
n’ont aucun pouvoir fur fort ame ; la terreur des
fantômes ne trouble point ‘la férénité ; il confent
à ignorer ce qu’il ne peut découvrir darïs la condition
oit il fe trouve ; il fait tout ce qu’il doit favoir,
ou du moins il tâche de l’apprendre tous les jours,
par le moyen des principes évidens qu’il poffecle :
il a affez apprécié les chofes pour en connoître la
vanité , 6c pour être perfuadé que la bienfaifance ,
l’humanité 6c la vertu font les feuls vrais plaifirs ,
qui peuvent fatisfaire un coeur bien né , parce qu’ils,
le fatisferont pendant toute I’eternite. T el eft 1 homme
qui mefure les extrêmes pour connoître h réalité ,
& qui ne s’en tenant point à une vaine fpéculation,
s’eft fait une habitude du bien : lui feul ici-bas peut
mériter le nom d’heureux.
Dans le livre fécond, M. Changeux emploie neuf
chapitres pour montrer l’application du principe que
nous venons de rapporter , 6c pour décrire 1 effet
des extrêmes dans le fpe&acle général de la nature,
& dans l’étude que les hommes en font. Le troifieme
livre traite dans trois chapitres, de l’ufage , de la
confidération des extrêmes dans la metaphyfique.
M. Changeux emploie dans le quatrième livre un
égal nombre de chapitres , pour faire voir le jeu des
extrêmes dans la théologie. Le cinquième livre des
extrêmes dans la phyfique contient dix chapitres, 6c
le lixiemë livre en contient vingt, pour développer
la même matière. Dans le feptieme , on vôit les
effets des extrêmes dans la morale, ils font développés
dans vingt-neuf chapitres. Les extrêmes dans la
politique font démontrés dans les onze chapitres du
livre huitième. Dans le neuvième livre , on fait
connoître la néceffité de confidérer les extrêmes dans
la grammaire. Le dixième & dernier livre fait voir
dans treize chapitres la néceffité de fe guider par la
connoiffance des extrêmes dans les belles-lettres 6c
dans les beaux-arts. Il nous a été impoffible d’abréger
davantage l’ànalyfe du premier livre » parce
qu’il contient les principes fondamentaux du fÿftême.
Dans l’article Réalité , nous donnerons une notice
de l’application du principe unique de M. Changeux,
& nous y joindrons un précis de Phiftoirè littéraire
au fujet de ce traité des''extrêmes. ( F. A , L. )
E Y
EYBENSTÔ CK, ( Géogr.) ville baillivale d’Allemagne
, dans l’élé&orat dë Saxe , & dans l’Ertzge-
burge, à demi-lieue de la rivîere de Mulde, fous
la préfecture de Schwartzenberg. Elle eft de trois
cens 8c vingt maifons , 8c tous fes habitans font
occupés, foit -au travail des mines,foit à celui des
dentelles. Son voifinage abonde en métaux & en
minéraux ; il fournit des âméthyftes, des topazès,
de l’o p a l, de l’aquamarin, du bon. aimant , & un
beau quartz tranfparent : un état de fon produit en
fer 6c en étain pour l’an-1748 r porte que l’on en
tira pour lors au-delà de fix mille charges du premier,
& de trois cens quatre-vingt-dix quintaux du
fécond : il s’y fabrique àuffi par milliers des plaques
de fer blanchi,' dont le débit ordinaire eft à Leipfick,
à Hambourg, à Amfterdam 8c à Londres. Cette
ville eft du nombre de celles qui ont féance & voix
dans l’affemblée des états du pays. ( D . G . )
E Z
EZECHIAS , ( Hiß. fier. )fi>m du Seigneuf, roi
de luda, fils d’Achaz & d’Abia, fuccéda'.àïoà çeré
l’an du monde 3177. Le faint-Efprit fait- de ce prince
pieux un éloge admirable , qui réunit tous les traits
qui forment le caraftere d’un homme vertueux &
d’un, rôi félon'leL coeur de Dieu. Il marcha dans la
yoie du Seigneur fans jattfaïs s’en'écarter ; & pfenant
la loi divine pour fa réglé , David pour fon modèle, '
Ifaïe pour fon confeil, il ne fit remarquer aucune
inégalité dans la conduite de fa vie. Dès qu’il fut
monté fur le trône , il détruifit tes hauts lieux ,
brûla les bois profanes, ouvrit 8c fit purifier le temple
du Seigneur, que fon pere avoit fermé, 8c ren-,
dit aux adorateurs du vrai Dieu la liberté d’aller lui
offrir leurs voeux & leurs facrifices dans cette mai-
fon de priere. Plein de zele pour la- gloire de Dieu ,
