
cadran, on réduit Vémail en grains de fable, & en y
ajoutant de Peau, on en forme une pâte, que l’on
étend également fur toute la furface de la plaque de
cuivre rouge, & q ui, mife dans un fourneau de rever
bere , fe met en fufion, & devient unie ; c’eft fur
cette furface que l ’on peint les heures avec un émail
noir qui fe met auffi enfulionpar le feu.
Celui que Pon emploie pour les cadrans, ou tout
au moins le meilleur, fe tire de Venife. Il y a deux
fortes émail, le dur & lé tendre : on diftingue le
tendre du dur, en ce que le premier efttranfparent, &
que l’autre eft opaque, & qu’étant caffe, il offre des
pores plus unis ; celui-ci eft préférable & prend un
très-beau poli; mais il faut un feu plus violent pour
le mettre en fufion.
L * émail fe vend en pain: pour l’employer, on bri-
fe ces pains en petits morceaux, & on les pile dans
un mortier d’acier trempé jufqu’ à ce qu’on les ait réduits
en grains bien fins, & à-peu-pres d’égale grof-
fieur. Pour empêcher que les éclats de Vémail ne Portent
hors du mortier, on en recouvrira l’ouverture
avec un linge propre, & on jettera dans le mortier
un peu d’eau de fontaine fort claire ; on réduira
ainfi l’émail, jufqu’à ce qu’on le fente fous le doigt
comme du fable fin ; car il ne faut pas le réduire en
poudre. . . . . .
Lorfque Y émail eft ainfi pilé, il faut le mettre
dans un vafe de verre, dans lequel on verfe de l’eau
de fontaine très-claire ; on remue Y émail, enforte que
cela faffe une eau blanche ; on le laiffe enfuite dépo-
fer ; puis on ôte l’eau en inclinant doucement le vafe ;
cette eau emporte les faletés qui fe font introduites
dans Y émail en le broyant ; on lave ainfi à plufieurs
fois Y émail, & jufqu’à ce que l’eau refte claire. On
conferve les parties qui reftent dans l’eau dont on
lave Y émail, pour employer au eontr’email, c eft-à-
dire, en-deflous de la piece qu’on veut emailler.
Quand on a bien lavé Y émail, on le laiffe dans un
vaflè de verre, & on jette deffus de 1 eâu-forte en
quantité fuffifante, pour qu’elle fumage 1 email de
quelques doigts ; on laiffe pendant douze heures 1 e-
mail dans l’eau-forte. On appelle cette operation de-
rocher : elle fert à nettoyer Y émail des parties métalliques
du mortier qui fe font introduites dans Y email
en le broyant.
Lorfqu’on a tiré Y émail d’avec l’eau-forte, on le
lave de nouveau avec de l’eau commune, & à plufieurs
fois , jufqu’à ce qu’il ne refte plus d’eau-forte
mêlée avec Y émail, & que l’eau foit bien claire ; alors
on laiffe cette eau furnagerl’éma//, pour leconferver
propre ; d’ailleurs pour étendre Yémailioxla plaque,
il doit être pris du vafe dans lequel Y émail eft encore
dans l’eau.
P réparation de la plaque du cadran avant delà charger
d'émail. Avant de placer Y émail fur la plaque, il
faut dérocher cette plaque : pour cet effet il faut
la laiffer dans l’eau fécondé* jufqu’à ce que le cuivre
foit découvert, & vienne également propre
dans toute fa furface ; alors on prendra une gratte-
broffe , & tenant la plaque dans de l’eau commune ,
on gratte-broffera la plaque pour ôter la croûte du
cuivre. Cette opération de la gratte-broffe & du dérocher
difpofe les pores du cuivre à recevoir Y émail,,
•enforte que celui-ci s’y fixe par la fufion.
Remarque. On n’éma! 4e pas feulement le côté du
cadran oh les heures doivent être peintes, mais on
émaillé auffi le deffous oucôté concave, afin que l ’é-
mail du deffus étant fondu, fonaftion fur la plaque
n’en puiffe changer la courbure & le voiler; on appelle
cela contéemailler : le contre-émail fert donc à
balancer l’effet de l’action du feu fur Y émail du deffus
du cadran. Pour cette effet* on met l’une & l’autre
couches de fuite, & on les fait fondre en même tems.
