
un ?ngle de 45 degrés, & même horizontalement.
De ces douzes paires, il n’y a que les quatre à cinq
inférieures qui foient fubdivifées ou ailées une fécondé
fois de douze à vingt paires de folioles alternes
& fefliles. Chaque foliole eft triangulaire,longue
de deux pouces, trois fois moins large, relevée en-
deflous d’une côte longitudinale ramifiée en vingt
paires de nervures alternes, auxquelles répondent
de chaque côté de fes bords autant de crénelures.
Ses fleurs conliftent en vingt paires de paquets
bruns elliptiques, oblongs, qui font appliqués fous
les vingt paires de nervures de chaque foliole. Chaque
paquet eft nud, fans enveloppe, & compofé
d’un nombre infini de globules environnés d’un anneau
élaftique, & pleins-de graines ovoïdes, brunes,
fort petites, femblables à une pouflierç.
Culture. La bofaya croît au Malabar, quelquefois
fur la terre, mais plus communément fur les troncs
d’arbres vieux & terreux, fur lefquels germent fes
graines portées par les vents. Elle ne vit pas autant
que beaucoup d’autres efpeces de fougères. Sa racine
, c’eft-à-dire, fon bourgeon traçant, meurt tous
les deux ans, ou tout au plus tard tous les trois ans,
& fe feche très-facilement.
Qualités. Toute la plante aune faveur légèrement
amere, aftringente, & une odeur forte de moufle,
plus fenflble dans fon bourgeon ou fes racines que
dans fes feuilles. -
Ufages. Les Malabares emploient fa déco&ion
pour lâcher le ventre, appaifer la tou x, guérir les
fièvres intermittentes, & dans toutes les maladies
endémiques. Le fuc qu’on en tire par expreflion s’applique
avec le fang de poule fur les brfilures de
l’huile bouillante ou de la poudre à canon.
Remarques. Cette plante n’a encore été rapportée
à fon genre par aucun auteur. En fuivantle fyftême
de M. Linné, elle entreroitdans le genre du cétérac,
qu’il appelle afplenium. En fuivant ma méthode, qui
divife davantage, elle formeroit, fous le nom de
bofaya, un nouveau genre, affez éloigné du cétérac,
& voifin du polypode, mais très-différent de l’un
& de l’autre; car les paquets de fleurs du cétérac,
quoiqu ovales comme ceux de la bofaya, font recouverts
fous une enveloppe univalve eii auvent; &
ceux du polypode, quoique nuds & fans auvent,
comme ceux, de la bofaya, font ronds ou hémifphé-
riques; d’ailieurs les globules de l’aflemblage, dès
qu’ils font formés, n’ont pas d’anneaux élaftiques
a leur circonférence. Le bofaya mérite donc de former
dans la première feâion de la famille des fougères
un genre qui n’a pas encore été établi, non
plus que beaucoup d’autres que nous indiquerons à
leur place. Voye^ nos Familles des plantes, volume I I .
page 2Ç>. (Af. ADANSON.y
BOSON, f. m. (Jhfi. nat. Conchyliologie.) coquillage^
du genre de la toupie, trochus, très-commun au
Sénégal, & dont nous avons fait graver deux figures
en 1757 » dans notre Hfioire naturelle des coquillages
du Sénégal,page tyt, planche X I I , n°. 2 . Sa coquille
avoit été gravée par plufieurs auteurs avant moi ; en
1685, par Lifter, dans fon Hijloria conchyliorum en
deux endroits, d’abord à la planche X X X . fig. 28.
fous le nom de buçcinum fublividum,Jlriis nodojîs &
interdùm muricatis exafperatum ; enfuite à la planche
D L X X X IV fig . 4,. fous celui de cochlea rufef-
cens finis nodojîs exafperata, Jamaicenfis; en 1709,
par Petiver, dans fon Ga^ophylacium naturce 6* artis,
volume II. catalog. 5 64. planche LXX. fig. //, fous
le nom de cochlea Jamaicenfis verneculata ; & en *742,
par Gualtieri, dans deux endroits de fon Index tef-
tarum conchyliorum, d’abord à la page & plancheXLr.
fig. E . fous la dénomination de buccinum parvum in-
tegrum ore obliquo, mucrone gradatim acuminato urnbi-
heatum 3 denfe gra nplatum, ex fubalbido G liyido co- •
lore depiclum ; & enfuite à la page & planche LIV;
lettre H , fous celle de cochlea marina terrefiriformis 9
finis nodojîs eltgantijjîme exafperata, pallidi rufefeens.
