
coeur n’eft pas encore carié, & l’on prend la partie
brune du tronc ou des racines qui a été abreuvee
par l’eau de la mer, ôc qui a un petit goût falin. On
fépare bien de la partie brune de ce coeur tout le
bois blanc qui l’entoure, on le plonge une ou deux
fois dans l’eau falée de la mer , ôc on le fait fecher
au foleil. On peut le garder ainfi , ôc lui conferver
fa vertu pendant dix ans, pourvu qu’on le plonge de
tems en tems dans l’eau de la mer; car c’eft la m-
lure particuliérement qui tempere l’ardeur de la
bile, ce qui lui eft commun avec plulieurs autres
bois falés, (
Remarques. Par les cara&eres de ces deux plantes
comparées entr’elles, & avec les autres plantes
malvacées qui nous font connues, il eft évident,
1°. qu’elles ne font point deux efpeces du même
genre ; z °. que le bupariù n’appartient point au genre
de rhibifeus où M. Linné l’a rapporté , c’eft-à-dire ,
au genre du pariti ; 3°* ‘î 116 barulaut eft encore
plus éloigné du genre lida où le place M. Ëurmann,
c’eft-à-dire, de l’abutilon ; 40. enfin que tous deux
forment un genre différent, mais très-voifin du pariti
dans la troifieme feûion de la famille des mauves
, c’eft-à-dire, des plantes qui ont deux calices
tous deux d’une feule piece. Voyt{ nos Familles des
plantes, vol., I I , page 40/. ( M. A d a n s o n . )
BU P LE VRUM , ( Botan. ) dans Linnæus bu-
pleurum, de Covç, boeuf, ôc de n Mvpov, côte, parce
qu’on a prétendu qu’il faifoit enfler les côtes des
boeufs; en François, oreille de lievre, fefeli d'Ethiopie
; en Allemand, haafenôrhlein ; en Anglois, hart-
wort.
' Caractère générique.
Les buplevrums portent leurs fleurs en ombelles
fur des pédicules déliés, le calice commun aux petites
ombelles , c’eft-à-dire , celui qui. les contenoit
tontes, ôc qui, lorfqu’elles font toutes épanouies,
fe trouve à leur bafe , eft compofé de fix feuilles,
& le calice particulier des petites ombelles eftdi-
vifé en cinq parties ; la fleur porte fix petits pétales
formés en coeur, & difpofés en rofe : de fon centre
s’ élève un piftil compote de deux embryons & de
deux ftyles recourbés : ce piftil eft environné de
cinq étamines très-minces ; les deux embryons fi-
tués au fond du calice s’arrondiffent en -groflïffant,
Ôc deviennent un fruit ftrié , qui fe divife par la maturation
en deux parties, dont chacune eft une fe-
mence oblongue Ôc ftriée, femblable à celle des carottes
& des chervis.
Efpeces.
1 . Buplevrum, arbriffeau à feuilles ovoïdes entières.
Buplevrum frutefeens folds obovads integerrimis.
Linn.
Shrubby hart-wort o f Æthiopia.
2. Buplevrum, d’Efpagne en arbre, à feuille de
gramen.
Buplevrum hijpanicum arborefcens, gramineo folio.
Injt. rei Aeri.Tourn.
3. Buplevrum, arbriffeau dont les feuilles au prin-
tems font furcompofées, unies &c découpées, ôc en
é té , étroites, anguleuses, ôc divifées en trois.
Buplevrum frutefeens folds vernalibus decompofids ,
planis, incijis, cefiivalibus filiformibus, angulads, tri-
fidis. Linn. Sp.pl. 238.
Shrubby hares ear whofe fpring leaves are decompounded
, plain & cut , and thefummer leaves are narrow
, angular & trifid.
4. Buplevrum commun des champs.
Buplevrum involucris univerfalibus nullis, folds
perfoliatis. Hort. Upfal.
The mofi com/noh or field thorough wax•
5. Grand buplevrum des Alpes, à feuilles étroites
ÔC pointues.
