
ûviclité. Confiantin diftrait far toutes tes vexations
affembloit un concile à Arles pour éteindre le fchif-
me des Donatiftes. Ses peuples gémiffoient dans
l’oppreffion ; il les croyoit affez heureux s’il pou-
voit les éclairer. Ce fut fous fon régné que l’Aria-
fiifme prit naiffance dans l’Egypte d’où il fe répandit
fur toute la furface du globe. Les talens d’Arius en
facilitèrent les progrès. Le poifon fut fi adroitement
préparé que la contagion corrompit les prélats les
plus éclairés. Conftantia, foenr de Confiantin t favorifa
l’erreur nouvelle qui devint la dominante dans 1 E-
gypte, la Lybie & l’Orient. Les deux partis con-
voquoient des fynodes oit ils fe frappèrent récipro-
quement d’anathêmes. Confiantin pour étouffer le
germe de tant de divifions, convoque un concile
général à Nicée,ville de Bythinie. Tous les évêques
y furent invités. Lé tréfor public leur fournit des
voitures & des chevaux ; Confiantin fe rendit à Nicée
pour les recevoir. Ils s’ affemblerent au nombre
de trois cents dix-huit. L’empereur parut dans cette
vénérable affemblée, & ne voulut s’affeoir qu’après
en avoir été prié par les évêques. Il eut meme
l’humilité de baifer les plaies de ceux qui avoient
fouffert pour la câufe de Jefus-Chrift. Il protefta
qu'il vouloit laiffer la liberté des fuffrages, mais il
les gêna en effet en menaçant de l’exil ceux qui refu-
feroient de foufcrire aux décifions. Tous les peres
du concile fe félicitèrent de fon affabilité : il leur
donna un magnifique feftin dans fon palais. Il avoit
tant de vénération pour eux » qu’il avoit coutume
de dire que s’il furprenoit un évêque en adultéré ,
il le couvriroit de fa pourpre pour en cacher le
fcandale aux yeux du public. La faveur dont il
honoroit les miniftres, de la religion, en étendit
les conquêtes. Les villes & les campagnes brûloient
leurs idoles, & détruifoient leurs temples pour
bâtir des églifes. Parmi ces nouveaux Chrétiens,
on en vit qui par un relie d’attachement pour leur
antiques cérémonies, conferverent les ftatues indécentes
de leurs d ieux, & fur-tout celles de Vénus.
D es villes converties laifferent fubfifter fur leurs
théâtres dçs fcenes Iafcives qui offenfoient la pudeur.
La Syrie efféminée offrit pendant long-tems
ce fpe&acle licentieux. Le Chriftianifme pénétra
au - delà du Rhin & du Danube. Les Goths reçurent
l’évangile. Un grand nombre de Barbares,
après avoir pillé l’empire, retournèrent dans leur
pays , éclairés des rayons de la foi. Ce fut fous
fon régné que les monafteres furent établis. Des
folitaires avoient peuplé les déferts : mais c’é-
toient des membres épars qui n’étoient attaches à
aucun corps. Antoine protégé de l’empereur , fut le
premier qui forma des difciples, & qui les affujettit
à une réglé uniforme. Pacome à fon exemple fonda
des monafteres qui édifièrent les païens meme tant
qu’on y conferva la ferveur & l’efprit de leur premier
inftitut. Les infcriptions qui retraçoient fur les
monnoiesles cérémonies idolâtres, furent effacees.
Les impoftures des prêtres du paganifme furent de-
voilées , les facrifices abolis. La magie & la divination
furent profcrites. Les oracles qui avoient abufe
de la crédulité du vulgaire, tombèrent dans le
mépris. Tandis qu’il détruifoit l’idolâtrie, il épar-
gnoit la foibleffe des idolâtres. Le paganifme n eut
point à fe glorifier de fies martyrs : & même la veille
de fa mort, il fit publier un édit qui maintenoi* les
prêtres idolâtres dans leurs anciens privilèges.
