
néanmoins il fe forme dans cet endroit un cône presque
rond q ui, étant mûr, fe gerfe régulièrement à
la furface, 8c s’ouvré de la circonférence au centre
en plufieurs fegmens de fphere , qui ont hCforme
d’anciens boucliers, 8c qui renferment quantité de
femences menues & anguleufes.
Les feuilles font extrêmement petites, pointues
& difpofées en écailles fur les branches, de maniéré
qu’elles les couvrent entièrement; mais elles s’éloignent
un peu par leur bout de la menue branche, ou
pour mieux dire du filet fur lequel' elles font affifes :
elles n’y font pas exactement collées comme dans les
tuyas, excepté dans \e cyprès tuyoïdes, 8c dans celui
du cap de Bonne-Efpérance, dont on verra ci-après
les carafteres particuliers.
Efpeces du cyprès.
Cyprès à feuilles difpofées en écailles
& à rameaux droits.
Cyprès commun.
Cyprès femelle.
2.I< c y p r è s îçI
1 Cuprejfus
ƒ ribus.
y_' Female oi
f 2. Cyprès à feuilles aigues
l écailles , & à rameaux horizi
1 Cyprès étendu.
, / Cvprès d’Orient.
J k ,
^us foliis imbricatis, ramis ereclio-
- common upright cyprejf.
^ difpofées en
c horizontaux.
Arbre i . f Cyprès d’Orient.
Arbre zfi
Cuprejfus foliis imbricatis, acutis , ramis
f horifontalibus.
Male fpreading cyprejf.
3. Cyprès à feuilles difpofées en écailles,
terminées en pointe,'& à rameaux
tombants.
Cyprès à petits fruits.
Cyprès de Portugal.
Cyprès de Goa. Ornement de Bufaco.
Cuprejfus foliis imbricatis , apicibus
aculeatis , ramis dependentibus. •'
Portugal fpreadïng cyprejf, with a fmaller
fruit.
s 4. Cyprès à feuilles oppofées deux à
l deux, 8c étendues.
I Cyprès décidu ou qui perd fes feuilles.
I Cyprès à feuilles d’acacia.
Arbre 2,^ Cyprès de marais. I Cuprejfus foliis difiichis patentibus. Hort.
« # . . .
Virginia cyprejf wick sheds its leaves
\commonly called deciduous cyprejf.
C 5 • Cyprès à feuilles difpofées en écailles,
I 8c dont la verdure eft variée. I Cyprès de Maryland à très-petits cônes
I bleus.
j u J Gyprès à feuilles de tuya, mal-à-propos
r rc 3 ' cèdre blanc tuyoïdes.
Cuprejfus foliis imbricatis , frondibus
ancipitibus. Linn.
Dwarf Maryland cyprejf with a fmall
''blue fruit.
6. Cyprès à feuilles étroites, détachées
& difpofées en croix.
Cyprès nain.
Cyprès du cap de Bonne-Efpérance.
Arbre 4.^ Cyprès à cônes noirs.
Cuprejfuf foliis linearibus , Jimplicibus ,
cruciatim pojîtis.
Cyprejf with narrow fingle leaves placed
xrojfways.
Le cyprès, h°. 1. eft un arbre du fécond ordre
pour la hauteur ; nous en avons néanmoins vu deux
à Chiàvenne , qui avoient plus de foixante pieds '
d’élévation, & dix pieds de tour. Cet arbre raffem-
Jfle fes branches en faifceau, avec tant de régularité
qu’il forme une pyramide parfaite. Sa touffe eft impénétrable
aux rayons de lumière : fon verdeft très-
ïbmbre en hiver, excepté dans-lés pays très-chauds.
En é té , il eft d’un ton bleuâtre, qui , quoique
foncé , n’eft pas fans agrément, en ce qu’il ajoute à
la diverfité des nuances du verd , & fait valoir les
teintes plus douces des arbres qui s’y projettent.
