
s’en faire un appui ; le feui moyen de lui plaire étoit
de fe montrer jufte. Dans un voyage qu’il fit en
Bourgogne , où il fe montra dans tout l’appareil de
fa majeïté, il fembloit moins un roi qu’un dieu fait
pour punir le crime & venger l’innocence. Le peuple
ne pouvoit que chanter les éloges d’un prince ,
dont le bras étoit fans ceffe fufpendu fur la tête des
grands q u i, fous le régné de Clotaire II, s’étoient
permis les injiiftices les plus criantes ; mais on ne
tarda pas à connoître que cette conduite vraiment
patriotique, ne lui étoit infpirée que par fon intérêt
perfonnel. Dès qu’il crut avoir afiëz fait d’exemples
pour abattre les grands, & pour fë concilier l’amour
des peuples du royaume de Bourgogne, il fit afl'affi-
ner Bremulfe , oncle maternel d’Aribert ; ce feigneur
n’avoit commis d’autre crime que d’avoir réclamé la
loi du partage en faveur de fon neveu ; & même
depuis il avoit toujours vécu à, la cour de Dagobert,,
& s’y étoit comporré en fidele fujet. Dagobert s’abandonna
enfuite à tous les excès de la débauche &
de l’ambition : outre Nantilde , Vulficonde & Ber-
tilde , qu’il eut à la fois, & qui toutes trois portèrent
le titre de reine, il tint un fi grand nombre de
concubines, que fuivant la remarque d’un moderne
, les hiftoriens ont cru .qu’il y avoit de la pudeur
à en déclarer le nombre fans le faire connoître , &
n’ont nommé que Regnatrude : d’un autre côté, on
a de violensfoupçons qu’il fit empoifonner Aribert,
fon frere ; ce prince mourut au retour d’une vifite
qu’il lui f it , & pendant laquelle il leva Sigebert,
fon fils aîné, fur les fonts. L’hiftoire n’accufe pas
directement Dagobert d’avoir commis cet attentat ;
mais un prince qui eft foupçonné d’un crime, en eft
toujours jugé capable. Chilperic, fils d’Aribert, mourut
de la même mort de fon pere , c’eft-à-dire,
fubitement, & fans que l’on connût le genre de fa
maladie : cette fécondé mort, jointe à l’empreffe-
ment qu’il montra, avant 6c après, à fe revêtir de
leurs dépouilles, augmenta le foupçon.
On blâmeroit moins Dagobert d’avoir réuni dans
fa main toute la monarchie, au préjudice de fon
fre re , fi l’on voyoit qu’il y eut été déterminé par
un intérêt d’état. Le bonheur des François dépendoit
inconteftablement de cette réunion : les premiers
fiecles de notre hiftoire démontrent cette vérité de la
maniéré la plus fenfible. Mais Clovis I I, fon fécond
fils , fut à peine forti du fein de fa mere, qu’il fon-
gea à lui affurer une portion de fon héritage : il
convoqua une affemblée générale des feigneurs des
trois royaumes, & fit affurer à ce prince la couronne
de Neuftrie 6c de Bourgogne: celle d’Auftrafie étoit
déjà fur le front de Sigebert , fon aîné. Il mourut
environ un an après qu’il eut réglé ce partage : fa
mort fe rapporte au 17 janvier 638 ; fon régné fut
prefqu’auffi long que fa v ie , fi on le compte depuis
le moment qu’il monta fur le trône d’Auftrafie : il
avoit trente-cinq ans accomplis ; fes cendres repo-
fent dans l’églife de Saint Denis, qu’il fit bâtir avec
la derniere magnificence.
L’hiftoire militaire de fon régné ne fërtpoint à relever
fa gloire ; il fe fervit plus fouvent du poignard que
de Fépée : il fit maffacrer en une feule nuit neuf mille
Abares qui lui demandoient un afyle contre les
Bulgares leurs vainqueurs. Il fut le premier des
defcendans de Clovis, qui d’habitude fit la guerre
par fes lieutenans ; 6c ce fut l’une des principales
caufes de la chute de fes fucceffeurs qui l’imiterent.
Les limites de la monarchie refterent les mêmes
qu’ elles avoient été fous fes prédéceffeurs ; mais il
renonça au tribut que les Saxons nous payoient depuis
Clotaire I , dans un tems où il eût pu leur en
împofer de nouveaux.
