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divifoit les deux églifés. Les remontrances paternelles
de ce pontife ne purent vaincre l’opiniâtreté
de Conflantin qui refufa d’en publier les
décrets» Cetre conduite lui aliéna le coeur des
Latins , qui feuls pouvoient le protéger contre les
Turcs. Mahomet I I , fils & fucceffeur d’Amurat,
n ’eut pas pour Conflantin les mêmes ménagemens
que fon pere. Ce prince belliqueux inveftit Cônf-
tantinople au mois de Février de l’année 1453. Cette
ville n’étoit défendue que par des bourgeois fans
courage & fans difcipline , qui n’avôient rien à
■ efpérer de leurs anciens maîtres , & qui avoient
tout à craindre d’un vainqueur irrité. Conßantin
implora en vain le fecours des princes d’Occident.
L ’empereur d’Allemagne avoit réuni toutes fes forces
■ contre les Suiffes , les Hongrois & les Moraves.
L ’Anglois pouflbit fes conquêtes dans la France.
L ’Italie déchirée par deux faûions puiflantes , avoit
plus befoin de fecours qu’elle n’étoit en état d’en
donner. Les Turcs , après plufieurs affauts meurtriers
, arborèrent leur drapeau fur la breche. Conf-
■ iantin, réfolu de ne point furvivre à la ruine de
l’empire, fe précipite au milieu des bataillons ennemis.
Ses foldats effrayés l’abandonnent ; il ne voit
auprès de lui que fon coufin Théophile Paléologue,
& un domeftique efclavon qui eut le courage de
mourir avec lui. Les uns difent qu’il fut étouffé
par la foule de ceux qui prenoient la fuite ; d’autres
aflùrent que , fe trouvant feul &c environné
d’ennemis , il s’écria , n’aurai-je pas le bonheur
de trouver un chrétien qui puiffe m’arracher le peu
de vie qui me refie ! & qu’aufli-tôt un foldat muful-
man lui trancha la tête d’un coup de fon cimeterre.
Elle fut portée au bout d’une pique dans tous les
rangs de l’armée viftorieufe. Telle fut la fin de
l ’empire de Conflantinople qui étoit refferré dans
le territoire de cette ville célébré. On a remarqué
qu’elle avoit été fondée par un Conflantin fils d’une
Hélene, & qu’elle fut détruite fous le regne d’un
prince du même nom, dont la mere s’appelloit aufli
Hélène. Cet empire avoit fubfifté 112,5 ans , depuis
fa tranflation à Byfance par Conßantin le grand.
B S l
CO NST AN TIN -FAU LCO N , ( Hiß. de Siam. ) né
dans l’île de Céphalonie , étoit fils d’un cabaretier
d’un petit village , appelle la Cußode, où il reçut une
éducation conforme à fa fortune. La nature libérale
le combla de tous fes dons. L’élévation de fes fenti-
mens lui rêndit odieux le féjour de fa patrie trop
bornée pour y développer fes talens. Il fit voile à
l ’âge dë douze ans pour l’Angleterre, où il fit bientôt
connoître fes difpofitions pour le commerce. Son
efprit riche fans culture le fit rechercher des fei-
gneurs & des favans : un négociant Anglois , fort
opulent, démêlant fes talens, l’emmena avec lui
dans les Indes, où le fuccès juflifia l’idée qu’il en
avoit conçue. Conßantin fe trouvant bientôt affez
riche pour jouir de fon indépendance , fe mit à trafiquer
pour fon compte ; fes effais ne furent point
heureux, il fit naufrage fur la côte de Malabar : refié
feul fur un rivage inconnu, il fe promenoit trifle &
rêveur, lorfqu’il fut abordé par un homme qui lui
parut aufli miférable que lui ; c’étoit un ambafîadeur
Siamois, qui en revenant de Perfe avoit fait naufrage
fur la même côte. Ce miniflre dénué de tout, fut
agréablement furpris de rencontrer un homme humain
& compatiflant qui daigna le confoler. Conßantin
avoit fauve de fon naufrage deux mille écus, il en
ufa pour acheter des vivres & des habits dont il avoit
le même befoin que fon compagnon ; ils firent voile
pour Siam où l’ambafladeur reconnoiflant fit fon
éloge au marcalon ou premier miniflre , qui eut la