1. En France, les arbres qui ne quittent pas leurs
feuilles, font depuis long-tems en ,difcrédit : on a
coutume de dire que les arbres toujonrs verds ne
font jamais verds. Cette erreur part de deux four-
ces ; de cet empire ridicule de la mode, auquel les
François font fi fournis, 8c qui s’eft étendu jufques
fur nos jardins ; mais principalement de l’ignorance
oii l’on eft des trois quarts des arbres verds qu’on
pourroit y cultiver avec fuccès, & qui y feroient un
très-bel effet. On y a vu d’abord le maronier régner
feul : bientôt ce bel arbre fi régulier , fi élevé , qui
couronne le printems de fes fleurs, & l’été de fon
ombre , a été relégué dans quelques lieux écartés 8c
agreftes. Une jolie femme aura été incommodée en
automne des marons 8c dès larges feuilles qu’il
répand ; il n’en a pas fallu davantage pour lui donner
l’exclufion : on a dit què cet arbre étoit fale : le
tilleul lui a fuccédé. Le charme eft encore feul en
droit de former des paliffades ; quoiqu’il s’en faille
bien qu’il foit le plus agréable des arbres qu’on puïffé
mettre à cet ufage. Quant aux arbres toujours verds,
ils ont été jugéslur les ifs , autrefois en poffeflîon dé
nos parterres, o ù , forcés fous le cifeau de prendre
mille formes grotefques , ils formoient un fpe&acle
auffi fombre qu’une décoration de mauvais goût. '
L’if étoit donc-lé feul arbre toujours verd que
l’on cultivât alors. On a condamné tous les autres
fans les avoir vus , ni même foupçonnés ; quoiqu’il
s’en trouve plufieurs dont le verd efface par fon
éclat la plus fraîçhe verdure du printems , & que
d’autres par leur verd grave , mais luifant, ou par
un ton bleuâtre forment une charmante variété.
Outre que ces arbres retracent au milieu de l’hiver
l’image du printems, qu’ils multiplient les oifeaux
qui préparent fes concerts, & qu’ils les engagent
même à faire entendre leur harmonie dans certains
mèmens de la rigoureufe faifon , ils ont encore un
mérite que les perfonnes les moins attentives fen-
tent peut-être fans pouvoir s’en rendre compte. Ils
forment par leurs touffes des maffes où fe repofe
agréablement l’oeil fatigué de parcourir au travers
des rameaux fecs les campagnes décolorées ou enfé-
Yelies fous les neiges.
Depuis quelque tems le goût de l’hiftoire natu-:
relie nous engage à raffembler , pour notre inftruc-
tion , les arbres 8c arbuftes de toute efpece : nous les
connoîtrons, nous les apprécierons, 8c nous ferons
enfin convaincus qu’il n’en eft pas un qui ne puiffe
produire un effet agréable en quelque faifon de l’année
; que les moindres ont le mérite ineftimable
d’ajouter à la variété, 8c qu’enfin le plus beau jardin
feroit fans doute celui qui formeront comme un
abrégé de la nature. C ’eft ainfi qu’un gouverneur
Anglois , du cap de Bonne-Efpérance , a raffemblé
fous ces heureux climats les produirions des quatre
parties du monde.
Le cyprès pyramidal fait l’ornement des maifons
de plaiïance d’Italie, auprès defquelles on les voit
s’élever. On en doit planter autour des orangeries, 8c
fi leurs murs font blanchis , rien ne fera plus agréable
que de voir ces pyramides vertes fe peindre fur ce
fond éclatant, & furpaffer les toits par leurs cimes
vacillantes & régulières. Cet effet eft très-pittoref-
qiie. Aufli n’avons - nous guere d’anciens payfages
italiens où il ne foit rendu.
Cet arbre doit être placé dans les parties les plus
lointaines des bofque^s d’hiver , où on le mêlera
avec des arbres de même hauteur. On én forme de
belles allées : il figure fort bien dans les plattes-ban-
des des très grands jardins. On en peut planter une
maffe fur des hauteurs rafes , pour y repofer les
y e u x , en environner des colonades & des ruines ,
pour fe procurer un point de vue au bout d’une très-
Mngue allée , au milieu des arbres,à fleurs du printems
; il feroit naître la même idée que le tombeau
dans le paÿfage du Pouflin , qui repréfente la déli-
cieufe vallée de Tempé.