Klein l’a aufli défignée fans figure dans deux endroits
de fon Tentamen methodi ojiracologicce, imprimé en
1753 * d’abord page 43. fpec. I I .p . 4. fous le nom
d e f accus ore integro, rufefeens firiata nodofa granulata,
Lifteri; enfuit e ,page 43 . fpee. l l l . *°. 2, fous celuj
de f accus ore circùm circà fimbriato , fublivida, terref
tris, finis nodojîs <S* interdùm muricatis, Lifieri.
Coquille. La coquille du bojon a dix lignes de longueur,
deux tiers moins de largeur, & huit fpires
alfez renflées, arrondies , & dont la grandeur diminue
proportionnellement ; elles font grofliérement
chagrinées par de petits boutons égaux, & rangées
fur plufieurs lignes qui tournent avec elles. On en
compte dix rangs fur la première fpire, cinq fur la
fécondé, quatre fur la troifieme, & beaucoup moins
fur les autres,
La longueur du fommet furpafle un peu celle de
la première fpire.
La levre droite de l’ouverture eft un peu ondée
fur les bords ; la gauche eft étroite, un peu arrondie
, & laifle un petit ombilic à côté d’elle.
Couleur. Cette coquille eft grife ou plombée ; fes
boutons font ordinairement blancs, aufli bien que
le contour de l’ouverture , dont le fond tire fur le
roux.
Moeurs. Le bofon fe voit autour de l’ifle de Gorée ;
mais il y eft beaucoup plus rare qu’à la Jamaïque ,
& fous les côtes de l’Amérique, placées fous les
tropiques.
Remarque. Klein n’auroit point dit que ce coquillage
eft terreftre, s’il eût plus étudié dans la nature
que dans les livres. ( M. A d a n son . )
§ B O S Q U E T* ( Jardinage d agrément, y
Si mon vaiffeau long-tems égaré loin du bord
Ne fe hâtoit enfin de regagner le port ;
Peut-être je peindrois les lieux chéris de Flore•
Virg. Géorg. trad. de M. l’abbé de Lille.'
Qui ne s’eft pas une fois trouvé fenfible aux afpeéls
riants des campagnes ^ où eft celui qui n’a jamais
efliiyé fon front à la fraîcheur des forêts, & ouvert
l’oreille à leurs concerts ? que de fois je vous ai
vifité, bocage dont les ombres s’étendent fur 1©
ruifleau qui coule à Colombé , fans gloire & fans
nom 1 combien des fens novices & l’inftinâ de l’innocence
m’ont fait goûter de biens dans votre foli-
tude, oh j’ai prefle fi fouvent avec tranfport les
mains généreules de mon pere, lorfqu’en me racontant
fa v ie , il m’infpiroit la vertu ! comme mon
coeur palpitoit, lorfqu’arrivant des contrées ennemies
, j’appercevois vos dômes hofpitaliers 1 mais
que l’aurore d’un nouveau fentiment embellit encore
cet afyle 1 une forte'd’enchantement en fit un élyfée ;
ou plutôt une joie que mon coeur ne pouvoit contenir
, fe répandoit comme une rofée brillante fur tous
les objets qu’il m’offrait.
O vous qui ornez ma vie ! dirai-je ce qu’à peine
je fuflifois à fentir, lorfque, les bras unis, nous parcourions
les bords de ce bois aimé ? même à préfent
ces idées délicieufes fe mêlent à celles qui naiiTent
de mon fujet : eft-ce donc que l’imagination aime à
raflembler tout ce qui plaît fous un même point de
viie ; le plaifir fe compoferoit-il des fouvenirs & de
l’efpérance ? fans doute, car la nature fourit en vain
aux coeurs arides ; que font pour les indifférens les
beautés intéreflantes & variées qu’elle étale; les
jardins oh l’art l’enrichit, ces bofquets même oh elle
repofe fi mollement, & que je vais peindre, non
pas pour eux, non pas pour le peuple de nos Créfus?