curiofité de le voir ; il fut fi charmé de fa c o n v en tion
, qu’il le choifit pour aller en ambaflade dans un
royaume voifin;ils’en acquitta avec tant de dextérité^
que le ro i, après la mort du marcalon, l’éleva à cette
dignité. Conflantin refufa le titre & les décorations
d’une place qui lui auroit attiré la jaloufie des grands ;
mais en rejettant l’éclat du pouvoir, il en conferva
toute la réalité. Les peuples de l’Europe reflentirent
les effets de fa prote&ion > mais les François & les
Portugais f qui étoient catholiques comme lui -, furent
toujours les préférés. Sa nouvelle grandeur ne
fit que développer l’étendue de fes talens : contempteur
fincere des richeffes, il n’en fit ufage que pour
augmenter fa gloire. Son ame incorruptible ne fut
jamais foupçonnée de vénalité dans la diftribution
de la juflice ; paflionné pour les honneurs , dont fa
naiflance paroiffoit l’exclure, il n’en fut que plus ardent
à les mériter. Véritablement attaché à fon maître
, il ne demanda d’autre récompenfe de fes fervi*
ces, que le privilège de faire le commerce maritime
qui le mit en état de fournir à fes dépenfes & à fes
largefles. 11 paroît qu’il fut catholique de bonne foi ,
puilque libre dans fon choix, il abjura la religion
Anglicane qu’il pouvoit fuivre fans nuire à fa fortu-1
ne. 11 étoit d’une taille médiocre, fes yeux étoient
vifs & pleins de feu; quoiqu’il eut une phyfionomiô
fpirituelle , il avoit quelque chofe de fombre & ténébreux
qui décéloit l’agitation d’une ame inquiété
& mécontente. Les François qu’il favorifoit furent
appellés à la cour ; ce fut une imprudence qui donna
occafion de publier qu’il en vouloit faire les artifans
de fa grandeur, & les employer pour le mettre fui*
un trône que fon ambition déyoroit : il fit bâtir à fes
dépens une églife qui fubfifle encore aujourd’huii
Le roi de Siam envoya des ambafladeurs à Louis
X IV , qui fit le même honneur au monarque Indien*
Conflantin fut véritablement roi fans en avoir le titre
; mais après avoir été célébré par fon élévation,
il le devint encore plus par fa chute. Tant qu’il fut
arbitre abfolu des grâces , il fit beaucoup d’heureuX
& encore plus de mécontens. Le roi que fes infirmités
rendoier.t incapable du gouvernement, en abandonna
le foin à un ambitieux, nommé Pitracha, qui
prit le titre de régent de l’empire, & qui devint
l’ennemi de Conflantin, que fa qualité d’étranger ren-
doit odieux à la nation ; il fut abandonné de ceux
qu’il avoit comblés de bienfaits. Dès que le roi eut
les yeux fermés, Pitracha le fit arrêter : ce favori de
la fortune, tombé dans la plus accablante difgrace ,
fut traîné dans une prifon obfcure, dont l’entrée fut
interdite à tout le monde : il fut gardé par dë barbares
fatellites qui en éloignoient tous Ceux qui au-
roient pu lui procurer quelque adoueiflernertt. Son
époufe découvrit le lieu où il étoit enfermé, &c elle
obtint la permiflion de lui fournir les chofés les plus
néceflaires. Il fut cité pour répondre devant fes
juges, on lui brûla la plante des pieds, on lui ferra
les temples pour en extorquer l’aveu des crimes
qu’il n’avoit pas commis. On refpeâa pendant quelque
tems fa v ie , parce qu’étant fous la prote&ion
du roi de France, on craignoit de s’attirer les vengeances
de fes troupes qui occupoient plufieurs pof-
tes du royaume ; mais voyant le peu d’intérêt que
les François prenoient à fon malheur , Pitracha
crut pouvoir fe débarrafler impunément d’un ennemi
qui lui paroiffoit encore redoutable dans les fers ; il
prononça l’arrqt qui le déclaroit criminel de leze-
majeflé , & fur-tout d’avoir introduit dans le royaume
des étrangers dont il vouloit faire les artifans de
fon ambition. Il fut conduit fur un éléphant, dans
une forêt voifine, pour y recevoir le coup mortel.
