
marbre d\ihê jeune fille, nommée Dortfuiiçd Calu-
■ bîna, très belle, qu’un jeune homme tua de fureur
n’ayant pu lui faire violence ; auffi on lit ces mots..
Quoi maltterit mon qudm foedari.
Sciôpius raconte le fait au long dans Ton Eccle-
fiafiicus. . . imprimé en 161 ï . Voyage d'un François,
tn Italie, tome;Vil/'»(£,.) - .
CASTILLAN, f. m. ( Commerce. ) monnoiedor
qui a cours en Efpagne & qui vaut 1.4 rçaux oc
16 quartos, & .environ 6 livres 10 fols de France.
C’eft auffi un poids dont on Te fert; en Efpagnê pour
p'efer l’or : c’e f tla centième partie d’une livre; il
eh faut 5.0.pour le marc: ce poids eft pareillement
en ufage clans toute l’Amérique Efpagnolé; le càf-
tillan répond ordinairement à ce que l’on appelle
en Efpagneppppids d'or, (+ ) ^
CASTILLE Çr'oyaume de ) , Hifioire d'Efpagne. De
tous les royaumes Européens, fournis a la couronne
d’Efpagne , la Càfiilie eft, Tans c o n t red itle plus
confidérable , foit relativement à fon étendue, foit
par la beauté du pays & fa fertilité , la douceur du
climat, le nombre 6c la.richeffe des habitans, qui
pourroient être bien plus heuréùx encore , s’ils
étoient plus zélés à cultiver lesjciënces 6c les arts,
pour lefqûels ils femblent faits 8c que cependant
ils négligent; .s’ils préféroient les avantagés du travail
& de l’induftrie aux langueurs de l’indolence,
& de la plus inaâive oifiveté.. On divife communément
en Caftilk vieille & en Cafiille nouvelle, ce
royaume qui a au levant; la Navarre, 1 Arragon 6c
le royaume de Valence ; Léon 6c le Portugal au
couchant ; les Afturies & la Bifcaie au nord ; l’Anda-
loufie, Grenade Sc Murcië au midi. Quelques écrivains
ont fa it, affez infructueufement, de pénibles
recherches pour trouver l’origine du nom de Caf-
tïiïe. Les uns ont prétendu que ce pays , ainfi que la
Catalogne, fut jadis habité par une nation à laquelle
les Romains donnoientle. nom de Cafiellani, d’où
l’on voit clairement que le nom de Cafiille dérive.
Cette découverte étymologique eft très-fatisfaifante ;
mais, par malheur,' elle eft entièrement dénuée de
preuves ; car jamais les Romains n’ont connu, dans
cette contrée , de peuple q.u ils .aient appelle Cafiel-
lani, & fuivant l’opinion démontrée des critiques les
plus favans , .la Cafiille & la Catalogne étoient habitées
par les Vaccéens. Quelques étymologiftes plus
raifonnables ont affuré que le nom de Cafiille vient
d’une fortereffe, conftruite lorfqiïe ce pays fut reconquis
fur les Maures , pour la defenfe de la frontière
, & dans laquelle le comte ou chef de cette,
vafte province faifoit fa réfidence. Ce raifonnement
me paroît plus judicieux que les conjectures fondées
fur la fuppofition des Cafiellani; d’ailleurs, il
eft prouvé par les faits, attendu qu’il eft très-certain
qu’on ne trouve le nom .de Cafiille dans aucun
écrivain antérieur à la conquête de ce pays fur les
Maures ; & qu’il eft encore plus affuré que les nouveaux
poffeffeurs conftruifirent alo rs, non une,
mais plufieurs fortereffes fur les frontières, pour les
mettre à l’abri des invafions de ces ennemis. Au
refte, il me paroît d’autant plus inutile de s’arrêter
â ces fortes de difeuffions, qu’elles ne peuvent conduire
à aucune découverte bien exafte, bien démontrée
; auffi pafferai-je à des objets ^qui me pa-
rqiffent plus utiles. Ce beau pa ys, fertile en bled,
en vins, en pâturages excellens, tenta les Chrétiens
& les Maures, q ui, defirant également de pofféder
cette riche contrée, combattirent long-tems les uns
contre les autres pour tâcher dé s’en emparer. Les;
Maures l’emportèrent à la fin fur leurs rivaux , 6c
pouffant plus,loin leurs fuccès , ils conquirent toute
l’Efpagne : cependant malgré tous leurs efforts, malgré
la terreur de leurs armes , il refta dans quelques
caiî'tohs de la Cafiille, plufieurs feigneürs', qui s’y
maintinrent, s’y fortifièrent, & acquirent, avec le
tems, tant de puiffance & dericheffes, qu’ilsfe ren-
direitt fouverains, & fe mirent fous laproteCtion des
rois d’Oviedo. C’eft, des châteaux forts de ces fei-
gheurs que , Jùivant Topinion affez probable'de bien
: des écrivains, la Cafiille tire fon nom ; Les faits font
! vrais ; mais quant a la découverte étymologique ,
on eft libre , ou de la rejetter, ou d’y ajouter foi.
