
dans le Weffex ; mais il connoiffoitmal l’inquiétude
naturelle & la fauffeté des Danois, qui fe révoltèrent
encore, rappellerent pour la troilieme fois, du fond
de l’Irlande , Amlaf, leur ancien fouverain, prirent
des mefures fi juftes, & agirent avec tant de célérité,
qu’ils s’étoient emparé des places les plus confidé-
rables avant qu'Edred eût pu être informe des premiers
aftes d’hoftilité. Maître du Northumberland,
Amlaf s’y fortifia de maniéré qu’il ne refta plus aux
Anglois ni le moyen , ni l’efpérance de lui en difpu-
ter la poffeflion ; 6c il eft vraifemblable qu’il eût con-
fervé ce royaume, fi fon caraélere inquiet, la durete
de fon gouvernement , 6c l’énormité de fes vexations
, n’euffent enfin déterminé fes fujets à le contraindre
pour la quatrième fois de defcendre du
trône , fur lequel ils placèrent Eric. Ce nouveau
fouverain ne jouit pas paifiblement du fceptre ; une
partie des Northumbres reftoit attachée à Amlaf,
enforte que le royaume tant de fois agite par la
guerre civile, fut partagé encore en deux faôions qui,
par la haine mutuelle 6c leur acharnement à s’entre-
détruire , fournirent à Edred l’occafion de reparer
fes pertes. 11 profita des circonftances,& rentrant à la
tête de fon armée dans le Northumberland, il menaça
leshabitans de mettre tout à feu 6c àfang, s’ils dif- •
féroient de fe foumettre. Les Northumbres, fatigués
de leurs propres diffenfions , épuifés 6c trop peu
d’accord entr’eux pour réunir leurs forces contre le
roi d’Angleterre , implorèrent fa clémence , 6c lui
promirent la plus inviolable fidélité. Trop généreux
pour fuppofer dans les autres une diflimulation dont
fon ame étoit incapable, Edred le laifla fléchir, pardonna
à la nation ; il laifla Eric fur le trône , 6c reprit
la route du VelTex. Mais il s’étoit à peine éloigné
des frontières du Northumberland, que les Northumbres
fe raffemblant, tombèrent inopinément
fur fon arriéré-garde , qu’ils mitent dans un tel defor-
d re , qu’il ne fallut pas moins que la valeur & l’aûi-
vité d’Edred pour fauver fon armée d’une entière
déroute. Irrité de cette trahifon, Edred rentra dans
le Northumberland , réfolu d’y porter le fer , le
ravage & la mort, Son arrivée répandit la confter-
nation furies Northumbres q ui, ne comptant plus
fur le fuccès de leurs proteftations , conjurèrent
Edred de leur impofer les conditions les plus dures,
auxquelles il daigneroit accepter leur foumiflion; 6c
pour prouver la fincérité de leurs offres , ils renoncèrent
folemnellement à l’obéiffance d’Eric, 6c poignardèrent
Annac , fils d’Amlaf, qu’ils accuferent
ieulde la trahifon. Edred, appaifé par ces foumif-
fions , mais trop prudent pour laiffer aux Northumbres
aucun prétexte de fe révolter encore , leur pardonna
, mais renverfa le trône, 6c réduifit le royaume
en province , à laquelle il laifla un gouverneur avec
une garnifon gngloife. C ’étoit le feul moyen de pacifier
ce pays qui, depuis cette époque, ceffa de
troubler le repos de l’Angleterre.
Ce fouverain mourut après un régné de dix
ans , 6c laifla deux fils très-jeunes , Elfride 6c
Bedfride , qui ne lui fuccéderent point ; fa couronne
fut placée fur la tête d ’Edwy, fon neveu,
fils d’Edmond fon frere, qui fut élevé fur le trône
par les voeux de la nobleffe & du clergé : car alors
le fceptre n’étoit point héréditaire, du moins il
n’étoit point tranfmis en ligne direéte : c’étoient
les fuffrages réunis du clergé & de la nobleffe qui
en difpofoient; mais il paroît aufli qu’on obfervoit
de le donner, dans le cas de minbrité des fils des
rois, aux héritiers les plus proches du dernier fouverain.