Il avoit le vifage pâle & abattu , moins par la crainte
de la m ort, que par l’effet des fouffrances qu’il avoit
éprouvées dans fa prifon ; fes regards étoient aflii-
rés ; les foldats parurent attendris en voyant dans
un état fi déplorable, celui qui peu auparavant avoit
Vit le pétipiè & les grands profternés devant lui;
Après qu’il eut fini fa prière, il protefla de fön in-
hoeénce, & fè tourna vers le fils du tyran qui préfi-
doit à l’exécution; il lui dit : Je vais mourir, fongez
que quand je ferois coupable , je laifle une femme
êc un fils qui font innoeens. Quand il eut achevé ces
mots 9 l’exécuteur d’un revers de fabre le fendit en
deux : fon fils fut élevé au féminaire de Siam , fous
la conduite des riiifliônnaires François ; dans là fuite
il parvint au grade de capitaine de vaifleàu du roi
fur la côte de Coromandel. Sa cour 4 en 1720, le
chargea d’une négociation auprès de M. Dupleix,
gouverneur des établiffemens François dans les Indes
; qui étoit aufli magnifique que défintérefle : il fe
fouvint que ce négociateur étoit le fils d’un homme
ami de fa nation ; il crut devoir s’acquitter envers
lui de laréconnoiffance des François, en l ’exemptant
de tous les droits qu’on exigeoit des étrangers. Sa
mere éprouva une deflinée cruelle , on l’accufa de
péculat ; elle fut citée devant des juges qui 4 quoique
convaincus de fon innocence, la condamnèrent à
recevoir cent coiips de bâton. Ces bourreaux la
voyant fucçomber fous les coups, ne lui en firent
fouffrir que la moitié : elle eut encore à foutenir le
douloureux fpeélacle dë déux de fes tantes & de fön
frere aîné , qui furent amenés devant elle pour être
la proie des tourméns. On la mit enfuite dans les cui-
fines du roi; les fondions de cet emploi n’ont rien
d ’aviliflant, c’eft un grade d’honneur dans l’opinion
des Siamois ; elle avoit fous fes Ordres deux mille
femmes pour le fervice du palais. Telle fut la deflinée
de cet homme célébré, qui né dans*l’obfcurité , dirigea
avec gloire les rêries d’un grand empire. Ses
talens f urent ternis par quelques défauts ; colere Ôc
violent, il fe faifoit des ënnemis de ceux qu’il avoit
Comblés dë fes bienfaits : paflionné pour là gloire, il
tomboit quelquefois dans les petiteffes de ia vanité.
La magnificence de fës équipages étoit une efpece.
d’infulte faite à la nation indigente dont il fembloit
étaler lés dépouilles. Le liixe de fa table offroit les
productions les plus rares : quatre cens efclaves pré-
venoiënt les defirs des convives , & annonçoient la
grandeur de leur maître : il étoit dans fa quarante-
iinieme année lorfqù’if perdit la vie. ( T—n . )
CONSTANTINE, ( Hiß. Rom. ) 'fille aînée de
Tibere & d’Anaftafie ., fut donnée en mariage à
Maurice, le jour même qu’il fut revêtu de la pourpre
des Céfars, én reconnoiflance des ferviées qu’i|
avoit rendus à l’empiré. Cette princeffé élevée aü
faîtë de la grandeur 4 feftibla en dédaigner l’éclat :
pénétrée des maximes éVangéîiques , elle fut févëre
à elle-même & indulgente envers lesaiitrës. Les temples
enrichis par fes largefles furent décorés avec
magnificence, & leurs miniftres furent les objets de
fës libéralités : elle étoit perfuadée que Dieu paroif-
foit plus grand aux yeux du vulgaire dans de fuper-
bes palais, quë dans d’humbles cabanes : elle fut mere
de fix fils & de trois filles; cettë heuréùfe fécondité
prqmettoit de perpétuer le trôné dans fa famille,
mais cet efpoir s’évanouit par i’imprudence de MaU-
riCè, qui ne voulqt aflxgner d’autres fubfiflances aux
troupes , que le butin qu’elles poùrroient faire fur
les peuples voifins : 'l’armée fe révolta, & Phocas
fut proclamé empereur. Les fix fils de Maurice furent
égorgés fous fës yeux à Châlcédoine, & lui-même
expira foiis le fer des bourrëâüx. Son frere & fes
amis furent enveloppés dans le carnage ; Confiantine
& fes filles furent jettées dans.une prifon où Phocas
les fit mourir. ( T—JV. )
§ CONSTELLATION, ( Afiron. ) depuis l’im-
preflion du Dicl. raif. des Sciences , & c . M. de la
Caille ayant été au cap de Bonne-Efpérance poitr
obferver les étoiles auftrales , a publié dés obferva-
tions de dix mille étoiles, dans fon ouvrage intitulé
Coelurn auflrale flcâtferïim J & il a été obligé pour les
lier méthodiquement, de former quatorze nouvelles
conflellaàons ; mais bien éloigné de vouloir en cela
faire fa cour comme Hévélius ou Halley, ni faire
entrer du perfonnel dans une affaire de fciences* i!