Dagobert étoit libéral, & fon régné Fut celui du
luxe & de la magnificence : l’hiftoire remarque que
dans une affemblée nationale il parut dans un trône
d’or maflïf; mais pour répondre à ces dépenfes, il
fut obligé de mettre fur fes peuples des impôts onéreux.
Les moines fur lefquels il avoit accumulé fes
bienfaits, lui ont donné les plus magnifiques éloges :
on loue leurreconnoiffance, dit un moderne, on n’en
blâme, que l’excès. Il fut régner avec empire fur fes
fujets; 6c il eft probable que malgré fes vices la monarchie
fe feroit rétablie fous fon régne, s’il eût été
de plus longue durée ; ces vices là même y auroient
contribué. On doit préfumer qu’il auroit fupprimé
la mairie ; plufieurs circonftances de fa vie prouvent
qu’il fentoit le danger de la laiffer fubfifter. Ce n’étoit
point un faint, dit M. V e lli, en réfutant l’hifiorien
du régné de ce prince ; la qualité de fondateur ne
donne point la fainteté, il faut pour cela des vertus
réelles : on admire la générofité de Dagobert, on
gémit fur fes déréglemens : on lui doit un précieux
recueil des loix qui furent en vigueur fous les deux
premières races ; 6c c’eft fans contredit le plus beau
monument de fon régné.
D agobert I I , neuvième roi d’Auftrafie, naquit
l’an 656 de Sigebert II 6c d’Emnichilde : ce prince
éprouva le malheur avant même que fon âge lui permît
de le connoître. Il étoit encore au berceau lorf-
que fon pere, fur le point de mourir, confia le foin
de fa tutelle à Grimoalde, maire de fon palais, mi-
niftre perfide qui l’avoit plongé dans une aveugle
fécurité, 6c avoit ufurpé toute l’autorité fous fon
régné. Grimoalde ne put cependant fe difpenfer de
mettre Dagobert I I fur le trône, mais il l’en fit bientôt
defcendre ; il le dégrada, fuivant l’ufage , c’eft-
à-dire, en lui faifant couper les cheveux 6c le relégua
fécretement en Ecoffe : c’eft alors que développant
toute l’audace de fes deffeins, il mit le fceptre
entre les mains de Childebert fon propre fils : ce fut
fans doute pour diminuer l’horreur de cette ufurpa-
tion, qu’il fit répandre que Sigebert I I , avant que de
mourir, avoit adopté le jeune tyran qu’il venoit de
couronner. Les grands parurent indignés qu’un fujet
né comme eux pour obéir, exigeât leur hommag
e ; ils fe révoltèrent contre ce nouveau, joug : ils
étoient probablement fâchés de n’avoir plus de bouclier
contre le trône, puifque le maire, créé pour
les protéger, alloit fe confondre.dans la perfonne
du roi. Childebert n’auroit pas manqué de fuppri-
mer la mairie à la mort de Grimoalde, au moins la
politique demandoit qu’il abolît une charge qui lui
avoit fervi de dégré pour monter fur le trône, &c
pour en précipiter fes légitimes maîtres. Quels què
fuffent leurs motifs, ils fe faifirent de la perfonne de
Grimoalde, & le livrèrent à Clovis I I , qui le punit
de fon attentat. Clovis fit vc-ir que c’étoit moins la
caufe d’un roi opprimé & d’un roi fon neveu qu’il
défendoit, que la fienne propre : il punit Grimoalde
, non parce qu’il avoit ufurpé un trône, mais
parce qu’il craignoit qu’un de fes miniftres ne fût
tenté d’imiter ce perfide. En effet, au lieu de rendre
la couronne d’Auftrafie à Dagobert I I , il la garda
pour lui-même 6c la réunit à la fienne, malgré le;s
prières de la reine Emnichilde, qui ne ceffoit de fol-
liciter le retour de fon fils. Dagobert ne repaffa en
France qu’après la mort de Clotaire III, fils de Clovis
II ; alors il obtint, non fans beaucoup de brigue ,
une partie de l’Auftrafie. Ebroin prétendit l’en priver
; & pour excufer fes hoftilités, il fit paroître un
faux C lo vis , qu’il difoit être le fils de Clotaire III.
Dagobert triompha de l’injuftice, & conquit fur ce
maire, qui cependant réuniffoit tops les talens militaires
dans le premier dégré, l’autre partie de l’Auftrafie
qu’on lui avoit refufée jufqu’alors ; c’eft ainfi
que Dagobert obtint par le droit de la guerre, ce
qu’il eût dû recevoir de l’équité de fon oncle.
