
difpofitibns heureufes , une ame fenfible, & des ta-
lens précoces, fon ambition excitée par les flatteries
'des courtïfans:, intéreffés à troubler l’état ; fit bientôt
de ce prince une fils dénaturé. Il eut un parti (lés
qu’il en demanda un. Sa jeuneffe , les.grà'ces, tout
attiroit les coeurs de fon côte ; le peuple courut aux
'armes ;’ le jeune Eric , fans remords, fans crainte ,
marcha contre fon pere. Magnus chercha des amis
dans le Danemarck ; c’é to it la reffource ordinaire
des fouverains Suédois lôrfque leurs fujets fe loule-
voient contr’eux's le s ' rois de Danemarck fulvoient
Suffi cet exemple, & châtioiént l’mdoeilite de leurs
'fujets en armant la Suede contre les rebelles. n
alloït en venir au mains lorfqu'Æric.duc de Mecklen-
■ bouVg,'& Adolphe, comte de Holftein, offrirent
leur médiation pour la paix; elle fe fit, mais à des
'conditions très-dures pour Magnus. On lui laifioit,
il eft vrai, l’Uplande, la Gothie , le W ermland, la
'Dalecarlie , la Gothie occidentale, Pile d’Oëland 6i
'une partie de là province de Halland; mais il fut
contraint de laifferh fon fils la Scanie, le Blecking,
le refie du Halland, la Slïialandie & la Finlande. Ce
fu t en 13 5.4 que fut conclu ce traité , suffi dangereux
pour la Suede , qu’injurieux à 1 autorité paternelle.
Eriç tomt peu de fon ufurpïtron, il mourut
vers i’an 13 56 ; oh ignore le genre de fà mort. Puf-
fendorf affure, un peu légèrement, que fa mere ,
jalonfede l’efiime publique que fon fils* avoit 11: gagner,
le fit empoifonner ; on ne doit point hafarder,
fans preqve, des fait révoltai» qui outragent la na-
lure ; les récits des autres hifioriens, quoiqu’oppo-
ïés entrleux, font cependant plus probables; les
uns veulent qù\£ric foit mort naturellement,, & que
les ennemis de la reine aient faifi .cette occafion de
la calomnier; d’autres prétendent qu’JSrà, devenu
impérieux & féroce, fut égorgé par les fujets. Il èft
affez Vraifémblable qu’un prince qui haiffoitfon pere,
n’aimoit pas. fes peuples. , , I
E r i c X Ill. Foye^ù-diffus E r i c VIII, duc de Poméranie
, roi de Danemarck, de Suede & de Nor-
wege , huitième roi de ce nom en Danemarck, & Ie
treizième en ,Suede, ■ . .
E r i c XIV étpit fils.de ce Guftave Vaia, qui tut
îe defirucieur de i’unioh de Calmar , le vainqueur
deChriftiern I I , & le libérateur de là Suede, llffuc-
céda à ce grand homme i’an 1566, Sc refpeéla peu
fes dernières volontés ; il fit infirmer par les états tous
'les articles duteftament qttilui paroiffoient trop favorables
àfes freres 8c à fes fjoeurs-11 rendit les comtes &
le s baronnies héréditaires dans les familles ; ces titres
avoiènt étéjufqu’aWs attachés à certaines charges.
Xa Livonie étoit le théâtre de la guerr e , trois parties
- de cette .province s’éroient miles fous la proteâion
'de trois puilfances, qui y fomentoient les divifions
les plus funeftes; Eric défendit, contre la Pologne,
la ville de R e v e l, & la Nobleffe d’Efthome ; les
Suédois avaient encore prêtons à leur mémoire les
exemples de Guftave , fon génie femblpit les
animer , ils chalferent les Pôlonois , &c continrent
les Danois. Erk ïe .p'erfuada que ce fucçès éjoit un
titre pour prétendre à la main de l’au'gufte Elifabeth
qui gouvernoit alors l’Angleterre ; ils’embarqua pour
aller l’époufer, mais les vehts le rejétterent fur les
' 'côtes de Suede : il perdit bientôt de vue ce projet
‘formé par l ’amour 8c par l’ambition , ou peut-être
nar ces deux .pallions à la fois. Ce p rince, auffi imprudent
que volage, voulut gêner le commerce des
villes anféatiques, & les empêcher de traiter avec
la Mofcovië:Frédéric, toi de Danemarck, défef-
pérant de rétablir jariiais l ’union de Calmar, Vouloir
au moins ravager des états qu’il'ne pouvoir Conquérir.
