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bien fous quelque ombrage naturel ou artificiel : c’e lK I
là ‘qu’il faut planter ces frêles arbrifièaux , après les
avoir arrachés avec beaucoup de précaution, de
crainte de bleffer leurs racines fibreufes latérales
d’où dépend leur reprife; on les efpacera de cinq à
fix pouces pour pouvoir les lever en motte le prin-
tems fuivant qu’il conviendra de les placer oii l’on
veut les fixer : ces tranfplantations doivent fe faire à la fin d’avril par un tems doux & nébuleux,
. Les lauréoles forment des touffes épajffes d’un
vérd grave & glacé dont l’effet eft très-agréable dans
les bofquets d’hiver & d’avril ( voye^C article Bosq
uet,'ia/y'/.) ; comme ils font de la plus baffe ftature,
il convient de les placer fur les devants des maflïfs; "
ils ont le mérite fingulier de fe plaire à l’ombre ;
qu’on en garniffe donc le pied des arbres, qu’on en
jette çà & là- autour des hautes cepées, dans les
taillis qui dégarniffent du bas., ils en rhabilleront le
fond d’une maniéré très-gracieufe & très-pittorefque :
on peut les entremêler avec la variété à feuilles panachées
que nous avons obtenue de graine.
» L’efpece n°. 2. eft indigène de l’Europe occidentale
où elle croît dans les bois ; fa tige droite & peu
fubdivifée s’élève fuivant les lieux de 3 à 7 pieds
de haut; elle eft couverte d’une écorce cendrée &
polie ; fes feuilles font moins rapprochées que celles
de l’efpece précédente ; elles font arrondies par le
bout, un peu blanchâtres par-deffous, &c d’un tiffu
lever; elles tombent en automne, mais elles commencent
à poindre dans les derniers jours de l’hiver :
c ’eft aufli alors , c’eft vers la fin de février qu’on
commence à jouir de fes fleurs; leurs pétales font
d’un rouge clair, & parfemés de petits globules
gélatineux & brillans; elles naiffent trois à trois aux
côtés & tout le long des pouffes de l’année précédente.
Ce bel arbufte qui feroit remarqué dans les
faifons les plus abondantes en fleurs, eft raviffant
dans le tems où la nature nous l’offre ; il ouvre à l’imagination
la carrière brillante du primeras , & fes
feftons purpurins mêlés parmi les feuilles feches des
chênes, font un contrafte agréable : l’odorat repofé
refjire avec délices le parfum délicieux qu’il exhale :
c’eft la première odeur dont fe pénètrent les vents
printaniers.
Cette daphni fe multiplie & fé cultive comme
l’efpece précédente ; mais il la faut tranfplanter en
automne pu en février; elle a deux variétés qu’il
faut propager par les marcottes en juillet, ou par la
greffe en approche au mois de mai ; on jouira d’rtne
décoration charmante aux premiers jours dé jà belle
faifon, fi on les entremêle avec l’efpece commune ,
& fur-tout fi on les interrompt parla daphni n°. 3.
qui porte des fleurs blanches : nous regardons celle-
c i comme une efpece, parce que les individus provenant
de fa graine , confervent fans variation leur
caractère fpecifique, c’eft-à-diré, qu’ils portent
conftamment des fleurs blanches & des baies jaunes:
les baies des autres bois-gentils brillent d’un rouge
très-vif & font un bel effet au mois de juin: il convient
dès-‘là d’en mettre quelques pieds dans les
bofquets de ce mois ;. la variété féminale à feuilles
panachées y trouvera aufli fa place.
Lorfque les bois-gentils, font livrés à leur naturel,
ils croiffent de préférence fous l’ombrage .au pied
des cepées & ordinairement à l’expofition du nord:;
il convient donc de les placer de la même maniéré dans
les bofquets ; quoiqulon les rencontre dans les fables
gras & même dans l’argile douce, oit ils s’élèvent à
trois ou quatre pieds, c’eft dans le terreau végété
qu’ils fe plaifent le plus ; leur hauteur, le nombre
de leurs rameaux, la groffeur de leur tronc, le poli
de leur écorce, l’abondance & l’éclat de leurs fleurs
font un langage muet qui donne affez à connoître
leur goût décidé pour cet aliment; il eft tel qu’à
l’aide fles forces qu’ils y puifent, ils peuvent braver
les feux du jour. Aufli ai-je vu dans des platte-bandes.
