
fut rappelle, Conrad, s’enfuit en Lithuanie , intéreffa
fes peuples à fon fort, rentra en Pologne à la tête
d ’une armée, perdit la bataille de Sochodob, 6c
difparut,
La mort de Boleflas V réveilla fes efpérances en
'« 179 : mais malgré fes efforts , Leck le Noir fut élu.
Tandis que ce prince foutenoit tour à tour le choc
des Tartares, des Ruffes 6c des Lithuaniens ligués
contre la Pologne, Conrad fouleva les duchés de
Sandomir 6c de Mafovie, raffeinbla une foule de
mécontens fous fes drapeaux , fournit toutes les
villes qui fe trouvèrent fur fon paffage , & fe montra
triomphant fous les murs deCracovie. Ce fut le terme
de fes fuccès. Les habitans fe défendirent avec un
courage héroïque, Leck le Noir accourut à la tête
des Hongrois, tailla l’armée de Conrad en pièces, 6c
mourut peu de tems après fa viâoire. Henri I lui
fuccéda en 1289 , 6c Conrad mourut dans fon duché
de Mafovie après avoir en vain difputé la couronne
à quatre rois. ( M. d e S a c y , )
* § CONSÉCRATION des Pontifes Romains.
Voici la defeription que nous en a laiffé Prudence. On
donne enfuite la defeription dû taurobole ; mais le
taurobole étoit le facrifîce d’un taureau immolé à
Cybelle. *« M. Vandale & le P. Pagi ont fait voir
» clairement qu’il ne s’agit nullement dans le tau*
> robole de la confécration des pontifes Romains, 6c
» que lé fummus facerdos de Prudence ne fignifie rien
» moins que le fouverain pontife ; mais qu’il doit
» s’entendre uniquement de celui qui defeendoit
» fous le théâtre pour recevoir le fang de la viûi-
»me. Voye{ lè pere Colonia, Hifioire Littéraire de
» Lyon, tome I , page ig 2.
» La plupart des tauroboles dont les monumens
» nous conlervent la mémoire , ont été faits pour la
» fanté des empereurs ou pour celle des particu-
» liers ; ainfi cela ne regardoit point la confécration
» d’un fouverain pontife ou d’un grand-prêtre ,
»> laquelle devoit être un a&e public Sff'une cérémo-
» nie appliquée à ce feul ufage. . . . On croit que le
» facrifice du taurobole ne commença que du tems
|| deMarc-Aurele ». M. de Boze, Dïffertat. furie taurobole
dans les Mémoires de C Académie des lnfcrip-
tion. Lettres fur l'Encyclopédie.
* § CONSEIL DU ROI, . . . Pharamond avoit fon
confeil compoféfeulement de quatre perfonnes , par
tavis defquelles il rédigea les loix faliques en un feul
corps de loix.
On dit pourtant à Yarticle D roit A l l e m a n d ,
que la loix falique fut faite de l’autorité des rois
Childebert & Clotaire. Lettres fur Ü Encyclopédie.
CONSONNANCE, (Mufique. ) C e terme, dans
fa lignification originaire , défigne un accord de plu-
lieurs tons entendus à la fois, qui n’a rien de défa^
gréable ; en ce fens c’eft la même chofe que le terme
harmonie exprimoit chez les Grecs. Mais pour l’ordinaire
on n’entend par confonnance que les accords
de deux tons qui plaifent à l’oreille. Et ce terme n’ eft
alors employé qu’à défigner les intervalles j ,la confonnance
ùrt fon nom du ton le plus aigu de l’accord.
Ainfi quand on dit que la quinte efl une des confon-
nances, cela fignifie que le ton, qui efl d’une quinte
au-deffus d’un autre ton qu’on entend en même tems,
fait avec lui un accord agréable.
La théorie des confonnances 6c des fons agréables
dépend de celle de l’harmonie 6c des fo n s ,&
doit être traitée dans ces articles. Nous confidére-
rons ici les confonnances, principalement du côté de
la pratique.
Pour mieux éclaircir ce que nous avons à dire fur
ce fujet, il fera néceffaire de mettre ici fous lès yeux
la fuite des tons qui fe fuccedentdaqs un ordre déterminé,
l
On obfervera dans la théorie des fons, qu’en pin.'
