
CALER un quart de cercle, ( Afiron. ) c’eft mettre
fon plan dans une fituation exactement verticale par
le moyen du fil à plomb qui doit rafer le limbe , fans
appuyer, 6c fans être trop en l’air, 8c qui doit battre
légèrement fiir le milieu du point de la divifion, auquel
on veut qu’il réponde v C e ft ordinairement.j)3r
le moyen des vis du pied, que l’on cale un quart de
cercle ,& pour que ce mouvement ne le falle pas cha-
rier, on fait porter chacune des quatre vis fur une
coquille dont la furface inférieure.a ,des afperités qui
fegripent fur le pavé. Quelquefois auffi l’on fe fert
du niveau pour caler les quarts de cercles,» tels (ont
ceux que fait aujourd’hui le célébré M. Bird en Angleterre
, dans lefqnels la lunette tourne autour-du
centre, le fil vertical reliant toujours fur Je premier
point de la divifion. ( M. d e la La n d e . )
CALERE, ( Géogr. ) ville d’Afie, dans l’Indolfan,
à quarante mille pas de Manruratho, 8c peuplée, dit-
on , de gens riches & induftrieux. ( D . G. )
CA LERES ,f.pl. ( Hiß. mqd. ) brigands Indiens ,
peuple libre qui habite les lieux• inacçeffibïçs., & les
épaiffes forêts du Tundeman, province fituée entre
le Tanjaour & le Maduré, Ôn les diftingue «jifémept
des autres Indiens par i’air farouche ; leur peau pa-
roît grifâtre. parce que la- poirffiere s’y eft incorporée.
Ils font les plus mal-propres; des Indiens., presque
nuds ; ils"fe lavent rarement ; leurs armes ordinaires
font de longues piques,; des bâtons, ou de
mauvais fabres. Lorf'qu’ils veulent voler avec adreffe ,
fouvent ils vont fans aveux. Comme pn ne leur fait
point de grâce, lorfqu’ils font pris ; ils maffacrent
toujours ceux qui tombent entre leurs mains,, fur-
tout les Européens, à ce qu’affure M. de la.Flotte
dans fes Effais hifloriques fur Linde , in - i z , à Paris
chez Hériffant, 176,9. ( V. A. L.')
CALETES, f. m. pl. (Géogr.) peuples clç la Gaulé
Belgique du tems de Céfar, placés par Augufte dans
la féconde Lyonoife ; leur capitale étoit Juliobona,
l ’Iflebonne. Dans les vieilles Chartres ils font nommés
Cauchois, Caucheis, d’où eft venu, le pays de Caux.
Les Caletes s’étendoient depuis le Havre de Grâce,
j’ufqu’au château d’Eu , & depuis la Seine à la rivière
d’Eu ; Caudebec en eft aujourd’hui la capitale.
Leur territoire comprenoit quelques cantons connus
fous les noms de pagus Augenfis, pays d’Eu,
pagus Braienfis, pays de Bray, 8c pagus Tcllaugius,
leTellau. (C . )
CALHETA, ( Géogr. ) petite ville de l’île de Madère
dans l’océan Atlantique , c’eftla troilieme.de la
capitainerie de Funchal, & elle appartient, à titre de
comté, à la mail'on de VafconcellosÔC Soufa. Calheta
eft auffi le nom du port de Santa - Cruz dans l’île
Gracieufe , l’une des Açores. ( D . G. )
CAL1BIE, ( Géogr. ) fortereffe maritime d’Afrique
entre Tunis 8c Hamamet, au haut d’un roc qu’on appelle
Cap - Bon, autrefois Cap-de-Mercure. (D . G. )
CALIFE, ( Hiß. des Arabes. ) ce nom, qui lignifie
vicaire, fut donné aux fucceffeurs de Mahomet ; 8c
comme laconftitutionde l’empire nouvellement élev
é , étoit également religieux 8c politique, le calife
étoit un pontife roi qui tenoit dans la même main
l’épée & l’encenioir. Mahomet en mourant n’avoit
point laiffé de fils qui pût être l’héritier de fa puif-
lance ; Fatime, la feule de fes enfans qui lui eut fur-
vécu, avoit époiifé Ali le plus proche parent du prophète;
ces deux titres fembloient lui affurer une dignité
qu’on ne pou voit transférer dans une famille étrangère
fans outrager la mémoire de l’envoie deDieu. Abu-
Beker 8c Omar, chefs d’une faftion puiffante, trou-
voient l’humeur d’Ali trop libre & trop enjouée pour
en impofer à une feéle naiflante, toujours plus frappée
d’un extérieur auftere que dé l’éclat destalens : ilsre-
préfenterent quele droit décommander à une nation
belliqueufe n’étoit point un privilège de la naiffance,
d’autant plus que les enfans des héros étoient rare*
ment le héritiers de leurs talens, 8c que c’étoit aux
braves guerriers, formés à l’école du prophète, à
défigner un fucceffeur qui fut digne de lui 8c d’eux ,
pour les Conduire à;la viéloire. L’un étoit refpefté du
peuple, par. une fageffe foutenue , par des moeurs
pures,, 8c fur -»tout | par fon attachement fanatique à
la doélrine nouvelle. L’autre, auffi grand enthou-
fiafte , awoitle coeur des foldats témoins de fes a étions
hérpïqué's , 8c de Ipn courage porté jufqu’à la férocité.