Qu’ils adoptent, s’ils veulent,une froide fymmétrie ;
qu’ils fe plaifent à voir fortir des figures bizarre $
fous le cifeau ; ou qu’ils enferment entre des murailles
une peloufe monotone, peu'm’importe, je
parle à l’ami de la naturç de ce qu’elle m’a appris.
Ne voulez-vous que recueillir au frais les oifeaux
& vos penfées ? jettez des malles d’arbres & d’ar-
buftes entre des {entiers finueux i tels que ceux ôh
les amans & les poetes vont rêver fi volontiers :
égarez une fontaine au plus épais de l’ombrage :
qu’elle tombe avec une'douce harmonie dans un
baflïn irrégulier, bordé de rofeaux & de rameaux
fleuris qu’il puifle réfléchir : ménagez un efpace
pour s’y afleoir fur le duvet de la terre, & femez
la violette fur des fojftias de gazon : que les plantes
amies de l’ombre foiënt répandues çà & là : invitez
le rofier à pencher fes fleurs avec grâce hors de la
verdure : offrez pour l’aifance de leur ménage l’aube-
pine au roflignol, & le genet au linot : que le-che-
vre-feuille embaume l’air qui circule fous la feuillée,
& que le tremble y frémiffe voluptueufement : là
j’aimerois aufli à trouver la terre jonchée de prunes
bigarrées, à écarter du pied la pomme & la poire ,
& à contefter la cerife aux loriots. Je ne fais trop fi
je me plairois à y rencontrer des ftatues ; même
celles de Sylvain ou des nymphes, Part feroit trop
loin de moi ; mais j’y lirois fur les écorces, des vers
di&és par un goût délicat : je ferois heureux d’y
méditer, Virgile ou Gefner à la main : jamais je ne
■ voudrois y être interrompu que par la voix de
l ’amour ou la plainte de l’humanité ; il m’y feroit
verfer de plus douces larmes ; & à là Faveur
du myftere, elle m’accorderoit d’y effuyer les
fiennes.
Prévenu que la variété eft l’origine la plus féconde
des fenfations agréables , que les contraires font la
coquetterie de la nature & le charme de l’a r t , je
réunirois & j’oppoferois en quelqu’endrdit le plus
d’effets qu’il me feroit poflible : ici lés fleurs s’incli-
neroient en guirlandes; là elles s’éléveroient en
bouquets, ou bien elles s'éparpilleraient en étoiles
fur les branches diverfes. L’albâtre, la turquoife,
l’améthifte & l’opale éclateroient fur un fond changeant
d’émeraude : même dans les formes je chercherais
la diverfité ; tel arbre croît en obélifque,
celui-là s’arrondit naturellement en boule; un autre
jaillit & retombe comme un jet d’eau : je mêlerais
îufqu’aux carafteres des odeurs : je chargerais les
vents de m’apporter leurs flots légers; elles éveillent
l’imagination, elles rendent délicieux le fentiment
de l’exiftence ; peut-être elles ouvrent l’ame à la
bienveillance par l’attrait du plaifir. Je ne fais comment
j’arrangerais ce bofquet; mais je fais bien que
j ’y aurais des toutes fort étroites : Phomme magnifique
veut fe pavaner dans une allée impofante , il
faut que tout annonce fa grandeur : moi j’aime à
écarter les branches en marchant, & à cacher ma
tête dans les fleurs : pourtant je ne dédaignerais pas
une allée aflèz large pour s’y entretenir avec des
amis ; ca r , lorfqu’on jouit d’un bien , il manque
encore de le partager.
La notion générale des jardins d’agrément eft:
néceflaire à l’entente des bofquets ; elle fera concevoir
comment il convient de les placer, de les détach
er, ou de les groupper. Je me trompe, ou les
parties les plus voifines du château font celles oh la
main de l’artifte doit lé plus fe remarquer : il me
femble qu’après l’archite&ure pleine & ïolide, il eft
gracieux d’appercevoir cette architetture fvelte &
ajourée oh des cordons de verdure s’élancent en
colonnes, fe courbent en ceintres, ou s’étendent en
plafonds. Les arbres en éventail & les charmilles
doivent mafquer & defîiner : les allées fervent à
ménager & à encadrer les plus beaux lointains. Je
ne vois pas pourquoi le parterre feroit dénué de
cailles, de feuillages U d’arbrifleaux taillés en quelque
figure élégante ; mais à mefure que je m’éloignerais
de la maifon , je ferois enchanté de voir
difparoître l ’art par des nuances infenfibles, & de
ne trouver. bientôt que la nature dans un négligé
galant. Que ne peut-on même fe méprendre fur les
limites d’un jardin, là oh il fe confond peu-à-peu
dans la campagne ;. il r£en feroit, à mon gré, féparé
que par des maflifs bas d’arbrifleaux : point de murs !
eh ! la reconnoiflance veillera pour la bonté.
