
•à Chelles, cômme il revenoit d’une partie de chàffe,
(an 5 84.) Elle commit ce nouveau crime pour échapper
à la vengeance du ro i, qui avoit découvert le
commerce adultere qu’elle entretenoit avec Landri.
Il ne lui reftoit qu’un fils au berceau , e’étoit Clotaire
II. Ce prince lui fuccédafous la tutelle de Fre-
degonde fa mere, du roi de Bourgogne fon oncle.
Chilperic mourut détefté de fes fujets ; &. la pofté-
•rité s’eft accoutumée à le regarder comme le Néron
de fon fiecle. Gontran fe comporta avec beaucoup
de modération : il lui eûtétéfacile de fe rendre maître
des états de Chilperic ; il préféra le titre de pere
du jeune prince à celui de conquérant. Le roi d’Auf-
trafie , fous prétexte de venger la mort de Sigebert
fon pere , afpiroit à dépouiller Clotaire II. Childe-
Bert fut obligé de fe refferrer dans les limites de fies
états. Clotaire fut proclamé roi de Soiffons. Cependant
les feigneuts françois , foit qu’ils fuffent laffés
de ces défordres,foit qu’ils fongeaflent à en profiter,
méditoient une grande révolution : ils avoient envie
de réunir toute la monarchie dans la main de Gon-
debaut, fils naturel de Clotaire I. Ils le proclamèrent
;à Brive-la-Gaillarde. Les rebelles avoient des chefs
refpeélables, tels qu’un Didier qui avoit toujours
commandé les armées de Chilperic, un Mummol
qui s’étoit fignalé par plufieurs victoires fur les Lombards.
Le nouveau monarque fut trahi par ceux m ê m
e qui l’a voient couronné. Il paroît que Fredegonde
méditoit de nouveaux attentats : en effet, Gontran,
qui dans tout le cours de fon regne avoit montré une
finguliere modération, lui retira la tutelle de Clotaire
II. qu’il avoit confenti d’abord de gérer avec elle :
il la força de quitter lè féjour de Paris, & la relégua
au Vaudreuil. Elle voulut s’ en venger en foulevant la
Bretagne ; mais il fut facile à Gontran de faire rentrer
dans le devoir cette province rebelle. La pacification
de la Bretagne fut le dernier événement mémorable
dii regne de Gontran. II avoit fait auparavant une
"’guerre infruCtueufe contre l’Efpagne : il mourut à
Châlons-fur-Saone,dans la foixante-unieme année de
fon âge , la trente-troifieme de fon regne. Aucun de
fies enfans ne lui furvéquit, excepté fa fille Clotilde ;
encore eft-il incertain fi elle ne mourut point avant
lui. V e lli, auteur dont le coloris eft fi ieduifant, l’a
peint avec beaucoup de vérité : prince médiocre, dit
cet écrivain en parlant de Gontran , qui fut prefque
toujours mal fervi , parce que jamais il ne fut faire
refpeCter fon autorité ; bon, mais de cette bonté qui
infpire plus la licence que la vénération, il aimoit
fes fujets , & il n’avoit pas la force de les défendre
contre les vexations de fes miniftres. D o u x , humain,
complaifant, mais plus par timidité que par vertu,
on n’ofoit l’aborder dans les accès de fa colere ;
fiouvent dans les premiers tranfportsilprononça des
arrêts de mort. Les hiftoriens de fa vie lui donnent
un grand fonds de piété : il menoit une vie aufiere,
faifoit de grandes largeffes, aimoit, refpeCtoit, pro-
tégeoit la religion, l’églife & fes minifires : on l’a
même mis au nombre des faints : Grégoire de Tours
lui attribue des miracles,même de fon vivant.(ilfi—r.)
CARIÉ ou VICIÉ, adj. ((Econ. R u ß .) On nomme
ainfi du bois qui a des malandres & des noeuds pourris.
Il n’eft pas propre à la charpente, ni au charro-
nage.
Il y a des arbres creufés & cariés, à qui il ne relie
•de bois dans leur tronc que ce qu’il en faut précifé-
ment pour foutenir l’écorce ; & qui cependant continuent
de vivre & de produire.
