
guerre 8c aux affaires. Valentinien III. luiconfia une
portion de l’adminirtration publique , 8c il eut lieu
cle fe féliciter de fon choix. Le farouche Attila ^arbitre
du deftin de l’Italie , menaeoit d’envahir les plus
riches provinces de l’empire. Valentinien, trop foible
pour l’arrêter dans le cours de fes conquêtes , fe
iervit de la dextérité de ÇaJJiodore dans les négociations
pour détourner ce fléau des nations, i l le
choifit pour fon ambaftadeur auprès de ce roi barbare,
accoutumé à parler aux rois comme à des enclaves.
Cajfiodon eut à efiùyer fes hauteurs mful-
tanfes ; mais il oppofa une indifférence dédaigneufe
à ce eolofl'e d’orgueil, 8c fes réponfes fieres fans être
outrageantes, donnèrent au barbare une haute idée
des forces de Valentinien. Attila , dépouillé de fa férocité
, adopta un fyftême pacifique , 8c conçut tant
d’eftime pour l’ambafladeur , qu’il lui demanda fon
amitié. L’empire recueillit av.ec reeonnoiflance le
fruit de cette négociation ; l’empereur voulut recon-
noître fes ièrvices par des terres 8c des dignités qu’il
eut la générofité de réfufér; 8c content de, fa fortune
, il fe crut affez récompenfé parla gloire d’avoir
défendu l’état. Il fe retira dans une contrée délicieufe
de l’Abruzze, pour y jouir de lui-même ; il mourut
dans le château oh il étoit ne.
Le petit-fils & le fils de ces deux üluftres citoyens,
fut Magnus-Aurélius ÇaJJiodore qui gouverna l’empire
des Goths, fous Théodoric, 8c qui marcha
encore avec plus de gloire dans le fentkr que lui
a voient tracé fes peres. Il fortoit à peine de l’âge
de puberté, que le roi Odoaere le nomma comte.
des fàcrées largeffes. Cet emploi, qui répond à celui
de contrôleur-général des finances, lui fournit des
oecafions de faire éclater fön défintéreffement ; il
n’ouvrit les tréfors de l’état que pour faire germer
l’abondance. Après la mort d’Odoacre, affaffiné par
l’ordre de Théodoric, ÇaJJiodore devint le favori
du nouveau roi ;t& il mérita cette confiance, en retenant
dans la foumiffion les Siciliens, follieités à
la révolte par l’empereur Anaftafe. Il fut récom-
penfé de ce fervice par le gouvernement de la Lucanie
, qu’il contint dans l’obéiffance. Un fecrétaire
d’état ayant abjuré la foi Catholique, pour embraf-
fer l’Arianifme que profeffoit fon maître, paya cher
fon infidélité ; Théodoric, au lieu de lui favoir gré
de cette complaifance, lui fit trancher la tête;, en lui
difant : Si tu n’as pas été fidele à ton D ieu, comment
feras-tu fidele à ton ro i, qui n’eft qu’un homme ?
ÇaJJiodore fut appellé à la cour pour occuper fa place
, où il réunit par fon affabilité, tous les Auftrages .
Son efprit cultivé le rendit cher à Théodoric q u i,
quoique nourri dans la pouffiere du camp , en fecoua
toute la rudeffe, 8c prit beaucoup de plailir à l’entendre
difcourir fur toutes les matières philofophiques,
& particuliérement fur l’aftfonomie. ÇaJJiodore, n’ufa
de fon crédit que pour appeller les favans auprès du
trône; Boece 8cSymmaque furent revêtus d’emplois
de confiance. Quoiqu’il ne follieitât rien pour lu i,
il fut nommé quefleur du faeré palais à l’âge de 27
à 28 ans. Théodoric, en lui conférant cet emploi,
dit : Je vous donne une place , dont la naiflance ne
peut rendre digne ; c’eft la fcience 8e la probité qui
ont diélé mon choix. En conférant les autres dignités
, je fais un préfent ; mais en donnant celle de
quefleur, je ne confulte que mes intérêts 8e ceux
de mon peuple. Cette faveur fut fuivie d’une autre
l’année fuivante. ÇaJJiodore fut nommé maître des
offices du facré palais , c’eft-à-dire, de la maifon du
prince 8e de la milice. Cette dignité le mettoit à la
tête de tous les citoyens, qui alors étoient militaires
; de-là il pafla à la charge de préfet du prétoire
d’ Italie, qui lui donnoit le droit de commander les
gardes prétoriennes, dont il étoit le juge fans appel ;
les prérogatives en étoient les mêmes que celles de
l’empereur, dont il étoit le représentant; & quoique
déchus de leur ancienne puiffance les préfets
fe montroient en public traînés fur un ch ar, ils
avoient leurs officiers ; 8c leur jurifdtfHon lur les
citoyens, leur donnoit une autorité plus, réelle que
Celle qu’ils exerçoieqt autrefois dans les armées. Ils
nommoient aux charges de tribuns 8c de lècrétaires,
ils dtfpofoient du tréfor de l’état 8c des fucce(fions
abondonnées : c’étojt eux qui , dans lés tems de fa*
raine-, étoient chargés d’approvifionner les provinces.