Un projet difficile occupoit depuis long-tems fon
efprit ; c’étoit de fonder une nouvelle Rome, &
d’y transférer le fiege de l’empire. Un autre n’auroit
ofé concevoir ce deffein, Confiantin l’exécuta en peu
de tems. Il choifit le détroit de l’Hélefpont entre
l’Europe & l’Afie, oit l’on ne voyoit plus que les
débris de l’ancienne Byfance qu’il rétablit fous le
nom de Coiifiantinoplè. Il choifit ce* lieu comme
le centre de l’em p ir e ,fu r - to u t comme le plus
favorable pour oppofer une barrière aux Perfes qui
alors étoient fies ennemis les plus redoutables. L’ancienne
Rome lui étoit devenue odieufe par fon attachement
à l’idolâtrie. Peut-être fuccomba-t-il à l’ambition
d’être le fondateur d’un nouvel empire, de
même que le premier Cefar avoit eu la tentation de
tranfporter à Troye la fplendeur de Rome. Cette
ville nouvelle fut embellie d’édifices & de places
publiques qui furpafferent en magnificence tous les
monumens de Rome. Les temples des faux diéux
fournirent tant de ftatues, qu’elles y étoient entaffées
avec confufion. Son fils Crifpus, né d’un premier
mariage, faifoit concevoir les plus hautes efpé'ran-
ces. Son courage & fes talens l’égaloient àux plus
grands capitaines de l’antiquité. Né pour plaire, il
eut le malheur d’infpirer une paflion criminelle à
Faufta fa belle-mere. Le jeune prince plein d’horreur
de cet incefte, refufa d’y condefcendre. Sa marâtre
indignée de fes mépris, l’aceufa de l’avoir
voulu féduire : le crédule Confiantin fit empoifonner
fon vertueux fils, dont il reconnut trop tard l’innocence.
Cette mort fema l’amertume fur le relie de
fa vie. La gloire que Confiantin s’étoit acquife fut
obfcurcie par la protection dont il honora les Ariens.
Les évêques ennemis de la divinité de Jefus-Chrift
furent rappellés de leur e x il, & rétablis fur leurs
fieges. Quoiqu’il ait été le défenfeur le plus zélé du
Chriftianifme, il différa fon baptême jufqu’aux approches
de la mort. Sa lenteur à fe faire initier dans
nos myfteres, & à faire ufage des facremens a fait
mal-à-proposfoupçonner fa foi, & fait croire que fon
zele futinlpiré par la politique, d’autant plus que fes
moeurs ne furent point conformes à la pureté évangélique.
On lui reprocha une ambition qui ne pou-
voit fouffrir d’égalité ; des profufions qui accabloient
fes fujets pour enrichir fes miniftres , & pour confr
truiredes édifices plus fomptueux qu’utile s. Plufieurs
églifes l’ont mis dans la lifte des faints ; les Grecs
célèbrent encore aujourd’hui fa fête. Sapor inftruit
que fa fanté chancelante le mettoit hors d’état de fe
mettre à la tête de fes armées, lui redemanda les
cinq provinces que fon pere Narcès après fa défaite
avoit été contraint de céder aux Romains. Confiantin
qui avoit encore dans l’efprit la vigueur de fon
premier âge, lui fit dire qu’il iroit lui-même porter
fa réponfe. Il fe mit auffi-tôt en marche ,mais il fuc-
comba fous les fatigues du voyage. Il tomba malade
àNicomédie ; alors ne pouvant plus fe diffimuler
qu’il touchoit à fa derniere heure, il fit la confef-
fion publique de fes fautes, & demanda le baptême.
Dès qu’il fut régénéré dans ce bain facré , on le revêtit
d’habits blancs , fon corps fut couvert d’étoffe
de la même couleur, & depuis ce moment il ne
voulut plus toucher à la pourpre. Il mourut le z mai
l’an 337. après un régné de trente ans neuf mois &
vingt jours. Quelques-uns ont prétendu fans motifs
qu’il avoit été empoifonné par fes freres. Au premier
bruit de fa mort, fes gardes s’abandonnèrent aux
tranfports de la plus vive douleur. Ils déchirèrent
leurs habits, ils fe roulèrent parterre enTappel-
lant leur maître & leur pere , tous paroiffoient dif-
pofés à le fuivre au tombeau. Ce deuil général dans
toutes les provinces fut encore particulier aux ha-
bitans de Nicomédie. Son corps rut porté à Conftan-
tinople dans un cercueil d’or couvert de pourpre.
Les tribuns choifirent les foldats qui en avoient ete
les plus chéris pour en porter la nouvelle à fes enfans.