çant la corde qui donne le fon de la note 1 , on entend
les tons de toutes les autres notes marquées
ï c i , 1 , 3 , 4 , 5 ,6 ,7 &c. Une oreille médiocrement
exercee diflingue affez clairement dans ce ton 1 , les
tons, 2 , 3 , 4 , & même ç. Mais les tons fupérieurs
ne fe font fentir qu’aux oreilles très-fines, 6c qu’un
long exercice a rendu fenfibles. Il faut encore remarquer
ici que les chiffres marqués auprès des notes ci-
deffus, indiquent le rapport des vibrations, ou la
fréquence des ofeillations de chaque corde, rapportées
à celles de la corde pincée.
Cela pofé , il faut encore admettre, comme un fait
conflaté par l’expérience , que les intervalles 1 : 2 ;
2,:3 »>3 : 4 »4 : 5»5 : 6 , cela veut dire que l’o â a v e ,
la quinte, la quarte , la tierce majeure 6c la tierce
mineure, forment des accords qui ne font point
defagreables ; que ce font des confonnances ; qu’au
contraire, lestons 8:9. font une impreflion fur l’oreille
qui lui déplaît fenfiblement ; 6c qu’ainfi ils forment
une diffonance bien décidée.
Ajoutons à cela que le premier, le plus grand intervalle
, 1 ; 2; ou l’oélave , a fans contredit une harmonie
plus parfaite que n’a le fécond intervalle 2:35
ou la quinte ; que celle-ci efl à fon tour plus harmo-
nieufe que la quarte, ou l’intervalle 3 : 4. Il femble
qu’on en pourra conclure que l’harmonie décroît à
mefure que les intervalles des tons fe rapprochent;
ainfi en prenant la fuite naturelle des intervalles
1:3,3 _2 : 3 >..3 : 4 ’ 4 :#5 > 5 : <S, 6 : 7 , 7 : 8 , 8 : 9 ,
9 :10 , &c. à 1 infini, qui font fucceffivementl’octave ,
la quinte , la quarte, la tierce majeure, la tierce mineure
, la tierce diminuée ( L’intervalle 7 :8 , n’a
point de nom déterminé ) la fécondé , &c. on s ’ap-
perçoit que plus le rapport des deux tons appror
che du rapport d’égalité, plus la diffonance devient
fenfible. Elle commencé à fe faire fentir dans l’accord
de 8 :9 , & de là elle continue à devenir de
plus en plus défagréable. Celle de 8 :9 , l’efl moin9
que celle de 9: 10 ; & celle-ci efl encore plus fup-.
portable que l’accord de 15:16 .
Une autre obfervationquiconfirme les précédentes
, c’eft que dans l’accord de deux inflrumens fem-
blables, par exemple de deux flûtes, la diffonance
devient plus défagréable à mefure qu’on approche de
l’uniffon ou du rapport 1 : 1 . L’intervalle 99: iôo, 6c
plus encore celui de 9 9 9 :10 0 0 , produifent une
difcordance infupportable ; mais qui fe réfout dans
la plus agréable des confonnances aufîitôt qu’on parvient
à l’uniffon.
D ’après toutes ces ' obfervations, nous croyons
pouvoir établir les propofitions fuivantes, comme
autant de vérités fondées fur une expérience indubitable.
i° . Que la plus parfaite des confonnances efl
celle des deux tons également hauts, c’eff-à-dire ,
l’uni ffon.
2°. Que la diffonance la plus infupportable efl
celle des deux tons, qui ne different que très-peu de
/
C O N
IWiffon, qui feroient par exemple dans le rapport
de 99 à 100.
30. Que le défagrément de cette difcordance
s’affoiblit à mefure que les nombres qui indiquent
le rapport des deux tons , s’éloignent de l’égalité ;
enforte qu’enfin ce défagrément ceffe abfolument
d ’être fenfible lorfque l’intervalle des-deux tons efl
parvenu à une certaine grandeur.
40. Que dès que cet intervalle n’efl pas plus
petit que dans le rapport de 5 : 6 , il n’y a plus de
diffonance.
