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dans ces fymptômes , les ig n é e s font d'une grande
reffource , puifque fouvent, d’après la complexion
du malade, l’on tire du fan g de deux en deux heures
, pour arrêter 6c s’oppofer à l’effet du mouvement
inverfe du fàng : c’en auffi dans ces cas , que
confécutivement l’on a mis en ufage l’application
des ventoufes , des fetorçs, des vefficatoires, des
topiques, des douches , des bains 6c des purgatifs ,
pour débarraffer le cerveau d’un refte d’engorgement
que les fàignées n’avoient pu obtenir dans la
cure de la commotion.
Mais s’il arrive, malgré ces moyens , que le 'dérangement
d.e l’économie animale perfifte avec perte
de connoiffance, délire, affoupiffement, agitation
involontaire, douleur fixe & poignante, &une irrégularité
confiante dans le pouls, on peut prononcer
avec certitude que ces accidens confécutifs font
des fymptômes certains d’une maladie par contrecoup
, parce que ffirem#nt les parties qui auront reçu-
l’effet de la percuffion auront fouffert, dans l’in liant
du choc , une contufion violente, qui aura occafion-
né la rupture des parties folides, ou la divifion de
quelques vaiffeaux qui aura produit un épanchement
de fang, ou un abcès dans quelqu’endroit du cerveau
, auquel cas il faudroit très-promptement avoir
recours à l’opération du trépan. Voye^ Trépan ,
D i cl. raif. des Sciences, &c. ( cet article ejl de M.
C h a b r o l , ancien chirurgien-aide-major des camps
& armées du.roi, chirurgien-major du corps de Génie ,
affocié correfpondant du college royal de Chirurgie de
Nancy, détaché a Cécole roy ale du corps du Génie à
Meÿeres.j
C O M M U N ( l e ) , Beaux-Arts, c’eft ce
qui ne fe diftingue par aucun degré fenfible de beauté
ou de perfection des autres objets du même genre,
o,u ce qui n’a que le degré médiocre de perfection ,
qui efl commun à la plupart des chofes de la même
efpece. Le commun efl par conféquent en toutes
chofes, ce qu’on voit le plus ordinairement; par
cette raifon il nous touche peu, & n’a point d’énergie
efthétique. Des penfées communes, des peintures
ordinaires de la nature ou des moeurs, des événe-
mens de tous les jours , ne font pas des fujets propres
aux- ouvrages de l’art. Auffi les critiques recom- .
mandent-ils à l’artifte de choifir un fujet noble ,
grand, & s’il fe peut neuf, ôf d’éviter le trivial 6ç
le commun.
Mais une chofe peut être commune en deux maniérés
, qu par fa nature , -ou par fes dehors , c’eft-
^-dire , en fait d’arts, par la façon dont elle efl re-
préfentée. Une penfée relevée peut être exprimée
d’une maniéré commune ; 6c une penfée commune
peut être relevée par la n.obleffe deTexpreffion.
On ne doit pas exclure des arts tout fujet commun ;
il efl fouvent néceffaire à compléter l’enfemble.
Dans un tableau hiftorique, dans une tragédie, dans
une épopée, tous les objets ne peuvent pas être également
nobles. Il fuffit que \e.commun n’y entre qu’au-
tant qu’il efl néceffaire , qu’il n’y domine jamais, 6c
qu’on l’évite le plus qu’on pourra, puifqu’il ne contribue
point au piaifir.
Il y a des ouvrages q ui, par le choix du fujet font
communsmais qui deviennent grands 6c excellens
par la maniéré de le traiter. Tels font les tableaux
Wftoriques d’un Rembrant , d’un Tenieres, d’un
Gérard Dou , & de plufîeurs peintres Hollandois,
dont on fait néanmoins un grand cas. Tel eft encore
le Therfite d’Homere, fujet bas & commun, mais
qli’on toléré entre tant de héros, parce que le poëte
a fu le peindre-de main de maître.
Dans tous ces cas , ce n’efl pas robjet qui plaît,
c’eft l’habileté de l’artifte qui donne du piaifir; mais
comme cette habileté n’efl pas précifémpnt le but
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direCt des beaux-arts , le piaifir qu’on trouvé à de
pareils ouvrages n’empêefte pas que le commun nt
loit blâmable. On regrette avec raifon ,..à la vue de
ces productions , que l’artifte n’ait pas consacré fes
précieux talens à des objets plus dignes d’être -perpétués.