Quoi qu’il en foit ; il eft prouvé que ces feigneürs,
: après's’ être vaillamment défendus contre les Maures,
& avoir faitfur euxdés.inèurfiohsheureufes , fe donnèrent
le titre de comtes : il eft encore vrai qu’ils
étoient fouverains , .& que , comme feiidâfàirès des
rois d’Oviedo, ils étoient obligés dé marcher, à la
tête de leurs vaffaux, àu: fecours de ces rois, & de
fé trouver à l ’affemblée des états d’Oviedo. Le premier
qui fut décoré du titre de comte de Cafiille, du
moins le premier de cés comtes dont l’hiftoire ait
fait mention, tut don Rodrigue , contemporain &
feudataire de don Alphonfe, furnommé \e chafle,.
roi d’Oviedo, qu’il ferVit très-utilement dans les différentes
guerres que ce monarque fit ou eut à fou-
tenir contre les Maures. Don Diegu e, fils de Rodrigue
, fut auffi comte de Cafiille; il Te fignala plus
encore que fon pere , & , par l’ordre d’Alphonfe-
le-Grand, il fit conftruire la ville de Burgos. Au
refte cette dignité de comte de Cafiille n’étoit ni
uniqiie, ni indivifible : cat on fait que du tems même
de don Diegue, fils de Rodrigue, il y avoit plufieurs
feigneürs qui prenoientle titre de comtes de Cafiille,
tels que don Almondare, furnommé le blanc; don
Nugno Fernandez, don Fernand Anfinez. Il eft vrai-
vque ceux-ci ne tenoiertt ni leur titre, ni leur auto-
j rité des rois d’Oviedo, fous la protection defquels
I ils étoient feulement. Peut-être , & il eft très-probable
que celui qui étoit nommé par le roi d’Oviedo
étoit plus puiffant que les autres , & avoit la
prééminence fur eux. Ce qui me paroît donner beaucoup
de. poids à cette conjoncture , eft que ce fut à'
don Diegue feulement * 6c non à d’autres, que le
roi don Alphonfe envoia l’ordre de conftruire Burgos
, qui, dans la fuite, eft devenue la ‘capitale de la
province & la réfidence du gouverneur. Mais au
fond, ce ne font encore-là que des conjectures ;
voici des faits plus fûrs. Don Garcie , après s’être
révolté contre le roi don Alphonfe-le-Grand., Ton
pere ; après avoir excité, par les confeils & le fecours
des comtes de Cafiille, beaucoup de troubles
dans l’état, parvint à la couronne, & changeant de
conduite & de maniéré de penfer, mélèftima ces mêmes
comtes qui l’avoient fi fort appuyé dans fa rébellion
; don Ordogno, fon frere & fon fucceffeur,
ne vit en eux que des füjets rebelles , des faCtieux ,
des grands d’une ambition outrée & des citoyens
dangereux, dont il étoit très-important de réprimer
la licence & l’audace. Afin de n’avoir plus à craindre
tes' vaffaux trop puiffans, il diffimula le projet
qu’il avoit formé de les détruire, & fous quelques
prétextes qui flattoient leur vanité, il les appella
auprès de lui dans une petite ville nommée^ Régu-
la x ; ils s’y rendirent; Ordogno les fit arrêter &
conduire enchaînés à Léon, oit, par fes ordres, ils
furent tous mis à mort. Cet aCle defèvérité, o u ,
fi l’on veu t, de tyrannie., fouleva les Caftillans, &
fit naître entre les deux nations une haine violente j
& qui s’accrut fous Froila I I , encore plus cruel
envers les nobles Caftillans., qu’Odogno ne l’avoit
été à l’égard des comtes , punis du moins avec quel-
qu’apparence de juftice , puifquih» avoient fufeite
des révoltes , & foutenu le foulevement de doii
Garcie contre don Alphonfe fon pere. Indignés de
• la cruauté d’Ordogno 6c de la tyrannie de Froila I I ,
les Caftillans réfolurent de fecouer un joug qu’ils
frouvoient infupportable. Ils s’armèrent, fé révoltèrent
; & adoptant une nouvelle forme de gouvernement
, ils choifirent deux feigneürs de la plus haute
diftinâion, auxquels ils confièrent, fous le titre de
-juges , les rênes du gouvernement qu’ils venoient
d’établir. Les premiers qui furent élevés à ce pofte
éminent, furent don Nunno Rafura, chéri de fes
concitoyens par l’aménité de fon caractère , autant
qu’il étoit refpe&é par la fageffe de fes moeurs &
par fon équité, & don Lain C a lvo , jeune homme
rempli de valeur & de zele pour la patrie. Cëtùi-ci
fut chargé du commandement des troupes, &c Rafura
de l’adminiftration des affaires civiles & politiques.