50. Que dès ce même intervalle de 5 : 6 , l ’accord
des deux tons plaît déjà à l’o reille, 6c qu’à mefure
que les deux nombres s’éloignent encore davantage
du rapport d’égalité , la confonnance en devient plus
agréable.
6°. Que cet accroiffement des dégrés de confonnance
, a neanmoins fon maximum, au-delà duquel
l’agrément de la confonnance va en diminuant; &
que ce maximum tombe précifément fur le rapport
de 1:2 . Enforte que l’intervalle 1:3 ne fait déjà plus
une fi bonne confonnance que celui de 1: 2 , bien
que les nombres qui l’expriment s’éloignent davantage
de l’égalité.
En reprenant donc , munis de ces obfervations,
les intervalles des tons, dans le même ordre que la
nature obferve en produifant le fon ; favoir :
I ; 2 , 2: 3 , 3 .-4 ,4 : 5 , 5 :6 , 6 : 7 , 7:"8, 8 : 9 ,
9 : 1 0 , &c.
nous remarquerons que les limites qui féparent
les confonnances des diffonances, tombent fur les
intervalles 6 : 7 6c 7 :8 . Car l’accord de 8 : 9 ,
fait une diffonance bien marquée, 6c celui de 5 : 6 ,
efl une confonnance gracieufe. Nous avons remarqué
ailleurs ( Voyt1 ci - devant ACCORD parfait.
) , qu’au jugement des oreilles les mieux exercées,
l ’intervalle, de 6 : 7 , qui efl dans l’harmonie moderne
la tierce diminuée, efl encore au nombre des confonnances.
A ce compte, ce feroït donc l’intervalle
de 7 :8 , qui feroit la ligne de féparation entre les
accords confonnans, 6c les diffonans , & ce feroit
le feul de tous.les accords de deux tons, duquel on
ne fauroit dire à laquelle des deux claffes il appartient
: l’harmonie eft expofée ici à la même incertitude
qu’on retrouve dans toutes les choies qui ne
different qu’en dégrés. Qui oferoit entreprendre de
déterminer le point précis , oit le grand finit 6c oit
le petit commence ; oîi l’on celle d’être riche, 6c oh
l ’on devient pauvre ; oh le bien-être fe change en
infortune ? Il ne doit donc pas paroître étrange qu’il
y ait dans la mufique un intervalle qui ne foit ni
confonnant, ni diffonant ; heureufement cet intervalle
équivoque ne fe trouve pas fur notre échelle
de mufique.
Le domaine des confonnances feroit donc fixé par
les remarques précédentes, jufqu’à un dégré de certitude
affez vraifemblable ; & nous pouvons pofer
pour principe que la tierce diminuée 6 :7 , efl la plus
imparfaite, 6c que l’oélave 1 :2 efl la plus parfaite
des confonnances , qu’ainfi leur domaine s’étend
d’un de ces intervalles à l’autre.
Les intervalles qui excédent l ’oélave, tels que
le rapport de 1 : 3 , 6c tous les autres de ce genre,
n’exigent aucune confidération particulière. Car
puifqu’avec le ton 1 , on entend aijffi fon oétave 2 ,
il efl clair que l’intervalle 1 : 3 efl de la même nature
que la quinte 2: 3 ; & qu’en général tout intervalle
qui paffe l’oâave , efl femblable à l’intervalle qui
réfulteroit du ton inférieur élevé à fon ottave ; ainfi
l’intervalle compofé 4:9 efl de la même nature que
l’intervalle fimple 8 : 9. Il feroit par conféquent
fuperflu d’étendre le domaine des confonnances au-
delà de l’o&ave ; 6c nous pouvons les renfermer
Tome II. J
C O N 555
toutes entre les deux limites, de la tierce diminuée
& de l’oélave , entre les deux rapports j 6c f*
Mais il femble qu’on pourroit conclure de cette
affertion , que tout intervalle moindre que l’oélave,
& plus grand que la tierce diminuée ,devroit nécef-
fairement faire une confonnance. Aufli cette conclu-
fion feroit-elle ju fle, n’étoit la circonflance particulière
qu’il ne faut point perdre de vue ; favoir,
que tout ton fondamental fait entendre en même
tems fon oélave 6c fa quinte d’un maniéré très-fenfi-
ble. Ceci met une reftridtion importante à la réglé
des confonnances, 6c nous fait comprendre pourquoi
1 accord de feptieme, quoique contenu dans l’étendue
des intervalles confonnans , fait une diffonance;
c’efl que la feptieme ne fait pas cette diffonance
avec le ton fondamental, mais avec fon oélave dont
l’intervalle n’efl que d’une fécondé; fi par exemple
1 accord de ut-Ji efl difeordant, c’efl parce qu’avec le
ton ut touché, on entend fon oâa ve ut, 6c que l’inter-
valltfi-u t efl moindre que de 6 à 7. Ainfi pour renfermer
l’exception dans la réglé, il faut dire que les
intervalles plus grands que dans le rapport de 6 à y ,
font confonnans lorfqu'ils ne fe rapprochent pas trop du
rapport de 1 à 2.