Il déclara la guerre au roi de Suede ; cesdeux
Mations ne manquoient point de prétextexponr s’en-
ttr1 égorger; quand il n’y avoir point de différends nouveaux,
on réveilloit les anciennes querèlles. AU
milieu de ces troubles défaftreux, Eric s’occupoit de
projets galans, ofFroit fon coeur tour à tour à Marie
, reine d’Ecoffe, à la princeffe de Lorraine, fille
de Chriftiern I I , & par un penchant irréfiftible, re-
toiirnoit à la reine Elifabeth. Tandis qu’il nouoit ces
intrigues fie qu’il effuyoit des refus, la Mofcovië ,
ïa Pologne & le Danemarck fe liguoient contre lui,
& fon frere Jean époufoit une princeffe de Pologne*
Eric tenta en vain de détacher le Danemarck de cette
ligue ; fes ambaffadeurs furent arrêtés à Copenhague.
Le roi devint furieux à cette nouvelle, & ce
délire ne.fut pas un tranfport momentané. Réfolii de
facrifier fon frere, il le fit afliéger dans le château
d’Aboo ; après une défenfe de trois m ois, ce prince
fut pris, Conduit à Stockholm & condamné à perdre
la tête comme rebelle; Eric lui accorda la v ie ,
mais il le condamna à languir dans une prifon perpétuelle
, fit périr plus de cent de fes domeftiques, condamna
aux mines ou bannit pour jamais le refte de
fes partifans. La vie de l’infortuné Jean n’étoit pas eil
sûreté dans fon cachot, Eric croyoit à Taftrologie
judiciaire, de mifërables charlatans s’efforçoient de
lui perfuader que fon frere devoit un jour lui donne?
la mort, & fa crédulité penfa lui faire commettre
un fratricide. Une vi&oire navale remportée fur les
, Suédois n’effraya point Frédéric : la guerre continua.
Eric , toujours impatient de fe marier, envoya des
ambaffadeurs en même tems à la cour de Heffe & à
celle de Londres ; les lettres furent interceptées * &C
les deux rivales conçurent un mépris égal pour ce.
prince. #
Cependant la réputation des armes Suedonesf
commençoit à fe rétablir ; l’amiral Nicolas Horii
remporta de grands avantages, prit, difperfaou fit
périr plufieurs efeadres Danoiies, tout le nord de
la province de Halland fut conquis ; on fe livra ,
fous les murs de "Warberg, un combat opiniâtre, oit
huit mille hommes refterent furie champ de bataille,'
fans qu’aucun des deux partis pût fe flatter d’être
vainqueur. Cependant la pefte caufa des ravages
déplorables dans l’armée Suédoife ; d’un autre côté
la flotte Danoife alla fè brifer fur les côtes de l’île de
Gothland, & couvrit le rivage de fes débris ; Eric
dans fa capitale, effrayoit fes fujets pardes aftes de
févérité les plus impofans ; il fit traîner Nils-Sture
. avec ignominie dans les carrefours de Stockholm
pour n’avoir pas, difoit-il, fhontré affez de courage
dans un combat. Son deffeirt etoit d’avilir ce feigneur,
que fanaiffance , fon crédit, fes richeffes, fon ambition
rendoient dangereux. Couvert de honte
& de ridicule, il perdit en un jour tout l’afcendant
qu’il avoit fur l’efprit du peuple.
Ce coup d’état indifpol’a la nation , le penchant
du roi pour des femmes nées parmi le peuple , la
facilité avec laquelle il fut la dupe d’un fourbe
obfcur qui venoit, difoit-il, au nom des Norvégiens
lui foumettre ce royaume ; la foi robufte qu’il avoit
pour l’aftrologie, quelques accès de délire qui trou-
bloient fa raifon, la pitié qu’infpiroit le duc Jean
toujours captif, la dureté avec laquelle le roi per-
fécuta la famille de Nils-Sture, la baffeffe qu’il
montra en lui demandant pardon, la iqort de ce
feigneur affafliné de la main du roi même, la grandeur
d’ame avec laquelle cet infortuné retira le poignard
de fa plaie, le baifa & le rendit au ro i, enfin
le précepteur d'Eric maffacré par les ordres de ce
prince pour lui avoir reproche fon crime ; tant de
motifs réunis révoltèrent tous les coeurs. Eric odieux
à lui-même comme àfes fujets, déchiré de remprds,
s’enfuit, erra dans la campagne, & fut ramené dans
fon palais par fa maîtreflè Catherine, fille du peuple
, qu’il avoit enlevée dans un marche pour la
placer fur fon trône. Il crut regagner les coeurs
E R N
aliénés en brifant les fers de fon frere; il exigea de
lui un ferment de ne jamais afpirèr à la couronne.