Buplevrum involucris pentaphyllis orbiculads, uni-
verfali triphyllo, ovato, foliis amplexicaulibus, cor-
dato-lanceolads. Linn. Sp. pl. 237,
Greater narrow-leaved thorough wax with a hare's
ear leaf.
6. Petit buplevrum à feuilles étroites.
Buplevrum involucellis pentaphyllis acutis, univerfa
li triphyllo fiofeulo centrâli aldore, ramis divaricads.
Linn. Sp. pl. 23 7.
Smaller narrow-leaved thorough wax with a hare's
ear leaf.
y. Buplevrum à feuilles rigides.
Buplevrum caule dichotomo fubnudo , .involucris
minimis acutis. Linn. Sp. pl. 2.38.
Hare's ear with afiijf leaf.
8. Buplevrum à feuilles très-étroites.
Buplevrum umbellis fimplicibus alternis pentaphyllis
. fubtrifioris, Linn. Sp.pl. 238.
Hare's ear with a very narrow leaf.
On peut recourir à Linnæus pour les autres efpeces.
Le buplevrum n°. 1. eft un arbriffeau du fécond
ordre, qui s’élève dans les terres où il fe plaît, juf-
qu’à la hauteur d’une toife ; il pouffe de fon pied
nombre de branches , dont les unes, s’élancent, Sc
les autres plus menues s’inclinent ou rampent, fi
on ne les foutient pas.
Sa feuille ovoïde par le bout, eft terminée par
un onglet ; elle s’étrécit toujours davantage jufqu’à
fon ailfelle, où fa côte qui s’élargit en defeendant,
forme une protubérance en forme de confolle, qui
embraffe le rameau, Ôc fait l’office de pédicule. Ces
feuilles font difpofées alternativement fur les branches
, ôc font très-convergentes ; le deffus eft d’un
verd-glauque, obfcur ÔC fort luifant ; le deffous eft
du même ton , mais plus clair, mat ôc comme
marbré.
L’écorce des nouvelles branches eft violette d’un
cô té , verte de l’autre ; celle des branches d’un a n ,
brunâtre ; celle du tronc ôc des branches maîtreffes,
d’un gris-jaunâtre-clair : toutes font fort unies. Le
bois contient beaucoup de moelle d’un blanc un peu
rouillé ; les racines font blanchâtres, tendres ôc fpon-
gieufes.
Toutes les parties de cet arbriffeau ont une odeur
plus ou moins forte, qui approche de celle du panais
ôc du chervis. On recommande fa femence comme
un excellent antidote contre la morfure des bêtes'
venimeufes.
Comme il ne perd pas fes feuilles, .il eft très-
propre à. la décoration des bofquets d’hiver, où il
formera une variété agréable par fon port, la figure
de fes feuilles ôc leur verd bleuâtre : on y peut placer
ce beau buiffon en troifieme ou quatrième ligne
dans les maflifs, ou bien le paliffer au bord de quelque
petite allée : il eft d’un très-bel effet, employé
de cette maniéré. Il mérite aufli une place dans les
bofquets d’été : les ombelles de fleurs jaunes qui
terminent toutes fes branches en juillet ôc août, les
fruits même qui leur fuccedent ôc qui conferventla
même couleur, font d’un afpeât très-gracieux.
1. Quoique le buplevrum foit indigène d’Ethiopie*
il fupporte très-bien les hivers des provinces fepten-
trionales de la France , où il a réfifté en pleine terre
à douze dégrés de congélation fans couverture :
dans le cas où le thermomètre defeendroit un peu
plus bas, on pourroit l’empailler fuivant la méthode
détaillée à Xarticle A laterne. Il ne faut pas
négliger de plaquer de la litiere autour de fon pied
avant l ’hiver : cette précaution garantira fes racines ,
& fi fes branches font gelées , du moins pourront-
elles repouffer de nouveaux jets s le mieux feroit,
toutefois de couvrir le bas de fa tige.à la hauteur
d’un pied ôc demi ; car fon bois étant moelleux ôc
plein de fu c , la pourriture y fait de tels progrès,
qu’elle pourroit quelquefois s’étendre jufqu’aux racines
: fouvent au refte on croit cet arbufte endommagé
par la gelée , lorfqu’il n’en eft encore nullement
atteint. Dans les jours les plus rigoureux de
l’hiver, fes feuilles, de droites qu’elles étoient, pen-
.dent molles ôc décolorées, ôc femblent même rompues
à l’endroit de leur attache ; mais au printems
que la feve fe ranime, elle les redreffe bientôt, en
refluant dans leurs vaiffeaux ; alors la plupart reprennent
leur verdeur, mais d’autres périffent, ainfi
qu’un petit nombre de jeunes rameaux qu’il faut
retrancher fôigneufement vers la fin d’avril, de
crainte qu’ils ne gâtent ceux d’où ils partent , ôc
parce qu’ils contrafteroient mal avec les branches
vives.
