
defcendre : elles ajoutent que pour fe tirer de ce mauvais
pas, il fallut qu’un ange même vînt prendre ce
prince par la main, & le ramener au bas du rocher;
&c qu’en mémoire & en reconnoiflance de ce fecours
furnaturel, Maximilien fit ériger fur la place une
croix-de 40 pieds de haut, auprès de laquelle il fit
placer en grandeur naturelle les ftatues de l’apotre
S. Jean & dé la vierge Marie. Quelque fabuleufes
que paroiffent la plupart des circonftances de cet
événement, les auteurs du grand théâtre hiftorique
n’ont pas dédaigné d’en donner la repréfentationdans
les figures de leur ouvrage, ( D. G. )
CIRITA ,f. m. ( Hiß. nat. Botaniq. ) Les Brames
donnent ce nom & celui de cirita-mari ou de negunda
à un arbrifleau du Malabar, très-bien gravé, avec
la plupart de fes détails, par Van-Rheede dans fon
Hortus Malabaricus, volume V. planche X L IX . page
C)j. Les Portugais l’appellent nochil, les Hollandois
water-kuys-boom ; Rai dans fon Hißoria generalis plan-
tarum, page i5yg , & J. Commelin l’appellent bac-
cifera Malabarica fraclu oblongo tetracocco calyculato.
C ’eft un arbrifleau qui s’élève à la hauteur de fix
pieds , fous la forme d’un buiffon fphéroïde , com-
pofé de nombre de branches alterneis & oppofées^
cylindriques, à écorce d’abord purpurine, luifante,
enfuite cendrée.
Sa racine eft ramifiée à bois blanc , recouvert
d’une écorce jaunâtre.
Ses feuilles font oppofées deux à‘deux & trois à
trois, elliptiques, pointues aux deux extrémités,
longues d’un pouce & demi, une fois moins larges,
épaiffes, entières, lifles , relevées en-deflbus d’une
côte longitudinale , ramifiée de trois à cinq paires
de nervures alternes, & portées horifontalement fur
un pédicule demi-cylindrique très-court, attaché aux
branches à des diftances d’un à deux pouces.
De l’aiflelle de chacune des feuilles fupérieures “
fort un corimbe une fois plus long qu’elles , com-
pofé de deux à cinq fleurs blanches , longues d’un
pouce & demi à deux pouces ,feffiles au haut d’un
péduncule commun une fois'plus court qu’elles
mince & purpurin.
Chaque fleur eft hermaphrodite, monopétale ,
irrégulière dans fa corolle & fes étamines, & pofée
au-deflous de l’ovaire. Elle confifte en un calice^
verd-purpurin , perfiftant, conique, renverfé,d’une*
feule piece , oblong, couronné de cinq dents; en
une corolle blanche., monopétale à .-tube;très-long,
très-menu, partagé en cinq divifions , :,deux.à trois
fois plus courtes que lui,-elliptiques, pbtufes , concaves
, prefques égales, une fois plus longues que
larges ; & en quatre étamines une fois plus longues
qu’elles, prefques égales , rapprochées par paires, à
anthères jaunâtres arquées. L’ovaire eft porté fur
un petit difque jaunâtre , élevé fur le fond du calice,
&c lurmonté d’un ftyle cylindrique, rougeâtre, terminé
par deux ftigmates coniques à la hauteur des
étamines.
L’ovaire, en mûriffant, devient une baie ovoïde
, longue de cinq à fix lignes, d’un tiers moins
large, verte d’abord , enfuite purpurine, luifante,
marquée de quatre filions & à quatre loges, fe réparant
en quatre quartiers, dont ; chacun forme une
efpece de pépin, obtus au fommet, pointu en bas,
une fois plus long que large , convexe par le dos ,
à deux côtés plats, (Couverts de chair pâteufe, cendré
verdâtre & contenant une amande blanche ,
longue de trois lignes, deux à trois fois moins large
, verticale, attachée par fa partie inférieure.
Culture. Le cirita croît au Malabar , fur-tout autour
de Cochin , de Porca & de Paroe, dans les terres
humides qui bordent les rivières, & au Sénégal, fur
la côte maritime dans des terres fablonneufes,voifinés
de Pile de Gorée. Il eft toujours yerd, toujours
chargé de fleurs & de fruits.
