
imifcle à Te voûter plus que né le demande la ref-
piration, mais encore retarder & empêcher le mouvement
des différentes parties né'ceffaires à cette
fon&ion vitale. Ld refpirafiôn gênée par le ferrement
des côtes inférieures , & par la voûte forcée
du diaphragme , trouble la circulation du fang dans
le coeur, & dahs lés gros Vaiffeaux qui en dépendent
, & d’autant plus , que lâ preflïôn de l’aorte
defcendante 6c de là veiné cave inférieure, retient
en partie le fang dans les gros vaiffeaux fiiperieurs,
non feulement dans ceux dé la poitrine, mais aufli
dans ceux dé la tête 6c du cerveau, & y occa-
fionne une efpecé dé regorgement q u i, félon les
différentes difpofit'ioriS dit fujèt, peut occâfionner
des palpitations, des polypes , des maladies pulmonaires
, dés màux de tê te , des Vertiges , des
anévrifmeS, & même tôt ou tard l’apoplexie. La
tomprèflion de l’eftomac , du fdie & dé la rate,
produira des accidens plus ou moins fâcheux par
rapport aux nerfs, aux glandes méfémériques, à
la route du ch yle, aux reins, à la v e f l i e , & aux
autres parties contenues dans la capacité du bas-
ventre. Du genre nerveux offenfé naîtront les foi-
bleffes, les fuffocations, vulgairement appellées vapeurs
, les difpofitipns à la parâlyfie, &c. accidens
auxquels les femmes du peuple qui ne portent point de
corps à baleine, font bien moins fujettes que lés autres;
Tels font lés maux dont l’ufagê Continu des corps
forts menace la partie inférieure & moyenne du
trône. Il eft encore nuifible à la partie fupérieure,
quoique ces corps à cét endroit foient plus évafés
& plus larges. Leurs échancrures au-deffous des
bras, 6c qui répondent à-peu-près au creux de
Vaille lie , brident violemment deux mufcles, favoir
le grand peôoral 6c le grand dorfàl, qui forment
le creux de l’aiffelle 6c qui fervent aux principaux
mouvemens des bras; le tranchant & les bords dé
ces échancrures ferrent aufli les vaiffeaux & les nerfs
axillaires, de maniéré que quelques perfonnes en
ont les bras rouges * 6c fouvent tout livides avec
plus ou moins d’en gourdiffement, & qu’elles ne peuvent
les étendre en avant. D ’ailleurs, les épaulettes,
ces bandes qui paffent par deffus l’épaule, reculent
tellement les moignons des épaules, que les extrémités
antérieures des clavicules au haut du fiernum,
deviennent quelquefois par-là très-faillantes, ôcfont
comme prêtes à le déboîter, ce qui paroît fur-tout
aux perfonnes maigres; èj
• Riolan, premier médecin de la reine Marie de
Médicis, qui vivoit par conféquent dans un tems où
les corps étoient encore plus en ufage parmi les
femmes du grand monde que dans cejni-ci, avoit
obfervéque la plupart de ces femmes ayoient l’épaule
droite plus grpffe-& plus charnue que la gauche. Le
célébré Winfloy/a trè^-bien prouvé dans un mémoire
, dont cet article eft l’extrait, que cette difformité
yenoit de l’ufàge des cofps forts.
' Voilà d’afîez puiffans motifs pour proferire ces
cuiraffes de baîéine, 6c de leür fubftituér de Amples
corfets de toile.
CORRECT, TE , adji" COhRÉCf ÎÔN, f.f. (Beaux-
Arts-, ) C’eft une attention fcrùpüleufe à perfe&ibn-
ner un ouvrage de l’art jufques dans fes moindres
parties, à corriger lès plus petites fautes , à effacer
les défauts les plus légers , 6c à ne négliger aucune
beauté de détail.’ Characterem felïcis Aejthètici , dit
Baumgarten dans fon Efthétique , coronat correctio-
nis.Jludium, limes labor& mora , feu habitus prôtenfa
atientioneinpulchreInformatum opus, quantumpofjis,
minores, minutorum etiam ejüs partium perfecliones
augendi, tollendi imperfectiones, aliquantula phtx.no-
mena , citra detrimentum totius. Aefth.' § 97. La
correction fait partie de l’èxécutiôh, & du fini. T'oyez
Exécution , dans ce Suppl.