Confiance moins éloigné que les autres arriva le
premier. Il fit dépofer fon corps dans l’eglife des
apôtres, avec une magnificence royale. Les pleurs
& les regrets du public firent le plus bel ornement
de cette pompe funebre. Les Chrétiens dont il fut
le zélé proteftelir, ont peut-être exagéré (es v»rtus
du moins l’on peu; affurer que .s'il raffembla les ta-
léns qui font les grands princes , àl imprima des ta-
ches à fa mémoire par des atrocités qui auroient déshonoré
un païen. On ne parle point ici de la donation
fabuleufe de la ville de Rome au pape Syl-
veftre. Cette fauffeté a été tant de fois démontrée ,
qu’il eft inutile de lui faire fubir un nouvel examem
Constantin le jeune, fils aîné du grand Confiantin,
fut défigné par le teftament de fon pere pour lui
fuccécTer, conjointement avec fes deux freres Conf-
tance & Confiant. 11 eut pour fon partage l’Efpagne ,
la Gaule & la Grande-Bretagne. Le grand Confiantin
avoit encore appellé fes deux neveux,fils de fes deux
freres, à la fucceffiom Leur mérite naiffant promet-
toit de perpétuer les profpérités de l’empire, mais ils
furent maffacrés par les foldats qui ne voulurent re-
connoîtfe pour Auguftes que les enfans de leur ancien
empereur. Tant de zele pour fa mémoire leur fut
infpiré par l’ambition d’un des princes qui ne vouloit
pas tant de concurrens à l’empire* Ce meurtre ne
fut imputé ni à Confiantin le jeune, ni à Confiant,
tout le foupçôn tomba fur Confiance. Les trois freres
après la mort des deux Céfars leurs eoufins,
firent un nouveau partage où les intérêts de Conf-:
tantin ne furent point affez ménagés. C e fut la fource
des différends qui affoiblirent leur puiffance. Leur
mécontentement fut fuivi d’une rupture éclatante
qui leur devint également funefte. Confiantin qui
feul avoit droit de fe plaindre , employa d’abord la
voie de la négociation dont le fuccès ne répondit
point à fes vues pacifiques. Il prit malgré lui de fe
faire juftice par les armes. Le feu de la guerre civile
embrâfa tout l’empire, & les trois concurrens
fe mirent en campagne avec tout l’appareil de leurs
forces. Cette grande querelle fut décidée fous les
murs d’Aquilée. Les troupes de Confiantin féduites
par un premier avantage & par l’exemple de leur
ch ef, s’abandonnent aux faillies de leur courage imprudent
qui les précipite dans une embufeade où
elles font taillées en pieces.Confiantin renverfé de
cheval, tomba percé de coups. Ses freres dénaturés
lui firent trancher la tête après fa mort ; & pour fur-
croît d’inhumanité, ils firent jetter fon corps dans le
fleuve d’Alfa qui baigne les murs d’Aquilée. Il paroît
qu’il en fut enfuite tiré, puifque long-tems après on
montroit fon tombeau de porphyre àConftantinople,
dans l’églife de fainte Sophie. Il mourut à l’âge de
25 ans dont il en avoit régné environ deux ôc demi.
Il avoit une reffembiance parfaite avec fon pere,
foitpar les traits , foit parla valeur & la bonté ; mais
il lui étoit bien inférieur dans le grand art de gouverner.
Son courage impétueux égareit fouvent fa prudence.
On liii reprocha une ambition demefurée ;
parce qu’ardent à concevoir des projets, il ne s’affu-»
roit pas des moyens d’en préparer le fuccès.
Constantin III. ( Voyc[ H è r a c l iu s II. dans
ce Supplément. )
Constantin IV, fils aîné de Confiant & fon
fucceffeur à l’empire , fut furnommé Pogonate ,
c’eft-à-dire le barbu, parce que n’ayant point encore •
de barbe lorfqu’il partit de Conftantinople, on fut
furpris de l’y voir rentrer avec une barbe fort épaiffe.
Son premier foin à fon avènement à l’empire fut,
de venger la mort de fon pere dont les affaffins
s’étoient retirés en Sicile. Il fe tranfporta dans cette
île où il fit périr dans la torture Mazefès &C tous;
fe% complices. Cette piété filiale lui mérita les ap-
plaudiffemens du public. Les Sarrafins devenoient
chaque jour plus redoutables. Ils portèrent leurs
armes vi&orieufes jufqu’aux portes de Conftantinople
dont ils ravagèrent impunément le territoire.