L<a milice s’aflemble tumultuairement ; la multitude,
cpnfondue avec elle demande un fucceffeur, 6c
Abu -Beker eft proclamé ; Omar, ne pouvant s’op-
pofet- à ce choix , fe rait immérité de fon obéiffance.;
il eft le; premier à le reçonnqîtrë , il fe profterne à
fes genpux , 8c le/ ceint de l’épee du prophète. Ce
facrifice ne lui coûta pas beaucoup : il prévoyoit que
le nouveau calife-, plus épuifé encore de fatigues 8c
d’auftérités que d’années , laifferoit bientôt le trône
vuide, Ali fut le.feul qui ne voulut pas le reconnoître ;
Omar furieuxûnveftit fa maifon à la tête d’une troupe
d’affaffins ; c’étoit , toujours, le fabre à la main qu’il
aimoit à terminer rles.différends : Ali auffi brave que
lu i, mais.d’un courage plus éclairé, eonfent à reconnoître
le Calife.
Abu-Beker accepta cette dignité, moins par ambition
y que po.ur affurer le triomphe dejla religion ,
dont les intérêts remis en d’autres mains lui paroif-
foient en danger. Hjumble dans fon élévation, il ne
voulut fç rendre recommandable que par fon refpeét
pour la mémoire du prophète, 8c quand il montoit en
chaire, il ne fe plaçoit jamais dans le plusjiaut dégré,
pour faire un ayeu public de fon infériorité. Son tem-
péramentaffoibli par les auftérités, fon vifage décharné
par des jeûnes outrés , fàphyfionomie trille redou-
bloient la vénération pour lui, parce qu’on les re-
gardoit comme autant de témoignages de la fainteté
de fes moeurs ; étranger fur la terre, il étoit fans atta-
chement.pour tout ce qui allume la cupidité : fobre
8c frugal, les mets lés plus epmmuns lui paroiffoient
une nourriture trop fenfu,elle : il étoit li défintéreffé,
qu’à fa mort.on ne lui trouva que trois drachmes dans
fontréfor; le refte.de les effets fut évalué à cinq,
qu’il ordonna de diftribuèr aux indigens. Ces vertus
privées fembloient mieux convenir à un chef de derviches
, qu’au Conduéleiir d’un peuple guerrier; mais
il avoir les moeurs du moment, & avec .des inclinations
plus relevées, il eût peut - être renverfé l’édifice
qu’il affermit ; quoiqu’il eût du courage 8c de la
capacité pour la guerre, il en laiffa le foin à fes généraux
; & tandis que fédentaire dans Médine, il pré-
fidoit à la police, civile & religieufe , fes lieutenans
foumettoient quelques contrées de l’Arabie que leur
obfcurité avoit dérobées à l’ambition- de Mahomet.
Les Mufulmans n’ayant plus rien à conquérir dans
leur pays, ils portèrent leurs armes dans la Paleftine
qui fut contrainte de paffer fous leur domination. Hé-
raclius tâche d’oppôfer une digue à ce tPrrent prêt à
fe déborder fur les plus belles provinces de fon empire
: il leve une armée nombréufe, qu’une difcipline
exaête fembloit rendre invincible ; les Romains engagent
une a&ion meurtrière ; & quand ils croient n’a-
voire affaire qu’à une multitude confufe & fans ordre,
ils font furpris d’avoir à combattre des animaux féroces
qu’un inftinél brutal précipite dans les périls ,
également indifférens à donner ou à recevoir la mort;
leur étonnement .glace leur colirage : ils fe précipirent
dans l’Euphrate qui les engloutit fous fes eaux , & la
Syrie tombe au pouvoir de ces fanatiques qui en font
le fiege de leur domination. Ce fut ainfi qu’Abu-
Beker, fans endoffer la cuiraffe, par fon difcerne-
mentdansle choix de fes généraux, recula les limites
de fon empire par la conquête de la Syrie & de la
Palelline ; il lui eût fans dopte donné de plus grands
•acçroiffemens, fi là mort ne l’eût enlevé après un
régné de deux ans & quelques mois.
