
que peu ou point de pays à défendre , point d’ alliés
chez lefquels on puiffe fe réfugier, point de prompts
fecours à attendre , point d’efforts à faire pour re-
poufTer l’ennemi, le meilleur parti eft de lui demander
une armiftice, St de traiter enfuite pour la
paix.
X. La fin d’une campagne eft le tems oit les armées
fe féparent pour aller prendre leurs quartiers
d’hiver. Quelquefois on tient la campagne plus long-
tems que l’ennemi, parce que les troupes qu’on commande
font en état de réfifter aux rigueurs de la fai-
fon , & dans la vue d’exécuter plus facilement quelque
entreprife qui peut être avantageufe ; d’autres
fois pour manger, ou évacuer les fourrages d’un
pays , pour avoir le tems d’achever fes approvifion-
hemens , de fortifier fes portes, &c. Dans d’autres
tems, les armées fe féparent comme d’un commun
accord ; ou elles confervent leurs polirions,
& elles détachent peu - à - peu un égal nombre
de troupes pour aller dans leurs quartiers , juf-
qu’à ce qu’enfin les relies fe retirent de part & d’autre.
Mais alors un général ne fauroit prendre trop de
précautions, pour que l’ennemi ne puiflé raflëmbler
fes troupes , & l’attaquer avant qu’il n’ait raffemblé
les fiennes. F'oyei l’article Q u art ier D ’hiv er.
C ampagne d’hiv er. Quelque fatigantes, quelque
rudes & ruineufes quefoient les campagnes d'hiver,
il eft des circonftances qui les rendent fi néceffaires,
& d’autres oit elles prélentent de fi grands avantages
, qu’on n’héfite point de les entreprendre.
En 1674 ,M. de Turenne , qui avoitfait une cam-
pagne très-glorieufe , quoiqu’il fut fort inférieur aux
ennemis, s’étoit retiré en Lorraine. Les Impériaux,
au nombre de 70000 hommes, avoient pris leurs
quartiers d’hiver dans la haute-Alface, & fe fiat—
toient de pouvoir entrer au printems dans la Lorraine
& dans la Franche-Comté. M. de Turenne , que
le grand nombre n’effraya jamais, réfolut de tout entreprendre
pour rompre les projets des confédérés :
après avoir pendant quelque-tems laiffé rétablir fon
armée dans de bons quartiers, & avoir donné le
tems d’arriver aux fecours qui lui venoient de Flandres,
traverfa les montagnes des Vofges dans les premiers
jours du mois de décembre , & fe trouva au
milieu des quartiers des Impériaux , lorfqu’ils le
croyoient encore en Lorraine, & qu’ils regardoient la
campagne comme finie : il en enleva plufieurs, battit
ceux qui s’étoient raffemblés auprès de Mulhaufen
& de Colmar ; en un mot cette grande armée fut en
très-peu de jours vaincue, difperîée & forcée, quoi-
qu’encore fort fupérieure à celle de M. de Turenne,
â repaffer le Rhin , pour aller fe mettre en sûreté'
dans des quartiers d’hiver fort éloignés de l’Al-
face.
L’hiver de 1757 à 1758, les Hannovriens, fécondés
par un corps de Pruffiens, s’étant mis en campagne
nous forcèrent d’évacuer les Etats d’Hanno-
ver, de Brunfwick , de Heffe-Caflel, d’Oft-Frife , &
autres pays fur le bas - Rhin. Nous abandonnâmes
fucceffivement tous les portes, excepté Minden, oii
affez inutilement on laiffa garnifon, & nous repaffâ-
mes le Rhin à Wefel, à la fin du mois de mars. Combien
cette retraite, fi fâcheufe pour notre armée ,
ne procura-t-elle pas d’avantages aux ennemis pour
la campagne fuivante?
L’hiver fuivant, les alliés ayant formé le projet
de nous éloigner de la Heffe & de la Vetteravie, &
de transférer le théâtre de la guerre en Franconie &
dans les pays qui s’étendent le long du Rhin depuis
le Mein jufqu’au Neckre, fe mirent en campagne au
commencement du mois de, mars. On ne balance
poin t, en quelque-tems que ce fo i t , pour exécuter
un projet de cette importance, fur-tout quand on a
bien pris toutes fes mefures , & que les fuccès paroiffent
infaillibles. Après qu’ils eurent fait lever &
repaffer en Franconie les quartiers que Üarmée de
l’Empire avoit pris dans la Thuringe & d,aps le pays ,
de Fulde, M. le prince Ferdinand de Brunfwich , partit
de Fulde à la tête de l’armée Hannovrienne, &
par une marche auffi feçrette que rapide & des mieux
combinée fe porta fur la nôtre , efpérant de la fur-
prendre & de lui faire repaffer le Mein. Mais quelque
diligence que firent les ennemis pour pouvoir pénétrer
à tems dans nos quartiers & les empêcher de fe
réunir , le duc de Broglie qui, dans une conjonfture
auffi critique, commandoit l’armée en l’abfence du
maréchal deSoubife , étoit parvenu à la rafl'embler
à Bergen ; il avoit pourvu à la défenfe des places St
des portes qu’il occupoit, & avoit fongé à tous les
moyens de repouffer les ennemis..En effet, la victoire
qu’il remporta le 13 d’avril rompit tous leurs
projets, & l e combla de gloire & d’honneur. L’Allemagne
le regarda comme fon libérateur; l’Europe
entière l’admira.