Il mourut en 6 79 , aprè$ un régné d’enyiron fept
ans : l’hiftôire ne parle ni de fes vertus, ni de fes
vices ; & fon filence à cet égard eft un fûr garant de
la modération de ce prince ; fa victoire fur Ebroin
nous donne une haute idée de fon courage &c de fes
autres vertus militaires : i l fit beaucoup dé fondations
pieufes, c’étoit la pafiion de ce tems -, plus
dévot qu’éelairék
D agobert III occupa le trône de France, depuis
l’an 712 jufqu’en 7 1 6 , il étoit fils de Childebert II.
Nous n’avons point d’annales où les actions de ce
prince foient confacréès; il régna pendant la tyrannie
dès maires du palais , qui n’auroient pas permis
de parler avantageufement des fois dont ils ,'détrui-
foient la puiffance : il laiffa un fils au berceau, nommé
Thierri, deftiné comme lui à n’offrir qu’un fantôme
de royauté. Foye^ Pépin d’Heristal , dans
ce Suppl. { Af—r . )
D AIM , f. m. ( terme de Blafon. ) animal portatif
cornes tournées en avant, plates 6c larges, affez fem-
blable au cerf, mais beaucoup plus petit.
Le daim eft le fymbole de la timidité. Trudaine
de Montigny, à Paris; d’or à trois daims de fable.
Foye^ dans le Dict. raif, des Sciences-, & e. planche F,
fig. 2S4 de Blafon, (G . D . L. T.)
D ALEB'OURG, ( Géogr.) capitale de la province
de Daîie en Suede, failant partie du pays qu’on
nomme Gothland. Elle eft fituée près du côté occi*-
dentaldu lac Wener, à cinquante milles, nord-eft,
de Gothembourg. Longit. ig. latit. Sg. (+ )
DALEM, ou DAALHEM du S’G RAVÉNDAL,
( Géogr. ) ville des Pays-Bas Hollandois, capitale
d’un comté qui fait partie des pays de la généralité,
& qui eft fitué aux confins du duché de Limbourg 6t
de l’évêché de Liège. Cette ville, qui n’eft point
grande, 6c qui eft baignée des eaux de la petite rivière
de Berwine, avoit autrefois un château que les
François ruinèrent l’an 1672. Ses habitans font
exempts de tout impôt. Les anciens comtes de Da-
lem étoient de la maifon de Hochftade, 6c originairement
vaffaux des-ducs de Brabant 6c de Juliers.,
ils vendirent leur comté dans le XIIIe fiecle aux ducs
de Brabant. L’on y trouve, avec la ville de D aient,-
fix villages, 6c la baronnie d’Olne. La province de
Gueldres en fon particulier, en poffede Une portion
en propre. Le relie eft en commun aux états-Généraux.
( D . G. )
DALEN, ( Géogr f) ville & bailliage d’Allemagne ;
dans le cercle de W eftphalie , 6c dans le duché de
Juliers. Les Efpagnols y battirent l’an 1568* l’armée
des Pays-Bas révoltés. ( D . G. )
DALIBARDE , f. f. ( Botan.) dalibarda , plante
de l’Amérique feptentrionale, dont M. Linné faifoit
ci-devant un genre 6c qu’il réunit à préfent avec les
ronces : fes tiges font herbacées 6c rampantes, fes
feuillesfimples, en coeur, crenelées, & un peu velues:
fes fleurs font folitaires au fommet d’une hampe \
nue, blanches & fuivies de cinq femences nues.
Linn. Sp. p l.joG . ( D. )
DALIE , {Géogr.') province de Suede, dans la
"Weftphalie, entre le lac de "Wener, 6c le gouvernement
de Bahus. Elle a dix milles d’Allemagne de
longueur, 6c cinq 6c demi de largeur. C ’eft, comme
fon nom le défigne, un affemblage de vallées, mais
de vallees fertiles en grains 6c en pâturages : fa plus
haute montagne eft le Borekul ; elle eft couverte
comme toutes les autres de la province , de bois de
charpente, dont il fe fait un grand trafic. Le pays fe
divife en parties feptentrionale ou pierreufe, 6c méridionale
ou plaine : il n’y a de ville que celle d’A-
mal; l’on y reffortit pour le fpirituel de Carlftadt etl
Wermeland, 6c pour le temporel, d’Elfsbourg en
Weftgotie. ( D . G. )
DALILA, {Hift, Sainte.) l’une des plus belles
fehiniês de la vallée de Sôrec, dans le paÿS des PhD
liftins. Samfon s’attacha à elle , & l’aima tellement*
qu’il eut la foibleflè de lui déclarer en quoi cônfiftoit
fa force. Cette femme, corrompue parles Philiftins*
lui fit couper les cheveux tandis qu’il dormôit ; &c
le livra aux Philiftins.