Omar, défigné fon fucceffeur, témoigna d’abord
avoir de la répugnance pour une dignité que fon
ambition dévoroit en fècret; il parut ne fe rendre
qu’alix voeux unanimes de l’armée qui le proclame
empereur ou commandant des fideles, titre qu’il prit
& qu’il tranfmit à fes fucceffeurs. Dès qu’il eut le
front ceint du diadème, il fe fît une grande méta-
morphofe dans fes moeurs, Jufqu’alors il n’avoit ref-
piré que les combats & Ie.fang: fon cara&ére féroce
s’adoucit, & au lieu de s’armer de l’épée, il fe con-
facra tout entier aux fondions pacifiques de l’autel ;
mais toujours animé de l’efiprit de Mahomet , il fie
lent également embrafé de l’ambition clés conquêtes.
Dans,Ce fiecle de guerre, il s’étoit formé des capitaines
qui avoient fubftitue une difcipline régulière
aux mouyemens tumultueux d’une milice qui jufqu’alors
.n’avoit eu que du courage. Omar met à la
tête de fes armées des généraux qui aimoient la
guerre & qui favoient'la faire, & dont les projets,
bien concertés affuroient le fuccès. Ce fut contre les
Perfes que les Mufulmans tournèrent leurs armes.
Ils s’avancent vers l’Euphrate pour déloger l’ennemi
fies polies qu'il occupoit. Arrivé devant Çadefie,
ville fituée à l’extrémité des déferts de l’Irax, ils y
livrent une bataille mémorable où trente mille Per-
fians reftent fur la place. Cette bataille que les Muful-
mans comparent à celle d’Arbeïle, fut vivement dîf-
putée : la capitale & la plupart des provinces de Perfe
îùbirent la loi du vainqueur. L’Alcoran fut placé fur
l ’autel où brûloit le feufacré des mages ; les forte-
reffes furent démolies : les moeurs antiques effuye-
rent une révolution rapide, & des barbares diderent
des loix fur le trône des dominateurs de l’Afie.
Une autre arméè de Mufulmans attaque les Romains
jufque dans le centre de leur empire. Kaleb ,
grand capitaine & Mufulman fanatique , les rencontre
entre Tjipoli &c Harran, il anime fes foldats
en leur difant: « Ne redoutez rien, le Paradis eft
» fouS l’ombre de vos épées» ! Ils engagent une
adiôn & ils font vainqueurs ; le btuin fut immenfe >
chaque foldat n’eut plus de mifere à craindre pour j
le refte de fa vie. Ce fut là qu’on vit éclater ce zele
fanatique, qui faifoit connoître que l’elprit de Mahomet
préfidoit encore au milieu d’eux. On fut que
plufieurs foldats avoient tranfgreffé la défenfe de
boire du vin ; on prononça une peine de quatre-
vingts coups de bâton contre les prévaricateurs : le
général, qui ne pou voit exécuter fon arrêt, parce
qu’il ne connoiffoit pas les coupables,les invita à faire
un aveu de leur faute : ces fanatiques, affurés d'être
punis furent^ leurs propres accufateurs , & fe fournirent
fans murmurer à un châtiment qui expioit leur
faute.^ Emefe 6c plufieurs autres villes confidérables
ne prévinrent leur ruine que par une prompte foumif-
lion : les unes furent livrées par des traîtres, d’autres
payèrent dés fomùies auffi confidérables que fi elles
euffent été abandonnéès à l’avarice cruelle du foldat,
apres un affaut. Le nouvel empire, élevé fur les débris
de ceux des Perfes 8c des Romains , prenoit
chaque jour de nouveaux accroifl'emens. Mais tant
de victoires ne font point cOnnoître le calife qui
ne triomphoit que par, fes lieutenans. C’eft dans les
détails de fa vie privée«qu’il faut defcendre , pour
dévélopperfon caraélere. Sa tempérance fut un jeûne
lévere 6c perpétuel ; il ne fe noufriffoit que de pain
d’orge, où il mêloit uh peu de f e l , & fouvent il fe
privoit de cet affaifonnement, pour ne pas trop ac*
corder à fes fens. Les pauvres 6c les grands étôient I
admis îndiftmélement à fa table, qui étoit une éeole
de frugalité, dont les rigides Spartiates auroient ad-
rtùre la fimplicité ; mais il étoit glorieux de manger
•avec un pontife rç»i, Sçs habits étoient fales 6c dédures
, & ia truiltitnrle en ramafloit des .iamîreâiiK
qu’elle révéroit comme de précieufes reliques : &:
: qj'oique couvert .de haillons, dégoûtans, il étoit
plusrefpeôé que les rois vêtus de .la pourpre. Il
poufa lon amoyr pour la juftice' jufqu’à la dureté }.