On place d’abord le contr’émail ; on ne prend pas
pour cela Y émail pür, mais au contraire celui qu’on
a tire deslavures. Pour placer le contr’émail, on fait
entrer le trou du centre de la plaque fur l’alefoir, en
tournant le côté concave en deffus; & avec une fpa-
tule ou lame d’acier mince & arrondie par le bout,
on prend le contr’émail qui eft actuellement dépofé
au fond d’un vafe, après avoir ôté toute l’eau qui
furnageoit, & on l’étend fur toute la furface concave
de la plaque, que l’on recouvre également, en ne
mettant que l’épaiffeur convenable pour cacher le
cuivre; il eft très-effentiel que la couche foit d’égale
épaiffeur. Pour ôter une partie de l’eau contenue
dans Y émail, on prendra un linge fec & propre, que
l’on pofera fur Yémail près du trou ; il attirèra ou
pompera l’eau; parce que pour placer Yémail du deffus
, il faut retourner la plaque, & que le eontr’émail
pourroit tomber en chargeant ce côté.
On retournera la plaque, que l’on mettra fur l’a-
léfoir furie trou du milieu; on prendra de Yémail
pur, & on chargera le deffus du cadran d’une couche
bien égale, ayant attention que les bords foient
bien recouverts, & les bords des trous entourés d’é-
mail, afin que l’a&ion du feu ne les brûle pas: on
pompe l’eau contenue dansl’émail, en appuyant fur
le bord avec un linge ; & pour que toutes les parties
de Yémail s’arrangent & fe refferrent, enforte qu’elles
occupent le moins de volume, on frappe légèrement
l’aléfoir qui fupporte le cadran; ce qui ébranle
& arrange toutes les parties de Yémail, & fait fortir
l’eau que l’on pompe une fécondé fois : on applanit
de nouveau Yémail avec la fpatule, ce que les émail-
leurs appellent battre Cémail ; c’eft de cet arrangement
des parties de Yémail & de l’eau qu’on en fait fortir,
que dépend le poli ou glacé du cadran, parce que
Yémail en fe fondant, ne trouvant point de cavité ,
conferve fa furface unie.
Il eft néceffaire, par une fuite du même raifonne-
ment, de faire fécher le cadran avant de l’expofer au
grand feu qui doit fondre Yémail, parce que la grande
chaleur feroit bouillonner l’eau, ce qui dérange-
roit Yémail, & rendroit fa furface raboteufe.
Pour fécher le cadran, on le placera fur une tôle
affez large, que l’on pofera fur de la cendre chaude
qui fera deffecher l’eau infenfiblement ; pendant ce
tems, on prépare le feu pour fondre Yémail, c’eft-à-
dire, pour paffer le cadran au fe0Ç$ïi
Du fourneau. Le fourneau, dans lequèl les émail-
leurs de cadrans paffent au feu, eft pratiqué dans une
cheminée, &. élevé à hauteur d’appui, pour avoir la
facilité d’arranger & de voir leurs pièces. Ce fourneau
eft de forme quarrée, & conftruit de briques.
On réferveau haut fur le fond, une petite ouverture
pour le paffage de la fumée. Lorfque le fourneau doit
fervir à paffer de grandes pièces au feu , comme des
cadrans d’un pied, il doit avoir près de trois pieds en
quarré, afin de contenir affez de charbon pour produire
un feu capable de mettre Y émail en fufion : l’ouverture
du fourneauoft fermée par en-haut, par une
grande piece plate de terre de creufet qui garantit la
vue de l ’ardeur du charbon, & on enmet de pareilles
aux côtés, afin de ne laiffer qu’une ouverture affez
grande pour laiffer l ’entrée libre à la piece qu’on doit
paffer au feu ; ce qui concentre la chaleur en dedans
du fourneau : ainfi le de vant du fourneau eft formé par
des pièces de rapport.
Lorfqu’on doit paffer au feu des pièces plus petites,
on garnit le dedans du fourneau de plaques de
terre de creufet, & on forme un plus petit fourneau ,
afin de n’être pas obligé d’allumer un auffi grand feu
que pour une grande piece.