2. Si le tems eft favorable , la graine de cet ar-
briffeau mûrit vers la mi-feptembre dans les provinces
feptentrionales de la France : on peut la fe-
mer en odobre ou en février dans des caiffes èm-
plies de terre légère : comme elle eft fort mince, il
faut ne la guere couvrir ; au printems fi l’on met
ces cailles dans une couche tempérée, on accélérera
leur .germination, ôc l’on favorifera la croif-
fance des jeunes arbres : ces caiffes doivent être
abritées l’hiver fuivant fous des chaflis. Le fécond
printems il convient de tranfplanter les petits buplevrums
dans de plus grandes caiffes à quatre ou cinq
pouces les uns des autres. Cette petite pépinière
doit paffer encore un hiver fous les chaflis. Le troifieme
printems , c’eft-à-dire en avril, par un tems
doux nébuleux, on enlèvera les jeunes arbuftes
avec de petites m ottes, ôc on les plantera à demeure,
ayant foin de plaquer de la moufle autour de leurs
pieds, pour y entretenir la fraîcheur ôc épargner les
arrofemens. II fera aufli très-utile de les couvrir légèrement
d’une feuillée,de fapin ou de bruyere , afin
de parer à l’effet du hâle qui pourroit fecher leurs
feuilles, accident grave pour les arbres toujours
verds.
3. Cet arbriffeau fe multiplie aufli de marcottes
& de boutures. Il faut faire les marcottes au mois de
juillet, fuivant la .méthode indiquée à l'article Alaterne
dans ce Supplément, elles pourront être
tranfplantées le fécond printems : les boutures fe
font en juin ôc en oftobre. Dans les deux faifons il
faut couper rez-tronc les branches qui les doivent
former, afin qu’elles foient pourvues de cette p rotubérance
qui contient des germes de racines , ôc
qui bouche de plus le conduit médullaire. Ces branches
doivent être recoupées, enforte qu’elles n’aient
que huit à neuf pouces de haut. Il les faut enterrer
de quatre à cinq. En o&obre elles doivent être
plantées dans des pots qu’on mettra dans une caiflë
a vitrage durant l’hiver, ôc le printems fuivant fur
«ne couche tempérée ôc légèrement ombragée.
Quant à celles que vous ferez en ju in, plantez-les
dans une caiffe emplie de terre légère & fraîche que
ntCAreiez ^ans un ^eu ak»té du couchant., du
midi ôc meme du levant qui tient du midi. Si le tems ;
eit tort lec , tapiffez de moufle la fuperficie de la
terre de la caiffe, ôc arrofez fagement. Quelques-
unes de ces boutures poufferont avant l’hiver des
racines §c des bourgeons ; elles pourront être tranf-
plantees le fécond printems , foit pour les mettre en
pepmiere, foit pour les placer à demeure , mais on
gagnera a les laiffer plus long-tçms dans leur berceau.
L efpece n°. 2 , mentionnée par Tournefort, ôc
tranfente par M. Duhamel du Monceau, ne fe trouvant
ni dans Miller , ni dans les catalogues Hollan-
dois, nous n’en parlerons pas. "
Tome I I .
1 Quant à 1 efpece n°. 3 , nous nous bornerons à
dire que c’eft un arbufte de ferre qui fë multiplie de
j boutures, plantées en pots fur couche au printems.
Les autres buplevrums "font des plantes annuelles
qui ne fe cultivent que dans les jardins de Botanique
tres-complets.