Le peuple parut en effet voir Eric d’un oeil moins
énriemi ; mais le meurtre de Martin Helling , qu’Eric
tua pour avoir ofé lui confeiller de fe livrer moins à
fon favori Joran Peerfon ; la puiffance abfolue qu’il
aïcorda à ee nouveau parvenu* firent une nouvelle
révolution dans les efprits. L’étendart de la révolte
fut levé; les chefs étoient les ducs Jean fie Charles,
freres du roi , Steen Ericfon & Thurebielk. Ils coururent
de conquêtes en conquêtes, toutes les villes
leur ouvroient leurs portes, toutes les troupes
d'Eric défertoient pour paffer dans leur camp, enfin
ce prince fut afliégé dans Stockholm; fesdéfenfeurs
étoient fes plus grands ennemis; ils livrèrent la capitale
aux rebelles ; Eric s’enfuit dans le château ;
forcé de fe rendre, il vit tous les ordres de l’état renoncer
à la fidélité qu’ils lui avoient jurée, fii fut
reconduit prifonnier dans le château. Jean fut donc
reconnu l’an 1568; Eric vécut dix ans dans fa prifon ;
il tenta plus d’une fois de s’évader. Une nation fen-
fible oublia bientôt les crimes de ce prince , & ne
vit que fes malheurs;Ia compaffion fuccéda à la haine,
les querelles de religion formoient des partis dans
l’état : quelques efprits remuans parloient de replacer
Eric fur le trône; Jean fon frere le fit empoifonner
l’an 1 578 ; ce qu’il y a de plus étonnant, c’eft
que les principaux fénateurs y confentirent ; fon cadavre
fut expoféàla vue du peuple,de peur quequeh
que fourbe , profitant de quelques traits de reffem-
blance , ne vîn t, fous le nom' d'Éric , ameuter le
peuple. Telle fut la fin déplorable de ce prince qui
feroit regardé comme un monftre , fi lés crimes
avoient été réfléchis ; quand fon fang s’allumoit, il
n’étoit plus le maître de fes tranfports, &c pour l ’honneur
de l’humanité , il vaut mieux le croire fou que
méchant. ( M. d e S a c y . )
§ ERICHTON, ( Afiron.) nom que l’on' donne
quelquefois à la conftellation du cocher. Cet Erichton
étoit, non le fils de Dardanus, mais un roi d’Athènes
qui fut déifié comme l’inventeur de plufieurs arts
utiles & fur-tout de celui des chars : c’eft celui
dont parle Virgile dans les vers fuivans.
Primus Erichtonius currus o* quatuor aufus
Jungen equos,. rapidifqiie rôtis inßßere victor.
Georg. III. 113.
( A f . d e l a L a n d e . )
ERIDAN , ( Aßron. ) conftellation méridionale
que l’on appelle auffi padus. Le pô , nilus, melo,
gijon , mulda & oceanus. Phaëton fils du foleil,
li célébré dans l’antiquité, s’appelloit d’abord Eridan;
il donna fon nom à un grand fleuve d’Italie, où il
avoit é té , dit-on , noyé après fa chûte ; & comme
les Egyptiens rendoient au fleuve du Nil une efpece
de culte, on a auffi prétendu que c’étoit ce fleuve
bienfaifant dont iis avoient voulu confacrer l’image
parmi les aftres, & que Grecs avoient tranfporté
à leur hiftoire; Cette conftellation contient 56 étoiles
dans le catalogue de M. de la Caille : la plus belle
a ou echernar eft de.première grandeur; Ion afeen-
fion droite en 1750, étoit de z zd 5' 44 '', & fa
déclinaifon 58e1 30' 50'' méridionale. (M. d e la
L a n d e .')
* § ERIENS, ( Hiß. Eccléf. ) hérétiques.;., ce
font probablement les mêmes quelles Aériens écrits
mal-à-propos Æriens dans le Dictionnaire raif. des
Sciences , fitç.