es richeiTes & les. dignités n’étoient point un titré
; d impunité. Juge inçorruptihle , il frappoit de la
: même verge l’oppreffeur & le foibie-coupable. Fi-
; qhfervateur des traités, il puniffoit les lieute-.
| papq çonvainçus ,d’avoir violé ,1a fainteté de leurs
] fermens. Les habitànsde Jérufalem ne voulurent re-
s c.evoir les articles de leur capitulation que de fes
: > tant ils avoientde confiance dans fa bonne foi».
: Il ,s’y rendit, & perfonne n’eut à fe plaindre. On fui*
i étonné de voir le chef d’un peuple de-Gonquérans
, fans aucun attribut diftinêlif. Sa parure eût été remuante
dans un homme d’une condition la plus ab-
je c lej on eut dit qu’il eût voulu ériger la mal-propret?
en vertu. Quoiqu’il fût humain & populaire *
il exigeoit une obéiffance fans réplique. Inacceffible
à la crainte & à la défiance , il ne pou voit s’ima-
: giner qu’il eût des ennemis , 6c qu’il pût s’élever des
rébelles. Sans légions dans Medine il diftoit des ordres
à fes généraux qu’il deftituoit à fon gré , quoiqu’ils
fuffent à la tête des armées dont ils étoient les
idoles. Ils le foumettoient fans murmure aux caprices
de leur maître ; & faifant confifter leur gloire
dans l’obéiffance ; ils devenoient les lieutenans reft-
peÊlueux de leurs fucceffeurs. Sa rallie haute, fon
teint brun, fa tête chauve , fon maintien auftere *
fa decence grave 6c relervée infpiroient plus de ref-
petl que d’amour ; mais s’il fut craint, il ne fut ja^
mais haï. Obfervateur fcrupuleux des cérémonie»
les plus minutieufes de fa religion, il eut cette piété
crédule & bornée, qui dans un homme obicur 6c
priyc, eft un frein contre la licence des penchans>
6c qui dans l’homme public, annonce l’incapacité de
gouverner. Il fit neuf fois le pélérinage de la Meque
pendant fon régné qui fut de dix ans ; quoique fans
éloquence de ftyle, il étoit véhément & pathétique ;
6c comme il paroiffoit pénétré des maximes qu’il
annonçoit, il les infinuoit fans effort ; auffi fe livra*
t-n à la manie de prêcher; & tandis qu’il vivoit obfi
cur à 1 ombre de l’autel, fes lieutenans par-tout victorieux,
formèrent le plus grand empire du mon-
de ; le Tig re, le Nil & l’Euphrate coulèrent fous
fes loix. Les rivages du Jourdain furent foulés pat
des vainqueurs barbares, qui enlevèrent aux Juifs
& aux Chrétiens le berceau de leur foi. Enfin, la
Paleftine, l’Egypte, le Korozan, la Perfe, l’A rmé-4
pie , 6c plufieurs vaftes régions de l’Afrique, né
furent plus que des provinces de l’empire Muful-
man. Ainfi , quoiqu’il n’eût que du zele fans lumière
j fans talent, fon régné ne fut qu’une continuité
de triomphes & de profpérités. La fuperftition étoit
alors une épidémie nationale , & plus il étoit borné*
plus il fe rapprochoit de ceux à qui ii avoit à coin*
mander. Un véritablement grand homme eût
çchoue, 6c il reuffit. Ce calife ignorant., 8c ennemi
de tout ce qui pouvoit l’éclairer, fit réduire en cendre
la bibliothèque d’Alexandrie , monument de là
magnificence des, Ptojomées qui avoient rafl'em*
ble , à grands frais , dans cet augufte. fanéluaire,
les plus riches produélions du génie ; & pour auto*
ruer cet anathème contre les progrès de la raifon *
il dit : « Si jes livres dont cette bibliothèque eft com-
pofée renferment les vérités déjà contenues dans
l’Alcoran, ce font des fuperfluités dont il faut fe dé-
barraffer : s’ils en combattent les maximes , ce font
des fources d’erreurs qu’il faut tarir , pour arrêter
la contagion ». Ses vi&oires ne purent le garantir des
coups d’un furieux, qui méc'oiitent d’un jusemeiiÊ
rendu contre lui, 1? frappa de trois, coups de poignards
dans la Mofquée, lorfqu’il faifoit la prier®