Une campagne d'hiver, qui n’étoit pas moins importante
pour les alliés que celle que je viens de citer
, & qui en tout fut fi glorieuse pour le maréchal
de Broglie , eft celle qu’entreprit M. le prince Ferdinand
de Brunfwich au mois de février 1761 , dont
j’ai déjà fait mention dans cet article , en parlant du
réfultat d’une campagne.
Dans les campagnes d'hiver, dit le roi de Pruffé;
qui a plus fait de ces fortes de campagnes qu’aucun
général de ce fiecle , on fait toujours marcher les
troupes dans des cantonnemens bien ferrés ; on loge
dans un village deux à trois régiments de cavalerie ,
mêlés même d’infanterie , s’il peut les recevoir ; on
fait quelquefois entrer toute l’infanterie dans une
même ville.
Lorfqu’on s^approche de l’ennemi, on affigne des
rendez-vous aux troupes, & on marche fur plufieurs
colonnes comme à l’ordinaire. Quand on vient au
mouvement décifif de la campagne , c’eft-à-dire >
qu’on eft à portée d’enfoncer les quartiers de l’ennemi
ou de marcher à lui pour le combattre, on met
les troupes en bataille ; fi le jour n’eft plus affez long
pour pouvoir entamer l’affaire, elles paffent la
nuit en cet ordre, mais alors chaque compagnie
doit avoir un grand feu ; de telles fatigues étant trop
violentes pour que le foldat puiffe y réfifter à la longue
, il eft néceffaire d’employer dans ces fortes
d’entreprLes toute la célérité poflible : il ne faut
point envifager le danger, ni balancer, mais prendre
une vive réfolution & la foutenir avec fermeté.
On ne doit entreprendre une campagne d’hiver
dans un pays de places fortes, qu’autant qu?on peut
faire des difpofitions affez fecrettes & affez promptes
, pour être sûr de fe rendre maître en très-peu
de tems de celles qu’on fe propofe d’attaquer. Ce
fut d’après un tel plan que le maréchal de Saxe prit
Bruxelles & quelques autres places du Brabant,
dans le mois de février 1746.
C ampagne , (Marine.) Un prince qui a une ma?
rine r& qui eft en état d’avoir une armée navale ,, ne
doit jamais manquer , quelque genre de guerre qu’il
ait à faire , de comprendre dans fon Plan général de,
campagne, les opérations maritimes qu’il croit pouvoir
entreprendre.
_ Si par le nombre .de fes vaiffeaux il eft affez fupé-
rieur à l’ennemi pour agir offenfivement, il projette
une defeente dans fon pays, foit dans le continent,
pour furprendre ou faire le fiegç de quelque place
importante, pour détruire un établiffement de con-
féquence, pour p iller, ravager une province ; foit
dans une île qui, par fa pofition & fes richeffes, puiffe
être une conquête avantageufe : il aflîgne des croi-
fieres à fes vaiffeaux pour bloquer les ports de-,
l’ennemi, ruiner fon commerce, & tendre libre celui
de fes états.
Lorfque les forces maritimes du prince font trop
inférieures à celles de l’ennemi pour opérer au-de^
hors il prend le parti de tenir fes vaiffeaux tout armés
dans fes ports, & toujours prêts à faire Voile,
pour que, fi ceux de l’ennemi $ -obligés pareet appareil
de tenir continuellement la mer, viennent à être
pouffés au loin par une tempête ou quelqtïe coup de
vent dangereux, il puiffe profiter de cêtte circonf-
tance pour faire fortir une efeadre & l’employer à
porter des fecours où ils feront n é c e ffa ire so u à
quelqu’entreprife avantageufe;
De queiqa’efpece que foit la guerre * dès qu’on a
une marine, elle doit toujours , autant qu’il eft pof-
fible, féconder, par fes diverfes opérations * celles
qui fe font dans le continent.