Comme les grandes beautés d’un ouvrage de
l’art confiftent dans l’élévation des penfées qui
s’emparent avec violence de l’imagination , 6c qui
donnent de fortes fecôùffes aux paflions, un ouvrage
peut très-bien produire de grands effets fans
être correct. Si l’impreffion qu’il fait réfultè des grandes
parties, il fuffit que ces grandes parties foient
parfaites ; fortement remué par le fentiment de leur
perfeftion, on ne feroit pas èn état d’appercevoir
les minuties|de détail. Celui quia de grandes 6c de
mémorables chofes à raconter eft fur d’exciter l’attention
6c de faire une’impreflion très-forte, quand
même il fe négligera dans les petites parties du discours
, fur le choix des meilleures èxprefîions , fur
les mots, les tons, l’inflexion de la voix , 6c les
geftes. Le peintre ou le feulpteur qui fait nous frapper
par de belles proportions, de nobles attitudes ,
un grand caraâere , n’a pas befoin de s’occuper des
minuties de l’exécution, ni de la plus grande beauté
du coloris, ni de l’exaftitude fcrupuleufe dans chaque
pli de la draperie, ni de la perfe&ion des ac-
ceffoires. Il eft affuré de plaire indépendamment de
ces petits moyens. C’eft la prérogative de tous les
ouvrages dé l’art, dont la grandeur réfide dans l’invention
, 6c dans les grandes parties. Trop de cor-
reclion leur nuit, ou tout au moins elle y eft fu-
perflue.
11 en eft autrement des ouvrages, ou des parties
d’un ouvrage, dont la perfection réfulte de l’affem-
blage de plufieurs petits rapports, & de la fineffç
des rapprochemens ; tels font tous les objets fins ,
jo lis , délicats , dont l’effence confifte dans la réunion
d’un grand nombre de petites parties.
L’effet de la correction eft donc de polir chaqufe
petite partie d’un ouvrage. Lorfqu’ôn aura mis dans
cet ouvrage la vérité & la jufteffe, on peut encore
y ajouter la finefl’e. Une ftatue de marbre peut repréfenter
fon fujet avec tant de vérité 6c de jufteffe ,
que confidérée d’un certain point de v u e , il n’y ait
pas le moindre défaut ; mais elle ne fera pas bien
polie , les contours ne feront pas marqués jufques
dans les plus petites inflexions des lignes. Ce ne fera
pas un ouvrage fini, ou exactement correCt. On
en peut dire autant d’un tableau qui exprimera parfaitement
ce qu’il doit repréfenter, quoique les couleurs
ne foient pas bien fondues, 6c que ni chaque
membre de la figure, ni chaque pli de la draperie ,
ni chaque feuille d’arbre, foit affez travaillée, pour
que féparée de l’enfemble, elle paroiffe un tout
achevé jufques dans fes moindres parties.
De-là on connoîtra dans quels cas l’extrême correction
eft fuperflue, ou même nuifible; 6c dans
quels autres elle eft néceffaire à la perfection de
l’ouvrage. Dans tous, les objets qui font du reffort
de la v u e , 6c par conféquent dans tous les arts du
dèflin, la correÊtion eft inütilé lorfque l’ouvrage doit
être placé à une grande diftance de l’oe il, parce que
l’éloignement fait difparoître les petites parties. Il
feroit parfaitement inutile d’exprimer dans une figure
qui fera placée fur une haute colonne, ou dans
un lieu élevé, les traits fins du vifage, les petites rides
de la peau, les légères inflexions des mufcles. On
fait par l’hiftoire des deux fculpteurs Athéniens,
que dans ces cas-là, la correction eft nuifible en ce
qu’elle empêche l’effet du tout. Un peintre qui tra-
vailleroit un plafond dans le goût de la miniature,
ou même d’une piecë de chevalet, ne préfenteroit
rien à Foeil qui pût lui plaire, quelque grandeur
qu’il donnât à fes figures ; parce que dès que l’ap-
bartement eft élevé , l’éloignement aftoiblit les couleurs.
Ce qui de loin doit produire un grand effet,
ne peut qu’être groflîer 6c rude étant vu de près.