ERIGONE, ( Aßron. ) nom que l’on donne à
la conftellation de la vierge;• 'Voye^ V ie r g e ,
( Aßron. ) Dictionnaire raif. des Sciences, &e. (Af.
d e l a L a n d e . )
ERN AG IUM , ( Géogr. anc.) Ptolomée place
ce lieu parmi les villes des Salyes ; l’itinéraire
Tome II,
de Bordeaux à Jérufalem marque v irh à compte?
d'Arelats, celui d’Antonin v u . fie la table Théo»
dofienne v i milles feulement. 11 eft placé entré G La»
numSc Arelate;ce Glanumauquel Pline ajoute le noni
de Livii, n’eft point Saint-Remi en Provence *
eoiïime le dit M. d’Anville , & prefque tous les
géographes ; mais il étoit fur un côtêati au fud *
à près de demi-lieue de cette v ille , où font deux
beaux monumens antiques que j’ai vifs avec admiration
en 1769, & où l’on remarqué dés reftès dé
la voie romaine ; M. dé Valois fe trompe encore
plus, en plaçant Glanüni à Laufac , entre Tarafcort
fie Arles. Pour Emugium entre Arelate & Glanum,
ce n’eft ni Grgon ni Verneques, comme l’ont cru
quelques auteurs, ils font trop éloignés d’Arles,
& ne font pas fur le chemin ancien qui conduit de
Cavaillon à Arles , en paffant par Glanum : c’eft
plutôt Saint-Gabriel dans les environs d’Àrlés , du
côté qui tend vers Saint-Remi : on y f trouvé une
ancienne infeription rapportée par Scaligef dans fes
notes fur Auffone ; où il eft fait mention des Erna*
ginenfes : fie locus Arnaginenjîs eft mentionné dans
la vie dé S. Céfaire d’Arles, citée par Honoré
Bouche, voy. Not. Gai. d’An ville , pag. zgz. & le
cinquante-neuvieme vol. dés mém. Acad, des Bdles-
Lettres , édit, in-12. 1773. Paë ’ 23 ( C. )
§ ERPACH, ( Geogr. ) n’eft point du cercle de
Souabe ; comme le dit le Dict. raif. des Sciences,
&c.~mais du cercle de Franconie. ( C.)
ERR EUR, en Aflronomie, c’eft la différenc'ê
entre le calcul & l’obfervation ; âinfi l'erreur des
tables de la lune eft la quantité dontlestablès donnent
la longitude culculée,différente de la longitude ôbfer-
vée: on marque ordinairement du ligne + Verrénrqti’ïl
faut ajouter aux tables pour les accorder avec l’obfervation.
M. Halley avoit calculé les erreurs de fes
tables pendant dix-huit ans* pourfervirà prédire lés
lieux de la lune dans les uiages dë la navigatiôhf,
M. le Monnier a donné les erreurs de fes tables des
Injlitutions agronomiques pour l’année 177 i , dans fon
Aflronomie nautique lunaire.
On appelle Meneur d’un quart dé cercle , la quantité
qu’il faut ajouter aux hauteurs qu’il indique ;
erreur d’une lunette méridienne* la quantité dont
elle s’éloigne en différens points du véritable méridien.
M. C otes, célébré géomètre d’Angleterre, a
donne en 1722 , à la fuite de fon Ouvrage intitulé,
Harmonia mmfurarum * un mémoire intéreffant fur
les rapports que les erreurs ont les unes avec lés
autres , & fur la maniéré de les calculer par les
réglés du calcul différentiel. J’ai traité cette matière
encore plus au long dans le x x u l e livre de mon
Aflroitomie. ( M . d e l a L a n d e . )
§ Erreur de lieu, ( Anut. ) où a adopté dans
cet article du Dict. raif. des Sciences, fiée, l’hypo-
thefe de Boerhaave, auteur des vaiffeaùx du rang
inférieur , c’eft ainfi qu’il appelloit dés vaiffeaùx
continus aux vaiffeaùx rouges, artériels eux-mêmes
8c coniques, ôc décroiflans comme eu x , mais
qui n’en reçoivent qu’une humeur plus fine qué le
le fang , l'erreur de lieu chez ce grand hofùme èft le
paffage vicieux des globules rouges dans cetfe claffe
de vaiffeaùx; qui n’eft faite que pour dés humeurs
plus fines. Nous employons le terme de viëiéux,
parce que dans l’ordre de la nature même il fe fait
de ces erreurs. Le fang qui fuirtte à travers lés pores
de lai; membrane pituitaire, & celui qui; foifs lé
nom de réglés s’extravafe dans la cavité de l’utérus ,
ne fe ramaffe en gouttes vifibles qu’après s’être
ouvert l’accès * depuis les artères roügês dans des
vaiffeaùx dëftinés pat la nature à charrier une liqueur
tranfparente & vifqueüfe.
Il n’y a aucun doute que l'erreur de lieu ne doivé
être admifé dans les nombreux exemples d’hômtfnes
R R r r r ij