Le véritable cyprès de notre n ° .n . n’eft connu
que, de très-peu de botaniftes. Miller lui-même nè
l’a diftingué dés autres que dans le tems où: il don-
noit, fa derniere édition : ençore a-t-il laifle fubfifter
iine équivoquedansfa phrafe; car tout en convenant
que c’eft une efpece diftinéie qui fe reproduit toujours
par fa graine fans varier , néanmoins il donne à
ce cyprès le fexe mafculin; mais s’il.fe.reproduit par fa
graine , les çô.nes qui ont produit cette graine’ont
donc été des fleurs femelles ? ces fleurs femelles ont
dû être fécondées ; donc ce cyprès a des fleurs^des
deux fexes comme les autres : quand bien même ,
ce qu’on neJàit pas, il auroit des individus mâles &
d’autres femelles ; il n’en réfulteroit pas que 1e cyprès
dût être qualifié de mâle, puifcjue l’efpece eft composée
d’individus, 8c que dans, une phrafe botanique,
c ’eft de l’efpece qu’il s’agit.
On a confondu ce cyprès avec un autre qui étend
aufli fes branches, mais moins horizontalenient, 8c
qui n’eft qu’yne variété produite fouvent par égale
partie de la femence du.cyprès pyramidal. Cette v a riété
n’ eft pas plus mâle que le cyprès d’O rient, dont
il eft queftion ici , puifqu’elle porte des fleurs des
deux fexes fur le même individu. Çes erreurs tiennent
ençore aux anciens préjugés : on appelloit
mâles plufieurs plantes androgynes , je ne fais fur
quel air mafculin qu’il plaifoit de leur tro uver. Encore
à préfent nos* payfans font une plus lourde équivoque.
Ils appellent mâles dans le chanvre , les individus
portant graine, parconféquent les femelles, apparemment
à caufe de leur hauteur 8c de leur force.
Cependant il y.a entre ces deux variétés obtenues
de la même graine, une différence affez effentielle :
ceux, qui étendent leurs branches, font moins fenfi-
bles à la gelée que les pyramidaux. La raifon en eft
que leurs branches font plus groffes 8c plus robuftes.
Ces cyprès doivent être, placés dans les maflifs, leur
port n’étant pas affez agréable pour figurer dans les
parties les plus foignées des jardins.
L’efpece n°. 2. eft très-commune en Orient. L’excellente
qualité du bois de ce cyprès a engagé les
Candiots à en faire de grandes plantations , qu’on y
appelle dos filix , tant elles font de bon rapport. En
effet cçt arbre qui croît aufli vîte pour le moins
que le chêne , devient prefqu’aufli gros 8c plus haut.
Son bois eft très-dur , tres-odorant, inacceflïble aux
infeâés. Il prend un beau p o li, 8c une couleur agréable.
Selon Thucidide, on l’employoitpour les far-
cophages des héros, 8c pour les caiffes où l’on enfer-
moit les momies d’Egypte. Les portes de S. Pierre à
Rome étoient aufli faites de ce bois : elles ont duré
depuis Conftantin-le-grand jufqu’au pape Eugene
I V , c’eft-à-dire, onze cens ans , 8c toutefois elles
étoient encore parfaitement faines , lorfque ce pape
y fubftitua des portes d’airain. Cet arbre abqnnit
Pair par fon infenfible tranfpiration. Les médecins
orientaux envoyoient les poitrinaires refpirer dans
l’ifle de Candie , où ces arbres abondent. Hyppo-
crate fit faire autour d’Athenes des feux de cyprès 8c
d’autres bois réfineux, pour arrêter les progrès de
la pefte fi bien décrite par Lucrèce , & le fuccès
répondit à fon*attente. Cés faits doivent engager les
botaniftes cultivateurs à fe procurer de l’Orient
quantité de graines de cet arbre, pour fe mettre à
portée d’eflayer fa culture en grand. Comme il croît
bien dans les terres les moins profondes & les plus
feches ,il ferviroit à couvrir la nudité de nos coteaux
ras, & à tirer de ces lieux arides le feul produit qu’ils
nous puiffent accorder. Ce cyprès eft beaucoup plus
dur que le cyprès n° 1. llréuflit parfaitement en Angleterre
, où l’on en a fait quelques plantations fur des
montagnes infertiles.