:
Le défaut oppofé, .c’eft d’être trop ferupuJeux à
admettre le commun , lorfqm’il fert à la liaifon de
l’enfemble. S’imaginer qu’i l n’eft jamais permis de
bailler le tort dans ce qui n’eft qu’acceffoire , c’eft le
moyen d’être fouvent guindé , gêné 6c enflé. - Lorsqu'il
faut employer des chofes communes,ile plus sur
eft de les repréfenter dans leur air natureLll eft plus
ridicule d’étaler avec pompe uh objet commun, que
d’exprimer baffement un fujet relevé. La meilleure
regle à fuivre ic i» c’eft de.ne placer l’objet commun
que dans un jour médiocre, 6c de ne le prefenter
que fous des couleurs peu vives ; qu’il ne foit que
foiblement apperçu, & qu’il n’ait rien qui puiffe trop
long-tems fixer l’attention. Un fimpîe. particulier
peut aifément fe gliffer à la fuite d’un grand , en fe
mêlant dans la foule ; mais fa préfence choqueroit
s’il marchoit de front au milieu des principaux fei-
gneurs, ou qu’il fe diflinguât dans la foule par la ri-
cheffe de fes habits. ( Cet article eß tiré de la Théorie
générale des beaux-arts de M. Su L Z ER. )
* § COMMUNAUTÉS eccUfiaßiqtus. B . . dans
cet article , au lieu de Vufpt, liiez Rufpe.
COMNENE ( I s a a c ) , Hiß. du Bas-Empire,
d’une des plus illuftres familles del’Empire, fut placé
fur le trône de Conftantinople en 1059, Par une
faCtion qui obligea Michel-le-vieux à en defcendre
pour embraffer la vie monaflique. Le patriarche de
Conftantinople qui avoit eu le plus de part à cette
révolution, fit la trifte expérience que l’ambitieux
qui profite de la trahifon en punit fouvent l’auteur :
au lieu de jouir de la confidération 6c du crédit dont
il s’étoit flatté, il fut chaffé de fon fiege 6c envoyé
• en exil avec toute fa famille. Comnene, également
fait pour la guerre & les affaires, avoit l’ame élevée
& capable d’embraffer tous les objets. Les envieux
de fa gloire ne lui contefloient point d’être le plus
grand capitaine de fon fiecle; mais Fée tat de fes
vertus fut un peu obfcurci par un orgueil altier qui
le fit détefter par ceux même qui étoient forcés de
l’admirer. Tous les hiftoriens font l’éloge de fa cha-
fteté ; ils racontent qu’étant éloigné de l’impératrice
, il fut attaqué d’une maladie occaftonnée par
fon tempérament trop brûlant : les médecins qu’il
confulta décidèrent qu’il ne pouvoit fauver fa vie
que par un commerce charnel avec une femme, ou
qu’en fe foumettant à une mutilation douloureufe qui
le mettroit dans Fimpuiffance d’avoir des enfans. Il
confentit à ceffer d’être homme en difant: Faites L'opération
, fans la ch aßeté C on ne peut entrer dans le
royaumt du Ciel; mais l'on peut y arriver fans avoir
des enfans. Ce prince politique fe rendit odieux
aux moines, qu’il dépouilla de leurs richeffes fu-
perflues pour les réduire au néceffaire pour vivre
dans l’état de pauvreté qu’ils avoient embraffé. Il ne
fit ni rebelles, ni murmurateurs , parce que fes
moeurs, conformes aux maximes évangéliques, ne
donnoit aucune prife à la cenfure. L’ambition l’avoit
placé fur un trône ufurpé, il en eut des remords qui
empoifonnerent le refie de fa vie. Ce fut pour expier
fa faute, qu’il forma le projet d’emhraflèr la
vie monaflique: une colique dont il fut attaqué en
chaffant, hâta l’exécution de ce projet. H offrit la
couronne à fon frere. quj eut allez de modération
pour la refufer. Il fixa fon, choix fur Conflantin Du-
cas, à qui il recommanda fa famille avant de pofer
la pourpre, dont il revêtit lui-même fon fucceffeur.
Dès qu’il eût fait fon abdication, il fe retira dans
un monaflere oîi. il donna l’exemple, de toutes les
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vertus évangéliques. Sa femme & fa fille fe firent
religieufes. 11 mourut peu de tems après.