Sept fois ils en formèrent le fiege , & fept. fois ils
furent contraints de l’abandonner. Leur flotte fut
Tome I I t
détruite par î’induitrie de Çallenique , célébré mécanicien
qui inventa des feux qui ne s’çteignoïent
pas fç.us l’eau. Des plongeurs mettaient le feu fous
les vaiffeaux des Arabes & les rçduifoient en cen-i
dres. Confiantin après avoir détruit leurs forces maritimes
, les vainquit encore fur terre. Ils perdirent
dans un feul combat trente mille hommes. Tant dé,
défaites abattirent leur courage;. Ces barbares accoutumes
à diéier des loix à leurs ennemis , en reçurent
de leur vainqueur qui ne leur accorda là
paix qu’en les foumettant à lui payer un tribut an-,
nuel. Le. calme paffager dont jouit i’état, fut trou-
,klé par l’ardeur des difputes théologiques. Conf-
tantin qui, à Fexemple de fon aïeul, avoit beaucoup
de zele pour la foi de l’églife, s’érigea en ar^.
bitre plutôt qu’en pacificateur. 11 fit aflèmbler le,
fixieme concile général de Conftantinople qui ana-
thématifa les erreurs des Monothélites. Tandis qu’il
préfidoit à. cette affemblée, les Bulgares devenus
chrétiens fans, ceffer d’être barbares, pafferent le
Danube & mirent tout à feu & à fang. Confiantin
plus occupé des moyens de pacifier les troubles de l’é 1
glife que ceux de l’empire , eut ia lâcheté de conclure
une paix aufîi déshonorante que s’il eût perdu plufieurs
batailles. La Mille leur fut cédée, & on leur promit
de leur payer encore un tribut annuel. Son zele
contre la feCte^les Monothélites lui a mérité les.
eloges des orthodoxes, mais ils n’ont jamais pii
lui effacer la tache qu’imprime à fa mémoire Iç
meurtre de fes deux freres, Hèraclius & Tibere, qu’il
fit mourir après leur avoir fait couper le nez. Ces
deux princes infortunés n’avoient rien fait qui pût
leur mériter ce fort rigoureux. Ils furent punis des
paroles indiferettes de quelques mécontens qui
avoient dit publiquement qu’il falloit trois têtes
pour foutenir le poids de, l’empire. Ceux qui ies
proférèrent furent étranglés. Confiantin devint par ce
fratricide l’exécration de fes fujets; il mourut en 685*
Constantin V , fiis de Léon l’Ifaurien, eut tous
les penchans de fon pere dont il furpaffa la feélé-
rateffe. On lui donna le furnom de Copronime, parce
que preffé par des befoiris naturels, pendant qu’on
lè. baptifoit, il falit le bain falutaire de la régénération.
Il monta fur le trône l’an 742 de Jefus-Chrift.
Dès qu’il fut armé du pouvoir, il exerça une perfé-
eutiôn cruelle contre les partifans du culte des images..
Les reliques des faints furent la proie des flanimes;
Les evêques & les prêtres qui refuferent de les
fouler aux pieds, effuyerent les plus cruelles per-
fécutions. Les uns eurent le nez coupé, d’autres
les yeux crévés : l’exii & la prifon furent les peines
les plus légères qu’il décerna contre ceux qui refuferent
de ployer fous fes volontés. Les perfonnes
les plus diftiguées par leur naiffance & leurs vertus,
devinrent l’objet & la viètime de fes cruautés.,
Deux patriarches de Conftantinople périrent parle
glaive après avoir fouffert toutes les horreurs de
la torture. Les villes & les provinces furent àrrofées,
du fang des martyrs. Pendant qu’il faifoit une guerre
impie à fes fujets , ies Bulgares favageoient impunément
les frontières. Il leur oppofa des flottes &
des armées de terre dont il confia le coniman-,
dement à fes lieutenans , qui éprouvèrent une
viciflitude de profpérités & de revers. Confiantin
retenu dans fes états, étoit occupé à éteindre la rébefa
lion d’Artabafde qui s’étoit fait proclamer empe^
reur. Cette guerre fut bientôt terminée. Dès qu’il
eut en fa puiffance cé dangereux rebelle, il Jui fit
crever les y e u x , & fes enfans lubirent la même
peine. Après avoir appaifé les troubles intérieursj
il fit des préparatifs pour réprimer les courfes des
Bulgares. Ce fut au milieu de.ces occupations qu’il
fut attaqué de la lepre. Les cruelles douleurs
dont il fut déchiré, furent le premier châtïmeni
B B bb