
aux objets qu’ils expriment, c’eft ce qu’on appelle
connoitrt les étoiles & les conjlellaüons.
Quelques-unes font fi aifées à reconnoître, qu’il
fuffit d’en défignerla figure, pour qu’un obfervateur
feul & ifolé puiffe les diftingueX, mais elles font en
petit nombre ; aufli les feules conftellations dont il
foit parlé dans le livre de Job, dans Homere & dans
Héfiode, font la grande ourfe , le bouvier, orion ,
le grand chien, les hyades, les pléiades & le fcorpion,
parce que ce font véritablement les plus faciles à
reconnoître , &: celles dont la forme eft la plus
frappante*
On voit dans la fig. /8. la forme de la grande
ourfe ; je fuppofe qu’on l’ait bien reconnue , &
j’indique, ailleuis ( Voye^ C o nstellation dans ce
Suppl. ) le moyen d’y rapporter quelques autres
conftellations, mais commençons par indiquer un
moyen plus général & plus exaâ de connoître
chaque étoile en particulier par fon nom.
Il fera difficile peut - être d’en venir à bout fans
le fecours des cartes aftronomiques, ou d’un globe
célefte ; cependant, avec de la patience, on peut le
faire par le moyen des catalogues ; il fuffit de calculer
le paffage au méridien de l'étoile qu’on veut connoître
avec fa hauteur, on dirigera un quart-de-cercle
fur une méridienne tracée comme on l’a dit, & mis
à la hauteur calculée ; alors le quart-de-cercle indiquera
l’étoile que l’on cherche, & on la verra
paroître à l’extrémité du rayon du quart-de-cercle à
l ’heure du paffage au méridien de cette étoile.
Pour faciliter cette maniéré de reconnoître les
étoiles à ceux qui ne voudroient avoir aucun calcul
à faire, j’ai mis dans la table fuivante l’heure & la
minute du paffage au méridien des principales étoiles,
pour le premier jour de chaque mois. J’ai choifi
l’année 176 1 , moyenne entre deux biffextiles, mais
la table fervira pour toutes les autres années, fans
qu’il y ait plus de 2 minutes d’erreur à craindre ;
on peut même éviter cette erreur de 2 ', en ajoutant
l 'à chaque paffage, quand on voudra l’avoir pour
une année qui précédé ces biffextiles, comme 1759 >
1 7 6 3 ,1 7 6 7 , &c. & 1! pour les années biffextiles ;
au contraire il faudra ôter une minute des paffages
au méridien calculées dans la table fuivante , pour
les réduire aux années qui fuivent les biffextiles ,
telles que 176 1 , 1765, &c. La table n’exigera aucun
changement ponr les années moyennes entre
deux biffextiles, comme 176 2 , 1760, 1770, &c.
La derniere colonne de la table contient l’heure
du paffage de l’équinoxe au méridien , à laquelle
on ajoute l’afcenfion droite d’une étoile quelconque,
convertie en tems, pour avoir l’heure de fon paffage
au méridien. La hauteur méridienne de chaque étoile
fe trouve en tête de la colonne, & au-deffous du nom
de l’étoile.
Exemple. Le i r. janvier je veux connoître'dans
le ciel Y étoile appellée fyrius, ou le grand chien;
je vois dans la table fuivante qu’elle paffe au méridien
le i r janvier à n h 44' du foir, & que fa
hauteur méridienne pour Paris eft de 240 46' ; je
place un quart-de-cercle dans le plan du méridien
à 1 ih 44', & je le mets à la hauteur de 240 J-, j’ap-
perçois à l’ inftant que ce quart-de-cercle eft dirigé
vers une belle étoile, & je juge que c’eft fyrius.
Heures du pajjage au méridien des principales étoiles pour le premier jour de chaque
mois , avec leur hauteur méridienne pour Paris. 1762.
M O I S . I Aldebaran. j la Chevre. t d'C rion. 'ius. Procyon. Régulas.
‘ i l * : io ' i 54' 39â - C ’
46' 47^ o' 54d 18'
Janvier. 9h 31' io h 8/ IOh 33' il*» 44' I2h '3 6 ’, 4'
bevrier. 7 20 7 ‘ 56 8 22' 9 32 IO 24 12 î 1
Mars. 5 3 1 6 8 6 33 7 44 8 36 I I 3
Avril. 3 38 4 M 4 40 ■ 5 51 6 43 9 10
Mait î 48 2 M . 2 49 4 0 4 53 7 20
Juin. 23 41 0 22 0 47 1 58 2 50 .. 5 J7
Juillet. 21 37 22 14 22 39 »3 H 0 46 3 J 3
Août. NM 37 20 M 20. 39 .. 21 5° 22 42 1 14
Septembre. l 7 37. ■ s 14 ■ s 39 *9 5° 20 42 v 23 9
Octobre. 15 5° 16 26 16 5r i« 2 18 54 21 21
Novembre. 1 *3 13 : 14 30 M 55 16 5 l6 57 J9 2 5
Décembre. 14; 49 12 26 12 51 14 . 2 M 54 ■7 21
VE pi. Arctùrus. AntarèS. . la Lyre. | Fomahan. Pacage de
3,<i i6r 6 id 37' i f *7' ; 79“ 44' IOd J ? '' au méridien.