voulut confacrer aux arts ces nouvelles conflellations^
Il propofa fes idees à l’académie de Paris & nous
convînmes tous qu’on ne pouvoit en faire* un meilleur
emploi. Voici dOnc ces nouvelles conflellations
luivant l’ordre des afcenfions droites , & telles que
M. de la Caille les rapporte dans les Mémoires de
k75* > P*ge 388.
c 1 pfsHIMM du fculptettr ; il eft compofé d’un
lcabellon qui porté un modèle, & d’un bloc de maro
t r i equeI on a pofé un & un cifeau;
2 . Le fourneau chymique, avec fon alembic & fon
récipient. 30. L’horloge à pendule & à fécondés. 40. Le
réticulé rhomboïde, petit inftrument aftronomique
dont il fera parlé dans fon lieu. V. R ét icule, Suppl.
50. Le burin du graveur ; la figure eft compofée d’un
burin & d’un échoppe en fautoir, liés par un ruban.
6 . Le chevalet du peintre, auquel eft attachée une
palette; 70. La bouffole, ou le compas de mer. 8°. La
machine pneumatique, avec fon récipient, qui appartient
à la phyfique expérimentale. 90. Voclàns, ou
le quartier de réflexion ; dont on fe fert généralement
en mer pour obferver les latitudes & les longitudes.
io°. Le compas: 1 1°. U équerre & la réglé, pour indiquer
l’architeaure, & en même tems M. de la Caillé
y a joint èn forme de niveau le triangle auftral qui
fubfiftoit déjà. 120. Le télefcope, Ou là grande lunette
aftronomique fu/pendue à un mât. 130. Le microfco-
p c , pour fervir à l’hiftoire naturelle ; c’eft un tuyau
placé âu-deffus d’un,e boîte quarrée. 14?. La montagne
de la table » célébré au cap de Bonne-Efpéîance •
où le grand travail de M. de la Caille fur les étoiles a
été faitA: il l’a mife au-deffous du grand nuage, pour
faire alïufion à un nuage blanc qui vient couvrir cetté
montagne en forme dë nàpe, aux approches des
grands vents dë fud-eft;
En formant ces quatorze nouvelles conflellations ,
M. de la Caille donna des lettres grecques & latines
à chacune des étoiles vifibles à la vue fimple, comme
Bayer 1 avoit fait en 1603 , en donnant les premières
lettres aux plus belles étoiles. Il fut obligé de changer
les lettres que Bayer avoit aflîgnées aux confieA
lations du navire, dû çentaurè, de l’autei, du loup
& du ppiffon auftral, parce que plufieurs belles
étoiles n’en âvoient point, & que les autres lettres
étoient fort mal diftribuées : il étoit même quelquefois
impoflible de reconnoître dans le ciel lès étoiles
auxquelles Bayer avoit voulu attribuer certaines
lettres, parce que les planifpheres de cet auteur
avoient été conftruits, en cette partie, fur l’ancieri
catalogue de Ptajémée, & fur les obfervations peu
circonftanciées dë quelques pilotes Portugais.
Il a été obligé de donner des lettres latines aux
étoiles les plus méridionales de l’éridàn, du grand
Chien , de l’hydre femelle & du fàgittaire, en laifîant
aux étoiles vifibles dë nos climats, les lettres dç
Bayer auxquelles nous fommes accoutumés, f
L’on a été Obligé de fupprimer la cdnfléllation fqr-
#née par M. Hallëy én 1677 , fous le nom de robur
carolinum, pour laquelle il avoit détaché neuf belles
étoiles du navire, afin d’ert eompofer une nouvelle
cdnfléllation à l’honneur de Charles I I , roi d’Angleterre
: ces étoiles étoient, ou défignées formellement
dans les anciens catalogues comme des étoiles du navire
, ou reconnues par I’ufage pour appartenir à
cette conflellation. M. de la Caille, en laiffant au
navire les étoiles qui lui àppartenoient, a penfé avec
raifon que par refpeft pour la réputation de M.
Halley, & pour un prince proteêleur des fciences^