La même remarqué doit également s’appliquer
aux objets que l’oeil voit, à la vérité, de p rès,-niais
qui j ’relativement aux autres parties du tableau, fônt
cenfé’S être dans le lointain. <
Secondement, la correction eft mutile, lorfque
l’effet ne doit réfulter que de l’enfemble. Que par
exemple une contrée n’ait rien d’agréable, que la dif-
tribution raviffante des jours 6c des ombres , ou la
belle harmonie des couleurs ; le peintre aura parfaitement
atteint fon but, s’il fait rendre ces beaui
té s , quoiqu’aucun objet particulier du payfage ne
foit correâ ni dans le deflïn , ni dans le coloris. Ce
feroit bien en vain qu’un compofiteur fe peineroit
dans un tutti, ou dans un choeur, à notter correctement
chaque voix en particulier. L’effet doit réfulter
du tout. Il en eft de même encore d’un difeours entier
, ou d’une de fes parties principales, l’attention
doit être dirigée uniquement fur la nature de l’objet
en général ; ce feroit une peine perdue que de limer
chaque expreflîon, ou de rechercher la meilleure
tournure de chaque phrafe.
Le foin qu’on donne dans ces cas-là aux aceef-
foires, eft même très-défavantageux; On détourne
par-là l’attention qu’il falloitréferver au tout. Quand
on veut repréfenter un héros, dont la grandeur doit
être marquée par les traits du vifage , l’air de tête ,
& l’attitude, il ne faut pas travailler la draperie^ou
les armes avec un foin fi corred qu’ils puiffent^n-
traîner 6t fixer les regards, tant d’exaûitude feroit
manquer le but ; il y a de l’habileté à favoir être négligent
dans les hors-d’oeuvres. C ’eft là la favante
négligence de plufieurs anciens. Quadam etiam ne-
gligentia eft diligehs. Cic.
On peut donc établir pour réglé générale , que
le foin d’être correct eft nuifible, dès qu’il détourne
l’attention de l’objet principal, foit pour la fixer
fur des acceffoires, foit pour la faire pafler de l’ouvrage
même fur l’artifte & fur fa maniéré, contre
fon intention.' Un orateur qui auroit à répondre à
une accufation bien grave, & qui feroit oblige de
prouver fon innocence, rifqueroit de fe perdre par
lin difeours fi travaillé 6c fi correct, que l’auditeur
ne pût s’occuper que des beautés de la diftion. Enfin
l’application à être correct eft nuifible, lorfqu’elle
rend l’ouvrage fec 6c peiné; elle convient aux petits
ouvrages de pur agrément, . où l’on n’exige
que de la fineffe 6c de la délicateffe, mais que ce
foit fans leur ôter l’air de légéreté 6c d’aifance, 6c
fans préjudicier à l’effet de l ’enfemble. Tels font les
ouvrages d’un Gérard Dow , & d’un François Mie-
ris. ( Cet article eft tiré de la Théorie des Beaux-Arts de
M .S u l z e r .')
CORROYER U fe r , {Forges.) fe dit de l’aftion
d’un forgeron qui replie une barre de fer fur elle-
même ", ou qui fuperpofe plufieurs morceaux de fer
les uns fur les autres pour les fouder enfemble 6c
n’en faire qu’une barre. On mêle aufli des morceaux
de fer & d’acier que l’on corroie & foude enfemble
pour faire ce qu’on appelle de l’étoffe. Voye\ Soud
u r e , Suppl. (A A .) m
§ CO RSE, ( Hifl. Géogr. Droit pubL ) Corfia,
Corjîca ; c’eft une île confidérable de l’Italie, dans
la Méditerranée , entre les côtes de Gênes 6c la
Sardaigne, dont elle n’eft féparée que par un canal
de quelques lieues de largeur. Longit. de zG - 10 a
z 7 -,S. lat. 41 à 43 , nord. '
Cette île , fi long-tems difputée, théâtre, pref-
que continuel, de guerres fanglantes, vient d’être
cédée par la république de Gênes à la couronne
de France, en propriété fouveraine, moyennant
line fomme d’argent. Cet événement tout récent
nous engage à entrer dans quelque détail, fur la
defeription de cette île 6c fur fon hiftoire*
Defcription. Elle a environ de 36 à 40 lieues de
longueur, 6c à-peu-près le tiers en largeur. Pline
décrit affez exa&ement 6c nous apprend qu’il y
Tome II,
avoit trente-trois villes -, 6c deux colonies Romaines,
Mariana de Marius, 6c Aleria de Sylla. Il ne refte
que des ruines des ces colonies. Hiß. Nat. Ub. IL.
c. 6.
