeunes garçons de leur âge. v a
Dans un âge plus avancé, ne voit-on pas meme
-dans les conditions fupérieures, de jeunes filles &
des femmes mariées, monter volontiers a cheval,
-aller à la pêche, à la chaffe, &c ? Ces exercices loin
de prendre. fur leur tempérament, au contraire le
fortifient, & rendent leur fanté plus affurée. N’a-t-on
pas vu fouvent des femni'es fuivre leurs maris à la
vuerre, & ne reculer pour aucunes des fatigues,
compagnes néceffaires de ce dangereux metier ?
D ’autres dans nos campagnes labourent, fouillent
perpétuellement la terre, coupent les b leds,& par»,
tagent avec les hommes les plus durs travaux de 1 a-
gricuiture. D ’autres encore plient fous le poids des
fardeaux, marchent tout le jour, endurent les froids
les plus rigoureux, comme les chaleurs les plus fpr*-
tes, couchent fur la dure, fans même que la groffeffe
leurfervede prétexte pour s’exempter d’un genre
de vie auffi dur & aufîi pénible.
Qu’on ne nous allégué donc plus la prétendue foi-
bleffe des femmes, & ne foyons pas allez dupes pour
compatir à la pareffe de nos damés du bon ton ,& de
toutes nos petites maîtrefles. Cette foibleffe dont elles
prétendent fe couvrir, eft leur propre ouvrage, & le
prétexte, ou l’effet de leur feule molleffe* Ayons le
courage d’être un inftant rigoureux à leur égard.
Notre défaut de complaifance à ce point, deviendra
- pour elle le fervice le plus fignalé que nous publions
jamais leur rendre.
En attendant que nous puiffions leur infpirer ce
defir de s’adonner chaque jour, pendant quelques
heures,à un exercice falutaire,&jufqu’àce qu’elles,
puiffent prendre affez fur elles-mêmes , pour ne pas
redouter de donqer à-peu près autant de mouvement
à leurs pieds, qu’elles en donnent à leur langue, voici
une méchamque ingénieufe, qui peut avantageu-
fement fuppléer à leur nonchalante inàûion, & à
la pareffe criminelle de tous les hommes qui fe dégradent
affez , pour ne pas craindre de leur reffem-
blef,. U m
Cette machine appellée tabouret ou flege d’équitation,
eft la plus lefte & la plus fimple qu’on ait encore
imaginée, & de beaucoup fupérieure au fameux
trémouffoîr du feu abbé de Saint-Pierre*
Elle confifte en un fiege folidement placé au milieu
d’ un équipage de leviers fufpentlus au plancher d’une
chambre. Cet équipage eft formé par deux perches
de jeunes bois de frêne, traverfées dans le milieu
par un axe de rotation, qu’on attache aux poutres
d’un plancher. De l’extrémité de ces perches , def-
cëndent des courroies qui foutiennent un marchepied
fur lequel pn affujettit, pour s’y affeoir, un tabouret,
ou même un petit fauteuil, élevé convenais
y U
Lie ment, & rendu mobile fur quatre pieds fixes. Eft
tirant foi même de deffus le fiege, tantôt un , & tantôt
deux cordons de fo ie , lefquels font jouer enfemblè
ou féparément deux petits leviers, ajuftés entre les
perches, on fait jouer & marcher la machine; oC
aïTis fort à fon aife, on fe donne tous les mouvemens
que l’on peut éprouver fur un bon cheval. On peut
au ffi aller le pas,l’amble,le trot & le galop,félon le degré
de force ou de légéreté que la perfonne qui monté
la machine, a la volonté d’imprimer à fes mouvemens,
& qu’elle peut accélérer ou ralentir à fon gré*
Au refte ce fiege d’équitation eft tellement combiné
dans fes mouvemens , qu’il repréfente encore les
fauts en avant, les coups de derrière, les caprioles dit
cheval, les voltes & autres allures du manege* ainfi
que le balancement de l’efcarpolette ; enforte que
l’on peut prendre,affis commodément, tous lesplai-
firs du cheval, & autres mouvemens que l’on veut è
& de toutes les maniérés dont on peut s’avifer, fans
courir aucun rifque, fans crainte de chute, d’autant
que les mouvemens ne fe peuvent point répéter plus
fouvent, ou plus vivement qu’on ne le juge à proposée
tout fans fortir de fa chambre.
D’ailleurs cette machine, quoique ttès-folide -, St
del’équilibre le plus.parfait, offre encore ia commodité
de fe brifer & de fe démonter entièrement ,pouJ:
pouvoir être déplacée & tranfportée par tout où l’on
peut avoir deffein de la replacer. Elle a encore l’avantage
de pouvoir s’élever au plancher de la chambre
dans laquelle elle eft fufpendue , & de s’y fixer de
maniéré à ne point embarraffer après l’exercice» _
Le fiege prefente en différens-côtés tous les appuis
néceffaires àl’ufage des femmes, des vieillards & des
eonvalefcens, qui ne pouvant fe procurer par eux-
mêmes les fecouffes de l’équitation, font dans le cas
d’employer le fecours d’une main étrangère» Un
domeftique en tirant les rênes ou cordons de cette
machine, lui fait faire tous les mouvemens que la perfonne
qui prend cette forte d’exercice , juge à
propos.