De £arrangement du charbon & de lu mouffLe. Pour
que là piece que l’on veut paffer au feu foit plus facilement
mife en fufion , il fautabfolument quelle
j foit placée au centre d’un foy e r , ou toute la chaleur
du feu qui doit l’entourer, aille fe réunir; car il faut
qu’elle foit échauffée.de tous les côtés ; c’eft pour parvenir
à.ce but, que l’on forme dans le fourneau une
petite chambre de la grandeur feulement requife,pour
.pouvoir y placer commodément la piece que l’on
v eut paffer au feu, & que cette chambre eft entourée
dé charbon de tous les côtés, à l’exception feulement
de Fouverture pour le paffage de la pièce. .
Pour former cette chambre, on fe fert d’une piece
de terre de creufer, pliée en c.eintre & formant une
voûte; on appelle cette piece cemtréeune moujjle:
on a des mouffles de différentes grandeurs’, félon
celles des pièces que l’on doit paffer au feuv ■
Avant de pofer la mouffie dans le fôur/ieau, on
commence d’abord par former le fo l, ou âtre, avec
plufieurs lits de bâtons de charbon, faits de bois de
hêtre : l’âtre doit êtré fait avec trois rangées ou lits
de charbon: l’âtre étant fait, on pofera la mouffie
deffus, & on en dirigera l’ouverture fur celle du fourneau;
on garnira le derrière ou fond de la mouffie
‘avec du charbon mis en travers , pour boucher ce
côté du ceintre : le charbon doit être arrangé avec'
beaucoup d’a rt, afin qu’à mefure qu’il fe confume, il
ne'faffe pas déranger là chambre formée par la mouffie
; on garnira de même les côtés & le deffus de la
mouffie avec des bâtons dé charbon de hêtre bien
arrangés, & onremplira ainfi de charbon tout le vui-
de du fourneau qui doit être tel que le charbon qui
entoure la mouffie forme une épaiffeur de trois à
quatre pouces au moins : alors On mettra le feu au
charbon, on formera le devant du fourneau avec les
planches de terre dont nous avons parlé, & on laif-
fera le charbon s’allumer tout feul, & par la feule
aélion de l’air à travers les fentes des pièces de terre
du devant du fourneau, & de l’ouverture même pratiquée
au fourneau pour le paffage des pièces qu’on
doit paffer au feu.
Lorfque le charbon eft bien allumé, & que le feu
a acquis fa plus grande aftion, c’eft l’inftant de paffer
le cadran au feu. On en ju ge, & parla vivacité du
feu , & par la couleur de la mouffie qui doit être d’un
rouge-blanc : alors on prend un grand foufflet, & ori
fouffle vivement vers l’intérieur de la chambre, pour
en faire fortir les cendres ou autres parties qui pour-
roient s’en détacher & tomber fur Yémail; & on
foufflera le charbon pour l’animer encore.
Pour paffer le cadran-au feu , on le pofe fur une
virole de fer, dont le bord eft bien droit. Cette virole
eft foudée à chaud, c’eft-à-dire ; par le fer même
mis en fufion ; & pour que, lorfque le contr’émail fe
fond, il ne s’attache pas à ce cercle, on en recouvre
le bord avec du blanc d’Efpagne ; ce cercle qui s’appelle
la £<zr«,doitfe pofer fur une plaque de tôle qui
lert à porter la batte & le cadran au feu , avec de longues
pincettes, appellées releve-mouflache, affez fortes
pour ne pas fléchir.
Pour paffer le cadran au feu ,-il faut qu’il foit bien
féché, & il faut le préfenter doucement à ,1’ouver-
ture du fourneau, afin de l’échâuffer par dégrés iri-
fenfibles, enforte que s’il refte encore des parties humides
, elles fe deffechent fans bouillonner. Cela fait,*
on pofe la plaque de tôle fur l’âtre ,& contre le fond’
de la chambré formée parla mouffie ; & on le laiffe
en repos, jufqu’à ce qu’on voie que Yémail commence
à fe mettre en fufion ; alors on fait tourner la
tôle tout doucement, afin que la chaleur, fi elle eft
inégale, frappe également toutes les parties de la fur-
face du cadran : quand ori voit que Yémail eft fondu,
ce qui fe remarque aifément par Yémail qu’on voit s’étendre,
& par l’uni que prend fa fur face, on le retire
du feu avec précaution ; on ne l’expo fe pas tout de
fuite au grand air, mais on le tient un moment à-l’ouverture
du fourneau, afin qu’il perde fa chaleur par
dégrés infenfibles ; car fi l’air froid vient à frapper
Tome IL
tutriteiMent & inégalement fa fuïface, alors IV*«/ fs
fend & s’éclate.