( L: C. )
EDUENS, f. m. pl. en latin Ædui, ( Géogr.HiJt.
anc. ) peuple Celte qui formoit la première république
des Gaules, & qui en avoit la fupériorité
du tems de Céfar 6c des premiers empereurs : pênes
quos Galliarum fumma erat autorisas, dit Céfar. La
Gaule étoit autrefois divifée en trois parties inégales
; la Belgique, au nord, qui comprenoit tous les
pays entre le Rhin, la Seine 6c la Marne ; l’Aquitaine
, à l’occident, entre la Garonne 6c les Pyrénées
; & la Celtique ou Gaule proprement dite,
qui occupoit le milieu depuis les Alpes à la mer,
& touchoit au nord la Belgique; au midi les provinces
Romaines de la Narbonnoife 6c de la Provence.
La Celtique étoit non-feulement la plus vafte
& la plus peuplée, mais encore la plus riche ; 6c
quoiqu’elle fût partagée, comme les deux autres,
en plufieurs peuples qui avoient chacun leur ro i,
leur fénat ou leur chef, ils formoient néanmoins
entr’eux un corps de nation qui avoit fes affemblées
générales, où l’on régloitles affaires qui intéreffoient
tout le corps.
La langue, les moeurs 6c les ufages étoient diffé-
rens, mais la religion étoit par - tout la même.
Les Belges paffoient pour les plus braves, mais ils
étaient aufli les plus féroces ; ils fe fentoient du
voifinage des Germains ; leur vie étoit dure & éloignée
de tout ce qui amollit le courage. Les Ce ltes,
au contraire , en relation avec les nations policées ,
avoient quelque chôfe dans l’efprit 6c le caraâere
de plus humain & de plus fociable. Les Aquitains
reffembloient affez, pour le génie & les façons, aux
Efpagnols.
Outre cette divifion générale des Gaules, elles
étoient encore fubdivifées en cantons (png i).
C ’étoit un certain nombre de familles difperfées à
la campagne, ou réunies dans les villes & les bourgades
qu’ils regardoient comme leurs chefs-lieux ,
où ils avoient leurs magiftrats & leurs juges. Plufieurs
de ces cantons formoient un peuple ( civitas^
gouverné.par fes lo ix , fon fénat ou fon chef, qui
réfidoit dans la ville principale où il exerçoit l’autorité
fuprême. Du tems de Jules Céfar , la nation
Gauloife étoit compofée de trois ou quatre cens
peuples, qui avoient leurs affemblées particulières
où l’on régloit les affaires les plus importantes.
Chaque peuple s’affembloit, au commencement du
printems, dans une campagne que l’on nommoit U
champ de Mars. Tous les hommes en état de fervir
s’y rendoient en armes, 6c y paffoient en revue :
on y décidoit, à la pluralité des voix f les affaires de
l’état qui avoient pour objet quelques guerres dé-
fenfives ou offenfives, générales ou particulières.
Parmi tous ces peuples, la république des Eduens
tenoit l’un des premiers rangs ; 6c ce n’eft point la-
feule qualité d’amis & d’alliés du peuple Romain,
qui a rendu les Eduens célébrés. Long-tems avant
leur alliance avec Rome, ils étoient à la tête' de
l’une des deux faftions qui divifoient les Gaules,
lorfque Céfar en fit la conquête. Ils furent, à la
v érité, les premiers Gaulois admis dans le fénat de
Rome, mais ce fut par reconnoiffance des férvices
importans qu’ils avoient rendus à la république Romaine
: elle les aida, de fon côté, à foutenir les
guerres qu’ils eurent avec les Rémois, les Auvergnats
& les Sequanois, qui difputoient aux Eduens
la fupériorité dans les Gaules. Après que les Gaules
furent paffées fous le joug des Romains, les Eduens
conferverent le glorieux titre Ralliés 6c de confédérés;
6c quoiqu’ils euffent joint leurs forces à celles
des autres Gaulois pour la défenfe d’Alize ( aujourd’hui
Sainte-Reine en Bourgogne ) , ils furent traités
comme des anciens amis, 6c non pas fur le pied de
peuple vaincu 6c tributaire.