Il feroit très-à-propos, en terminant l ’article important
qu’on vient de traiter , de rapporter quelques
exemples de plans de campagne généraux & particu-
liersbien entendus & bien exécutés* pour donner dë
plus grandes idéeSjfuf cette éminente partie'de l’Art
de la guerre : mais quèlqu’âbrégé que foit cet expiofié
de la dialeôique militaire * i l eft déjà fi long qu’on fie
contentera de renvoyer les Lecteurs aux deux dier-
nieres campagnes de M. de Tftfe'nne * par Défehamps ;
à celles de 1674 en Flandre, de 1677 en Lorraine’
& en Alface, de 1703. en Allemagne, que nous
avons publiées ; & à VHijloire militaire, de Flandre,
publiée par Beaurain. ( M. D. L. R. )
CAMPANIE, {.Géogr. ) c’eft-à-cfire,' campagne'
keureufe de l'Italie, actuellement province du royaume
de Naples.
Les peuples de la Campanie, Grecs d’origine * fo
gouvernoient, du tems de la république romaine,
par les loix d’Athenés : ils confervèrent leur ancien
droit, même lorfqu’ils paffererit fous la domination de
la république romaipe. Pour lors ils acquirent tous le
titre glorieux & utile dé citoyens romains. Cetée province
fut divitée en préfeétûres de deux efpëces : la
première avoit dans fon diftriél Capoiie, G urnes,
Cafilinum , Vulturne & Linifernum.
Les autres villes étoient, régies par les loix annuelles
du préteur 10main ( preétore urbano ). Dans ce dif-
triél étoit Fondi, Formies , Véiiafre, Privernum,
Ànagni,.Hereulane & plufieurs autres. Ces villes reçurent
plufietifs colonies romaines y qui les agrandirent
& qui les'illu tirèrent du tems dë Céfar. Hercu-
lane, cette ville fameùfe, que l’on vient,' pourainfi
dire, de reffufeiter, devint auffi colonie romaine ;
mais nonobftant la löi Julia, elle ne fût pas pour cela
foumife aux loix des Romains : elle confervafes üfa-
ges & le privilege de fe régir partes loix particulières.
On appellent ce droit honorable, Autonomie. Voye£
Paul Manucë ,• de civitate Ràmaûâ; Velleius Patér-
culus, Florus & l’article HeA'cu l a n è ,. dans leZ>£#.
raif. des Sciences■ , &c. & dans ce Supplément.
L’on difoit autrefois que la Canlpanie étoit un pays
habité & cultivé par Gérés, Bacchiis;&: Vénus : éh
un mot, fes anciens habitans vivoient dans le luxe &
la molleffe.Les détails de la magnificence dès bâtittiëns
que l’on viëntde découvrir dans Herculane, confirment’
ce que les anciens hiftoriens ndus avoient dit de
la rriolletfe dès^ anciens habitahs de la1 Çanïpanie. Depuis,
les éruptions’du Véfuve ont boulevërfé les plïis
riants coteaux de cette provihee : dii liéude vignes ,
de terraffës* de palais entaffés, ou vólt des'deux côtes
du Vefitve- des monceaux de pierre & de terré
brûlées^, &i> de tems en tems l’oiï éprouve lès effets'
terribles du voifinage ditvolcani. (V. A. A.)
* § .GAMPEGHE, ( Gébgr. ) ville de l’Amérique
feptemriohale, dans Ia nouvelle Éfpagne... & C am-
pechium , ville de l’Amérique feptentrionale, dans
la nouvelle Efpagne. . . . font la même ville; Campe■-
Tome U.
ckium eû la vérfion ïàtihë’de Campeche. Lt'ctris fiir
l'Encyclopédie.