Théodoric, content de fes fervieesÿlui conféra
le titre de patrice : ce p rince, en accumulant toutes
les'dignités fur fa tête, fe ménageoit des reffources
dans ion miniftre. ÇaJJiodore avoir hérité, de richeflès
immenfes', qui par la générofité de fon maître, le
rendirent le plus riche, particulier de l’empire. Il
n’ufa de fa fortune que pour les befoins de l’état ; il
fournit des armes aux foldats ; 8c fes haras nombreux
furent deftinés à remonter la cavalerie. La perfécu-
tion qui s’éleva contre les orthodoxes ne lui permit
pas de foufcrire [à des ordres qui bleffoient fa religion
: il s’éloigna de la cour, où il fut bientôt rap-
pellé par Théodoric , allez fage pourfentir le befoin
d’être éclairé des confeils d’un auffi grand miniftre.
Il rentra dans l’exercice, de fes emplois, & fut décoré
du titre de comte, qui étoit attaché à certains
emplois, 8c qui étoit anéanti lorfqu’on en étoit dépouillé.
Ce nom, depuiS'Conftantin, offroit les
mêmes idées que celui de miniftre ; 8c chez les
Goths, les plus grands feigneurs étoient diftingués
par cette, dénomination. Après avoir confacré les
plus beaux jours de fa vie aux foins de l’empire , il
le retira dans un monaftere de la Calabre pour travailler
à l’oeuvre de fon falut. Il y jouit de .cette ai-
fance voluptueufe qui infpire bientôt lé dédain ou
l’oubli de ces plaifirs tumultueux que l’on goûte dans
le fafte des cours. Des réfervoirs peuplés de poif-
fons lui procuroient les amufemens de la pêche ; des
fontaines, des lacs 8c des rivières lui fourniffoient
des bains falutaires ; 8c lorfqu’il avoit goûté ces plaifirs
innocens, fon efprit trouvoit des alimens dans
une bibliothèque nombreufe 8c choifie. Ce fut dans
cette retraite qu’il compofa fes Commentaires fur
les pfeaunus 8c fes Infiituùons des divines Ecritures ,
pour fervir de réglé à fes moines dans leurs études.
Il prefcrivit aux folitaires qui n’avoient point de
goût pour les lettres, de tranfcrire des livres qui
traitoient de l’agriculture & du jardinage. On a encore
de lui une Chronique des traités philofophiques ;
fon ouvrage le plus eftimé eft fon Traité de Came ;
le ftyle en eft fimple. Quoique les anciens écrivains
parodient ignorer le tems de la mort 8c l’âge des
trois CaJJiodores, l’auteur du nouveau Dictionnaire
hijlorique affure que le dernier mourut en 562, âgé
plus de quatre-vingt-trois ans. Le marquis de Maffei
fit imprimer, en 1 7 2 1 , un de fes ouvrages , qui
n’avoit point encore vu le jour , il eft intitulé Caf-
Jiodori complexiones in acla , epiflolas apofiolorum &
: Apocalipjim.
Je crois pouvoir inférer dans cet article quelques
traits qui caraftérifent Héliodore, qui étoit de la
famille des CaJJiodores. Il fuffit de tranfcrire l’éloge
qu’ en fait, dans une de fes lettres, Théodoric, roi
des Goths, qui l’avoit eu pour compagnon dans fon
enfance. Sa famille eft , dit-il, connue dans tout
l’Orient par fon mérite, qui eft fon bien héréditaire.
Nous l’avons vu pendant dix-huit ans exercer
dans cef empire la charge de préfet du prétoire, avec
un défintéreflement qui cara£érife tous les Caf-
fiodôres qui ont brillé füeceffivement dans le fénat de
Rome, 8c dans celui de Cônftantinople. Eft-il une
nobleflë plus pure que celle qui a illuftré l’un 8c l’autre
empires ? Héliodore a vécu dans l’Orient avec
toute la fplendeur d’un premier magiftrat, 8c toute
la modération d’un fimple partiçidier. Quoiqu'il ftt
fupérieur àtous par la naiflance, il favoit deÇendre
d e fon rang.BOur fe.rapprocher .de fes fiibalterng.j.