Leur république s’étendoit,à l’orient, jufqu’à la
Sône , & à l’occident, jufqu’à la Loire 6c à l’Ailier :
elle avoit les petites rivières de Roins 6c d’Ardiere
au midi, les terres des Langrois 6c l’Auxerrois au
nbrd ; enfofte qu’elle renfermoit ce qui cortipôfé
aujourd’hui!’Autunôis, le Ghâlonnois ,!e Nivernois
& le Mâconnois. Les Autunois avoient donc pour
voifins à l’eft les Sequanois , à l’oueft les Bituriges
6c les Sénonois , au nord lés Lingons, 6c au fud les
Ségufiens. Leurs principales villes étoient Bibra&e,
capitale du pays , qui prit depuis le nom d'Autun
en faveur d’Augufté ;! Cabillomém ou CabelLodunum,
Châlons-fur-Sône\Matifcona ou Matijjana, Mâcon;
Alexia , Ale f a , Mandiibium, Alife , aujourd’hui
Sain,te-Reine ; Noviodunum ou Niverdunum, Ne vers;
Decefia t Decife-fur-Loire ; Aquoe nifince , Bourbon
Lancy ; Sidolocum J Solieux ; Aballo , Avalon, &c.
Ils avoient aufli dans leur dépendance les peuples
du Forez 6c du Beaujollois , une partie du Lyonnois;
les Infubres, 6c quelques autres peuples voifins dont
on ignore à préfent la pofition. Les Sénonois & le s
Berruyers étoient fous fa. proteftiom Ceux du
Beauvoifis j les plus puiffans des Belges-, regardoient
les Eduens comme leurs patrons 6c leurs amis. On
verra plus bas les noms de ces différêns peuples. La
république étoit divifée en plufieurs cantons ; dont
chacun avoitfon chef-lieu qui reffortiffoit à Bibraéle,
ville principale des Eduens, où réfidoit le fouverain
magiftrat, appellé Vergobret, & le fénat, qui parta-
geoit avec lui l’autorité fuprême 6c le foin des affairesi
Plufieurs auteurs ont pris 1-a ville, de Beaune pour
l’ancienne Bibra&e, dont Céfar fait une mention fi
honorable ; mais tous les fava'ns conviennent que
c ’eft la’ ville d’Autun, capitale des Eduens, dont
le maire porte encore aujourd’hui le nom de Vergobret.
Le gouvernement des Eduens étoit ariftocratique.
Deux ordres, les druides & les nobles, partageoient
entr’eux les honneurs 6c les privilèges ; le peuple
étoit efclave , & n ’avoit aucune part à l’adminiftra-
tion dés affaires publiques. Les druides compofoient
le premier ordre ; on les tiroit des familles les plus
diftinguées ; ils vivoient en commun, dans des colleges
féparés des villes ; ils étoient les pontifes, les
théologiens, les juges , les poètes 6c les favans de
la nation ; ils avoient un fouverain pontife, auquel
ils obéiffoient ; l’éducation de la jeuneffe leur étoit
confiée, 6c ils avoient fur elle un pouvoir abfolu.
Ils avoient aufli l’adminiftration de la juftice, 6c le
droit d’élire avec la nobleffe le fouverain magiftrat:
les affaires civiles étoient portées devant leur tribunal
, où on les décidoit fans appel.
La nobleffe tenoit le fécond rang dans la république
des Eduens, on tiroit de ce corps les Vergobret,
les fénateurs, les généraux d’armée 6c les druides : les
nobles combattoient toujours à cheval, c’eft pourquoi
Céfar les appelle cavaliers. Ce corps tout compofé
de nobleffe paffoit pour la meilleure cavalerie de l’Europe
, & fervit les Romains lorfque les Helvétiens entrèrent
fur les terres des Eduens, foixante-deux ans
avant J. C. Lifque étoit Vergobret 6c Dummorix ,
frere de Divitiacus , chef des druides, commandoit
la cavalerie.