Pour déterminer jufqu’à quel point ces intervalles
peuvent s’approcher du rapport 1 : 2 , fans ceffer
d etre confonnans, exprimons ce rapport par des
nombres plus grands ; fuppofons - le comme 6 à
12 ; & concevons qu’entre’la plus baffe corde d’une
oélave, 6 , & la puis haute 1 2 , il y ait un certain
nombre de cordes intermédiaires , par exemple
onze, ces cordes feront defignées par les nombres
fuivans, 6 j , y , 7 ^ 8 ,8^ , 9 , 9*, 10 , i o { 9 n ,
1 1 ? ; il efl évident que les confonnances commenceront
à la corde , 7 6c que la derniere tombera fur la
corde 10 , parce que les fuivantes feroient une diffonance,
non avec la corde 6 , mais avec fon oélave
12. Car l’intervalle lo f : 1 2 , ou 2 1 :2 4 , eft plus
petit que celui de 6 à 7.
Mais afin de nous rapprocher davantage de la
connoiffance pratique , repréfentons-nous le fyflê-
me des tons , tel qu’il efl ufité dans la mufique moderne
, 6c appliquons-y les obfervations précédentes
: voici d’abord le tableau de ce fyflême.
ut. ut n . re. re X . mi. fa. fa fo l. f o l l a . fi\,. fi. ut.
1 T ? i I TT f ' 7 I f f TT~ K— — -
Ici le domaine des confonnances s’étend depuis le
ton re diefe, jufqu’au f i bémol. En effet, l’intervalle
ut — re % efl déjà un peu plus grand que de 6 à 7 , 6c
l’intervalle f i — u t, ou : 2 qui efl 8 : 9 , eft plus
petit que le rapporté : 7. Ainfi chacun des fept tons
re ^ , ml, f a , fa fo l,fo l 6c la 'devroit faire
confonnance avec le ton ut.
Mais eft-il bien vrai que tous les tons de notre
échelle, compris entre les tons re 6c f i |> faffent accord
de confonnance avec ut, comme cela devroit
être d’après les principes que nous venons d’établir?
C’eft ce qu’on ne fauroit affirmer, puifque chacun
fent la diffonance du triton ut—fa diefe, 6c de la
fauffe quinte fa diefe — ut. Cependant il ne paroît pas
qu’il y ait ici une diffonance immédiate entre le ton
fa diefe 6c les tons u t, ni entre les tons ut 6c fa ^ ; la
diffonance eft entre le ton fupérieur fà ^ ou u t, &
le femi-ton qui le fuit fo l ou ut diefe, parce que ce
femi-ton eft la quinte du ton inférieur ut ou fa%
& qu’avec le ton touché on entend toujours fa quinte.
O r , nous avons vu qu’un intervalle de femi-ton fait
une diffonance très - fenfible : ainfi la quinte jufle
étant fentie, exclut néceffairement le triton, ou la
quarte fuperflue, & la fauffe quinte qui, par cette
raifon, doivent être rangées toutes les deux dans la
claffe des diffonances.
Par la même raifon , il faudroit dire que la quarte
6c la fixte font aufli diffonance avec le ton fo l, 6c
A A a-a ij