. On fent què 1 est bofquets le rangent naturellement
aux côtés, ou bien autour du parterre, & qu’on
doit rencontrer enfuite ? je ne fois quoi, qui ne foit
ni parterre, ni jardin ; par exemple, un terrein fpa-
cieux_imitant une campagne cultivée , femblable à
celles oh Tinduftrie d’un peuple aïfé a multiplié, embelli
& varié les fruits de la> terre, ôh le plaifir a
femé des fleurs, & s’eft ménagé quelques jolis ré-,
duits : je m’y promènerai à travers les rubans citrins-1
de la navette, & les bandes azurées du lin , & j’y
verrai la pourpre des pavots fe déployer fur les mal-
fes ondées du froment. Aux confins de ces champs,
je jetterais çà & là quelques bouquets d’arbre ; leur
intervalle me découvrirait des fîtes choifis : en-delà
je. ferois régner une peloufe agrefte oh des fleurs
champêtres croîtraient autour de buiflons épars :
heureux qui pourra recueillir dans cet efpace un
ruifleau fuyant dans une belle prairie, fous les aulnes
ceintrés; une montagne oh l’ôn vît briller dans l’ombre
des bois les nappes argentées des cafcades ; un
rocher d’oh jaillirait en gerbes le cryftal des fontaines
parmi l’émail des arbuftes fleuris.
Que penfer des ruines que les Anglois mettent en
perfpeétive , des ^tombeaux, des urnes funéraires
qu’ils entremêlent avec des cyprès ? un objet fombre
peut ne pas déplaire dans un payfage de Salvator ;
on eft trop loin du vrai poür qu’il attrifte : mais quoi !
la promenade eft-elle faite pour appeller la mélancolie
? oh ! que j’aimerais bien mieux lever les branches
du lierre de deflus un fût de colonne renverfé,
pour y lire une infeription touchante ! comme mon
coeur s'épanouirait à la vue d’une humble cabane ,
remplie par des heureux de ma façon , qui bêcheraient
gaiement leur petit clos, & dont les troupeaux
bondiraient à l’entour ! avec quelle extafe j’écoute-
rois leurs chants dans le filence d’une belle foirée !
c a r , eft-il rien cfe plus doux que les chants du bonheur
qu’on a donné ?
Même par-delà vos enceintes, laiflez échapper
quelques coups de pinceau ; qu’un coteau vous pa-
roiffe trop nud, difperfez quelques haliers fur fa
crête, deflinez les prairies avec des frênes & des
peupliers, & que le platane fe mire dans les eaux.
Offrez fur les chemins un ombrage falutaire au paf-
fant; qu’il puifle cueillir dans les haies la grofeille Sc
la cerife, & qu’il y amafle un jour des fleurs pour
les répandre lur votre tombe avec fes larmes.
Les endroits les plus reculés de mes jardins me
ramèneraient au milieu par des voies commodes :
nulle part je ne ferois arrêté ; & lorfque le foleil
deviendrait trop a â if , je m’enfuierois par la ligne
la plus courte vers l’ombre de mes bofquets.. . mais
j’allois oublier ceux que l’induftrie attache comme
des feftons fur le cercle de Tannée ; chacun réunira
ce que chaque mois, chaque faifon produit de richef-
fes végétales : je mettrai à contribution l’Amérique
& l’Orient, & je commencerai l’annee comme la
nature, au moment qu’elle fe ranime au fouffle du
bélier. . . .
Après les brumes & les glaces on jouira plus
agréablement dès premiers regards du foleil , s’ils
éclairent dans un lieu choifi les premières fleurs qu’ils
font éclorre, & les plus beaux d’èntre les feuillages
refpe&és par l’hiver. Que les verges purpurines de
la Daphné s’ypeignçot fur Us franges qbfcures du