emplies d’excellent terreau des bois-gentils de fix à
fept pieds de hauteur & de la groffeur du pojgnet,
quoiqu’ils fuffent expofés à tous les afpefts du foleil ;
ils fpuffroient même la ferpette & le cifeau : on leur
avoit formé par la tonte une touffe arrondie & qlé-
gante fqr une tige droite & élancée; il fuit de -là
\jue l’ombrage êç l’expofition du nord leur font né-
ceffaires dans les terres maqvaifes ou médiocres ;
qu’ils peuvent s’en paffer, lorfque leur racine s’étend
dans un excellent terreau ; mais que ces avantages
réunis pourroient feuls leur procurer la plus riche
végétation dont ils foient fufceptibles.
La daphni n°. 4. croît d’elle-même en Efpagne,
en Italie & en Provence relie s’élève à trois ou quatre^
pieds fur une feule tige dont l’écorce eft de couleur
claire: les fleurs qui naiffent en grappes aux côtés
des branches font d’un jaune-verdâtre , & par con-
féquent de peu d’effet ; il leur fuccede des baies ci-
trines, qu’il faut planter en automne trois à trois
dans de petits paniers enterrés à demeure , ou bien
une à une dans de petits pots qu’on enfoncera au
prîhtemS dans une couche tempérée : lotfque les ar-
îniftes qu’elles auront produits feront aune force
convenable, on les fixera avec les mottes moulées
par le pot dans les endroits qu’on leur a deftinés ; ils
réfifteront affez bien au froid de nos hivers ordinaires.
L’efpece n°. S. habite le midi de la France ; ce
n’ eft qu’un très-petit buiflofi formé de plufieurs
branches grêles qui s’étendent fans ordre, & dont
les moins inclinées n’atteignent guere qu’à uff pied
de hauteur ; elles deviennent rarement boifeufes dans
les pays fitués au nord & à l’occident de l’Europe,
& le fruit n’y mûrit pas : cependant cet arbufte peut
y braver à un certain point la rigueur du climat, fi
l’on a l’attention de le planter dans une terre feche
à l’expofition du levant: dans fon pays originaire ,
il aime à fortir des crevaffes des rochers ; ainfi la
culture lui répugne : ne remuez donc jamais la terre
à fon pied, contentez-vous d’arracher à l’entour les 1
herbes qui pourroient l’affamer & l’étouffer ; fes
feuilles font petites, ovales, blanchâtres, douces au
toucher, & luifantescomme du fatin , elles naiffent
fort près les unes des autres ; c’eft de leur intervalle
ad côté des rameaux que fortent fes fleurs qui font
blanches, raffemblées en grappes étoffées & remplacées
par des baies arrondies;, on.le multiplie de
la même maniéré que l’efpece précédente.
Les montagnes de Gênés & quelques autres parties
de l’Italie Tourniffent l’efpece. n°. 6 ; elle parvient
à la hauteur d’environ trois pieds; fes feuilles
font figurées en lance émouffée par le bout, & leur
deffous eft velu ; les fleurs naiffent en grappes-aux
côtés des branches, & fe montrent dès les premiers
jours du printems ; il leur fuccede des baies ovales
qui roif^iffent en mûriffant; on cultive cette efpece
comme celle n°. 4 & 5.
C’eft au plus haut des Alpes qu’on rencontre des
tapis étendus de la daphni «°. 7. qui eft la parure
& le baume des rochers. Cet humble arbriffeau ne
s’élève guere qu’à un pied fur plufieurs tiges éparfes
dont quelques-unes font traînantes ; fes feuilles font
étroites & femblables à celles du lin, mais plus courtes
, d’un tiffu plus fort, moins aiguës & plus rapprochées;
elles fubfiftent durant l’hiver^ Chaque
branche eft terminée par un bouton applati entoure
de feuilles : aux derniers jours d’avril ce bouton
s’ouvre & donne naiffance à une ombelle de fleurs
d’un pourpre clair trçs-brillant qui durent ou fe fuc-
cedent tour le mois de mai, & exhalent au loin une
odeur délicieufe un peu analogue à celle des petits
oeillets ou mignardifes leurs tubes font plus étroits
que ceux du mézéréon : les fegmens- dé leur partie
fupérieure font élevés, air lieu que dans ceux-là
ils font rabattus.