Janvier. i8h w i 19h «3' i i * H '. 2^h 36' j I 1 5" i i '
Février. l6 9 17 I . l 9 11 21 : 24 1 43 2 59
Murs. H 21 >5 ■3 17 22 *9 36 23 5° I 10
Avril, 12 28 13 20 m 3° Ï7 43 21 B M 23 l 7
Mai. IO 37 I I 29 !3 39 15 52 20 7 21 2 6 .
Juin. 8 34 9 »7 II 3« IJ 50 18 4 !9 23
Juillet. 6 31 7 *3 9 33.' II 46 16 0 l 7 ?9
Août. 4 31 5 *3 7 33 9 4^ 14 I ■5 J9
Septembre. 2 3 1 3 *3 5 33. 7 46 12 0 *3 1 8 .
Octobre'. 0 43 1 35 3 43 5 58 10 12 11 30
Novembre. >2 42 n 34 1 4? 4 1 ,8 l6 9 33
Décembre. 20 38 21 3.Ö 23 4Ö 1 s8 4 . 12 7 J9
îl faut ôbferver qüe les tems hiattjués dans la
table précédente, font des tems comptés aftronomi-
quement, c’eft-à-dire, d’un midi à l’autre pendant
14 heures; ainfi quand on voit dans la première
colonne que l1 étoile aldebaran le I er juin eft à 13h
4 1 ', cela veut dire dans l’ufage ordinaire , le 2 juin
à 1 ih 41' du matin, parce que le ir de juin ne com*
mence qu’à midi de ce jour-là, fuivant les afttono-
mes, & il ne finit fuivant eu x , qu’à midi du lendemain
, lorfque dans la fociété on compte déjà le 2
de juin*
La méthode indiquée ci-deffus pour reconnoître
les étoiles par le moyen du catalogue eft fuffifanté,
mais elle eft longue, & exige peut-être trop d’affu-
jettiffement, fur-tout en hiver. J’ai donc cru devoir
indiquer ailleurs quelques alignemens propres à faire
reconnoître les principales conftellations , Ce fera
un petit fecours offert à la cutiofité de ceux qui
font dépourvus de globes, de planifpheres & d’inf-
trumens. On doit être d’abord prévenu que ces alignemens
ne fauroient avoir une exaftitude & une
précifion bien rigoureufes ; mais quand il ne s’agit
que de reconnoître la forme d’une conftellation, il
fuffit que les alignemens indiquent à-peit-près le
lieu où elle eft, pour qu’on ne prenne jamais une
conftellation pour l’autre. Voye^ le mot Constellation
dans ce Suppl.
Après avoir appris à connoître le pôle du monde,
on doit être curieüx de diftinguer aufli le pôle de
l’écliptique, puifque c’eft un des points les plus remarquables
dans le ciel. Le pôle boréal de l’écliptique
eft fitué fur la ligne menée par les deux fui vantes
y & <T de la grande ourfe , il fait un triangle pref-
que équilatéral avec la lyre & a du cygne ; il eft aufli
fur la ligne menée par les deux précédentes du quarré
de la grande ourfe & par les gardes de la petite ourfe,
trois dégrés au-delà de l'étoile t du dragon qui eft à-
peu-près fur la même ligne que les étoiles t, <pt *,£, »,
du dragon, dont la direâion s’étend de caffiopée
à arfturus. Enfin le pôle de l’écliptique fait un trian-
gle-reétangle & ifocele avec Vétoile polaire & H de la
petite ourfe , qui eft la plus voifine de l’étoile polaire
des deux dernieres de la petite ourfe, l ’angle droit
eft à Xétoile C.
Je penfeque pour mettre le lefteur à portée d’efti-
mer en dégrés les diftancesdes étoiles, il fuffit de rapporter
ici en nombres ronds les diftances de quelques-
unes les plus remarquables. La grande ourfe a 26 dé-
grés de longueur depuis a jufqu’à » ; la diagonale
d’orion , depuis rigel jufqu’à l’épaule orientale , eft
de 19 dégrés, les deux épaules font diftantes de fept
dégrés, les deux têtes des gemeaux de quatre dégrés
A. On peut trouver un grand nombre de ces diftances
exa&ement mefurées,dans les livres deTychq,
d’Hévélius & de Flamfteed, mais on s’en fert fort peu
attuellement. Il faut aufli fe rappeîler qu’on ne
doit examiner ces diftances que quand les étoiles
font un peu élevées : les conftellations paroiffent
plus grandes quand elles font voifines de l’horizon,
par l’erreur d’un jugement involontaire , que nous
tâcherons d’expliquer à l’article L u n é , Suppl.