Qualités. Toutes fes parties ont une faveur amere,
un peu âcre & une odeur forte.
Ufages. Ses feuilles féchées & pulvérifées fe donnent
tous les jours à petites dofes dans l’eau de riz,
infufées avec le fucre , pour guérir les maladies vénériennes.
Ces mêmes feuilles cuites & pilées avec
un jaune d’oeuf forment un cataplafme qui s’applique
utilement fur les bubons vénériens. La décoction
de fes racines & de fils feuilles fe prend en bain
dans la manie , la phïénéfie & femblables affeélions
de la tête. L’huile dans laquelle on a fait cuire fa racine
, s’emploie en Uniment pour frotter les parties
attaquées de la goutte.
Remarques. Le cirita n’a encore été déterminé par
aucun botanifte. Van-Rheede s’eft trompé en lui
attribuant cinq étamines au lieu de quatre. Il forme
un genre nouveau voifin du volkameria dans la famille
des verveines. Foye^ nos Familles des plantes,
volume I I . page zoo. (M. A d a n s q n .)
§ CIRON , f. m. \-Hifl. nat. Infeclolog. Supprimez
à cet article la citation qui y eft faite , planche
X X IIJ . n°. C). du Dictionnaire raif. des Sciences , & c .
d’une figure qui n’y exifte pas. ( M. A d a n s o n . )
CIRQUINÇON, f. m .{H iß . nat. quadruped. )
efpece de taton, dont l’origine eft devenue comme
douteufe depuis que M. de Buffon a travaillé fur
l’hiftoire des animaux de ce genre, dont il attribue
l’origine à l’Amérique. Belon eft le premier qui ait
parlé de cet animal, dont il pouvoit avoir vu deux efi
peces vivantes dans fon voyage en Turquie, favoir le
cirquinçon & l’armadillo, qui tous deux y font apportés
du pays du Sénégal, comme ille fait affez entendre
en difant « & pour ce que l’animal dont nous avons
»ci-devant parlé, qu’on nomme taton, s’eft trouvé
» entre leurs mains, lequel toutefois eft apporté de
» la Guinée & de la Terre-Neuve , dont les anciens
» n’en ont point parlé , néanmoins nous a femblé
» bon d’en bailler le portrait ». Obfervations de Belon
, Paris 1555, page zu'.fig. page 204. Mais* la
figure qu’il donne n’eft pas celle du cirquinçon; c eft
celle de l’armadilloà treize bandes. Le pere d’Abbeville
dans fes Mißions au Maragnon, imprimées en
1614 , page 248 > l ’appelle taton ouinchiim. G row,
dans fon Mufoeum regium focietatis Londinenfis, publié
en 1681 j le nomme the wefljie headed armadillo ,
pages'1 g & 20. C ’eft le tatu muflelinus de Ra y, dans
fon Synopfis quadrupedium , page 2g5. Le cataphrac-
tus fcutô'unico cingulis oclodecim. . . . armadillo dè M.
Briflon, ‘Régne animal, publié en 1756 , page 3 y ; 6c
le Dafypus 1 unicenetus tegmine tripartito pedihus pen-
tadaUylis,de Mu Linné, dans fon Syfiema natura, èdi-
■ tion 12, imprimé en 1766,page5g. ,
Il a le corps long de dix pouces depuis les épaules
jufqu’à l’origine„de la queue ; la tête de trois pouces ,
la queue de fept,les jambes de deux à trois pouces
de hauteur, les oreilles longues d’un pouce, le devant
delà tête large & pla’t , les yeux petits; les quatre
pieds ont chacun cinq doigts, de grands ongles
longs aux trois doigts du milieu, & des ongles plus
courts aux deux autres. -
Son corps eft entièrement couvert d’écailles^ com-
me dans les autres efpeces de tâtons ; mais cés;écailles
font féparées d’une maniéré différente. L’armure
du cou'forme un collier d’une feule piece formée
de petites écailles quarrées. Celle des épaules forme
un bouclier d’une feule piece & compofé de plu-
fieurs rangs de pareilles petites écailles quarrées, contiguës
& ùnies fermement lesunes aux autres. Tout
le refte du corps , depuisle bouclier des épaules jufqu’à
laquelle, eft couvert par dix-huit bandes ou
anneaux mobiles unis enfemble par une friembrane
fouple ; lgs premiers de pes anneaux les plus voifins
des épaules font les plus larges, & compofés d'écail-
les quarrées oblongues ; les poftérieurs font faits de
pièces dont les unes font quarrées & les autres rondes;
enfin l’extrémité de l’armure du corps près de la
queue eft de figure parabolique. La moitié antérieure
de la queue eft environnée de fix anneaux dont
les pièces font compofées de petits quarrés : fa moitié
poftérieure jufqu’à l’extrémité qui eft pointue ,
eft couverte d’écailles irrégulières. Sa poitrine, fon
ventre, & fes oreilles font nues comme dans les autres
efpeces. Les parties génitales du mâle font grandes
& très-apparentes au dehors.