CAMPEMENT, f. ni. f Art mllltdiye. ) qfiâhd une
armée doit changer de pOlitioh, On fait partir quelques
heures à l’avancé y fiiivant l’éloignement oti la
proximité de ÜemaemS>uii aétdchèméftt; dbfitPObjet
eft d’aller s’emparer dû terréin qu’ëllë doit ôfctuper ,
& d’y tracer & marquer le douVeàu câihp. Ce dé lâchement,
que nous appëlldns -campïmèrit ; èît cènl-
pofé des brigadiers & earabiniers de 1^ câv'dlërie
desfer'gensôccapbraux dé l’irifabterié-, dpfvir*i’é nom-'
bre fe regie fur cëlûi dèé èbftipagnlës ; dés èftâtirbris,
& des bataillons dé chaé|Wé régiment, ' d’ûtt Officièr
major, d’un capitâ/rte* St Jcfe deux lietit'én'âhS par
brigade ; des nouvelles gardés ; d’Uri ceffâlrl hOmbré
de compagnies dê grénâdiëfs J & dé ïrb'rijtéé’ dé càvâ-
lerie ; le tout aux Otdrësdu tnâfëchàl-cfe-t‘a:mp dè
jour, qui eft accompàgdé pàr le marcckl-génera'l
des logis de -l’armée-,' pâr lë ffiajof-gëhëral dé l’inîân-
teriie, par le màréëhàfigérré'râl clés logià de la cavalerie
, par le majbf général dès dragons, pâr lé major-
de l’artillerie , & p'ar-lës Officiers fupërieufS de .piquet
'qtti- to'uS S’éffïploiërit ' fous lès ordrei •dë'céi
officier général,- à ibût ëéqùi eft relatif à l’étâbliffë-
ment du noitvëàrt caftip. H y a otdînairèntènt au
campement un prépo’fé pOii# lë's vivres , tjüi reçoit lés
ordres du maréchàl-de-càihp fur cé cjui 'ébHcèrné
cette partie. Voyèi tôiis cêr 'déiads; ÉàAi les.ordpri-
nances ê rigUiiiens cbhèérnaril îèJèrVpcéWjd'éajrj/eriè
& de l'infanterie éh CàmpàPhè.
Lorfqùe le camp' èft près de Pëntrémi.V'Ôn hig-
mérite ; félon qu’oft lé jtige à prôpbS , l^ëPcbVïTé 'dû
campement. Du rêftë e’éft au niafécfiàï-dè-çâmp' de
jour à faire fa marché .avéé' totft I’ofidrè êc tbrüré' là
précautioh poffib'lés ;■ à ôécùpef cô^vrif lëtêrrein
deftiné pour l’armée, dê riiahtefë à' prëVépir tbùlé
furprife , & à éë que ïë trWcé dû éarûp fé faffé faiïs
trouble ni empêehëméfrt! dé; la pari dé' féhrîëhil.
Voye^ l'àrticU D é t a c » ement , dâris ée‘ Sùppl.
( M. D . L. R i ) ’ :: ; ' ’ ■
* § GÀMSUA RË , ÇGéàgr. ) << pfovinCé d"e l’Amé-
» fique méridionale', habitée par différerts pëuples >> ;
c’eft probablement ùné province inia'gïdâiî'é. Vôyé%_
la MaVrinierë. Lettrés fiir PEncpclop'éÆ
* § CAMUS oit Ca;M-a1^:e>', tf'qui â’ lé nè'z court
» ôiccretiX;... Les 'ËarfarèsfôHf grand'caÿ des bëaù-
»’tés câmufës; Rubriiqùis-'.obférvé qtié là fè’nVûVe' dii
» Grand-Chant Jeng-his, beauté qui fît béancoup dë
» bruit en fon'terns, n’avoit pOtir iotit nez dtië deux
» petits trous.... Nôus àvohS'la relation de fes voya-
>> g es, qui eft très curiéufe, fur-toUt pour des philo-
>1 lophes ». Si raùteur de cet article à(vbit lii’.Cëtté
delation dë Rubruquîâ, il n’imputérbit pas à' cé bori
cordelier une fauffété qufil n’a1 point avahtéé. Il n’à
jamais Vu les femmes dû Grand-Chant Jeng-his Ou
GënghizCan, càf c’eft- affurément le mémë. U ri’alla
dans les cours de-Mangou-can & de Ëà'toii'càii q'u’ën
1153-, & il y avoit'albfo vingt-fept aùs qtiëGerighiz-
CaU leur aïëul étoit riVbrt. ' Il éft biën vrai que Rubrü-
quis dit' que la femme dë ScaCatay, par'éût de Batou-
cart’ étoit càrtiüfe, & qu’elle femblbit rt’àvdit point
dtt tout dë nez ; mais il n?a pas dit un mot de là fémmé
de Jëng-his-can, & id n’a dit d’aucûhe femme qiië
pour tout riez elle n avoit qui ieusb petits trôüs. Céttë
relation de Rubrûquis eft trës-peù exarië, comme
M. Pabbé Lengletën a averti dans fa Géographie, &
comme je rii’en fuis àffuré en la lifatit. Rubruqùis dit
que Gënghizean’aVoit été forgeron, ce qiil eft faux;
il parle d’un évêque Nofmand de R&llivïllt, près de
Rouen; il ajouté foi à des cbnfés de vieille , & il en
fait lui-même , c’eft urf ttés-maUVais ‘ alitiquâire St
géographe'. Lettres fû t l'Ency cl'dpédie.
CANADA , ( Géogr'. Hifl. ) cette irtimerffë contrée
de l’Amérique leptentrionale, terminée d’un côté
X i j