D ALINOW, ( Géogr. ) ville de la haute Pologne*
dans le palatinat de la petite Ruflie, bu Ruffie Rouge *
au diftriél de Leopol. Elle n’a rien de remarciuablei
( D . G, )
* § DALMATIE , {Géogr.') Her^egorma ejl capi*
taie de la, partie Turque. La capitale de la Daltnatii
Turque s’appelle Mojlar, fituée dans le pays nommé
Hercegovine & non pas Htr{egorma. Lettres fur l'Eh*
cyclopédie.
DALSHEÏM, {Géogr. ) petite ville d’Allemagne*'
dans le cercle du bas Rhin, & dans Péleûorat Pa^. ■
latin, au grand bailliage d’Alzey. ( D . G. ) ,;
DALTON , ( Géogr» ) petite ville d’Angleterre*
dans la province de Lancafter, au milieu d’urte
plaine que borde la mei* d’Irlande. Elle fait Un boit
commerce de denrées, de chevaux, & autre bétail.
{ D . G .)
* § D AM A TÈR , furnom de 'Gérés. Les Grecs appel-
loient Damatniis^ le dixième de leurs mois, qui ré-
pondoit à-peu-prés à notre mois de Juillet. Cétoit le
temps de leurs moiffohs. Damater eft l’abrégé de
Dans mater. On pêut voif encore d’autres étymologies
de Damater ou Demetër dahs Giràldi. Le
mois Demetrios, & non Damatrius, étoit un mois
des Bythiniens, qui répondoità notre mois d’Àôût,
temps des moiffons. Lettres fur VEncyclopédie. ■
■ DAMES ESCLAVES DË LA vertu ( L'Ordre
des), fut inftitué en i66z, par l’impératrice Eléànore
de Gonzague, Veuve de Ferdinand Ï I I , dans le
deffein d’engager .les Dames de fa cour à mener,
une vie édifiante.
La marque de cette chevalerie eft un foleil d’of,'
avec cètte devife fur les1 rayons : fola mùmphàt
ubique. Le tout ehclos dans uné coitronne de laurier.
Vôye{ la plàiiche X X IF . fig. 22 "de Blafon, dans U
Dict. ràif des Sciences, &c. ( G. D . L. T. )
Dames r éu n ie s j’our honorer la croix
{L'Ordre d e s ), fut inftitué par là même impératrice
Eléonore de Gonzague, en 1668, à l ’occafioh
de l’incehdie qui arriva au palais de l’emperëür,
où il y eut nombre d’effets précieux cônfuriiés par
les flammes , qui parurent avoir refpeélé un crucifix
d’or où étoit encnâffé du bois de la vraie croix.
Pour marque de cet ordre de chevalerié, les
Dames qui en font, décorées, portent fur le côté
gauche de la poitrine, au bout d’un ruban hoir,
une croix d’or, dont chaque branche eft terminée
par une étoile d’argent; quatre aiglettes de fable
à deux têtes font dans les angles, 6c. foutiéhrient un
liftel d’argent avec ces deux mots en quatre ihter-
valîes, fazxlus, glo—ria : fur le centre de la croix, font
repréfentés deux morceaux de bois de couleur naturelle
, pôfés en fautoir. Fôye{ la planche X X IF .
fig. zg de Blafon , dans le Dictionnaire raif. des_
Sciences, &é.
* DAMGARTEN, ( Géogr.) ville d’Allemagne^
dans la Poméranie, appellée par erfeur typographique,
D amgasten. Dicte raif. des Sciences, &c.
DAMSEŸ , ( Géogr. ) ifle de ia mer du nord ,
du nombre des Oreades, fituées vers la pointe
feptentrionale- de l’Ecoffe : elle eft une des plus
petites & des plus fertiles de tout cet affemblage. ■ m DAMSTER-DIEP , ( Géogr. } c’eft le nom que
prend la F iv el, riviere des Provinces-Unies , dans
celle de Groningue, lorfqu’après avoir pàffé la ville
de Dam, elle va tomber dans la mer du nord , par