Moeurs. Le cirquinçon eft commun au Sénégal dans
le pays de Zequinchor ou Sirkinjon près de Gambie,
d’oii il a vraifemblablement tiré fon nom, comme
l’autre efpece, qui eft particulière au Cap-Verd, a
donné fon nom efpagnol armadillo à la pointe la plus
avancée de ce cap ; car il n’eft pas aufli certain que
le tatou ouinchum vu au Maragnon par le pere d’Abbeville
, foit le cirquinçon d’Afrique , qu’il eft certain
que c’eft celui décrit & figuré d’abord par Belon
, enfuite par Grew & Ray. Au refte , il feroit
encore poflïble que ce même animal fe trouvât au
Bréfil & en même tems au pays de Gambie, dont
le climat, le terrein & les produ&ions en tout genre
font fi analogues. Nous avons vu cette efpece de
tatou & l’armadille dans ces pays du Sénégal, 6c
nous avouons que nous fommes très-étonnés que
M. de Buffon , qui d’ailleurs a mis beaucoup d’exaûi-
tude dans fes recherches, ait voulu , malgré l’autorité
de Belon & celle du réda&eur de Seba, l’attri- '
buer à l’Amérique exclufivement, fondé fur ce que
le plus grand nombre des efpeces de tatou fe trouve
en Amérique, fur ce que ces animaux étoient inconnus
avant la découverte de cette partie du monde,
enfin fur ce qu’aucun voyageur moderne ( excepté
Belon & nous ) ne dit en avoir trouvé en Afie, ni
en Afrique.
Les terreins qu’habite le cirquinçon au Sénégal font
argilleux & pierreux, fur des coteaux peu éloignés
des eaux & des forêts. Il y creufe, comme le lapin,
des terriers très-profonds, d’oii il ne fort que la nuit
pour chercher fa fubfiftance ; il y refte même enfermé
dans un fommeil léthargique pendant les mois
de décembre., Janvier, février, mars & avril, qui
font les mois d’hiver & de féchereffe au Sénégal,
pendant lefquels il fort très-rarement.
Le cirquinçon marche affez vite à pieds alternes,
mais fans pouvoir courir, ni grimper fur les arbres,
ni fauter à pieds joints , femblablè en cela au hérif-
fon , dont il a d’ailleurs toutes les autres facultés,
de forte que pour échapper à la pourfuite de fes.
ennemis, il eft forcé de fe retirer dans fon terrier
dont il s’éloigne fort peu, ou de s’en creufer un
nouveau quand il en eft trop éloigné. Mais quoiqu’il
fouille la terre aufli promptement que la taupe, on
l’atteint fouvent, & fi on le prend par la queue avant
qu’il s’y foit entièrement enfoncé, il s’y cramponne
avec une telle force que rien ne peut vaincre fa
réfiftance, & que fouvent on lui cafte la queue fans
en amener le corps. Dans cës cas, pour les prendre
fans les mutiler, les Negres enfoncent leur couteau
ou un bâton au-devant de leur tête pour les empêcher
de pénétrer plus avant, & les enlevent en dégradant
la terre qui lès environne.