& fa fimplicité modelte lui gagnôit tous les, coeurs,
& prévenoit l’envie ; de forte que ceux qui n’étoiènt
pas dépendans de fes ordres , lui devenoient fournis
par la reeonnoiflance des bienfaits qu’il xépandoit
fiireux. Il . étoit fi riche,. qu’iï entretendit plus de
chevaux que fon prince ; mais l’envie lui pardonnoit
fon opulence , parce qu’il favoit en ufer. Sa libéralité
fut une vertu héréditaire, i l . donna à la pofterite les
exemples qu’il avoit reçus de fes ancêtres ; 8c fi £e*
montoït tous les ans la cavalerie des Goths à les
propres frais. ( T—N. ) r „ „ _ . , .
CASSIQUE ROUGE , f. m.(H ifl. nat. Ornith.)
Cet oifeau. vient de Cayenne, & a été gravé par
M. Briflon dans Ion Ornithologie9{ volume U. p. c>8.
planche r i II. .figure 2. On en voit auffi la figure
dans notre volume XJCIIl. plancha X X X IV . fig. 2.
Cet oifeau a onze pouces de longueur depuis la
pointe du bec jufqù’à l’extrémité de la queue.
Il eft entièrement noir , à l’exception des plumes
du deflùs & du defl'ous de la queue qui font rouges.
Il a le bec conique droit’, à bout très-pointu , les
narines nues, le pied triangulaire ; quatre doigts,
dont le mitoyen l’extérieur des trois antérieurs
font réunis étroitement, par un article, il grimpe
volontiers comme les piciçAe long des arbres, 8<c fuf-
pend, au bout des branches , fon nid qui eft fait en
bouteille renyerfée. .
Remarque. Par tous ces caraâeres réunis, on voit
que cet oifeau eft une efpecê du japu du Bréfil, &
nous croyons qu’on doit Te placer, comme nous
avons fait, dans la famille des grimpereaux. ( M. ,
A d AN SON. )
§ CASTALIE , « fontaine au pied du mont Tau-
>> rüs en Phocide w. Dicl. raif. des Sciences, Ô£C.
tome 11. p<*g. 749- Le mont Taurus n|eft point en
Phocide. La fontaine Cafialie eft au pied du mont
Parnafle. ( C )
CASTALOGNE ou CASTELOGNE, ou C A T A LOGNE
, (Manuf. ) couverture de l i t , faite fur le
métier des tifferands avec de la laine très-fine.
M. Furetière, & après lui M. Corneille, prétendent
que ce nom vient de cajlalana , qui fignifie la
toifon des agneaux, dont cés fortes dé couvertures,
à ce qu’ils dlfent, ont coutume d’être, fabriquées.
Mais les maîtres couvertûriers , fans chercher tant
de rafiriement dans l’étyftiologie du mot de cajlalo-
gne , croient que cés couvertures ont été imitées
dans les autres pays de l’Europe , de celles qui fe
fabriquoient autrefois à Barcelone, & dans plu-
lieurs autres villes de la Catalogne ; & il fe trouve
encore quantité de ces artifans qui leur confervent
leur ancien nom de cafialogne. (+ )
CASTEL ou CASTE LL, ( Géogr. ) comté d’Allemagne
, dans le cercle de Francônie, 8c dans le
Steigerwald , aux confins des pays d’Anfpach , de
"Wirtzbourg , de Limbourg-Speckteld, de Schwart-
zenberg. 11 releve en très-grande partie de l’évêché
de Wirtzbourg, dont lés comtes de C a fiel font
les échanfons héréditaires,; 8c l'oit par la rapacité
des moines, foit par le malheur des guerres civile
s , foit par ladéfunion, la témérité 8c la mauvaife
économie de ceux qui l’ont pofîedé, caufes jadis
très-fréquentes en Allemagne de la décadence de
nombre dp maifons, le comté de Cafiel n’a pas , à
beaucoup près aujourd’hui, l’étendue qu’il avoit
autrefois. Les villes de Gerolzofen, de Volkach, 8c
Schwartzaçh entr’autres, en ont été détachées, 8c
tout ce qui lui refte aftuellement fe réduit à quelques
bourgs 8c à quelques villages. Ses comtes cependant
, divifés en branche de Remlingen 8c branche
de Rudenhaufen, ont deux voix àla dietè dans
Tome I I ,
le college des comtes, 8c voix 8c féanèes dans le
cercle de Francônie, entre Hohenlohe 8c Wertheim.