C a r i é ( B l e d * ), (S.con. Ruflique. On nomme
ainfi celui dont la forme & la pellicule cju grain n’ont
-que peu d’altération ; & qui fe convertit néanmoins
•en une poufliere graffe , noirâtre & foetide. On ob-
fierve qu’étant bien fec il fe détache aifément du fond
de fia balle.
Dès avant que la floraifon finiffe, on commencé
h diftinguer les épis les plus avancés , du nombre de
ceux qui font attaqués de cette maladie. Tant que les
épis-font dans leur fourreau, lors même qu’ils font
totalement au jour , on ne foupçonne aucun vice
dans la plante ; la tige eft droite & élevée y les feuilles
font communément fans défaut ; mais à peine les
bleds fleuriffent-ils que les épis cariés font reconnoif-
fables parleur couleur bleuâtre : les balles qui en*
veloppent le grain, font plus ou moins tachées dé
petits points blancs; le grain même, plus gros qu’il
ne devroit être naturellement, eft d’un verd très-
foncé : tant qu’il conferve cette couleur, il eft adhérent
au fond de la balle comme un grain fans défaut:
fes étamines beaucoup moins hautes que lui, & collées
à fes côtés , font languiffantes & comme flétries : on
voit cependant encore le velouté du fommet dit
grain, & le refte des ftyles. Si l’on ouvre ce grain
carié^, on le trouve rempli d’une fubftance graffe ,
noirâtre , & dont il s’exhale une odeur fétide, fur-
tout lorfqu’on l’écrafe entre les doigts. Cette pouf-
fiere > vue au microfcope, eft plus groffe que celle
des grains charbonnés.
Lorfque d’un pied de bled il fort une tige cariée/
& que de cette même tige il en naît une autre qui en
eft totalement dépendante, cette tige fécondaire eft
toujours affefitee de carie. Les épis cariés produits par
un feul & meme pied, le font communément dans
leur totalité ; mais on en trôuve fur un même pied
avec de bons épis. On voit encore quelquefois des
épis qui font en partie fains, & en partie cariés.
Il lemble que les racines des bleds cariés aient
fouffert quelque altération : dans le moment même
ou 1 on arrache la tig e, elles ne paroiffent pas avoir
la même fermeté, le même reffort, le même chevelu
, & autant de petites ramifications, que celles
des bleds fains. (+ )
* § CARIGOURIQUAS, (Géogr.) peuple ci Afrique
dans la Cafrerie. Ces peuples s’appellent Amplement
Gouriquas & non pas Carigouriquas. Voye{ La Mar-
tiniere , Lettres fur l 'Encyclopédie-.
C A 1U ELON, f. m. ( Mujîque. ) forte d’air fait
pour être exécuté par plufieurs cloches accordées
à différens tons. Comme on fait plutôt le carillon
pour les cloches que les cloches pour le carillon ;
l’on n’y fait entrer qu’autant de fons divers qu’il.y
a de cloches* II faut obferver déplus que tous leurs
fons ayant quelque permanence , chacun de ceux
que l’on frappe doit faire harmonie avec celui qui
le précédé & avec celui qui le fuit : affujettiffement
qui dans un mouvement gai doit s’étendre à toute
une mefure, & même au-delà, afin que les fions quj
durent enfemble, ne diflonnent point à l’oreille? H
y a beaucoup d’autres obfervations à faire pour
compofer un bofi carillon , & qui rendent ce travail
plus pénible que fatisfaifant : car e’,eft toujours une
fotte mufique que celle des cloches , quand même
tous les fons en feroient exactement juftes : ce qui
n’arrive jamais. On trouve fig. g , planche V I I de
Mujîque dans le Dictionnaire raifonné des Sciences ,
& c . l ’exemple d’un carillon confonnant, compofé
pour être exécuté fur une pendule à neuf timbres,
faite par M. Romilly, célébré horloger. On conçoit
que la gêne extrême à laquelle affujettiffent le concours
harmonique des fons voifins, & le petit nombre
des timbres ne permet guere de mettre du
chant dans un-femblable air. ( S )
CARILLONNER, v. n. (Mujîque.') c’eft exécuter
un carillon fur des cloches. Voy. ci-deflus Carillon
( F. D. C. )
CARILLONNEUR, f. m. (Mujîque.) celui qui
carillonne, ou exécute un carillon fur des cloches.;
( F. D. C. )
CARIMGOLA, f, f. ( H ijh nat, Botaniq. ) plante'
du
ëü Malabar, fort bien gravée avec la plupart de Cé$
détails, par Van-Rheede, dans fon Hortus Malaba-
ricus , yolumell, imprimé en 16 9 1 , planche X L IV .