On voit, par cette defeription, de quelle utilité
& de quel avantage eft une machine d’une auffi ingénieufe
invention, & combien elle eft bonne à rap-
peller la tranfpiration fi néceffaire aux perfonnes
âgées, à certains valétudinaires, aux perfonnes attaquées
de la goutte, & en général à tous ceux qui font
dans le cas de mener une vie fédentaire; enfin combien
elle eft propre à diffiper les obftruâions, fourees
de toutes les maladies, à chaffer les ventofités fi incommodes
& f i nuifibles, à procurer une plus libre
circulation du fang & de la lymphe, & par confé-
quent à ranimer la gaieté Sc l’appétit, & ainfi à réta*
blir & maintenir la fanté.
On peut auffi, au lieu de tabouret, de fauteuil oii
autre fiege, adapter à la place un cheval artificiel,,
fellé & bridé. Pour lors les mouvemens, quoiqu’ef-
fentielleraent les mêmes qu’avec un fimple fiege,
paroiffent néanmoins plus réguliers ; ce qui forme un
avantage de la plus grande eonfidération. En effet au
moyen d’un femblable cheval artificiel, on peut préparer
de bonne heure les enfans aux premiers élé-
mens du manege , fans leur faire courir aucuns rif-
ques» Ainfi nous ne pouvons qu’inviter les perfonnes
aifées, & fur-tout les chefs de grande éducation, tels
que les principaux des fortes penfions, à faire i’acqui-
fition d’une machine auffi utile. Par ion moyen les
parents auront l’agrément de voir les enfans qu’ils leur
confient, accoutumés dès leurs tendres années aux
mouvemens du cheval, & familiarifés à un exercice
d’un avantage, & même d’une néceffite fi abfo-
lue, qu’il devroit entrer dans, toutes les éducations.
M. Genneté, premier phyficien Sc mechaniciert
de l’empereur , eft l’inventeur de cette admirable
machine. ( + )
E R A
E R
§ ÉRABLE , ( Bot..) en latin, acer; en anglois,
mapple-treeï en allemand, ahornbaum.
Caractère générique.
Les érables portent, fuivant les efpeces, des fleurs'
hermaphrodites feulement, ou bien des fleurs mâles
& des fleurs hermaphrodites fur le même individu ;
ces dernieres font compofées de cinq pétales, de cinq
étamines, terminées par des fommets ob'lôngs &
d’un calice monopétale découpé en cinq parties : au-
deffus de ‘^embryon s’élève un ftyle couronné par
deux ftigmates recourbés : l’embryon fe changé en
deux capfules plates, réunies parleur bafe & jointes
«n maniéré de croiffant: ces capfules font pourvues
d ’une aile qui s’alonge à mefure qu’elles groffiffent :
elles renferment chacune une femence o vale.
jEfpeces.
1 . Érable à feuilles à cinq lobes, inégalement dentelées
, à fleurs en grappes. Erable blanc de montagne
dit fycomore. Faux fyeomore.
Acerfoliis quinquelobis, inaqualiterferrads, floribus'
racemoßs. Linn. Sp. plant. Acer montanum candidum.
C . B. P.
Greater mapple falfe fy comore.
N. B. On en a une variété à feuilles panachées.
2. Etable 'à feuilles finies à cinq lobes pointus , à
dents aiguës, à fleurs en grappes. Erable à feuilles
de platane ou plane. Erable de Norvège.
Acer foliis quinquelobis acuminads, acutè dentads,
glabris, floribus corymbofls. Linn. Flor. Suec. Acerpla-
tahoides. Munt. Hifl.
Norway mapple.
N. B. Il y en a une variété à feuilles panachées.
3. Erable à feuilles à lobes obtus & échancrés.
Petit érable commun. Petit érable des bois.
Acer foliis lobatis obtufis emarginads. Linn. Sp.pl.
Acer campeflre& minus. C. B. P.
Common or lejfer mapple.
4. Erable à trois lobes peu marqués, à feuilles un
peu dentelées &prefque perennes. Erable à feuilles
de lierre. Erable d’Orient. Erable de Candie. Erable
toujours verd.
Acer foliisfubtrilobisferrulatis. Acer credcum. Profp.
Alpin. AcerOrientalis hederce folio. Cor. Inft. rei herb.
Acer foliis fubtrilobis ferrulads quafl perennentibus.
Hort. Col.
Cretan mapple.
5. Erable à feuilles à trois lobes, très-entieres.
Erable de Montpellier.
Acer foliis trilobis integerrimis. Prod. Leyd. Roy,
Lugd. B. Acer trifolia. C. B. P.
Montpellier-mapple.
6. Erable à feuilles compofées, à fleurs en grappes.
Erable à feuilles de frêne. Erable à fucre de
Virginie. Negundo.
Acer foliis compoflds, floribus racemoßs. Hort. Cliff.
Acer maximum foliis trifidis vel quinquefidis ‘Virginia-
num. Pluk. Phit. Acer Negundo.