Comnene ( Alexis) , fils de l’empereur Ifaac,
étoit âgé de trente - fept ans ; lorfqu’après l’abdication
forcée de^Nicephore le botoniate, il parvint
à l’empire. Il iignala les premiers jours de fon régné
par .des victoires fur les Turcs ; mais il ne fut pas
auffi heureux contre les Normands qui, fous la conduite
de Robert Guifcard, duc de la Pouille, lui enlevèrent
plufîeurs villes confidérables. Tandis qu’il
étoit acharné contre cette race de conquérans, les
Tartares 6c les Comans faifoient des courfes juf-
qu’aux portes de Conftantinople. Les Turcs établif-
foient leur domination dans l’Orient, & auffi puiffans
fur mer que fur terre, ils fe promettaient l’empire
du monde. Alexis trop foible contre tant d’ennemis,
implora l’affiftance des princes d’Occident; Le pape
Urbain II publia une croifade , & trois cens mille,
hommes marchèrent vers la Paleftine. Des alliés fi
nombreux parurent plus redoutables à Alexis que
fes anciens ennemis. Leur conduite impérieufe fit
connoître qu’ils étoient venus moins pour défendre
les Grecs que pour les opprimer. Cette multitude
fans frein 6c fans difcipline, défola tous les lieux
de fon paffage, 6c quiconque ofa fe plaindre, fut
traité en ennemi. Ils avoient promis de rendre aux
Grecs les villes qu’ils enleveroient aux infidèles;
mais ces conquérans parjures violèrent la fainteté de
leur ferment. Les principaux feigneurs d’Occident
s’érigèrent en grinces indépendans, 6c l’empire des
Grecs ne fut plus qu’un trône mutilé, qu’ils avoient
dépouillé de fes rameaux.
Alexis, auffi humilié de leur hauteur infultante
que de leurs parjures, employa la force & les artifices,
pour s’oppofer à leurs ul’urpations. Les croifés
qui avoient tout enfreint, fe plaignirent de la perfidie
des Grecs qui ne vouloient pas être leurs efcla-
ves. Les Grecs, à leur tour, firent, pour fe juftifièr,
un tableau affreux, mais reffemblant, des brigandages
des Occidentaux qui, la croix fur leurs habits, vio-
loient les femmes 6c maffacroient les enfans. Alexis,
accablé également par fes alliés 6c les infidèles, ne
put être que malheureux dans la guerre ; mais on ne
put lui contefter les taie ns d’un prince véritable-
J ment né pour occuper le trône. Son malheur fut de
naître dans un fiecle où il y aVoit plus de férocité que
de grandeur d’ame, plus de perfidie que de candeur.
Il fit éclater fa bienfaifance 6c Ion amour pour l’humanité,
par la fageffe de fes établiffemens : il fonda
des hofpices où les orphelins de l’un 6c l’autre fexe
étoient élevés aux dépens du tréfor public. Indulgent
pour les coupables, il eut tant d’horreur pour
les fupplices, qu’il laiffa fouvent la licence impunie.
Sa clémence fut taxée de foibleffe par un peuple fa-
miliar'ifé avec les empoifonnemens 6c les affaffinats.