page £)/. M. Linné dans fon Sÿflema nattira, édition
tz , imprimé en 1767 page zg 4 , l’appelle pon-
tederia g haflata , foliis hajlatis , floribus umbellatis ,
& la confond’ avec la balla gravée fous le nom
d'aloes palujlris, par Rumple,/»/<z«cAe LX X V , figure 1
du volume VI, de fon Herbàrium Amboinicum pag.iyS,
& avec la plante que Plukenet a fait graver, planche
C CX X , fig. 8. de fa-Phytograpkie, fous le nom de
fagittariez quodamjnodo Jimilis planta Maderafpatana ,,
JloribuS medio Caule quafi ex 'utriculo prodeuntibus«
Mais ces trois plantes font trois efpeces différentes
du même genre, comme on va s’en convaincre par
leurs deferiptions.
Première efpece. CARIMGOLA.
La carimgola eft une plante aquatique vivace,
dont la tige traçante fous terre, jette par intervalles
de deux à trois pouces une touffe de deux pouces
de diamètre de racines fibreufes/cylindriques, fif-
tulèules, blanchâtres & rougeâtres d’abord , enfuite
jaunes, d’où fort un faifeeau de huit à dix feuilles ,
longues d’un pied & demi, écartées fous un angle
de trente degrés, étendues à leur origine en une
éfpece de gaîne fendue entièrement d’un côté , par
laquelle elles s’embraffent réciproquement, formant
au-deffus de cette gaîne un pédicule cylindrique de
Quatre lignes de diamètre , creiix de près de trois
lignes au centre, terminé par une feuille en coeur
rieuf à dix fois plus'court qu’elles , long de deux
pouces à deux pouces un tiers, une fois moins
large j entière , légèrement échancrée à fon origine
, épaiffe , tendre, liffe , relevée de [fept ftries
longitudinales verd-brunes deffus, plus clair deffous^
Le pédicule de chaque feuille tient lieu de tige aux
fleurs ; il eft ouvert à une diftance égale à la longueur
des feuilles au-deffoiis:' de ces feuilles, d’une
fente longitudinale de laquelle fort une ombelle de
fix à fept fleurs bleues, luifantes, très-brillantes, longues
de fept à huit lignes portées fur un pédicule cy lindrique
de même longueur, & accompagnées d’une
gaîne Univalve , c’eft-à-dire, en feuille elliptique
pointue aux bouts ,• aufli longue qu’elles & que les
feuilles , c’eft-à-dire, atteignant la moitié de la diftance
qui les fépare des feuilles,- & deux fois plus
longue que large ; les feuilles avant de s’ouvrir forment
un- bouton ovoïde à' fix côtes comme ftriées
& crépue's ou tortillées en fpirale.
Chaque fleur eft hermaphrodite, polypétale, lilia-
cée, régulière pofée autour de l’ovaire : elle con-
fifte en un calice à fix feuilles bleues , ouvertes en
étoile d’un pouce de diamètre, dont trois intérieures
plus petites, toutes elliptiques, concaves , une
fois plus longues que larges, minces comme une
•membrane, perfiftentes.-Six étamines bleues à anthères
jaunes , une fois plus courtes que les folioles,
font attachées à chacune d’elles. Du centre du calice
's’élève un ovaire verd-jaune,- ovoïde furmonté d’un
ftyle blanc-bleuâtre , un peu plus épais que les étamines
, & terminé par un ftigmate fphéroïde blanchâtre.
L’ovaire en mûriffant devient une capfule ovoïde
pointue , longue de trois lignes, de moitié moins
•large , brune à trois angles ôf trois côtés plans ftriés
■ en long de deux nervures, partagée intérieurement
en trois loges-, & s’oùvrant én trois valves, portant
chacune à leur milieu une cloifon membrane
ufe ; chaque loge contient environ huit à dix
graines ovoïdes, blanchâtres d’abotd, enfuite rouffes.