Elle a des havres, des golfes & des ports; Cen-
turi au nord; à l’ouyi: San-Fiorenzo, Ifola-Roffa,
Calvi & Ajaccio;1"''au fitd Bonifacio ; & à l’eff
Porto-Vecchio, Baftia, 6c Maccin'ajo. Le port de
Porto-Vecchio eft le plus confidérable de tous. On
• voit déjà par-là de quelle importance peut être la
poffeflion de cette île pour une puiffance maritime
de l’Europe, fur-tout puifqu’elle fournit de très-
beaux bois de conftruftion.
Depuis long-tems Baftia étôit regardée Comme
la capitale de Tîle , parce_que c’étoit-Ià qu’étoit
le fiege de la fouveraineté des Génois ; mais Ajaccio
eft la ville la mieux bâtie: il y a un refte d’une
colonie Grecque qui vint s’y établir dans le iiecle
paffé, 6c Corte qui eft au centre de l’îlé, eft proprement
la capitale, au confluent de deux rivières,
le Tapiganno & la Reftonica;
L’intérieur de l’île eft montagneux, entrecoupé
de vallées agréables '& fertiles, 6c de quelques
plaines; On partage l’île en deux partiës depuis
Baftia, en - déçà , 6c au-delà des monts , di qua9
6c di la dei rnonii.
La chaîne des montagnes traverfe à-peu-près Tîle
en croix; Tout le pays eft outre cela divifé en neuf
provinces. Les pieves forment les diftri&s ecclé-,
fiaftiques.
. Toute la Corfe eft bien ârrofée de rivierés & de
ruiffeaux ; il y a des lacs, ceux d’Ino 6c de Crena
font les principaux. Le Golo eft la plus confidérable
des riviefes. Il y a aufli des eaux minérales chaudes
6c froides. Les rivières font affez poiffonneufes, 8c.
la mer près des côtes encore plus; abondante en
thons, en fardines, en huîtres , bc. On y pêché
beaucoup de corail, du blanc -, du noir, 6c du rouge
, le longues rochers de la mer.
L ’île nourrit aufli toutes fortes d’animaux fau-
vages 6c domeftiquès. Les chevaux y font de très^
petite race, 6c les moutons de mauvaife efpece;
Les ânes & les mulets font de même petits, mais ,
comme les chevaux, agiles & vigoureux; Les bêtes
à cornes font affez grandes, 6c les chevres en grand
nombre. Les brebis ont fouvent deux ; jufqti’à fix
cornes; Il y a beaucoup de gibier, 6c point de loups,
ni d’animaux venimeuX;
Les arbres font grands dans cette île , fur-tout les
pins 6c les châtaigniers, 6c les forêts fourniroient
affez de bois pour l’établiffement 6c l’entretien d’une
flotte. L’olivier, lë limonier , l’oranger, l’amandier,
le figuier, le grenadier, y font communs. Le mûrier
y croit trèsibien. Le buis 6c l’arboufier y font
très-beaux.
Le froment, l’orge, le feigle , le millet, réuflîf-
fent très-bien dans Tîle ; mais l’avoine y vient difficilement;
Il y a beaucoup d’abeilles ,' dont lé miel a de l’âpreté
, à caufe de l’if & du buis qui y abondent 5
mais on fait beaucoup de belle cire.
Dans les montagnes on trouve beaucoup de mines
de plomb, de cuivre, de fe r , d’argent & d’alun;
on y fait aufli du falpêtre & du fel. Le beau
granité', le porphyre 6c le jafpe fe préfentent en
divers lieux.
Divers coteaux produifent^Jés vins excellens
de différentes qualités , félon les plants & les af-
pefts. En un mot, la Corfe -, non feulement peut fe
fitffire à elle-même, mais encore fournit aux autres
nationsde fon fuperflu; Ilsont toujours vendu beaucoup
d’huile, de marons, de poiffons, de cire, 6è
quelques vins; 6c fi ce beau paysétoit tranquille
& . bien gouverné , il deyiendroit riche, 6c fes