L’erpece â°. croît; natui-éllehient en France , en
Allemagne & en Angleterre. Les fuiçantes habitent
les Alpes^Sc les Pyrénées. ( Af. •& Bârim'DE
1 S CHOU DI. )
§ BUPRESTE , f. m. ( Hifi. nat. Infectologie. ) D u
tems d’Ariftote ôc de Pline, on donnoit le nom de
buprefie à un petit nombre d’infeftes auxquels on avoit
reconnu la propriété cauftique de faire enfler les
boeufs qui en avoient avalé. Ces infe&es avoient à
leurs cuifles poftérieures un appendice faillant : les
1e™es on/t (ajfi ce caractère pour en faire leur
dimncrion générique, de maniéré que tous les injectes
a antennes filiformes comme le buprefie , font
félon eu x, de même genre , pourvu qu’ils aient cet
appendice aux cuifles, ce qui charge ce genre d’une
cinquantaine d’efpeces auxquelles on en pourroit
joindre encore autant en fuivant ce principe ; mais
tous les infeftes à antennes filiformes, à cinq articles
aux pattes, ôc à appendice faillant aux cuifles poftë-
rieures, comme.le buprefie, ne font pas pour cela
des bupreftes; en examinant ces animaux avec l’attention
néceffaire on y remarque nombre d’autres ca-
rafteres très-apparens, très-faciles à faifir, au moyen
deiquels on reconnoît que les modernes, au lieu de
confondre des êtres fi différens, auroient dû divifer
ce genre en huit autres genres très-diftinfts, qui n’au-
roient compris fous eux qu’une dixaine d’efpeces
plus faciles à retenir ôc à diftinguer. La différente
proportion des articles des antennes plus ou moins
longs ; la forme des tarfes des pieds conique ou cylindrique
; la forme du corcelet quarré ou en coeur ’
plus ou moins large que les étuis ; les deux étuis
diftinéts ou réunis en un feul; la préfence ou le 'défaut
des ailes, leur auroient fourni, comme à nous
des moyens de Amplifier ôc de lever la confufion
qui regne dans ce genre d’infeftes.
M. Linné'a donné aux 43 efpeces dont il compo-
fe ce genre, le nom de carabus, non pas corrompu
du motfcaraboeus, comme le penfe M. Geoffroi, Hifi.
des Infectes, vol. I ,p . 138, mais du nom karabos que
les Grecs ont toujours donné au crabe de mer appelle
en latin carabus.
L’infede gravé au n°. / /, de la planche L X X V ,
de la Collection d'hfioire naturelle du volume X X I I I*
fous le nom de buprefie, n’eftpas le buprefie des. anciens
; il n’en a , comme ceux des modernes dont
nous avons parlé, que les antennes ôc l’appendice
aux cuifles : il en diffère, i°. en ce que fes étuis font
réunis en un leul; i p. en ce qu’il n’a point d’ailes au-
deflbus de ces étuis; 30. en ce que fon corcelet eft
taillé en coeur plus étroit que les étuis. Quoiqu’il
foit indiqué comme trouvé en Provence , ôc d’un
brun-jaune, prefqu’entiérement tranfparent, il ne
paroît différer du commun de nos campagnes des environs
de Paris, qu’en ce qu’il a été pris au moment
de fa métamorphofe, où il n’avoit pas encore pris fa
couleur noire, & tué dans cet état. C ’eft cette efpece
que M. Linné appelle dans fon Syfiema naturn, édition
12, imprimée en 1767 , page S3 /, carabus 1 co-
riaceus , apterus , ater opacus , elytris punctis intricads
fubrugofis, ÔC que M. Geoffroy homme Hifi. des Infectes
, vol-. / , p. rfW büprèfiis 1 ater, elytris rugofis....
Buprefie noir chagriné; l’ayant reconnu en 1748,
pour un genre différent,' je lui donnai le nom de farli
que les negres donnent à une efpece du même genre,
ôc c’eft fous ce nom que je le défignerai dans mou
Hifioirenniverfellè. ( M. ADANSON. )
* § BURATTES, ( Géogr. ) il paroît qiiç 6e font