il voulut profiter de Faffoibliffement des dix tribus,
pour effayer de les ramener à l’unité & à la vraie
religion : il envoya donc des couriers dans toute
l’étendue des deux royaumes de Juda 8c d’Ifraël ,
depuis Dan jufqu’à Berfabée , avec des lettres tendres
& touchantes , pour inviter les peuples à venir
célébrer la pâque du Seigneur. Prefque tout Ifraël,
à l’exception d’un petit nombre que Dieu (épara de
la maffe réprouvée , fe moqua de la million. d\£{é-
chias ; mais la main de Dieu agiffant lur ceux de
Juda, leur donna à tous un même coeur pour exécuter
l’ordre du roi. Un peuple nombreux s’aflembla
donc à Jérufalem , 8c célébra avec pompe la pâque
le 14e du fécond mois : après cela ils fe.répandirent
par tout le royaume de Juda, 8c tranfportes dun
faint zele , ils abolirent jufqu’aux moindres traces
de l’impiété , pour ne plus faire régner par-tout que
le feul Dieu véritable. E^èchias , pour ôter aux Juifs
tout fujet d’idolâtrie, mit en pièces le fer peut- d’airain
, parce que les fentimens de recônnoiffance
envers Dieu qu’excifoitla vue de cet objet, avoierit
dégénéré en un culte fuperftirieux qui s’arrêtoir à
l’objet même. Ce prince, après s’être ainfi acquitté
de ce qu’il devoit à Dieu, prit les armes contre les
Philiftins , qu’il vainquit, & fecoua le joug du roi
d’Affyrie , dont fon royaume étoit tributaire. Senna-
chérib, pour punir E\èclùas du refus qu’il faifoit de
le reconnoître. pour fouyerain , refolut de. porter
les armes dans le royaume de Juda \ 8c pendant
qu’il travaillolt aux préparatifs , Dieu envoya à
Eçéckias une grande maladie , qui étoit, à ce qu’il
parpît, un ulcéré peftilentiel , dont ce prinçe ne
ppuvoit guérir par la voie naturelle. Le prophète
Haïe lui ayant annoncé qu’il mo.urroit ,f.ce faint roi ,
le coeur inondé d’amertume , les yeux baignés de
larmes, fit fa priere. au Seigneur pour fléchir fa
colere , 8c Dieu en étant'touché lui envoya fur
le champ fon prophète pour lui promettre de fa
part une prompte ôc. parfaite guérifon quinze
annéès de vie , & une prote&ion éclatante, contre
la puiffance Formidable de l’Affyrien^Dieu , pour
prouver à E^échias qu’il àccompliroit fa parole , fit
remonter l’pmbre fur le cadran d’Achas de dix
dégrés, par lefquels elle-étoit déjà defeendue. Cè
prodige, & la guérifon mïràculeufe qui l e fuivit,
attirèrent au roi une ajnbaffade de la part, dë Méro-
dach Baladan, roi de’Babylone. È[èchias.r flatté de
cet honneur, étala ayee eomplaifance tous, fes.tré-
fors devant ces ambaffadeurs, pour donner un grande
idée de fa magnificènCe. Dieu , irrité des môuve-
mens d’orgueil auxquels il s'abandonnait , lui fit
dire par Ifaïe que toutes cesr richefles fer oient un
jour tranfportées à Babylone. Mais le faint roi obtint
, par .fon repentir , ..qu’inné, verroit point.,ce^ malheurs^
Cependant Sentiajc^iérib entra dans le royaume
j de Juda, .qu’il ravagea 8c fournit ^vec une rapidité
incroyable! Ce princé ,'qui .n’étoit qué!rinftrument
dont la juftice divine fe.,fervoit, pour châtier les
Juifs , yoyqit tout plier .fous fes armes. É{éc/iias>
bois d.’état de lui réfifter v lui envoya des ajpbaffâ^
deûrs, pour l’engager à fe retirer aux conditions
qu’il y.oudroit. L’Asffy.rien exigea, dej.ix.ceps talens
d’argent, 8c trente talens,d’o rq u ’Æfcef/n?* M envoya;
mais lorfqu’il eut reçu cet argent, il fit f o r mer
E^éckîas par trois des premiers officiels; de fa
cour de fe rendre. Ces députés parlèrent avec
infolence du pouvoir de leur maître , & de la foi-
bleffe du Dieu d’Ifraël. Le faint roi ayant appris
ces blafphêmes , déchira fes habits, fe couvrit d’un
fa c , & alla au temple pour y répandre fon ame en
la préfence de Dieu. Il fit avertir en même tems
Ifaïe de ce qui fe paffoit ; & ce prophète , pour
•raffurer le r o i , lui prédit la mort prochaine de
Sennachérib & la déroute de fon armée. En effet,
ce prince impie étant venu mettre le fiege devant
Jérufalem, l’ange du Seigneur defeendit dans fon
camp , & y tua cent quatre-vingt-cinq mille hommes.