Ce n’étoit pas feulement par l’étendue de fon territoire
, le nombre 6c les forces de fes cliens 6c de fes
alliés que cet état étoit confidérable. Sa fituation, la
forme de fon gouvernement, fon commerce & les
écoles célébrés de fa capitale fervirent encore à fa
grandeur 6c à fon opulence. Les Eduens placés entre
trois grandes rivières dans le centre de la Celtique,
avec des communications faciles aux deux mers, dans
une terre fertile 6c abondante en pâturages, avoient
un débit aifé de leurs denrées 6c de leur bétail, qui furent
d’abord leurs principales richeffes ; dans la fuite
la jeune nobleffe attirée de toutes parts à Bibratte,
par la célébrité de fes écoles, aida à Iaconfommation
des denrées, fit fleurir les.fciences 6c les arts, 6c y
apporta l’argent de l’étranger.
• Sous' l’empire de Tibere,on cômptoit un grand
nombre d’étudians dans cette académie ;-elle donna
lieu aufli à des correfpondances utiles qui étendirent
le commerce des Eduens par toutes les
Gaules.
La langue des.anciens Eduens étoit grôfliere 6c
fterile , ils parloient par monofyllabes-j comme aujourd’hui
les Chinois ; mais après la fondation de
Màrfeillé , ils fe fervirent de carafieres grecs dans
les affaires publiques 6c l’exercice de la religion , au
lieu que dans l’ufage ordinaire de la fociété, ils conferverent
leurs langues naturelles. Après que les
Gaulois eurent paffé fous la domination des Romains
6c dès l’empire de Tibere, les Eduens eurent une
langue compofée dé trois langues : la Celtique qui
étoit leur langue naturelle, la Grecque & la Latine.
Les Eduens aVoient pour alliés les Bituriges, lés
Beltovàces 6c les Sénonois ; 6c pour fujets , les
Ambares, les Ambivaretes \ les Aulerces, les Boïens,
lès Branûvices, les Infiibriens, les Màndiibierïs 6>C
les Ségufiens. Voye{ ces mots dans ce Suppl. ( M. Be -
GUILLET. )
E E
* § EEN-TOL-BRIÈF , ( Coriim. ) Nous avons
été étonnés de trouver ce mot, ou plutôt ces trois
mots hollandois dans un Dictionnaire François, c’eft
comme fi on mettoit dans un Didionnaire Hollandois
, fous la lettre U cet article Une-lettrE-de-
franchise. On cite Chambers , où nous n’atfons
pas trouvé cet article, parce qu’il ne devoit pas
plus y être que dans le Dictionnaire raif. des Sciences
, des Arts & des Métiers.
E F
§ EFFARÉ , adj. ( terme de Èiafon. ) fe dit du ché*
val levé fur fes jambes de derrière, qui fe trouve
pofé prefque perpendiculairement. Il y a des auteurs
qui fe fervent du terme forcené en pareil cas, mais
mal-à-prôpos.
De la Chevalerie, au pays du Maine ; de gueules
au cheval effaré émargent, ( G. D. L. T. )
EFFAROUCHÉ , adj. ( terme de Blafon.) fe dit
du chat qui eft droit fur fes pattes de de'rrieré. " -.•)
De Katzen , au pays de la Marche ; d'azur aù
chat effarouché <P argent, tenant en fa gueule une fouris
de fable. ( G. D. L. T. )
EFFEUILLÉ, ÉE, adj. (terme de Blafon fi) fe dit
d’un arbre, d’un arbriffeau , d’un arbufte ou d’un
rameau de quelque plante que ce foit, qui eft dé*
pouillé de fes feuilles.
Dubourg de Rochemontels, de Belbeze à Tou*
loufe ; d'açtir à trois tiges d’épines effeuillées d'argent,
chacune de cinq rameaux. ( G. D . L. T. )
E G
ÉGAL, âdj. ( Mufiq. des anc. ) nôni donné par les
Grées au fyftême d’Ariftoxene , parce que cet auteur
divifoit généralement chacun de fes tétracordes
én trente parties égales, dont il affignoit enfuite un
certain nombre à chacune des trois divifions du
tétracôrde , félon le genre 6c l’efpece du genre qu’il
voùloit établir. Voyeç Genre, Syst èm e, Dict. raif
des Sciences 6c Suppl. ( S )
EGBERT, ( Hift. d'Angleterre. ) Pour ces hommes
cruçlsy pour ces âmes atroces, qui, dans la
£
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