Ash-ledved mapple.
( 7. Erable à cinq lobes , dentelés, glauques par-
deffous, à longs pédicules verds. Erable de Canada
à‘ fleur roüge hermaphrodite.
Acer foliis quinquelobafis, dentads ,fubtus glaucis ,
peduneuhs longiflîmis yiridibus. Hort. Col. Acer foliis
quinquelobisfubtus dentads, fubtus glaucis, peduncu-
lis fimpliciffimis aggregads. Linn. Sp.pl. Acer floribus
rubfis, folio majori fuperrié viridi fubtus argenteo fplen-
dente. Clayt. flor. Virg.
' Scarlct flowering mapple.
8. Erable à feuilles à cinq lobes, d’un verd pâle
Tome II.
E R A 85î
& luifant par-deflus, glauques par-deflbus, à pédi*
cules courts & rouges. Plane de Canada.
Acer foliis quinquelobis fupernh viridi palefcente Lu*
cidis , fubtus glaucis , pedunculis brevibus rubefeentibus»
Hort. Col. Acer Virginianum folio majore fubtus argenteo
ftipra viridi fplendtnte: mas &fcemina. Pluk. Phyt•
Acer foliis quinque parduo palmads acuminato dentads.
Linn. Sp. pl.
American fugar mapple, rr. G, de Miller»
9. Erable à feuilles à trois lobes, pointues & dentelées
, à fleurs en grappes. Erable à bois jafpé. Erable
du jardin du roi. Erable à très-larges feuilles, n°. y
de Miller. Erable_ de Penfylvanie.
Acer foliis trilobis, acuminads, dentads, floribus
racemofls. Sp.pl. Linn. Acer foliis amplifjimis tricufpi-
datim definendbus , çordice jafpidem referente. Hort,
Col.
American mountain mapple»
10. Erable d’Amérique à trois lobes, terminés
chacun-par trois pointes aiguës, à bourgeons rouges*
Acer Americanum foliis trilobis unoquoque lobo tri-
cufpidadm definente, gemmis rubefeentibus. Hort. Col*
Ce dernier érable ne fe trouve dans aucun auteur.
Nous avons {fous les yeux toutes les efpeces de
notre catalogue ; mais M. Duhamel annonce trois
efpeces nouvelles qui lui font venues de Canada ,
& qu’il n’a pas décrites. On trouve en Angleterre
une variété appellée Charles, Wager s mapple, Y-érable
de Charles W ager; elle porte des corymbes de fleurs
rouges plus étpffés,.plus rapprochés, & par confé-
quent d’un plus bel effet que ceux de Vérable rouge
commun, dont il tire apparemment fon origine. La
forêt d’Ardenne produit une variété du petit érable
commun , dont elle différé par fes feuilles qui fon£
plus grandes & plus pointues. -
Le n°. 1 eft le faux fycomofe ; ce n’eft qu’un arbre
de la fécondé grandeur; mais j’en ai vu de prodigieux
au bord d’un lac dans la Suifle» Il commence
par pouffer des branches divergentes qui fe rapprochent
enfuite ; il s’arrondit enfin & forme une belle
touffe ; fes feuilles fe diftinguent de celles du n°. 2 ,
en ce que leurs lobes font émouffés par le haut, au
lieu que dans celles du fécond, ils font terminés par
des pointes aiguës : les premières font d’un verd fom-
bre & matte en-deffus , & d’un verd un peu cendré
en-deffous. Les fécondés ont leur partie fupérieurè
d’un verd gai & luifant, & leur deflbus d’un verd-
jaune brillant : les unes & les autres font fort larges.
L’écorce du faux fyeomore eft brune, celle du n°. 2.
eft grisâtre : la touffe du premier eft fort étendue ,
celle du fécond eft plus raflemblée : les fruits du n°. 1
font arrondis, ils forment par leur réunion un angle
curviligne ; ceux du n°. 2 font applatis, & ils divergent
fur un angle reâiligne fort ouvert.
Le vrai fyeomore eft fine forte de figuier qui croît
en Egypte & dans la Paleftine; la jeffemblance des
feuilles de cet arbre avec celles du n°. / a établi leur,
fynonymie qui ne fert qu’à jëtter de la confufion.
Le fauxTycomore eft propre à figurer dans les
parcs, où il réuffira dans les plus mauvaifes terres ;
on peut auffi en former des. taillis qui croîtront très-
vîte; le bois en eft meilleur que les autres bois
blancs ; on en fait des planches d’un affez bon ufage
pour l’intérieur des maifons,; il n’eft pas mauvais
pour les ouvrages du tour & pour les arquebufiers ;
cet arbre fe multiplie par les marcottes qui s’enracinent
très-vîte, & il reprend même affez bien de
bouture ; mais pour le reproduire en abondance , il
faut avoir recours à la voie du femis : dès que les
graines fonr mûres , on les ftratifie.dans du fable
mêlé d’une terre un peu humide, dans une çaiffe
qu’on enterre contre un mur , ou qu’on pofe dans
un cellier; en février oh les feme pêle-mêle avec
le fable & la terre, dans des rigoles creufées avec