Cette humanité qui'fait plutôt l’éloge de fon coeur
que de fa politique, eft la feule foibleffe que l’hiftoire
puiffe lui reprocher. Ce prince, ami des favans 6c
favant lui-même, en eut été le proteéleur, fi les dé-
penfes de la guerre n’euffent épuifé fes trélors. Il
tomba dans une maladie de langueur qui l’emporta
dans fa foixante 6c dixième année : il avoit régné
trente-trois ans. 1
Comnene ( Calo-jean ) , fils d’Alexis, lui fuc-
céda en 1116. Irenefa mere, qui avoit des fentimens
de prédileéhôn, employa de criminelles intrigues
pour placer, fur le trône fon gendre . Nipephore
Briene. Cette mere dénaturée paya des affaffins qui
furent découverts avant d’exécuter leur crime. On
prétend que Nicephore prèffé par fes remords, s’op-
pofa lui-même à cette atrocité dont il auroit retiré
tout le 'fruit. Cette modération: le fît tomber dans
le mépris de fa femme qui étoit plus ambitieufe que
lui. Calo-jean, héritier de la clémence de fon pere,
Tome II,
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fut affez maître de lui pour ne punir les confpira-
teurs que par la cônfïfcation de leurs biens: il crut
que les méchans étoit fuffifamment châtiés, quand
ils étoient réduits à l’impuiffance de nuire. Il eut
enfuite des guerres à foutenir contre les Turc s,
les Perfes , les Serviens & les'Patzinaces, qu’il
vainquit dans plufîeurs combats fans pouvoir les
détruire. Des ennemis plus redoutables profitèrent
de fes embarras pour l ’attaquer. Les François,
ligués avec les Vénitiens, lui enlevèrent les îles de
Samos, d’Andros, de Rhodes & de Lesbos. Ce
prince qui avoit trop d’ennemis pour faire la guerre
avec gloire , avoit toute la capacité d’un grand capitaine,
comme il en avoit la valeur: fa paffion pour
la chaffe lui devint funefte. Un jour qu’il pourfui-
voit un cerf dans une forêt de Cilicie, une fléché
empoifonnée lui perça la main : les médecins furent
d’avis de la couper , 6c ils lui affurerent que c’étoit
le feul moyen de conferver fa vie : Calo-jean leur
répondit avec une intrépidité tranquille, qu'il pré-
féroit la mort à cette mutilation , & qu'il ne convenoit
pas a un empereur de tenir d'une feule main les rênes du
gouvernement. Le poifon fit de prompts ravages. Alors
tentant fa fin approcher, il fit venir fes officiers , 6c
nomma en leur préfence pour fon fucceffeur le plus
jeune de fes fils, en difant : que f i fes freres avoient
fur. lui le privilège d'aînejfe, il leur étoit fupêrieur
en courage & en capacité pour les affaires. Ce choix
diclé par fon amour pour fes fujets , fut généralement
applaudi, & fut le dernier de fes bienfaits. Il
mourut en 1143, âgé de foixante & fix ans : ce fut
le plus grand empereur de la maifon des Comn?nes-_
Les Occidentaux, accoutumés à défigurer les traits
des princes Grecs, ont refpefté fa mémoire.
Comnene (M anuel ou Emmanuel) , étoit le
plus jeune des fils de Calo-jean, dont quelques-uns
prétendent qu’il étoit le frere. Les heureux penchans
qu’il manifetta dans fon enfance » déterminèrent fon
pere à le choifir pour fon fucceffeur. Conrad, empereur
d’Allemagne, rechercha fon alliance Contre
Roger, roi de Sicile, leur ennemi éommun. Ce
prince Normand détruifoit la domination Allemande
dans l’Italie, tandis que fes flottes ravageoiènt toutes
les côtes de la Grece. Conrad & Manuel réunirent
enfuite leurs forces pour chaffer les Mufulmans de
Jla Paleftine. Ils eurent d’abord quelques fuccès,
mais la jaloufie du, commandement en fit d’implacables
ennemis,. Manuel qui étoit au milieu de fes
états, ne vouloit point avoir un maître dans fon allié.
Conrad qui avoit des forces fupérieures, ne recon-
noiffoit point d’égal : il eut bientôt à fe repentir de
cette hauteur imprudente. Son armée preffée par la
famine, n’avoit d’autres reffources que dans la gé-
nérofité de Manuel, il fallut fe dépouiller de fon
orgueil. &: defcendre à la priere: Le prince Grec ,
pour fe venger des humiliations qu’il avoit ef-
fuyées, parut compatir au malheur de fon allié: il
lui fournit des farines mêlées de plâtre, dont le fol-
dat fe raflafia avec avidité. Ce fecours meurtrier fit
périr plus de la moitié de l’armée Allemande. Cette
per£diè l’a rendu odieux à tous les peuples d’Occident
; mais les Grecs le juftifient par la néceffité
de fe délivrer de fes hôtes altiers qui le tenoient
dans l’abaifîement. La politique lui confeilloit de les
affoiblir pour n’être pas leur efclave. Il ufa quelque
tems après de la même perfidie envers les
François qui croyoient avoir droit d’enlever les
femmes, 6c de maltraiter les maris dans tous les
lieux dont ils étoient les maîtres. Les lieutenans de
Roger, roi de Sicile, étendirent leurs conquêtes
julq.ues fous les murs de Conftantinople. Ils lan-
çoient par dérifion des fléchés d’or 6c d’argent dans
les jardins de l’empereur. Les Vénitiens lui envoyèrent
des ambaffadeurs pour régler ^anciennes
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