Lorfqu’on a ainfi paffé le cadran à ce premier feu *
on le met dans l’eau fécondé pour le dérocher de
nouveau, avant que de le charger du fécond émail i
on le fait dérocher cette fécondé fois , pour nettoyèf
les parties du cuivre qui excédent Yémail, vers les
bords & les trous : s’il y a des endroits en-deffous du
cadran, qui ne foient pas contr’émaillés, & où l’on
voie le cuivre, on en remettra à ces endroits feule-*
ment ; car on ne met qu’une couche de contr’émail î
enfuite on prend de Y émail pilé plus fin que celui de
la première couche, & préparé de la même maniéré ;
on ôte l’eau qui fumage dans le vafe , & on l’étend
avec la fpatüle , & bien égalementifnr toute la fur-
ffice convexe du cadran; on en pompe l’eau avec un
linge ; & on frappe de même l’aléfoir pour ébranler
Yémail, & en faire fortir l’eau jufqu’à ce que fa fur-
face foit fort unie ; on le fait fécher de. la même maniéré
que la première fois ; on prépare un fécond feu
avec les mêmes foins, & on paffe le Cadran au fe u ,
au moment que le charbon a acquis la plus grande
vivacité; on le retiré avec les mêmes précautions,
lorfqu’on a vu Yémail entièrement parfondu, èc fa
furface unie & glacée.
Pour que Yémail foit beau & Iaurfacè du cadran
parfaitement unie , il eft à-propos de le charger d’e-
mailwne troifieme fois, & cfe le paffer encore au
feu par la même méthode, & avec les mêmes attentions.
On obfervera que fi le; cadrari avoit quelques
bourfoufflures, il faudroit les ouvrir & les étendre
avec un burin , & les remplir ÇYémftl pilé fin, bien
battu, & qu’en ces endroits il doit être un peu plus
élevé que la couche., afin qu’étant fondu, il revienne
au niveau.
Le cadran ainfi émaillé , il reftera à peindre les
chiffres avec du noird’écaille, qui eft un émail tendre
préparé. Mais avant de peindre le cadran , il faut le
divifer: pour cet effet, on commencera par tracer
des traits fins avec le compas dont la tête foit à champignon,
& un crayon de mine de ;pfomb., en^place
d’une des pointes : on formera d’abord lin t.rair, qui
termine le bord à la grandeur de la lunette ; un fécond
trait en-dedans , pour terminer lès divifions dés minutes
, & laiffanf entre le premier un intervalle fu£*
fifant pour les chiffres des minutes -, pn - tracera im
| troifieme trait pour régler la longueur des divifions
des minutes ; & enfin .Un.quatrième cerclé-pour ré-
! gier la longueur des chiffres des heures. •
Pour tracer les divifions du cadran, on pourra le
faire fur une machine à fendre , fi on en.a une, finon
on aura une plate-forme ou divifeur, fait ave,c une
plaque de cuivre qui ait 12 à 15 pouces de diamètre
, & dont un cercle concentrique au trou du centre
de la plaque foit divifé en 60 parties : on pofe le
cadran fur cette plaque, que l’on perce de trous pro-?
pres à laiffer paffer librement les pieds du cadran,
& de maniéré à centrer le cadran fur la plaque.
Pour placer le cadran concentriquement avec le
divifeur, celui-ci porte fixement à fon centre un arbre
dont la tige eft taraudée, & fur laquelle on fait
entrer une virole conique, que l’on fait pofer fur le
trou du cadran, & qui l’amene au centre de la plaque
, au moyen de la preffion de l’écrou qui appuie
fur la virole conique ; ce qui fixe en même tems le.
cadran , & l’empêche de tourner. Onfuppofêicique
cet arbre du divifeur doit être tourné rond, & s’é-î
lever perpendiculairement au plan du divifeur, 6c
être concentrique avec lui.. ’
Pour divifer le cadran félon les divifions de la plate
forme, ori fé fert d’une alidade faite avec une
lame de reflbrt mince; un bout de cettè lame entre
fur le bout de la tige de la plate-forme ; & l’autre va
pofer fur le cercle de divifion ; ainfi en arrêtant
HHhhhi j