Il s’enfuit lui-même à Ninive, où il fut maffa-
cré par deux de fes fils. C’eft ainfi que le Seigneur
délivra E{éckias & les habitans de Jérufalem de la
main des Affyriens. Le bruit de cette délivrance
miraculeufe s’étant répandu chez les peuples d’alentour
, perfonne ne penfa plus à inquiéter ce faint
roi qu’on regardoit avec vénération comme un
homme finguliérement favorifé de Dieu. On s’em-
preffoit de lui faire des préfens, & de rechercher
îon amitié ; & l’on accouroit de toutes parts à Jérufalem
, pour tendre hommage & offrir des facrifices
ati Dieu d’Ifraël. E^échias, après un régné de vingt-
huit ans, s’endormit avec fes peres, & on l’inhuma
dans le lieu le plus élevé des tombeaux des rois fes
prédéceffeurs. Tous les habitans de la Judée & de
Jérufalem célébrèrent fes funérailles. (+ )
EZÉCHIEL , (Hift. Sacr. ) qui voit D ieu , un
des grands prophètes, étoit fils de Bus, & de race
facerdotale. Il fut transféré à Babylone par Nabu-
chodonofor , avec le roi Jéchonias., l’an du monde
3405. C ’eft pendant fa captivité que Dieu lui communiqua
l’efprit de prophétie ; il commença à exercer
ce miniftere à l’âge de trente ans , & il le continua
pendant vingt. On ne fait rien de certain fur
fa mort. La prophétie d'E^cchiel eft fort obfcure,
particuliérement au commencement & à la fin.’Après
y avoir décrit fa vocation , le prophète prédit la
prife de Jérufalem avec toutes les horreurs qui l’accompagrterent,
la captivité des dix tribus, celle de
Juda, & toute la rigueur de la vengeance que le Seigneur
devoit exercer contre fon peuple. Après ces
prédictions fâcheufes , Dieu lui fit voir des^ôbjets
plus confolans, le retour de la captivité, le rétablif-
fement de la ville & du temple , du royaume de Juda,
& de celui d’Ifraël ; ce qui n’étoit que la figure du
régné du Meffie, de la vocation des Gentils, & de
l’établiffement de l’églife.
Eçéckiel eft de tous les prophètes celui qui eft le
plus rempli de vifions énigmatiques. Dieu lui ordonna
plu fleurs aCtions fymboliques pour exprimer
dans fa perfonne les miferes du peuple , ou les
fentimens de Dieu à l’égard de ce peuple : tu deviendras
muet, lui dit le Seigneur , pour représenter le
filence de Dieu à'l’égard des Juifs obftines&i indomp“
tables, qui avoient tant de fois méprifé fes avertif-
femens & fes reproches. Il reçut ordre de fe faire charger
de chaînes dans fa maifon , pour figurer la captivité
des Juifs. L’emblème des cheveux 6c de la barbe
figuroient les différens malheurs, dont Dieu afflige—
roit Jérufalem 6c la Judée , &c.
Ce prophète eft plein de belles fentences , dé
riches comparaifons , 6c fait paroître beaucoup
d’érudition dans les chofes profanes. Ses prophéties
ou vifions qui font au nombre de v in g t-deux ,
font difpofées fuivant l’ordre du tems qu’il les a
eues. (+ )
§ EZZAB , ( Géogr. ) province d’Afrique , au
royaume de Tripoli. Elle commence à l’occident,
au-delà des montagnes de Garian 6c de Biniguarid,
6c finit vers une riviere qui la fépare de Mefrata ,
6c fe jette dans la mer du côté de l’orient. La contrée
d’jEtfab produit peu de bled ^ mais beaucoup
de dates , d’olives 6c de fafran. Ce fafran eft tellement
eftimé au C a ire, qu’il s’y vend le tiers plus
que celui qui croît ailleurs. ( + )
* C e m o t e f t é c r i t E z z a l d a n s l e Dictionnaire
raif. des Sciences , 6 c c . c ’ e f t u n e f a u t e d ’im p r e f f i o n .
E l N D U T o m e s e c o n d *
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