Don Gonzales Nunno, fils de don Rafura,
fuccéda à fon pere, & fut, comme lui, décoré de
la dignité de juge : il réunit les talens les plus rares
aux plus refpeétables qualités. Quelques hiftoriens
affurent qu’il fut le pere de don Ferdinand Gonça-
le z , fondateur de la principauté de Cafiille, &c le
premier qui fubftitUa au titré modefte de juge, le
titre plus brillant & plus pompeux de fouverain.
Cependant la plupart des annaliftes regardent comme
très-fabuleufe cette généalogie ; quelques-uns
même prouvent que cet illuftre Ferdinand Gonça-
le z , qui par Tes grandes aftions, fes vertus, fes victoires,
paffoit pour un héros, étoit fils de don Ferdinand
Gonçalez de l’antique màifon de Lara en
Cafiille. Je fatiguerois inutilement le leéteur, & j’au-
rois moi-même trop d’ennui à dévorer , fi j’entre-
prenois de rapporter ici les accablantes recherches
faites par les annaliftes qui ont foutenu , lès uns
que ce Ferdinand Gonçalez étoit fils. de Gonçalez
Nunno; les autres, qu’il ne lui appartenait point,
& qu’il étoit iffu des feigneürs de Lara. Cette dif-
euffion me paroît d’ailleurs fort peu importante,
parce que, quels que fiiffent les aïeux de Ferdinand,
il fuffitde. fa voir qu’il fonda le trône de Cafiille, &
qu’il en fut le premier poffeffeur. A l’égard des faits
jpoftérieurs à ce fouverain, & des évéhêmens les
plus mémorables qui fe font paffés dans ce royaume,
j’ai pris foin de les rapporter dans l’hiftoire des dif-
férens fois de Caftille \ dans ce Suppl. (X . C. )
§ C A S TO R , f. m. ( Hifi. nat. Xfuadrup. ) Voyë%_
au volume X X I I I . planche X I I I .• n ° . / .dansle Dicl.
raif. des Sciences, & c . lâ figure gravée dé cet ani-
^ m a l, qui vient naturellement dans la famille des
lievtes dônt il a lés dents, ïnais qui différé de tous
les autres genres d’animaux de cette famille par fes
ioreilles courtes & rondes , par les cinq doigts qu’il
a à chaeùn de Tes quatre pieds, mais dont ceux des
piéds antérieurs font fé parés , pendant que ceux
des pieds poftérieurs font réunis par une mfembrahe,
.enfin par fa qïteuè qui eft fort groffé, äpplatie &
tou verte d’éeaillèss ( M. A b an so n . )
CASTRA TO , -( Mufiq. Morale. ) Voyè£ C as-
TRATfe, modi) Diel. 'raif. des Sciences, & c. Il fe
-ïrouvè ën Italie des peres barbares qui, facrifiant la
nature à la fortune, livrent leitrS enfans à l’opération
d elà cafiration, pour le plaifir des gens voluptueux
Si Cruels, qui ofent rechercher le chant de
ces malheureux. Laiffons aux honnêtes femmes des
grandes villes, les ris modeftes, l’air dédaigneux &
les propos plaifans dont ils font l’éternel objet ; mais
faifonsentendre , s’il fe peut, la Voix delà pudeur
& de l’humanité , qui Crie. 8C s’élève contre cet'infâme
ufage , & que les princes qui l’encouragent par
leurs recherches, rougiffënt une fois de nuire en tant
de façon à la Cônfervation de felpecë humaine.