•Cette plante eft vraiment digne de porter le nom
de la belle nymphe du Pénée ; aufli elle attire les
regards des infpirés d’Apollon dans leurs promenades
folitaires ; fon parfum éveille leur imagination,
& la tranfporte aux régions du beau idéal. C’eft un
ornement précieux pour les bofquets , & il n’eft pas
fi difficile que le peqfe Miller de ravir cette couronne
à la montagne Sc d’en décorer nos jardins: en ofto-
bre ou en février enlevez ces arbuftes par touffes
avec une bonne motte de terre, & les plantez fur
un tertre préparé exprès ; y pus y ferez des trous au
fond defquels vous plaquerez une pierre pla-te : en-
fuite vous jetterez fur cette pierre environ trois pouces
d’un terreau confpmmé mêlé de bois pourri atténué
; alors vous y placerez vos mottes & vous
achèverez de combler avec le même terreau mêlé
avec de la terre locale : entourez le pied de vos arbuftes
de moûffe comprimée, couvrez-les d’une petite
arcade de rameaux de bruyere jufqu’à parfaite
reprife, & arrofez légèrement de tems à autre ; avec
ces foins.ils réufliront à merveille, fur-tout fi vous
les avez placés à l’expofitiondunordou dunord-eft ;
non feulement ils fleuriront parfaitement, mais ils
pourront même fru&ifier dans les années feches.
Leurs baies font d’une- forme cylindrique & d’une
couleur blanchâtre; elles ne font pas fort apparentes,
parce qu’elles demeurent enveloppées dans les
tubes de fléchés des fleurs; dès qu’elles font mûres
vous .pouvez les femer dans de petites caiffes que
vous emplirez de terre légère, mêlée par moitié d’excellent
terreau confommé ; comme elles font très-
menues , il ne faut les recouvrir que d’environ un
quart de ponce de terreau mêlé de bois pourri atténué
& tamifé : vous enterrerez ces caiffes rez-terre
au levant, jufqu’aux premiers jours froids: alors
vous les placerez fous une caiffe- à vitrage pour y
paffer l’hiver, de crainte que l’aftion de la gelée ne
fouleve la terre de la fuperficié & ne bouleverfe les
graines. Au commencement d’avril, -vous mettrez
ces caiffes fur une couche tempérée, & vous traiterez
ce femis portatif félon la méthode indiquée
aux articles Cyprès6* Arbousier,Suppl, llconvient
:de lui faire paffer éneore les deux hivers fuivans fous
xles caiffes vitrées, enfuite vous pourrez en tirer
des petites daphnisau commencement d’avril, pour
•les planter où vous voulez les fixer.
L’efpece n°. 8. croît naturellement dans les environs
de Montpellier: ellé s’élève à environ deux
pieds de haut fur une tige ligneufe & droite couverte
d’ une écorce polie de couleur grife; cette tige fe
fubdivife en un petit nombre de rameaux.convèr-
gens : les feuilles font étroites, femblables à celles
du.lin & terminées en pointes aiguës; elles naiffent
près les unes des autres dans une pofition alterne,
• lur une ligne fpiïale : du bout des verges fortent en
pannicuj.es des fleurs qui'font beaucoup plus petites
que celles des niézéréons, dont elles different encore
en ce que leurs tiibes font enflés par le milieu,
& refferrés vers le bout extérieur: cette daphni fe
multiplie .par fes baies & fe cultive comme les efpe-
-ces 4, 5 & 6 ; elle a pour racine un feul pivot ou
navet qui ne fouffrepas d’être difeontinué, ni même
d’etre dégarni de terre ; ainfi la précaution d’en planter
la baie ou dans des pots .ou dans les lieux où l’on
veut fixer l’arbufte, eft abfolument néceffaire à/l’égard
de cette efpece. C’eft par ce moyen que nous ,1 a vons établie à Colombé, où elle commence à s’acclimater;
fonufage en médecine doit encourager fa
culture. Nous allons rendre compte en peu de mots,
des propriétés de cette plante.