Trouver Vheure par le moyen des étoiles. Il y a plu-
fieurs moyens de trouver l’heure qu’il ë ft , par le
moyen des étoiles; i ° . en obfervant l’heure de leur
paffage au méridien,fi l’on fait d’avance à quelle heure
elles y doivent paffer; 20. en obfervant leur lever
& leur coucher, lorfqu’on a calculé le tems vrai qui
y répond ; 3y. en obfervant leur hauteur, parce que
leur hauteur étant donnée, on peut trouver l’heure
qu’il e ft, K. T emps vrai , Suppl. 40. en obfervant
le paffage d’une étoile dans le vertical d’une autre
étoile ; & c’eft cette méthode qu’il s’agit maintenant
d’expliquer. M. Picard l’indiqua dans la Connoijfance
des tems, qu’il donna en 1679 pour la première fois;
depuis cé tënis-ià jufqu4ëh tyôo ihclufivéïîlêhf j ellé
y a toujours été employée avec un figure deftinée à
expliquer la méthode.
Je fuppofe qu’ôn obferVe le moment ôh tirte eïbilt
paffe perpendiculairement âu-deffoUs de Xétoile po*
laire, & qu’en y appliquant une petite correction ,
on ait trouvé combien elle étoit éloignée du méridien
dans l’inftant de l’obfervation. Si l’on connoît
l’heure de fon paffage , on en conclura l’heure qu’il
eft, par exemple , l’extrémité de la queue de la grail«
de ôurfë, étant d’à-plomb au-deffous de Xétoile po-*
laire, oh ajoutera une heure 3 3 minutes & 17 fecOn*
des -, avëc le paffage de l’équinoxe par le méridien ,
ou avec fa diftance de l’équinoxe au; foleil pour ce
moment-là, & l’on aura l’heure qu’il eft.
Cette quantité eft exafte pour 1750, elle àügitiehté
de trente-fept fécondés en dix ans, & de dix-n euf
fécondés, fi l’on change de latitude fur la-terre de
cinq dégrés vers le midi.
J’ai donné la démonftration de cette méthode aved
la table pour vingt étoiles eirCompolaires, dans mort
Aftronomie, art. 1049.
Etoiles nouvelles ou changeantes. L’hiftoire fait
mention de plufieitrs étoiles remarquables & nouvelles
qui ont paru, & difparu enfuite totalement r nous
en connoiffons encore actuellement qui difparoiffent
de tems à autre, qui augmentent de grandeur & diminuent
enfuite fettfiblement. Il y en a d’autres qui
ont été décrites par les anciens comme des étoiles
remarquables, & qui ne paroiffent^ plus , ou qui
paroiffent conftamment, n’ayant pas été décrites par
les anciens ; mais on peut attribuer une partie de
ces différences à leur inattention, ou à- l’erreur du
catalogue des anciens qui ne nous a été confervé
qu’avec beaucoup de fautes dans l’Almagejle de Pto*
léméèi
Les plus anciens auteurs, tels qu’Homere, Âttalus
& Geminus, ne comptoient que fix pléiades; Varron,
Pline, Aratus, Hipparque & Ptolémée, dans le
texte grec, les mettent au nombre de fept, & l’on
prétendit que la feptieme avoit paru avant l’em-
brafement de T royes ; mais cette différence a pu
venir de la difficulté de les diftinguer, & de les compter
à la vue fimple.
L ’hiftoire raconte plus précifémentdes apparitions
éïétoiles nouvelles, 125 ans avant J. C. au tems
d’Hipparque : Voyez Pline liv. II. ch. S : & a ii tems
de l’empereur Hadrien, 130 ans après J* C.
Fortunio Liceti j médecin célébré , mortàPadoué
en 1656, a compofé un traité de novis ajlrisy où l’on
peut trouver une ample érudition fur les étoiles
nouvelles dont les anciens ont parlé. Il rapporte
que Gufpinianus obferva une étoile nouvelle vers
l’an 389, près de l’aigle* qui parut auffibrillante
que véntis pendant trois femaines, & qui difpartif
enfuite : c’eft peut-être la même, dit M. Caffini *
qui fut apperçue au tems de l’empereur Honorius ,
que quelques-uns rapportent à l’année 389, & d’autres
à 398.
Dans le neuvième fiecle, Maffahala Haly&Al-»
bumazar, aftronomes Arabes, obferverent au 15*
degré du fcorpion, une nouvelle étoile fi brillante,
que la lumière égaloit la quatrième partie de celle de
la lune-; elle parut pendant l’efpace de quatre mois*
Cyprianus Leovitius raconte qu’au tems de l’empereur
Othon , vers 945 , on vit une nouvelle étoile
entre eéphée & caffiopée; & l ’an 1264, une autre
étoile nouvelle vers le même endroit du ciel, qui
n’eut aucun mouvement.
La plus récente & la plus fameufe de toutes les
étoiles nouvelles, a été celle de 1572 : elle fut
remarquée au commencement de novembre, faifant
un rhombe parfait avec les étoiles C, >, delaconfi
tellation de caffiopée. Tycho-Braehé qui l’apperçut