; Nous ajouterons aux cara&eres exprimés dans la
phrafe du cyprès n°. 3 . 8c dans fes fynonymes , qu’il
eft d’un verd plus tirant fur le glauque que les autres,
dont il fe diftingué d’ailleurs au premier coup d’oe il
par fes branches tombantes.
Cet arbre eft bien plus délicat que le cyprès n°. ri
dans le climat où nous faifons nos expériences : il
demande, ou l’abri des couches à vitrage, ou l’orangerie,
ou pour le moins d’être couvert fuivant la
méthode indiquée à l'article Alaterne. Peut-être
pourra-t-on, lorfqu’on en aura d’aflez forts, en rif-
quer quelques pieds dans les endroits les mieux abri-
tés.des bofquets d’hiver, dont ilsaugmenteroient l’agrément.
Frappé de la gelée , il demeure encore long-
tems verd : cette circonftance nous a induits dans
l’erreur de croire qu’ilavoit réfifté à l’hiver de 1768,
ainfi que nous l’avons avancé dans noire Traité des
arbres réfineux conifères ; mais les vents fecs de mars
nous ont défabufés : ils ont féché les branches , &
rougi le feuillage en fort peu de tems : nous avons
été convaincus dès.dors , & de notre perte, 8c de
notre erreur. Cet arbre eft originaire de Goa , d’où
il a été apporté , il y a fort long-tems , en Portugal.
Il s’ea trouve en grand nombre dans les jardins de
Bufacô , auprès de Crimbra.
Le cyprès, n°. 4. reffemble parfaitemenr aux autres
par les parties de la fruàification , mais il en
différé infiniment dans tout le refte. Il porte des
feuilles étroites & linacées, conjuguées deux à deux
fur un long ftipule fort mince. Ces feuilles font affez
rares , & s’étendent horizontalement. Elles ont une
grande reffemblance avec celles du vrai acacia ; leur
verd gai les rend très-agréables. Elles fe développent
vers la fin de mai, & tombent vers le 1 ç de
novembre , après avoir rougi. Le bois eft rougeâtre
8c ftrié; il paroît fec lorfque la feve de l’arbre ne
circule plus-: 8c fi l’on ouvre alors l’épiderme, le tiflù
cellulaire n’offre fouvent aucune ^verdeur ; de forte
qu’il eft fort aifé de croire cet arbre mort, tandis qu’il
eft en pleine vie. Ses branches font très-horizontales*
Selon Catesby ,,cet arbre parvient en Amérique à la
hauteur de foixante-dix pieds, avec une groffeur
proportionnée. Son bois eft excellent. Le même
auteur dit qu’il croît dans les lieux où l’eau eft toujours
à trois ou quatre pieds au-deffus du terrein :
nous avons d’autant moins de peine à le croire, que
nous le- voyons languir dans des terres ni feches ni
humides , & qu’il ne fait pas même dans nos terres
fraîches des progrès proportionnés, à ce qu’on dit,
de fa vîte croiffance aux lieux inondés où la nature
le fait croître.
Cet arbre eft du petit nombre des arbres réfineux
propres aux marais. Ceux-qui auront des polirions
femblables, feroient donc très-bien de le cultiver en
grand. Les arbres naturels aux marais , ainfi que
ceux qui s’élèvent fur les rochers, de fi petite valeur
qu’ils puiffent être , font néanmoins extrêmement
précieux : ces derniers ne feroient-ils que garnir les
coteaux arides, & les faire fourire aux yeux, ne
^feroient-ils qu’hume&er la terre dans les pays fecs ,
parla tranfpiration de leurs feuilles, ils feroient par
cela feul très-utiles. Les arbres de marais, par l’enlacement
de leurs racines , parviennent enfin à les
deflécher en partie ; ils rendent aufli par-là même
l’air plus fain. Mais quel cas ne doit-on pas faire des
arbres propres à ces polirions nues, mal-faines 8c