Cet animal, quoique couvert d’un têt écailleux
& extrêmement dur, eft d’une fenfibilité étonnante
au moindre contaft ; alors il fe contrafte en rond ,
& forme une efpece de boule au moyen de fa cui-
raffe, dans la cavité de laquelle fa tête & fa queue
fo trouvent logées en rempliffant les fentes qu’elle
laiffe fous le ventre. Dans cet état, il ne craint que
1 homme ou le finge , qui peuvent l’emporter, ou
le rouler comme une boule, ce qui à la fin l’étour-
Tome I I ,
dit au point qu’il eft obligé de fe développer. Lorf
qu’il eft une fois au fond de fon terrier, il eft rare
que la fumée ou l’ea u , dont on le remplit, le fafle
fortir ; il réfifte à ces deux agens, & les chiens n’ont
aucune prife fur fon têt lorfqu’il eft une fois roulé
en boule. Le feul moyen de lui faire la chaffe avec,
avantage, eft de le furprendre avec des lévriers
qui, dès qu’ils le voient hors de fon trou, le devancent,
l’empêchent-d’y rentrer, & le harcèlent pour
le faire plier en boule & donner au chaffeur le tems
de l’fnlever. On ne le force à s ’ouvrir qu’en l’approchant
du feu , ou en le tenant long-tems plongé fous
l’eau, ou en le roulant vigoureulement comme une
boule fur un terrein pierreux ou très-dur.
Le cirquinçon multiplie beaucoup dans, certains
cantons ; mais il n’eft pas probable que la femelle
produife quatre petits chaque mois, comme Gu-
milla le dit,page 225, de celui de l’Orenoque, puif-
qu’il dort la plus grande partie de l’hiver. Les fer-
pens fe retirent fouvent dans leurs terriers avec eux
pendant cette faifon. Ses excrémens font moulés en
petites crottes ovoïdes, pointues, rouffâtres, à-peu-
près comme celles du hériffon.
Qualités. Cet animal eft très-gras, /fur-tout au
commencement de l’hiver & de fon repos léthargique.
Il a , comme le hériffon , la chair blanche , tendue
& empreinte d’une légère odeur de mufe.
Ufages. Les Negres mangent le cirquinçon au Sénégal
, comme le tatou fe mange en Amérique. Quelques
uns fe fervent de fon têt antérieur comme des .
tafles de coco pour boire. Us en prennent intérieurement
la poudre, comme celle de l’os de l’oreille
du lamantin, pour s’exciter les fueurs dans les maladies
vénériennes. Les Américains prétendent que
l’os de la hanche du tatou, ainfi pulverifé, a la même
vertu, & que le premier os de la queue , appliqué,
fur l’oreille, fait entendre les fourds : il pourroit entrer
dans ces derniers effets un peu de merveilleux.
Ils emploient fon têt à divers'autres ufages; ils le
peignent de diverfes couleurs, ils en font des corbeilles
, des boîtes, 6c autres petits vaifteaux aufli
légers que folides.
Remarques. Le cirquinçon ou jirkinjon e ft , comme
l’on vo it, une efpece de tatou, qui forme un genre
particulier d’animal dans la famille des hériflons ,
dont il a la plupart des moeurs 6c des facultés.
Les gens lettrés & autres fàvans nous demandent
tous les jours pourquoi nos naturaliftès modernes,
changent les noms reçus de tous les êtres, pourquoi
le tatou & le cirquinçon, fi connus fous ce nom depuis
plus de zoo ans, ont reçu, par MM. Klein & Briflon,
le nom grec de cataphraclus, qui appartient à un poif-
fon , & par M. Linné celui de dafypus, que les Grecs,
donnent depuis Ariftote au lapin , cuniculus. ( M.
A d a n s o n . )
§ CISTE, ( Botanique. ) en Latin ciflus, en An-
glois rock-rofe, en Allemand cifienroefein.
Caraclere générique.
Un calice formé de cinq feuilles inégales fondent
cinq pétales, minces, larges, étendus & arrondis.
Au milieu fe trouve une houpe d’étamines déliées à
fommets fphériques : elles, entourent un embryon
arrondi qui fupporte un ftyle obtus terminé en trompe.
C'et embryon devient une capfule tantôt à cinq,
tantôt à dix çéllules, oii eft renfermé un grand
nombre de femences très-menues.'
M. Linnæus a féparé de ce genre le ledum, parce
qu’il n’a.qiie dix étamines.
Efpeces'.
1. Cifte en arbrifleau à feuilles ovales , affifes, velues
& rigides des deux côtés, à fleurs terminales. .
Ciflus arborefeens, foliis ovdtis, fejfllibus, utrinque
villojis j rugojis ,floribùs terminalibus. Mill.
K k k