Culture, ha carimgola croît fur toute la côte du
Malabar dans les terres marécageufes , couvertes
de quelques pouces d’eau ; elle fe multiplie par le
TomcILt
prolongement de fa tige q u i, en tràçânt fous .terre y.
jette par intervalle des touffes de raeînés qui pro-
duifent autant de plantes nouvelles.
Qualités. Toute la plante a une faveur aftrin^enté
fans odeur fenfibiei. .
Ufages. Pilée elle fe mange dans le lait pour guérir
les fievres bilieufes ; fa décoftion dans l’huile
s’emploie en. bain fur la tête dans les maladies des
yeux ; fa racine fe mange cuite au fuere pour chaffer
les vents & corriger les vices du foie ; pilée dans
le beurre & l’huile , elle fe boit pour diflipçr l’inflammation
& la rougeur des yeux ; l’écorce de fa
racine pulvérifée fe prend avec le fucrè pour
l’afthme; on la mâche & o n la garde dans la bouché
pour appaifer le maux de dents.
Deuxieme efpece.. Balla.
Rumphe a fâitgraver en 1684, au volume VI, page -
ty8 , planche LX X V ,fig. 1 , de fon Herbàrium Am*
boinicum, fous le nom d'olus paluftre , une autre
efpece de carimgola que les Macaffares appellent
balla balla & tsjappo tsjappo ; les habitans.de Baleya
bia bia, & ceux de Java veweam.
Elle différé de la carimgola en ce qui fuit : i°. Elle
a deux pieds de hauteur. z°. Ses feuilles font écartées
fous un angle de cinquante à foixante degrés, long
de trois à huit pouces, d’une fois un tiers moins
large, c’eft-à-dire , deux fois ' à fix fois plus courtes
que leur pédicule, & marquées, comme les feuilles
des- eramens, de plus de trente nervures très-fines
peu fenfibles. 3°. Ses fleurs fortent au nombre dé
huit à dix du milieu du pédicule des feuilles , & font
avec leur pédicule de moitié plus courtes que les
feuilles. 40. Elles font purpurines. 50. La capfule eft
ovoïde hexagone, longue de fix lignes, deux fois
moins large. 6Q. Chaque loge contient environ trente
à quarante graines brunes menues comme du fable.
Culture. La balla croît aux îles de Macaffar, Baleya
& Java, dans les champs de riz & dans les marais
d’eaux ftagnantes où fe plaît le nénuphar;fes feuilles
périffent pendant la faifon de la féchereffe, mais
fon bourgeon eft vivace & repouffe de nouveau aux
premières pluies.
Qualités. Sa faveur eft fade , mêlée d’un peu
d’âcreté à-peu-près comme dans l’arifarum.
Ufages. Néanmoins les Macaffares, habifans de
la côte maritime où on cultive beaucoup de r iz , en
mangent les feuilles, foit cuites avec leurs autres
herbages , foit crues en y mêlant quelques aromates
qui en corrigent l’âcteté. Les habitans de Baleya ne
la mangent point, quoique leurs animaux domefti-
ques , comme leschevres, les canards, les dindons
& autres la mangent avec avidité.
Remarques. Les fleurs de cette plante deflinées pat*
Rumphe font polypétales fans tube, comme celles de
la carimgola de VHortus Malabaricus : & cependant
M. Burmann dans fa traduction latine de Rumphe ,
dit qu’elle a un long tube ; c’eft fans doute-une réforme
qu’il a cru devoir faire à la defeription de cet
obfervateur , ne pouvant fe perfuader que M. Linné
eût rapporté cette plante au genre de pontederia ,
quoiqu’elle ne lui reffemble que par la maniéré de
porter fes fleurs.
Troijîeme. efpecf.
La plante gravée en 1691 par Plukenet dans fa
Phytôgraphie , planche CCXX , fig- 8 , Almagejl.
page g zC , fous la dénomination defigittarite quo-
dammodo Jimilis planta Maderafpatana , floribus medio
caule quajî ex utriculo prodeuntibus , ex herbario
vivoduboijîano, différé des deux précédentes en ce
qui fuit : i° . Ses feuilles , au lieu d’être taillées en
.coeur, font triangulaires comme celles de la fagette ,
fagittaria, aufli larges , ou même un peu plus larges