11 feroit difficile de fuivre l’auteur de XEÙ'ai fur
Tome U .
f Piifdgi & les effets du garou ( M. le R o i) , à tra-
r vers tous les détails dans lefquels il a cru devoir
entrer pour éclairer les praticiens , & mettre dans
le plus grand jour les avantages du remede dont on
lui doit la connoiffance ; il nous fuffit de préfenter
fes principaux réfultats.
Une des premières obfervations qu’on ait faites*
eft que le corps animal-fe délivre fouvent d’une humeur
vicieufe par quelque écoulement fpontané qui
épure la maffe-du fang & rétablit l’équilibre entre
l.e^liquides & les folides : il étoit fimple qu’on cherchât
à fuppléer ce procédé de la nature, en procurant
aux malades ces écoulemens falutaires, dont le
vieillard de Cos recommande Anguliérement l’ufage
dans nombre de cas.
Mais il eft plufieurs moyens de les pratiquer, &
ces çnoyens font différens par la maniéré dont ils
agiffent : les cautères forment une folutionde continuité
qui établit l’irritation, l’engorgement & enfuite
la. fuppuration que le poids qu’on y introduit, peut,
en fe gonflant, augmenter par la preflion; mais au
bout d’un certain tems les chairs des parois intérieures
devenant fongueufes, ne font plus guere fufceptibles
de communiquer au loin le mouvement qu’elles ont
reçu : les qauteres agiffent donc avec beaucoup de
lenteur ; il eft difficile d’imaginer que leur fuppuration
ne foir pas Amplement locale, & leur incommodité
eft tres-grande ; à l’égard des mouches cantharides
, il eft prouvé que leurs parties intégrantes extrêmement
atténuées, paffent dans la maffe du fang où
trop fouvent elles font du ravage ; quelquefois elles
affe&ent la veflïe & caufent des rétentions d’urine :
l’ecorce du garou produit de meilleurs effets & eft:
exempte de tous ces inconvéniens ; fa maniéré d’agir
eft de dépouiller les humeurs vicieufes & de.dé-
barraffer des humeurs furabondantes ; c’eft ce que
notre auteur exprime par le nouveau verbe exuter.
Cet exutoire n’a pas un appareil aufli défagréable
que les cautères & les efearrotiques : après avoir
fait macerer l’ecorce du garou dans le vinaigre, ce
qui ne fe pratique que pour les deux premières fois,
on en détache un morceau large de fix à huit lignes
& long d’un pouce ; on le place fur la partie extérieure
du bras au-bas du mufcle deltoïde ou fur la
jambe, à la partie fupérieure interne ; on le recouvre
d’une feuille de lierre, & on metpar-deffusune com-
preffe qu’on affujettit par une bande.
Dans les premiers tems, on renouvelle l’écorce
foir & matin ; mais quand l’exution eft établie, on ne
la change plus qu’une fois en vingt-quatre heures,
dans la fuite on fe contente d’en mettre d’un jour à
1 autre, & on laiffe même quelquefois de plus grands
intervalles : ces exutoires ne forment ni plaies ni excavations,
pourvu qu’on les promene d’un endroit à
un autre : on n’apperçoit qu’une rougeur circonfcrite,
proportionnée à l’étendue de la feuille de lierre qui
recouvre l’ecorce ; on peut dire en général qu’ils
font necëffaires dans tous les cas où les cautères
potentièls font indiqués, ainfi que les fêtons, les
yentoufes fearifiées, les véficatoires & dans ceux où
il convient de procurer une métaftafe falutaire, ou
d’en éviter une dangereufe.
Il a paru dans la pratique qu’il n’eft pas aufli dangereux
de quitter le garou, une fois qu’on croit
pouvoir s’en paffer, qu’il l’eft de fermer toute autre
voie artificielle d’écoulement humoral ; toutefois
lorfqu’on a fupprimé celle-ci, il ne faut pas négliger
les purgatifs réitérés & une diminution confidérable
dans la quantité des alimens, jufqu’à ce qu’il fe foit
.établi un nouvel qrdre dans la diftribution des liquides.
La daphné n°. jp croît naturellement au cap de
Bonne-Efpérance; ainfi elle ne peut fubfifter en pleine
terre dans les pays occidentaux & feptentrionaux
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