Leur mois romains vont à 18 florins , 8c leur contribution
à W etzlat à 18 rixdallers 84^ cr.
Le château de Cafiel, bâti dans. un village de
même.nom , eft un édifice moderne, habité par la
branche de Rémlingen , qùi a laiffé tomber en rui-
nèis le vfeùx château i fitué au fommet d’une mon- ■
tagne voifine. Celui de Rûdenhaufen n’a pas été
abandonné. Ce petit pays a des bois 8c des grains
en aflèz bonne quantité. (D . G.')
CÀSTÈLNO-PELLEGRINO, ( Géogr. ) petite
ville de la Turquie en Alie,' dans la Paleftine, à trois
lieues de Tartura fur la Méditerranée. Les Turcs
la nomment Atlith. Le château qui la couvroit autrefois,
8c que les Templiers occupèrent pendant
un tems pour la sûrèré des pèlerins , tombe en ruif
nés ; 8c Ion port, établi dans un petit golfe qui la
touche, n’efi: plus d’aucune confidération. ( D. G . )
CASTELLO-ROSSO , ( Géogr. ) petite île de la
Méditerranée , fur' lés côtes méridionales de l’Afie
mineure, entre Rhodes 8c Chypre. Pocock la prend
pour la Rhoge de Pline : elle eft très-montueule, 8c
ne contient qu’un château élevé fu r un rocher, au
pied duquel eft un bourg 8c quelques autres habitations
de Grecs. Son port feptentrional eft très-
sûr. ( D. G. )
CASTELLUMt ( Géogr. anc. ) diminutif de caf-
trum j un camp. Ce terme , dans les écrits de la
bonne antiquité, fignifie un lieu fortifié, un château ,
un fort, une citadelle.
Cafltllum, ville' épifcopale d’Afrique dans la Mauritanie
Céfarienne , dont la Notice de l’Afrique fait
Pierre évêque de ce lieu. La conférence de Carthage
en fait auffi mention.
. Cafiellum Medianum, autre ville épifcopale de la
Mauritanie Céfarienne : cette ville, dans Àmmien-
Marcellin , eft nommée Munimentum Medianum.
Cafiellum Menapiorum, dont Ptolomée fait mention
; on en rapporte la pofition à K e ffe l, fur la;
gauche de la Meiife , entre Rurèmonde 8c Venlo.
Julien força, dans .cette place, lès Francs qui s’y
étoient retirés , 8c qui faifoiènt le dégât dans ces
cantons.
Cafiellum Minùtitarum , ville épifcopale de la
Mauritanie Céfanênhë;
Cafiellum Morinorùm, dont l’itineraire d’Antonin
fait iftention , eft Caflél.
Cafiellum Romanum dans la Belgique, près de l’an-
cienne embouéhure du Rhin, que quelques modernes,
après le nom vulgaire de Brittenburg, appellent
Ars britannicar.
Cafiellum Trajani, conftruit par Trajan fur la rive
ultérieure du Rhin ; Ammien Marcellin ajoute que
cette fortereffe fut réparée par Julien. C ’eft Caüel
vis-à-vis Mayence. ( C. )
• CASTIGLIONE, ( Géogr.) en latin Caftrum Sti-
ïiconis': petite ville de 4 à 5000 mille âmes, à dix
lieues de Verone, fix de Brefcia 8c huit de Mantoue.
Elle eft impériale, 8c appartient à l’empereur. Elle
’ étbit le liege d’une principauté de trois lieues de diamètre.
Sur la hauteur étoit un château rafé au
commencement du fiécle par les François , contre
Iefquë'is le prince' s’étoit déclaré.
C’èft dans ce château que naquit en fa*nt
Louis de Gonzague, mort à'23 ans, 8c béatifié 14
ans après , du vivant dé. fa mere 8c de fon frere ,
ambafladeur de i’Empirë à Rome. .
François de Gonzague, frere cadet de faint L ouis,
s’eft diftingué par des établiffemensde piété : il fonda
les capucins, le collège & le parthenone : c eft une
maifon de piété, compofée de trente demoifelles de
qualité, avec feize foeürs converfes ou oblates.
H Sur la place de Cafiiglione, ou yoit une ftatue en