Au rèfte, l’avantage de la voix fe compenfe dans
les cafirati pav beaucoup d’autres pertes. Ces hommes
qui chantât fi bien, mais fans chaleur & fans
paffion, font,Tifr le théâtre les plus mauffades ac-
teürs du monde ; ils perdent leur voix de très-bonné
heure, & prennent un embonpoint dégoûtant. Ils
fome //,
parlent Sc prononcent plus mal que les vrais hommes*
& il y a même des lettres telles que IV, qu’ils ne
peuvent point prononcer du tout.
^ Quoique le mot caftrato ne puiffe offenfer les pluâ
délicates oreilles,'iln’en eft pas de même de fonfy-
nonyme françois : preuve évidente que ce qui rend
les mots indécens ou déshonnêtes, .dépend moins
des idées qu’on leur attache, que de l’ufage de là
bonne compagnie qui les toléré ou les proferit à fon
gré.
On pourrait dire, cependant, que le mot Italien
s’admet comme repréfentant une profeffion, au lieu
que le mot François ne repréfente que la privation
qui y eft jointe. (S)
Quelle lâche cruauté de mutiler nos femblables,'
pour répandre dans lés temples & fur les théâtres,
quelques voix de fauffet, qui ne pouvoient plaire
qu’à un goût hontèufement dépravé. L’amour exprimé
en public par des miférables êtres incapables
dé le fentir, n’étoit plus qu’une farce ridicule 6c fans
ame : les hymnes chantées par les malheureufes victimes,
à qui l’avarice a ravi les dons les plus précieux
de la,providence, ne peuvent plaire au Dieu
bienfaiteur Sc reproduôeur de la nature humaine. -
Un pape v ertueux, Clément X IV , a proferit enfin
cet ufage déteftable : quel affront pour l’humanité
ignorante ! la nature crioit en vain que la mutilation
étoit un des forfaits les plus odieux & les plus avilif-
fans ; il a fallu que la voix d’un pontife vînt l’apprendre
à des hommes abrutis. Ephem. d?un citoyen
Jour, des favans ffept. >yyo. (C.)
§ C ASTR ES , ( Gèogr. ) Cafird, cafl mm Albigen-
tium, villa Caßrenfis j ville d’Albigeois en Languedoc,
doit fon origine à une ancienne abbaye de Saint-
Benoit, érigée en évêché par Jean XXII en 1317. Les
moines formèrent le chapitre jufqu’en 1536 , qu’ils
furent fécularifés par Paul III.
C’eft dans cette ville que fut établi le tribunal
nommé la Chambre de C E d it, où tous les prétendus
réformés dureffortde Touloufe avoient leurs caufes
commifes; Louis X I V la transféra en 16 79 , à
Caftelnaudari ( non en 1 579, comme le dit la Mar-
t-iniere, édit, de iy68 ) , & la fupprima en 168 5.
Le commerce confiftè en beftiaux, en petites étoffes
, comme ratines, burats , ferges & crépons.
On trouve près de Çafires des mines de turquolv
fes peu inférieures à celles de l’orient ; l’aûion du
feu colore ces turauoifes 6c les rend bleues.
Caßres eft la patrie d’André Dacier, rté en 16 51 ,
un des plus illuftres tradu&eurs de notre tems, des
deux Académies dé Paris* mort au Louvre en î j i z ;
fon nom ne tire pas moins de luftre des. écrits de fa
femme , Anne Lefevre , fille du favant Tannegui.
Anna viro major, necminor Anna pâtre.
Paul Rapin de Thoyras, auteur d’une grande Hiß.
dl Angl, étoit auffi né en cette ville. Pierre Borel,médecin
naturaîifte, mort en 1678, & Abel Boyer,
mort en 1719, auteur du di&ionnaire Anglois-Fran-
•çois, font auffi honneur à la ville de Càfires. ( C.)
CASTRUM, ( Géogr. anc.) un camp* lieu oit
demeurait l’armée plus ou moins de tems, félon les
conjonctures ; on avoit foin de le fortifier, fur-tout
fi les armées dévoient y féjoumer long-tems; c’eft ce
qui a donné occafion à la fondation de plufieurs
villes qui en ont pris \os notas de Cafirum ou de
Cafira ; nous en citerons quelques-unes.
Caßrum Altum, lieu d’Efpagne,, délebrè par le
meurtre du grand" Amilcar. Les Romains, fous
Sçipion , campèrent’ auprès de ce lieu en 5 38.
On doute fi ce Caßrum eft aujourd’hui Cafielferas ,
château du royaume de Valence , ou CafiraLla, village
du même pays.|
JL1 ijj